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Notice bibliographique : Oster, Christian, Rouler, Paris, Éditions de l'Olivier, 2011, 176 p.
Résumé de l’œuvre :
Partant de Paris en voiture, Jean choisit de se rendre à Marseille, attiré davantage le nom de la ville que par la ville elle-même, qu'il ne connaît d'ailleurs pas. Le prétexte de voyage, en fait, c'est le chemin à parcourir entre le départ et l'arrivée. En effet, Jean n'a pas d'itinéraire déterminé ; il décide de son chemin au fur et à mesure que la route se déploie devant lui, au gré des endroits qu'il traverse et des gens qu'il rencontre. Jean finit par révéler que, s'il a choisi de prendre la route, c'est parce qu'une femme qui l'a quitté est morte peu près. Cela explique sa recherche de solitude (même dans ses rapports avec les autres) , sa sorte d'apathie (j'y reviendrai) et son peu d'ardeur communicationnelle. Bref, il a l'air d'être en dépression. Après avoir, sans trop le vouloir, pris temporairement à son bord deux autostoppeurs bohèmes ainsi qu'une femme quittant son mari et son ancienne et vie, Jean aboutit dans un maison d'hôtes entre Arles et Marseille. C'est la première fois depuis le début de son périple qu'il s'immobilise géographiquement. L'impression qui ressort de cet arrêt, c'est que Jean ne tient pas tant que ça à arriver à Marseille, peut-être parce que s'il arrive à destination, il devra se poser d'autres questions encore plus insolubles que celles qu'il se pose au cours de son voyage. Mais lorsqu'un autre habitant de de la maison d'hôtes fait une crise cardiaque, Jean accepte de suivre l'ambulance jusqu'à l'hôpital situé à… Marseille !
Narration : autodiégétique
Explication : Jean raconte sa propre histoire.
Très nombreux, les dialogues sont intégrés à la narration, ainsi qu'on le voit dans presque tous les extraits que j'ai insérés dans cette fiche.
Personnage(s) en rupture : Jean
A) Nature de la rupture : interprétative et actionnelle
Explication :
Chez Paul et Claire : « mais ai-je besoin de dépaysement, ne suis-je pas assez dépaysé, déjà, n'ai-je pas mon compte de dépaysement, ne souhaité-je pas tout simplement me retrouver avec moi-même, me disais-je, dès lors que je ne m'arrête plus nulle part, désormais, et que je ne m'inflige plus mon poids à l'état de repos. Et je me voyais, de nouveau, reprendre la route […], faire en sorte que le décor autour de moi ne cesse plus de changer et de ne m'arrêter que par nécessité, que rien s'installe plus, à aucun moment, pas même l'apparence des choses. » (p. 51)
« Ma pensée cependant vagabondait vers Paul, que j'imaginais […] prendre le genre d'option que j'avais prise en partant de Paris, rouler, finalement, rouler puisqu'il ne voyait pas quoi faire d'autre, et je me prenais à me demander combien on était comme ça, lancés au hasard sur des trajectoires absurdes. » (p. 65)
B) Origine de la rupture : Actorielle
Explication :
C) Manifestations : Sensorielles, affectives, volitives, handicaps, communicationnelles
- Sensorielles: il constate plutôt qu'il ressent.
« Je suis remonté sur la rive et la fille m'a souri en me demandant comment j'avais trouvé l'eau. Froide, ai-je dit. » (p. 24)
« Je me suis réveillé avec une sensation de faim impressionnante » (p. 92) Plutôt que « j'ai faim »?
