1. Propriétés du personnage
Caractéristiques (physiques, psychologiques, relationnelles) :
Décrit avec beaucoup de précision; petit, léger, impeccablement habillé et très soigné (cheveux blancs peignés vers l’arrière), il aime porter des vêtements extravagants (qui sont décrits avec moult détails (matière, style, couleur)). Ces descriptions reviennent à de nombreuses reprises.
« son visage aigu rasé de près dessine avec son long nez mince deux triangles montés perpendiculairement l’un sur l’autre. Regard noir, vif, inquiet, sourcils fournis, cheveux plaqués en arrière et dégageant un front haut,lèvres minces, oreilles décollées sans lobes, teint mat. Distance élégante, simplicité courtoise, politesse glacée, pas forcément bavard, il est un homme sec mais chic, tiré à quatre épingles vingt-quatre heures sur vingt-quatre. » (p. 21-22)
Insomniaque. Fumeur. Nerveux.
Cadre où il évolue :
Milieux mondains, de prestige, milieu musical.
France (Paris, Monfort-l’Amaury), tournée à travers les grandes villes des Etats-Unis et quelques villes du Canada. Les lieux qu’il visite, les gens qu’il fréquente, les itinéraires qu,il emprunte et ses moyens de transport sont décrits avec précision (recours presque systématique aux noms propres, que ce soit des villes ou des marques de voitures).
Rôle dans l'action (Aristote, Greimas) :
Objet de la narration (biographie)
Un discours (manière de s'exprimer, contenu véhiculé) : On décrit Ravel comme quelqu’un qui aime écrire avec style et s’exprime bien, mais on n’a que peu d’exemples de sa façon de s’exprimer. C’est la première chose qui se détériore après l’accident; il n’arrive plus à écrire, puis perd ses mots, les mélange, les oublie.
Une constante dans un comportement :
Fume trop, s’ennuie (victime de son succès, il ne sait plus s’occuper entre deux flambées de gloire ?), ne dort pas, est toujours fatigué. Très ordonné (du moins au début du roman), à la limite un peu maniaque. Il montre aux gens qu’il se fout de leur opinion (mais quelques indices laissent penser que ce n’est pas le cas).
Une identité (onomastique à valeur symbolique (cratylisme), ses désignations) :
Ravel, compositeur très reconnu, apprécié et traité en vedette (du moins dans la première moitié du roman)
p. 83 : « organisme nommé Ravel »
Un passé/une hérédité :
Connu; on mentionne ses parents, son rôle dans l’armée, son séjour dans un sanatorium pour une tuberculose, etc.
Une situation/classe sociale, un métier :
Compositeur de prestige, mis sur un pied d’égalité avec Stravinski; sa notoriété est mise de l’avant.
Un animal, un accessoire qui lui est lié :
sa canne, ses vêtements pour lesquels il est reconnu, les Gauloises qu’il fume à la chaîne.
Une psychologie fixe ou évolutive :
Évolutive : « Ce rayonnement produit aussi peut-être un petit vertige car, lui d’ordinaire ironique e plutôt détaché, voici qu’il s’égare un peu. En plein travail ces derniers mois, avant même d’avoir fini de composer ses deux concertos, il a conçu le plan d’emmener en tournée universelle celui qu’il a écrit pour deux mains – ses propres mains. »
Sa santé se détériore, sa pensée devient plus confuse, sa mémoire lui fait défaut, particulièrement après son accident.
2. Textualisation des procédés de caractérisation
Focalisation (point de vue, restriction de champ, intériorité) :
Posture biographique : on parle de ce que l’on sait de Ravel tout en soulignant ce que l’on ne sait pas (le contenu de sa lettre à Toscanini (p. 81), ses amours (p. 85), etc.). Ces manifestations trahissent la présence de l’énonciateur (avec des « peut-être » ou des « croit-on ») qui est relativement discret; sa narration à la fois distante (focalisation externe en général) et très attachée aux détails du quotidien vise l’universalité (« On s’en veut quelquefois de sortir de son bain. » (Incipit); « On est pas obligé de croire cette histoire. » (p.109); « Mais cette fois c’est lui qu’on est pas obligé de croire. On n’est pas obligé parce que tout va vite et ne fait qu’empirer […]» p. 113), etc.)
Distance particulière lors de la narration de l’accident de taxi qui a détérioré sa santé.
Narration :
3e personne
Accélération vers la fin du roman, alors que Ravel est malade et que son état empire sans cesse. Sa mort et l’opération qui la précède sont décrites rapidement, sans les écarts descriptifs que l’on retrouve dans le reste du livre. « Il se rendort, il meurt dix jours après, on revêt son corps d’un habit noir, gilet blanc, col du à coins cassés, nœud papillon blanc, gants clairs, il ne laisse pas de testament, aucune image filmée, par le moindre enregistrement de sa voix. » (124)
Discours (direct, indirect, indirect libre) :
Entièrement indirect; aucun dialogue.
Niveaux de langue (régionalismes, accents, aspects populaires, jargon, argot) : –
Identification directe (nom propre, descriptions définies)/indirecte (selon ses actions, émotions) :
Identification directe.
Introduction (première occurrence) :
Ravel
Présence d’un scène de révélation/dissimulation/travestissement, qui mène à une identification normale, fausse, empêchée, différée : –
Extraits :
p. 117 : « S’il reconnaît plus grand monde, il se rend compte de tout. […] Il observe tout cela [la perte de ses moyens] clairement, sujet de sa chute en même temps que spectateur attentif, enterré vivant dans un corps qui ne répond plus à son intelligence, regardant un étranger vivre en lui. »