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ranx:ravel_exercice_de_poetique_marie-andree [2013/08/14 11:44] – marie-andree | ranx:ravel_exercice_de_poetique_marie-andree [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1 |
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**Fiche de lecture : //Ravel//, par Jean Echenoz** | **Fiche de lecture : //Ravel//, par Jean Echenoz** |
INCOMPLÈTE | |
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**__1. PROPRIÉTÉS DU PERSONNAGES | **__1. PROPRIÉTÉS DU PERSONNAGES |
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Dans le roman, on dit beaucoup de détails sur le physique de Ravel. On dit que « son visage aigu rasé de près dessine avec son long nez mince deux triangles montés perpendiculairement l'un sur l'autre. Regard noir, vif, inquiet, sourcils fournis, cheveux plaqués en arrière et dégageant un front haut, lèvres minces, oreilles décollées sans lobes, teint mat. [...] [I]l est un homme sec mais chic, tiré à quatre épingles vingt-quatre heures sur vingt-quatre. [...] [S]on trait principal est sa taille, dont il souffre et qui fait que sa tête paraît un peu trop volumineuse pour son corps. Un mètre soixante et un, quarante-cinq kilogrammes et soixante-seize centimètres de périmètre thoracique, Ravel a le format d'un jockey [...]. » (p.21-22-23) Il accorde beaucoup d'importance à son apparence physique : « Il enfile un peignoir d'un perle rare dans lequel il se lave les dents avec sa brosse articulée, se rase sans omettre un poil, se peigne sans négliger un sillon, s'épile un sourcil rétif qui a poussé dans la nuit comme une antenne. » (p.8) On dit qu'il a les cheveux blancs, plaqués en arrière. (p.10) De nombreuses descriptions misent sur les vêtements et accessoires qu'il porte : « Canne pendue à son avant-bras, gants retournés sur le poignet, il a l'air d'un parieur élégant [...]. [S]es chaussettes en fil et sa pochette en soie, comme toujours, sont heureusement assorties à sa cravate. » (p.11-12) « Quand il ne les a pas précédées, il a toujours suivi les dernières tendances vestimentaires. » (p.26) | Dans le roman, on dit beaucoup de détails sur le physique de Ravel. On dit que « son visage aigu rasé de près dessine avec son long nez mince deux triangles montés perpendiculairement l'un sur l'autre. Regard noir, vif, inquiet, sourcils fournis, cheveux plaqués en arrière et dégageant un front haut, lèvres minces, oreilles décollées sans lobes, teint mat. [...] [I]l est un homme sec mais chic, tiré à quatre épingles vingt-quatre heures sur vingt-quatre. [...] [S]on trait principal est sa taille, dont il souffre et qui fait que sa tête paraît un peu trop volumineuse pour son corps. Un mètre soixante et un, quarante-cinq kilogrammes et soixante-seize centimètres de périmètre thoracique, Ravel a le format d'un jockey [...]. » (p.21-22-23) Il accorde beaucoup d'importance à son apparence physique : « Il enfile un peignoir d'un perle rare dans lequel il se lave les dents avec sa brosse articulée, se rase sans omettre un poil, se peigne sans négliger un sillon, s'épile un sourcil rétif qui a poussé dans la nuit comme une antenne. » (p.8) On dit qu'il a les cheveux blancs, plaqués en arrière. (p.10) De nombreuses descriptions misent sur les vêtements et accessoires qu'il porte : « Canne pendue à son avant-bras, gants retournés sur le poignet, il a l'air d'un parieur élégant [...]. [S]es chaussettes en fil et sa pochette en soie, comme toujours, sont heureusement assorties à sa cravate. » (p.11-12) « Quand il ne les a pas précédées, il a toujours suivi les dernières tendances vestimentaires. » (p.26) |
Il dit se sentir fatigué, consulte un médecin qui voudrait lui prescrire un an de repos total, mais Ravel refuse. | Il dit se sentir fatigué, consulte un médecin qui voudrait lui prescrire un an de repos total, mais Ravel refuse. Il a une santé fragile : « De péritonite en tuberculose et de grippe espagnole en bronchite chronique, son corps fatigué n'a jamais été vaillant même s'il se tient droit comme un i sanglé dans ses costumes parfaitement ajustés. » (p.155) |
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**Caractéristiques psychologiques** | **Caractéristiques psychologiques** |
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Il est souvent fatigué, mais incapable de dormir, « sa nervosité se bat[tant] contre sa faiblesse. » (p.25) | Il est souvent fatigué, mais incapable de dormir, « sa nervosité se bat[tant] contre sa faiblesse. » (p.25) |
