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I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Wajdi Mouawad

Titre : Visage retrouvé

Éditeur : Leméac

Année : 2002

Désignation générique : Roman

Quatrième de couverture : «Le jour de son quatorzième anniversaire, Wahad reçoit en cadeau la clef de l’appartement de sa famille. Le soir, au retour de l’école, sa surprise est grande quand il entre et ne reconnaît plus le visage de sa mère. Le jour où il devient un homme est aussi celui où le réel se disloque sous ses yeux. Alors que commence pour Wahad une terrible initiation aux mensonges du monde, il s’enfuit de la maison et fait une fugue qui le transporte au-delà de lui-même, là où l’onirisme est roi. En quelques jours, il aura fait l’expérience de la peur et de la beauté, sur un fond de colère irrépressible, seul sur les chemins de l’aube, au bord de la folie. »

II- CONTENU GÉNÉRAL

Résumé de l’œuvre : Le jeune Wahad ne parle pas, et cela inquiète ses parents qui l’emmènent voir un spécialiste. À leur grande surprise, l’enfant s’exprime lorsque cet homme se met à lui poser des questions : il ne parle pas parce qu’il préfère regarder les oiseaux. La guerre éclate et la famille doit s’exiler. Le temps passe. Wahad, le jour de son quatorzième anniversaire, rentre chez lui et ne reconnaît pas la disposition des meubles, les planchers, sa propre chambre, l’apparence physique de sa mère et de sa sœur. Bouleversé, il tente d’agir normalement, en parle à un professeur qui comprend mal son malaise, en conclu qu’à quatorze ans, tous les humains se mettent à oublier des choses et que les autres ont oublié de lui en parler. Sa voisine l’invite à souper et sachant que sa mère refusera qu’il s’y rende, Wahad tisse une toile de mensonges pour plaire à Judith qui lui montre à couper des légumes et lui fait goûter au vin. Lorsqu’il revient chez lui, il entend les cris de sa famille (surtout sa mère) : on a découvert son subterfuge et tout le monde est à sa recherche. Il reste longtemps dehors, hésitant à retrouver les siens, puis, pour ne pas se faire chicaner, il décide de partir. Après une courte errance dans la ville, il s’endort sous un pont. Le matin, il intercepte Colin, son meilleur ami, et lui demande de dire à tout le monde qu’il va bien, mais qu’il est en fugue. Son ami le couvre, lui propose de dormir chez lui pendant l’absence de ses parents. Le soir venu, Wahad doit quitter la demeure pour ne pas se faire repérer, et pour l’aider à prendre le train, ses amis se sont cotisés et lui offrent leur argent de poche. Le protagoniste se retrouve en campagne, loin de toute civilisation. Il passe une journée complète sous un arbre, puis, il tente de trouver un village. Il se perd à travers la forêt, passe un moment étendu sur un rocher dans une clairière. Il aboutit finalement à une habitation. Lorsqu’il y entre, une jeune fille de son âge le prend pour Julien, son frère disparu à quatorze ans, et elle s’évanouit. Jean, le père de Maya se fâche contre le jeune homme. Finalement, ils s’expliquent et la jeune femme reprend ses esprits. Elle ne parle pas depuis la disparition de son frère. Voyant en Wahad un signe divin, Jean lui prête les habits de Julien, qu’il enfile après une douche, et l’invite au mariage auquel ils étaient supposés se rendre dans la journée. La mère de Julien se méprend aussi, mais se rend compte que Wahad n’est pas son fils. Ils prennent une photo de mariage et Jean va porter sa fille et son nouvel ami chez le grand-père de cette dernière qui leur parle de sa peur extrême des loups. Au retour, la police attend Wahad : des invités l’ont reconnu comme étant recherché. Maya retrouve la parole. Cinq ans plus tard, Wahad se rend à l’hôpital en pleine nuit : sa mère va mourir. Wahad est devenu peintre et a une copine du nom de Marie. Sa mère décède, tout le monde sort de la pièce. Wahab a oublié son manteau dans la pièce, il y retourne et se retrouve face à face avec la femme de bois, son croque-mitaine personnel. Il se rend compte que toutes ces années, il a eu peur de regarder son visage : il s’agit de celui de sa mère (pas son visage original, mais celui d’après la métamorphose incompréhensible). Elle l’attaque, mais Wahad est sauvé par les loups (ceux dont avait peur le grand-père de Maya). Wahad sort de la pièce : il a retrouvé partiellement sa mère dans les traits de la morte.

