Outils pour utilisateurs

Outils du site


fq-equipe:baudelaire_par_schneider

FICHE DE LECTURE

INFORMATIONS PARATEXTUELLES

Auteur : Michel Schneider Titre : Baudelaire. Les années profondes Lieu : Paris Édition : Seuil Collection : La librairie du XXe siècle Année : 1994 Pages : 184p. Cote : UQAM : PQ2191Z5S34 Désignation générique : aucune

Bibliographie de l’auteur : Blessures de mémoire, Voleurs de mots, Glenn Gould, piano solo, La Tombée du jour. Schumann, Bleu passé, Un rêve de Pierre : le Radeau de la Méduse, Géricault, Je crains de lui parler la nuit, La Comédie de la culture, Maman (biographie de Proust dont il existe une fiche de lecture).

Biographé : Charles Baudelaire

Quatrième de couverture : Baudelaire avait la passion des images et des portraits mais il écrivit plutôt que de peindre et de retourner aux années profondes où il était un enfant qui regardait, sans écrire.

Préface : aucune

Rabats : aucun

Autres (note, épigraphe, photographie, etc.) :

LES RELATIONS (INSTANCES EXTRA ET INTRATEXTUELLES) :

Auteur/narrateur : L’auteur ne se découvre jamais comme étant le narrateur de la biographie.

Narrateur/personnage : La narrateur n’est pas un personnage de la biographie, qui n’est d’ailleurs pas autant narrative que réflexive, comme l’écrit Schneider au début : « S’il y a bien ici une histoire, ce sera celle des rapports entre le langage et la réalité qui le ruine, entre la poésie et les images qu’elle ne sauve de la bêtise et de l’oubli que pour les offrir au ressassement et à la douleur. » (p.12)

Biographe/biographé : Fidèle à lui-même, Schneider se pose en une sorte de psychanalyste de son biographé, Baudelaire.

Autres relations :

L’ORGANISATION TEXTUELLE

Synopsis : Michel Schneider mène des réflexions plutôt bigarrées – chacun des nombreux chapitres peut être lu indépendamment des autres – sur la vie et l’œuvre de Baudelaire, réflexions dont la continuité est toutefois assurée par la question de la relation entre l’image et l’écriture, qui est en filigrane de toute la biographie.

Ancrage référentiel : La documentation – l’œuvre de Baudelaire, les biographies, les recueils de lettres, etc. – utilisée par Schneider est rigoureuse. Il en fait d’ailleurs le décompte dans un avertissement placé au tout début du livre.

Indices de fiction : Comme dans Maman, c’est surtout dans l’interprétation de la vie et de l’œuvre de Baudelaire par Schneider que se trouve la fiction. Non pas que ces interprétations soient dépourvues d’intérêt, mais elles sont souvent très cavalières, poussées très loin et plutôt personnelles. C’est comme si la vie et l’œuvre de Baudelaire étaient une occasion pour Schneider de réfléchir sur la littérature et d’expliquer ses propres conceptions. Parfois, l’interprétation – onomastique, surtout – est carrément délirante (autant que séduisante du reste), comme ici : « Car ce nom propre [Baudelaire] était aussi alors un nom commun, et désignait une sorte de sabre droit dont la lame courte et à deux tranchants était recourbée et élargie à la pointe. […] Baudelaire était un drôle de couteau, courbé, double, visant le beau au cœur. » (p.110-111) Il y a aussi de rares indices de fiction d’ordre narratif, comme ici, alors que Schneider utilise l’aoriste : « Il se réveilla de ce rêve et toucha la peau de Jeanne. » (p.117)

Rapports vie-œuvre : Dans les premières pages, Schneider dit très bien lui-même quel rapport il établit entre la vie et l’œuvre de Baudelaire au sein de sa biographie : « On ne trouvera pas dans ces pages un portrait : Baudelaire, l’homme et l’œuvre, mais le récit de leur empêchement mutuel, de leur commune impossibilité. » (p.12) De fait, la biographie de Schneider montre (plus qu’elle en raconte) un Baudelaire qui lutte, avec les mots, contre les mots; un poète dont l’œuvre l’empêche de retourner aux années profondes où règne l’image en même temps qu’elle est le seul chemin pour y parvenir. Vers la fin, Schneider écrit : « Ceux qui ont besoin de mots pour se taire, on les appelle des écrivains. » (p.162)