On dit qu'il est paresseux. (p.44) Il ne sait jamais quoi faire, a des troubles de sommeil, ne sait pas comment occuper son temps : « Trop fatigué par le voyage pour songer à se reposer, la nervosité s'y oppose et de toute façon, cinq heures et demie de l'après-midi, ce n'est pas le moment d'essayer de dormir : il n'y parviendra pas, s'il y parvient ce sera pire. Pas question non plus d'ouvrir un livre ni le piano, pas assez concentré pour ça. Rien à ranger non plus dans la maison, pas de courses à faire [...]. » (p.64) En effet, Ravel s'ennuie souvent : « associé à la flemme, l'ennui peut le faire jouer au diabolo pendant des heures, surveiller la croissance de ses ongles, confectionner des cocottes en papier ou sculpter des canards en mie de pin [...]. Comblé à l'absence de projet, l'ennui se double aussi souvent d'un accès de découragement, de pessimisme et de chagrin qui lui font amèrement reprocher à ses parents, dans ces moments, de ne pas l'avoir mis dans l'alimentation. Mais l'ennui de cet instant, plus que jamais démuni de projet, paraît plus physique et oppressant que d'habitude, c'est une acédie fébrile, inquiète, où le sentiment de solitude lui serre la gorge plus douloureusement que le noeud de sa cravate à poids. » (p.65-66) « Les temps qui suivent, Ravel ne sait plus que faire. Rien qui le tente vraiment, rien qui vaille la peine. » (p.72)« Ravel fume trop, s'ennuie toujours autant, dort toujours aussi mal, est à nouveau tout le temps mort de fatigue, sans cesse tourmenté par des inflammations ganglionnaires chroniques et autres petits ennuis. » (p.87) | On dit qu'il est paresseux. (p.44) Il ne sait jamais quoi faire, a des troubles de sommeil, ne sait pas comment occuper son temps : « Trop fatigué par le voyage pour songer à se reposer, la nervosité s'y oppose et de toute façon, cinq heures et demie de l'après-midi, ce n'est pas le moment d'essayer de dormir : il n'y parviendra pas, s'il y parvient ce sera pire. Pas question non plus d'ouvrir un livre ni le piano, pas assez concentré pour ça. Rien à ranger non plus dans la maison, pas de courses à faire [...]. » (p.64) En effet, Ravel s'ennuie souvent : « associé à la flemme, l'ennui peut le faire jouer au diabolo pendant des heures, surveiller la croissance de ses ongles, confectionner des cocottes en papier ou sculpter des canards en mie de pin [...]. Comblé à l'absence de projet, l'ennui se double aussi souvent d'un accès de découragement, de pessimisme et de chagrin qui lui font amèrement reprocher à ses parents, dans ces moments, de ne pas l'avoir mis dans l'alimentation. Mais l'ennui de cet instant, plus que jamais démuni de projet, paraît plus physique et oppressant que d'habitude, c'est une acédie fébrile, inquiète, où le sentiment de solitude lui serre la gorge plus douloureusement que le noeud de sa cravate à poids. » (p.65-66) « Les temps qui suivent, Ravel ne sait plus que faire. Rien qui le tente vraiment, rien qui vaille la peine. » (p.72)« Ravel fume trop, s'ennuie toujours autant, dort toujours aussi mal, est à nouveau tout le temps mort de fatigue, sans cesse tourmenté par des inflammations ganglionnaires chroniques et autres petits ennuis. » (p.87) On dit que son esprit est « noyé dans la tristesse et l'ennui bien qu'il n'en laisse rien paraître. » (p.115) |
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« Ravel a toujours tout oublié, toujours été distrait, sujet à des trous de mémoire singulièrement pour les noms propres, recourant souvent à des images pour désigner un lieu ou une personne aussi bien connus de lui que Mme Révelot : la dame qui s'occupe de ma maison, vous savez, qui a un sale caractère. » (p.100) On remarque, aussi, « une sorte d'absence devant sa propre musique. » (p.100) | « Ravel a toujours tout oublié, toujours été distrait, sujet à des trous de mémoire singulièrement pour les noms propres, recourant souvent à des images pour désigner un lieu ou une personne aussi bien connus de lui que Mme Révelot : la dame qui s'occupe de ma maison, vous savez, qui a un sale caractère. » (p.100) On remarque, aussi, « une sorte d'absence devant sa propre musique. » (p.100) |