Thème(s) : Fugue, inquiétant familier, peurs d’enfants, figure maternelle, famille, exil, âge, temps, mort, art, amour.

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION

Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Le jeune garçon rentre chez lui et ne reconnaît pas sa mère ni sa sœur. Il croit qu’il s’agit de famille en visite. Peut-être un trouble psychotique? Dans tous les cas, le personnage est totalement en rupture avec la réalité et n’a aucun contrôle sur son environnement qui s’est modifié de façon absurde.

Appréciation globale : De façon subjective, je dois admettre que je n’aime pas l’écriture de Mouawad. Il mélange les images symboliques issues de plusieurs concepts psychanalytiques pour y insérer une morale x (que je n’ai pas tenté de déchiffrer). La narration en beurre épais.

IV – TYPE DE RUPTURE

B) Rupture interprétative : Wahad ne comprend pas ce qui lui arrive. Il ne reconnaît ni la décoration de son appartement, ni sa sœur, ni même sa mère. Il tente de se trouver des repères comme un animal apeuré (il est content de reconnaître ses amis). Ses cauchemars et ses peurs se confondent souvent avec la réalité et le personnage vit dans un monde assez surnaturel. Le lecteur se demande assez souvent s’il voit réellement la femme de bois et si elle existe dans l’univers du récit. Finalement, on se rend compte qu’il s’agit de sa mère et l’œuvre prend une tournure plutôt symbolique. Le drame psychologique prend-t-il plus d’importance que la rupture entre le monde et le protagoniste? Je ne saurais dire… Mais les deux vont de pair. Dans tous les cas, Wahab a de la difficulté avec les concepts qui entourent la temporalité (souvenirs, âge, mort, etc.). Il fantasme beaucoup, aussi, et semble croise à ses fabulations. À la fin, le visage est retrouvé. C’est le titre du roman et tout converge vers ce moment. Ainsi, j’en conclu que la boucle est bouclée, malheureusement, pour ce qui est de la rupture entre Wahab et le monde.

« Qui est-elle? Est-ce que c’est ma sœur? Wahab ne pouvait pas tout à fait dire oui, mais le contraire aurait été surprenant. Si cette femme n’est pas ma sœur, si l’autre, dans la cuisine, n’est pas ma mère, alors tout serait bouleversé dans la logique des choses : on laisserait une invitée seule à broder pendant que mon père, le chef de la famille, serait là, à regarder la télévision? Et ma mère, censée s’occuper d’un mari et de trois enfants, où est-elle passée? Que se passe-t-il? » (p.43)

« Il ne savait plus si les paroles de Judith, ces paroles offertes, étaient réelles, ou s’il n’avait pas tout imaginé. Il ne savait plus qui avait, de la réalité et du fantasme, détruit la clef de la vérité. » (p.73)

« Le temps passait, mais pour Wahab, son passage avait pris une tournure différente : il n’était plus cette ligne droite et plane faisant tenir, telle une infinité de perles sur le fil du collier, toutes les réalités ciselées de sa vie : maison, école, devoirs, télévision, examens, jeux, récréations… Au contraire. Il était à présent ce soulèvement furieux qu’une tempête nocturne aux confins de glace d’un océan ravagé. Des vagues en lames de rasoir. Le chaos. Le temps lui montrait sa véritable figure.» (p.120)

V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES

Le narrateur est extradiégétique, omniscient, en symbiose avec le personnage principal dont les monologues intérieurs sont souvent narrativisés, voire rapportés directement. Nous sommes en plein cœur des perceptions et des sensations du protagoniste.

Les métaphores et les symboles abondent (cacophonie de sens).

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