5e) absence de maître
Il faudrait ici, ce me semble, définir la notion de « maître ».
Il y a, en tout cas, avec le tournant des années 1980, la disparition (physique) des maîtres à penser des années 1960. Cela inclut aussi la question du statut de l’écrivain qui est « en deuil de la figure prestigieuse de l’Intellectuel, et peut-être en simple mal de reconnaissance » (Blanckeman, 2000 : 11).
Par ailleurs, les récits de filiations sont sans doute le substitut, la nouvelle façon de se donner des modèles tant personnels que littéraires. Il n’y a plus de maîtres communs, certes, mais dès lors chacun est libre d’élaborer sa propre tradition. Le retour du sujet (l’individualisation) se jouerait aussi à ce niveau. Bio imaginaires : Les « biographies imaginaires » entrent en dialogue critique avec des « modèles » du passé, non pas afin de les imiter, mais plutôt afin de les interroger, de chercher leur place dans la littérature, de mettre en question le genre depuis ce qui l’identifie. (Viart, 2001a : 341-343, reformulé par Leppik) Pour plus de précisions sur les récits de filiations, voir : http://contemporain.info/wiki2/doku.php/fq-equipe:petit_glossaire_des_notions_et_etiquettes_generiques#recits_de_filiation
On pourrait finalement se demander si cette question de l’absence de maître est différente au Québec et en France. Au Québec, une tradition de lecture, de modèles, de maîtres (?) s’est enfin installée, même si le Québec subit lui aussi les conséquences de la désacralisation de la littérature. Tandis qu’en France, les grands maîtres semblent avoir disparus.
BIBLIOGRAPHIE POTENTIELLE (absence de maître)
BIRON, Michel (2000), L’Absence de maître : Saint-Denys Garneau, Ferron, Ducharme, Montréal, Université de Montréal.
BLANCKEMAN, Bruno (1996), « Aspects du récit littéraire actuel », Dix-neuf/Vingt, « Romanciers d’aujourd’hui, no 2, octobre, 233-251. [Concept du deuil du grand intellectuel/écrivain]