Thématisation de l’écriture et de la lecture : Il n’est question que d’écriture dans cette biographie, l’écriture dans son rapport à l’image. Baudelaire est ici « un écrivain habité par un peintre » (p.56), écrivain dont l’écriture est par conséquent difficile, mais « Baudelaire fit de sa difficulté à écrire la matière même de l’écriture […] » (p.60), il « écrit qu’on n’écrit pas. » (p.63) Schneider énonce aussi plusieurs « définitions » de l’écriture baudelairienne : écrire c’est mélancoliser, c’est une partie d’escrime, c’est opérer (médicalement), c’est disséquer, c’est se faire baiser, c’est pécher, c’est une torture, c’est enlever (au contraire des ajouts de la peinture), etc. Pour ce qui est de la lecture, il n’en est question qu’à un seul endroit : « La lecture selon le poète serait un “double assassinat” : du lecteur par l’auteur, de l’auteur par le lecteur. » (p.127)

Thématisation de la biographie : Schneider parle surtout du portrait. Mais le portrait n’est-il pas un sous-genre de la biographie? Y a-t-il une biographie qui n’incluse pas de portrait? Quoi qu’il en soit, dans les premiers chapitres, Schneider transcrit ou retranscrit les portraits photographiques, peints et écrits de Baudelaire. L’auteur aime d’ailleurs l’ambiguïté du « de Baudelaire » : le poète décidait de ses portraits, renvoyait aux portraitistes l’image qu’il voulait bien renvoyer; il se peignait lui même. Ainsi, le portrait est un autoportrait – « Un bon portrait m’apparaît toujours comme une biographie dramatisée, ou plutôt comme le drame naturel inhérent à tout homme » (p.67), a dit Baudelaire – tout comme l’œuvre de Baudelaire, selon Schneider, est (auto)biographique : « Ainsi, on pourrait dire de Baudelaire ce qu’il écrivait de Poe : tout ce qu’il écrit est biographique, à condition de savoir le lire. “On trouve l’homme dans l’œuvre. Les personnages et les incidents sont le cadre et la draperie de ses souvenirs.” » (p.67) Schneider considère au demeurant le portrait dans la violence de l’échange que sous-entend son sens étymologique : « trait pour trait », c’est-à-dire un trait de pinceaux, d’artifice, contre un trait physique, naturel.

Topoï : L’écriture et l’image, le père et la mère, le devenir écrivain, la violence, le miroir, les années profondes, la comédie, la vierge et la putain, le portrait, la photographie, le temps, la déchéance, la mort.

Hybridation : La psychanalyse : on a parfois l’impression que, comme Sartre pour Flaubert, Schneider considère que Baudelaire est étendu sur un divan de psychanalyste et qu’il s’exprime par son œuvre et par ses biographies. Comme avec Proust, l’auteur ne passe pas sous silence la rapport du biographé avec ses parents. Chez Baudelaire, c’est surtout le rapport au père mort jeune. Baudelaire l’aurait vu nu dans une sorte de scène primitive et il aurait été marqué par son image. D’ailleurs, ce père raté était mauvais peintre à la gouache. Ensuite, il aurait conservé son portrait – le seul qui ait duré – tout au long de sa vie, jusqu’à devenir « tout le portrait de son père » (p.165) La poésie : Schneider semble copier un peu son biographé et n’évite les métaphores comme celle susdite où il compare Baudelaire à un couteau. Son style en général est très poétique et bourré de figures diverses. La critique : bien entendu, à travers la biographie se trouve toute une interprétation de l’œuvre de Baudelaire, qui apparaît en définitive comme un tentative de parvenir au profond silence de l’image.

Différenciation :

Transposition : Dans les premiers chapitres, il y a transposition de l’image de Baudelaire du portrait photographique au portrait peint, puis du portrait peint au portrait littéraire.

Autres remarques :

LA LECTURE

Pacte de lecture : Les premières pages invitent à une lecture où les rapports entre le réalité et le langage et entre l’image et l’écriture tient lieu de narration. À qui cherche une narration événementielle, la lecture de cette biographie est déroutante.

Attitude de lecture : À qui sait se laisser porter par les réflexions de Schneider sans tenter d’en faire la synthèse, la lecture de cette biographie est agréable quoiqu’un peu lourde, profonde comme les années du titre.

Lecteur/lectrice : Mahiga W _ÿç Xæ

fq-equipe/baudelaire_par_schneider.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

Donate Powered by PHP Valid HTML5 Valid CSS Driven by DokuWiki