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**Dominique Rabaté, //Le chaudron fêlé. Écarts de la littérature//, Paris, José Corti (Les essais / Rien de commun), 2006. [Viviane Asselin]** | **Dominique Rabaté, //Le chaudron fêlé. Écarts de la littérature//, Paris, José Corti (Les essais / Rien de commun), 2006. [Viviane Asselin]** |
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[[Le chaudron fêlé - table des matières commentée]] | [[Le chaudron fêlé - table des matières]] |
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=====1. Terminologie pour désigner le pluriel===== | =====1. Terminologie pour désigner le pluriel===== |
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La dernière partie observe la dynamique de l'écart dans les textes qui relèvent du « genre » de la **« vie imaginaire »** ou de la **« fiction critique »**. À la différence des stratégies d'entre-deux, qui soumettent les oeuvres à une ambivalence générique en maintenant la tension entre fiction et diction, la vie imaginaire se tient résolument à distance du roman, mais elle « voudrait pourtant en exprimer, autrement, toute la force romanesque » (180). | La dernière partie observe la dynamique de l'écart dans les textes qui relèvent du « genre » de la **« vie imaginaire »** ou de la **« fiction critique »**. À la différence des stratégies d'entre-deux, qui soumettent les oeuvres à une ambivalence générique en maintenant la tension entre fiction et diction, la vie imaginaire se tient résolument à distance du roman, mais elle « voudrait pourtant en exprimer, autrement, toute la force romanesque » (180). |
Rabaté désigne cette pratique comme étant **« du romanesque sans roman »** (180). Formule « choc », elle demeure floue - pour moi néanmoins, mais peut-être avec raison, en ce que la vie imaginaire travaille plusieurs frontières, « entre //je// et //il//, entre archive et imaginaire, entre invention et mémoire, entre oubli et gloire, entre proximité et distance » (224) ; le résultat ne peut qu'être indéterminé. Chose certaine, la biographie imaginaire cherche le **discontinu**, qu'elle « trouve par la juxtaposition de petites scènes emblématiques » (229) (Michon, Schneider - corpus). | Rabaté désigne cette pratique comme étant **« du romanesque sans roman »** (180). Formule « choc », elle demeure floue - pour moi néanmoins, mais peut-être avec raison, en ce que la vie imaginaire travaille plusieurs frontières, « entre //je// et //il//, entre archive et imaginaire, entre invention et mémoire, entre oubli et gloire, entre proximité et distance » (224) ; le résultat ne peut qu'être indéterminé. Chose certaine, la biographie imaginaire cherche le **discontinu**, qu'elle « trouve par la juxtaposition de petites scènes emblématiques » (229) (Michon - corpus). |
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=====3. Cause(s) du pluriel===== | =====3. Cause(s) du pluriel===== |
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Si la littérature se caractérise de tout temps par une dynamique des écarts, il semble néanmoins que le « pluriel actuel » s'explique par une époque marquée par la conscience critique « que le tout qui structurerait l'unité du monde est peut-être perdu, qu'il se donne en morceaux » (45) (voir spécificités culturelles en France). Sur le plan littéraire, cela s'exprime, on l'a vu, par une esthétique de rupture que Rabaté attribue « au motif de la perte ou du manque [...], d'un deuil ou d'une privation » (13). Tout se passe comme si, privé d'une unité totalisante qui demeure un idéal hérité du passé, l'écrivain n'avait d'autre choix que d'écrire, sur un ton tantôt mélancolique, tantôt joueur, à partir de ce manque initial, en l'interrogeant sinon en le comblant. | Si la littérature se caractérise de tout temps par une dynamique des écarts, il semble néanmoins que le « pluriel actuel » s'explique par une époque marquée par la conscience critique « que le tout qui structurerait l'unité du monde est peut-être perdu, qu'il se donne en morceaux » (45) (voir [[Spécificités - France|Spécificités historiques culturelles — France]]). Sur le plan littéraire, cela s'exprime, on l'a vu, par une esthétique de rupture que Rabaté attribue « au motif de la perte ou du manque [...], d'un deuil ou d'une privation » (13). Tout se passe comme si, privé d'une unité totalisante qui demeure un idéal hérité du passé, l'écrivain n'avait d'autre choix que d'écrire, sur un ton tantôt mélancolique, tantôt joueur, à partir de ce manque initial, en l'interrogeant sinon en le comblant. |
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L'indétermination générique, causée notamment par la présence simultanée de la fiction et de la diction, serait le symptôme « d'un âge récent de la littérature où se manifeste une incomplétude de la forme littéraire qui ne suffirait plus à dire par elle-même ce qui est à dire » (114). | L'indétermination générique, causée notamment par la présence simultanée de la fiction et de la diction, serait le symptôme « d'un âge récent de la littérature où se manifeste une incomplétude de la forme littéraire qui ne suffirait plus à dire par elle-même ce qui est à dire » (114). |
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Enfin, « [e]ntre l'un et l'autre, de l'un à l'autre, le livre remet en circulation un désir d'écrire et de créer. Mais ce désir est propre à une époque critique, la nôtre, suspicieuse de ses légendes - au sens étymologique de "ce qu'il faut lire". Construisant et déconstruisant le Modèle, le magnifiant et le mettant à mal, l'auteur d'une biographie imaginaire [autre forme du pluriel] cherche la limite de la littérature » (237-238) | Enfin, « [e]ntre l'un et l'autre, de l'un à l'autre, le livre remet en circulation un désir d'écrire et de créer. Mais ce désir est propre à une époque critique, la nôtre, suspicieuse de ses légendes - au sens étymologique de "ce qu'il faut lire". Construisant et déconstruisant le Modèle, le magnifiant et le mettant à mal, l'auteur d'une biographie imaginaire [autre forme du pluriel] cherche la limite de la littérature » (237-238) |