- Affectives:
« J'ai trouvé Claire attirante, et je me suis dit que sous certaines conditions j'aurais pu coucher avec elle, mais, au vu desdites conditions, j'ai tout de suite renoncé à cette idée, qui était très physique. Je ne voyais pas l'intérêt de nouer une relation avec elle, qui aurait compliqué nos rapports. » (p. 70)
- Volitives:
- Handicaps:
« Sur le moment, ça m'a quand même contrarié, je ne suis vu avec des problèmes de pied interminables, immobilisé non plus seulement géographiquement mais physiquement, et je m'en suis voulu. Ce n'était pas ce que je souhaitais. » (p. 112)
- Communicationnelles ou conversationnelles:
Jean se met souvent à analyser les conversations auxquelles il participe plutôt que de les meubler efficacement. Cependant, le dernier extrait le montre, ce n'est pas toujours entièrement de sa faute si la conversation tombe à plat, si la socialisation échoue. Plusieurs extraits, donc, que je trouve assez rigolos:
« J'ai supposé qu'ils me demandaient si j'étais croyant, […] et j'ai répondu que j'aurais bien aimé être croyant, mais que je cherchais pas trop non plus à l'être. Je ne faisais pas trop d'efforts dans ce sens. Lui non plus, et sa femme non plus, donc. Tout le monde y allait de ses aveux, dans ce domaine, en somme, en ce moment et dans cette chambre, mais ça ne suffisait pas, m'est-il apparu, pour créer une vraie complicité. Comme ils s'étaient confiés, toutefois, ils avaient l'air de me trouver sympathique. Moi, je ne pensais rien d'eux, nous n'avions ni eux ni moi les moyens de poursuivre une conversation sur Dieu » (p. 32)
« Vous allez pouvoir marcher ? A-t-il repris. Oui, ai-je dit. De toute façon je ne vais plus marcher beaucoup, ai-je poursuivi, j'ai marché pour vingt ans, là. Et puis je n'aime pas tellement ça. Il m'a fixé sans comprendre, le sourcil levé. Marcher sans but, ai-je expliqué. C'est trop lent. Ah oui, a-t-il dit, et nous nous sommes regardés comme si la conversation allait se poursuivre sur ce thème, mais il n'en a rien été, Paul ne m'a pas relancé et je me suis révélé incapable de broder. » (52)« Vous allez pouvoir marcher ? A-t-il repris. Oui, ai-je dit. De toute façon je ne vais plus marcher beaucoup, ai-je poursuivi, j'ai marché pour vingt ans, là. Et puis je n'aime pas tellement ça. Il m'a fixé sans comprendre, le sourcil levé. Marcher sans but, ai-je expliqué. C'est trop lent. Ah oui, a-t-il dit, et nous nous sommes regardés comme si la conversation allait se poursuivre sur ce thème, mais il n'en a rien été, Paul ne m'a pas relancé et je me suis révélé incapable de broder. » (p. 52)
Hélène et Fred Malebranche ont invité Jean à demeurer dans leur maison d'hôtes, mais Jean ne sait trop combien il peut ou va rester : « C'est elle, Agnès Jordan, donc, qui m'a demandé combien de temps j'allais rester. Hélène, elle, se taisait, et je me suis dit que, si [Fred] Malebranche ne posait pas de questions, sa femme, de son côté, était réservée ou peu liante. J'ai pensé que c'était embêtant quand on s'occupe de chambres d'hôte et j'ai répondu à Agnès Jordan que je ne savais pas exactement, tout en adressant à Hélène Malebranche un sourire embarrassé auquel elle a répondu par un sourire pas embarrassé du tout, comme si cette question ne la concernait pas. Agnès Jordan, elle, ne savait visiblement pas quoi faire de ma réponse, et Philippe Jordan ne venait pas à son secours, non plus que moi, du reste, qui aurais pu lui demander depuis combien de temps, eux, ils étaient là, mais, pour des raisons esthétiques, disons, ça me semblait presque impossible de lui retourner une question qui reprenait la plupart des mots que contenait la sienne. » (p. 98)
D) Objets : Mise de l'avant des percepts
Explication :
E) Manifestations spatiales : pratiquement aucune description d'endroits
Lieux représentés :
Explication :