Marie-Odile André (2001), « La littérature française contemporaine : un panorama »
FICHE DE LECTURE THÉORIQUE
INFORMATIONS PARATEXTUELLES
Auteur : Marie-Odile André Titre : « La littérature française contemporaine : un panorama », dans Martine Poulain (dir.), Littérature contemporaine en bibliothèque Lieu : Paris Édition : Cercle de la librairie Collection : Bibliothèques Année : 2001 Pages : 31-47 Cote BAnQ: 025.27 L777 2001
RÉSUMÉ
L’auteure vise à donner une vue d’ensemble de la littérature française contemporaine dans son texte, en soulignant d’emblée qu’elle a laissé de côté les précurseurs, mais aussi les écrivains consacrés. Dans la sélection d’auteurs qui est faite, une place assez large est dévolue à des auteurs qui traitent de la question de la filiation. Toutefois, les filiations dont traite ici André sont surtout biologiques, plutôt qu’intellectuelles : si les écrivains dont parle l’auteure sont bel et bien préoccupés par leur héritage littéraire, cette caractéristique des textes n’est pas soulevée ici de manière aussi substantielle. André procède en traitant de chaque auteur de manière individuelle, mais en les regroupant selon des critères esthétiques ou thématiques. Je relève quelques uns des passages où il est question de la filiation et de l’héritage dans les œuvres de ces écrivains :
Sur Pascal Quignard : Ses textes sont « l’occasion d’une réflexion où se retrouvent les interrogations et les inquiétudes de la modernité : fragilité du sens, menace de défection de la mémoire ou du langage qui confèrent à l’œuvre sa tonalité propre, teintée d’une mélancolie que vient nourrir une méditation récurrente sur les origines et sur l’enfance. » (2001 : 33)
Sur Alain Nadaud : Il « développe lui aussi une démarche romanesque dans laquelle la question de l’origine et d’une remontée vers l’origine occupe une place centrale en devenant l’objet même d’une enquête policière et érudite. » (2001 : 33) André donne ensuite quelques exemples.
Dans les biographies imaginaires de Gérard Macé et de Pierre Michon : « La quête d’identité propre à la démarche autobiographique s’y articule à une réflexion sur l’écriture ressortissant pour sa part de l’essai littéraire, et la question de la filiation s’y pose tant sur le mode personnel (la figure problématique du père chez Michon) que littéraire (à travers des figures qui sont autant de doubles plus ou moins anciens et plus ou moins explicites de l’écrivain). » L’auteure résume ensuite Rimbaud le fils et Vies minuscules, mettant l’accent sur la « configuration familiale » que Michon dessine à même un texte qui revisite le mythe de Rimbaud, dans le premier cas, et sur la manière dont Michon, dans le second livre, trace un portrait de lui-même où l’absence du père fait écho à son propre sentiment d’insuffisance.
Marie-Odile André écrit que Pierre Bergounioux, dans des textes à mi-chemin entre autobiographie et roman, mène une exploration des « stratifications que le passé dépose dans le moi » (2001 : 38). Cependant, malgré la récurrente évocation de l’enfance, « [p]oint de nostalgie facile car pour l’auteur l’accès au savoir et à l’écriture pose la question essentielle de l’héritage et de la filiation […] » (2001 : 38). André conclut en écrivant que la « profondeur mémorielle se double d’une réflexion où la présence des autres permet d’articuler l’individuel et le collectif dans une démarche d’élucidation de soi et de prise de conscience critique » (2001 : 38).
Chez Richard Millet, « l’évocation de l’enracinement provincial et généalogique » (2001 : 38), pourtant décrits sans complaisance, amènent l’auteur à une « détestation de la vie moderne et urbaine » (2001 : 38).
À propos de Jean Rouaud : les souvenirs d’une enfance provinciale constituent une occasion de retracer l’histoire familiale et d’établir des liens entre celle-ci et l’histoire sociale en général.
L’auteure explique comment Annie Ernaux, pour ne pas renier un héritage familial modeste, a toujours voulu rester « au-dessous de la littérature » (A. Ernaux, citée par André, 2001 : 39)
André évoque également Denis Lachaud et Arnaud Cathrine, qui ont tous deux écrit sur leur père, des figures troubles dans les deux cas. « Le traitement renouvelé du motif de la filiation vient de ce que ces figures apparaissent moins désormais comme les victimes d’une Histoire collective propre à broyer les êtres que comme des responsables à qui il convient de demander des comptes […]. » (2001 : 45)
En conclusion, André écrit, à propos de la littérature française contemporaine : « Quant au dialogue intertextuel qu’elle instaure avec les œuvres antérieures et à sa méditation sur le motif de la filiation, ils sont les moyens qu’elle se donne pour s’interroger sur ce qu’elle est et sur ce qu’elle peut, fidèle en cela à sa fonction critique. » (2001 : 46)
Lectrice : Mariane Dalpé