Outils pour utilisateurs

Outils du site


rhl:baroni-intrigue

Chapitre 1. Pour une définition fonctionnelle de l'intrigue

Récits mimétiques et informatifs

Opposition entre configuration et intrigue

Plusieurs types de séquences : narratives, argumentatives, dialogiques, descriptives, explicatives).

« Une fois de plus, la notion d’intrigue permet de lier la fable au discours, la puissance formelle aux effets de lecture, l’action aux effets rhétoriques, pour ne pas dire la rhétorique des formes (Villeneuve) »

L’intrigue est un terme marqué par sa plurivocité (Dannenberg, Abbott et Kukkonen). « Cette polysémie a été accentuée ces dernières années par le fait que ce terme, autrefois réservé au domaine de la poétique littéraire, s’est répandu bien au-delà de son périmètre d’origine (p. 25). »

Pour Hans Porter Abbott (p. 26) :

1) Trame de l’histoire (*fabula*, *plot*)

2) « [S]e départit de l’ordre chronologique de l’histoire (*sujet*, mise en intrigue) »

3) « [C]ombinaison d’une sélection et d’un séquençage des événements » (intelligibilité, mise en intrigue)

Pour Karin Kukkonen (p. 27) :

1) Approche formaliste: « L’intrigue comme structure fixe et globale, quand on considère la configuration de l’ensemble des événements qui forment la trame de l’histoire, du début, du milieu et de la fin. »

2a) Perspective cognitiviste: « L’intrigue comme structuration progressive, quand on considère les connections entre les événements de l’histoire, leurs causes et leurs conséquences, telles que les lecteurs les perçoivent. »

2b) Perspective rhétorique: « L’intrigue en tant que planification de l’auteur, quand on considère la manière dont ce dernier structure le récit en vue de produire des effets particuliers. »

Approches formelles :

1) *La séquence événementielle* : « Dans le cas le plus élémentaire, [l’intrigue] a été utilisé[e] pour désigner l’organisation séquentielle globale des événements racontés, c’est-à-dire la trame de l’histoire, son organisation temporelle et causale telle qu’elle peut être reconstruite lorsque le récit est achevé (p. 29) »

2) *La séquence textuelle* : « Au deuxième niveau, [l’intrigue] peut renvoyer à l’agencement de cette histoire par le “discours” qui la raconte, ce qui met en jeu les figures genettiennes relatives à l’ordre (analepses ou prolepses) à la durée (pauses, ellipses, scènes ou sommaires) ou à la fréquence (singulative ou itérative), ainsi que tous les effets de modulation de l’information narrative liées à la voix et à la focalisation (p. 29). »

Approches fonctionnelles :

3) *La configuration* : Sur le plan fonctionnel et et dans le sillage de Ricoeur) : une « production d’une configuration fondée sur le point de vue rétrospectif de l’instance productrice du discours, qui permet une saisie globale des événements et leur interprétation (p. 29). » Storytelling?

4) *L’intrigue* : Toujours sur le plan fonctionnel, l’intrigue intrigante : « production d’une *tension*, provisoire ou définitive, qui joue sur une réticence intentionnelle dans la représentation des actions (p. 29). »

« Pour éviter tout malentendu terminologique, je suggère pour ma part de réserver le terme *intrigue* pour désigner la dynamique du *récit intrigant*, en relation avec ce que certains désignent comme la production d’un “arc narratif” (p. 30). »

Sur la différence fonctionnelle entre la *configuration* et *l’intrigue* (p. 32) : « [O]n peut partir du principe que ce que l’on gagne en clarté lorsqu’il s’agit de dégager le sens d’une histoire, on le perd en pouvoir d’immersion et de mise en tension du récit. Inversement, ce que l’on gagne en intensité lorsqu’on noue une intrigue, on le perd sur le plan de la configuration d’un savoir immédiatement accessible concernant les événements racontés. »

« [L’approche formelle] semble détachée des enjeux liées à l’interprétation du texte, puisque la description de l’intrigue, réduite à ces quelques attributs formels, ne permet pas de réfléchir sur ce qui rend l’histoire passionnante, obscure ou déroutante, de se demander comment le discours réarrange la chronologie des événements, focalise la narration sur tel aspect au détriment de tel autre, joue sur une variation de rythme ou un éclatement des points de vue. Sans parler des questions relatives au style, au choix des temps verbaux ou au contexte, qui semble n’avoir aucun lien direct avec l’analyse de l’intrigue (p. 37). »

Kibédi Varga : « le récit unique d’un certain structuralisme est […] un récit qui ne renvoie à rien, il est une structure dénuée de sens (p. 37). »

« Le recadrage conceptuel fondamental consiste donc à considérer l’intrigue “dans son aspect non encore résolu” comme une matrice de possibilités dont la fonction est de susciter un désir cognitif (p. 39). »

Noeud : « stratégie discursive visant à intriguer le lecteur en ouvrant des virtualités dans le monde de l’histoire (p. 40). »

« Dans le champ d’une poétique “mécanique” (qu’il ne faut pas confondre avec une poétique déterministe), on pourrait ainsi affirmer que la force de l’intrigue consiste en la *conversion de l’énergie potentielle de l’histoire en l’énergie cinétique de la lecture*, cette dernière étant conçue comme un processus qui fait passer l’histoire d’un état virtuel à un état actuel (p. 41). »

« Certains romans, contes ou nouvelles peuvent nouer et dénouer leurs intrigues dans un espace textuel clos et minutieusement planifié par l’écrivain, mais [l’approche fonctionnaliste] convient également pour décrire la dynamique de récits qui échappent en partie, voire complètement, à une telle planification, qu’il s’agisse de romans-fleuves ou de feuilletons extensibles à l’infini (p. 43). »

rhl/baroni-intrigue.txt · Dernière modification : 2023/11/15 09:05 de william

Donate Powered by PHP Valid HTML5 Valid CSS Driven by DokuWiki