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| Après un accident de voiture, pendant trois mois, « Ravel ne fait absolument rien. » Sa distraction devient de plus en plus fréquente, « il finit par expliquer que ses idées, quelles qu'elles soient, lui semblent toujours rester en prison dans son cerveau. » (p.103-104) Les petits gestes du quotidien deviennent de plus en plus difficiles à réaliser, comme écrire et signer. « Bientôt, ne pouvant plus aimer que la solitude, il reste des heures sur son balcon à Montfort, dans un fauteuil, le regard pendu [...]. [I]l attend, mais sans préciser quoi. Il vit dans un brouillard qui l'étouffe chaque jour un peu plus bien qu'une activité persiste : il va chaque jour marcher dans la forêt. Il ne s'y perd jamais. Mais c'est le monde qu'il perd avec ses objets [...]. Bref, ça ne va plus du tout. » (p.111) « Il a maintenant du mal à contrôler la plupart de ses gestes, il a perdu le sens du toucher, ne sait pratiquement plus écrire ni lire et s'exprime de plus en plus mal, confondant les mots sans cesse et disposant de moins en moins d'entre eux. » (p.113) Il reste « effacé dans son fauteuil, immobile et calme comme s'il n'était pas là, déjà mort. » (p.116) Il ne reconnaît plus les gens, mais se rend toutefois compte de son état, voyant bien que « ses mouvements manquent leur but. » (p.116) « Maintenant il n'en peut plus de sa vie inutile, se révolte en vain de ne plus servir à rien, d'être enfermé à l'intérieur de soi. Sachant que c'est bien fini, il tente d'organiser la solitude. » (p.118) Vers la fin, sa mémoire fait défaut de plus en plus, il devient un « fantôme aussi bien habillé » (p.121) |
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**Caractéristiques relationnelles/sociales** | **Caractéristiques relationnelles/sociales** |
Ravel préfère être seul : « Ravel jette un coup d'oeil par un des hublots qui, pour un moment encore, commandent le quai : il observe la masse de parents et alliés qui s'y pressent en agitant des mouchoirs comme à Saint-Lazare, mais également des chapeaux et des fleurs et d'autres choses encore. Il ne cherche pas à reconnaître qui que ce soit dans cette foule : s'il a bien voulu qu'on l'escorte à la gare, c'est tout seul qu'il préfère embarquer. » (p.21) | Ravel préfère être seul : « Ravel jette un coup d'oeil par un des hublots qui, pour un moment encore, commandent le quai : il observe la masse de parents et alliés qui s'y pressent en agitant des mouchoirs comme à Saint-Lazare, mais également des chapeaux et des fleurs et d'autres choses encore. Il ne cherche pas à reconnaître qui que ce soit dans cette foule : s'il a bien voulu qu'on l'escorte à la gare, c'est tout seul qu'il préfère embarquer. » (p.21) |
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Lorsque des pianistes jouent ses compositions durant des concerts, cela le gêne, le contrarie et il préfère sortir fumer une cigarette. « Il n'aime pas être là quand on le joue. Mais pas moyen de se défiler, c'est de bon coeur qu'on a voulu lui faire une petite surprise, il s'efforce de sourire en maugréant intérieurement. D'autant plus que sa nouvelle sonate ils ne l'exécutent pas, juge-t-il, très bien. » (p.39) Une fois, un pianiste joue son concerto et Ravel réagit ainsi : « Ça ne v pas du tout. Ce n'est pas du tout ça. » (p.97) | Lorsque des pianistes jouent ses compositions durant des concerts, cela le gêne, le contrarie et il préfère sortir fumer une cigarette. « Il n'aime pas être là quand on le joue. Mais pas moyen de se défiler, c'est de bon coeur qu'on a voulu lui faire une petite surprise, il s'efforce de sourire en maugréant intérieurement. D'autant plus que sa nouvelle sonate ils ne l'exécutent pas, juge-t-il, très bien. » (p.39) Une fois, un pianiste joue son concerto et Ravel réagit ainsi : « Ça ne v pas du tout. Ce n'est pas du tout ça. » (p.97) Ravel considère que « les interprètes sont des esclaves. » (p.101) |
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Lors d'un concert, Marguerite, qui l'accompagne, croit avoir perdu les billets, et Ravel la traite comme une moins-que-rien : « Vous êtes vraiment une idote, Marguerite, s'énerve froidement Ravel. Une conne, précise-t-il posément en pliant en quatre son journal. [...] Elle a égaré les billets, cette salope, grogne-t-il pour lui-même, il faut toujours qu'elle oublie quelque chose. » (p.99) | Lors d'un concert, Marguerite, qui l'accompagne, croit avoir perdu les billets, et Ravel la traite comme une moins-que-rien : « Vous êtes vraiment une idote, Marguerite, s'énerve froidement Ravel. Une conne, précise-t-il posément en pliant en quatre son journal. [...] Elle a égaré les billets, cette salope, grogne-t-il pour lui-même, il faut toujours qu'elle oublie quelque chose. » (p.99) |
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Ravel habite dans une « petite maison compliquée » à trois étages sur Montfort-l'Amaury. (p.9) Durant le roman, il se rend en Amérique du Nord pour la première fois de sa vie. On le voit donc sur le paquebot, en première classe, le menant à cet endroit, dans lequel il a une petite cabine : « trop vaste en un sens, elle donne en même temps à son corps la mesure exacte que vous accorde une chambre d'hôpital : place principale mais atrophiée, sans rien d'autre à quoi s'accrocher que soi-même ». (p.31-32) On le voit ensuite retourner en France. | Ravel fait partie de la haute société. Il habite dans une « petite maison compliquée » à trois étages sur Montfort-l'Amaury. (p.9) Durant le roman, il se rend en Amérique du Nord pour la première fois de sa vie. On le voit donc sur le paquebot, en première classe, le menant à cet endroit, dans lequel il a une petite cabine : « trop vaste en un sens, elle donne en même temps à son corps la mesure exacte que vous accorde une chambre d'hôpital : place principale mais atrophiée, sans rien d'autre à quoi s'accrocher que soi-même ». (p.31-32) On le voit ensuite retourner en France, dans sa maison. |
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**Un discours (manière de s'exprimer, contenu véhiculé, niveaux de langue, etc.)** | **Un discours (manière de s'exprimer, contenu véhiculé, niveaux de langue, etc.)** : standard et littéraire, mais parfois plutôt familier/vulgaire lorsque, par exemple, il insulte Marguerite en la traitant de « conne », « salope »... (p.99) |
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**Une identité (onomastique, désignations)** : Ravel, le maître... | **Une identité (onomastique, désignations)** : Ravel, le maître... |
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**Un passé/une hérédité** | **Un passé/une hérédité** : Vu le côté biographique du roman, on en connaît quelque peu sur son passé, notamment sur les oeuvres qu'il a écrites, son service militaire, sa réputation, l'absence de relations amoureuses. Par ailleurs, le passé prendra plus d'importance au moment où il perdra la mémoire, ce qui lui fera oublier beaucoup de choses sur son passé, notamment les oeuvres qu'il a composées. |
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Ravel est un compositeur riche et célèbre. Il a cinquante-deux ans au début du roman et il est au sommet de sa gloire. Il aurait pu être dans l'armée : « En 14 il avait vraiment voulu s'engager, bien qu'on l'eût exempté de toute espèce d'obligation militaire, lui représentant sans tact qu'on le trouvait trop frêle. » (p.36) Son peu de poids l'aurait obligé à n'être rien de mieux qu'un conducteur au service des convois automobiles, section poids lourd. (p.36-37) | Ravel est un compositeur riche et célèbre, évoluant dans la haute société de son époque, fréquentant des personnalités importantes, tenant des salons chez lui. Il a cinquante-deux ans au début du roman et il est au sommet de sa gloire. Il aurait pu être dans l'armée : « En 14 il avait vraiment voulu s'engager, bien qu'on l'eût exempté de toute espèce d'obligation militaire, lui représentant sans tact qu'on le trouvait trop frêle. » (p.36) Son peu de poids l'aurait obligé à n'être rien de mieux qu'un conducteur au service des convois automobiles, section poids lourd. (p.36-37) |
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__**2. TEXTUALISATION DES PROCÉDÉS DE CARACTÉRISATION** | __**2. TEXTUALISATION DES PROCÉDÉS DE CARACTÉRISATION** |
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**Focalisation (point de vue, restriction de champ, intériorité)** : | **Focalisation (point de vue, restriction de champ, intériorité)** : externe. On fait la biographique de quelqu'un, et on en parle avec distance, dans la mesure où on annonce à l'avance qu'il ne reste que dix ans à vivre au personnage principal qu'est Ravel. Le narrateur fait également parfois part de certaines lacunes pour sa biographie. |
**Narration** : | |
| **Narration** : À la troisième personne. |
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**Discours (direct, indirect, indirect libre)** : | **Discours (direct, indirect, indirect libre)** : Indirect. Lorsque des phrases de Ravel sont rapportées, elle ne sont toutefois pas placées entre guillemets. |
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**Niveaux de langue (régionalismes, accents, aspects populaires, jargon, argot)** : | **Niveaux de langue (régionalismes, accents, aspects populaires, jargon, argot)** : Littéraire |
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**Identification directe (nom propre, descriptions définies)/indirecte (selon ses actions, émotions)** : | **Identification directe (nom propre, descriptions définies)/indirecte (selon ses actions, émotions)** : Directe. |
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**Introduction (première occurrence)** : | **Introduction (première occurrence)** : « On s'en veut quelquefois de sortir de son bain. [...] Mieux vaudrait rester jusqu'au cou dans son bain, des heures sinon perpétuellement, actionnant le robinet du pied droit par intermittence pour rajouter un peu d'eau chaude [...]. » (p.7-8) |