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-Notice bibliographique : Serge Joncour, //Que la paix soit avec vous//, Paris, Flammarion, 2006, 240 p.+=====FICHE DE LECTURE===== 
 +==== I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE ====
  
  
 +**Auteur :** Joncour, Serge
  
-== Résumé de l’œuvre ==+**Titre :** Que la paix soit avec vous
  
-En 2003, dans un immeuble vétuste assailli par des promoteurs désireux de le rénover afin de percevoir des loyers plus élevés, habite un homme anonyme qui passe le plus clair de ses journées à faire de la musculation et regarder les actualités à la télévision dans son minuscule appartement, le seul habité au dernier étage. Désoeuvré, n'ayant pas payé son loyer depuis plusieurs mois, l'homme s'intéresse particulièrement à la Guerre en Irak qui couve et se déroule sur l'écran comme un spectacle à grand déploiement. Il discute aussi quelquefois avec la voisine de l'étage inférieur, Mme Kinsver, qui lui raconte que l'autre logement du dernier étage, inhabité, appartient toujours à un certain Grossman, disparu pendant la Seconde Guerre mondiale, mais qui pourrait revenir à n'importe quel moment. Justement, l'homme entend souvent des bruits qui semblent provenir du logement soi-disant abandonné. Enfin, lorsque les promoteurs deviennent plus agressifs et entreprennent les travaux de rénovation, probablement dans l'espoir de chasser les rares derniers occupants, ceux-ci adoptent une attitude passive pour décourager les promoteurs, mais en vain. L'homme finit par être expulsé pour cause de défaut de paiement et se réfugie chez Mme Kinsver.+**Éditeur :** Flammarion
  
-== Narration autodiégétique ==+**Collection :** -
  
-Explication Le narrateur est l'homme anonyme du dernier étage qui raconte ses "aventures" à la première personne. En fait, il est aussi souvent question des préparatifs de la Guerre en Irak ou des cicatrices laissées par la Seconde Guerre mondiale sur les habitants de l'immeuble que de ce que fait spécifiquement le narrateur, étant donnée son oisiveté.+**Année :** 2006
  
 +**Éditions ultérieures :** Poche chez J'ai lu (2008 et 2012)
  
-== Personnage(s) en rupture le narrateur == +**Désignation générique :** roman
  
-== A) Nature de la rupture == +**Quatrième de couverture :** 
  
-Explication : Devant le monde qui défile sans se soucier de lui, et sur lequel il sent n'avoir aucune emprise, le narrateur fait preuve d'une sorte d'individualisme résigné. Regardant religieusement les actualitésmais avec recul ou résignation, il semble détaché de toutIl se rend par exemple à une manifestation contre la Guerre en Irak qui approchemais sans conviction personnelle et uniquement pour représenter Mme Kinsver qui lui demande d'aller pour elleSeul l'importe le maintien de sa vie de reclus dans son petit appartement dont il ne paie plus le loyer depuis longtempsmais espère sans trop savoir comment continuer à y vivre+Que la paix soit avec vous « Le soir, on allume sa télé comme on demande de l'aide, et souvent c'est l'inverse qui se produit. Pour une fois, le journal de la nuit s'étire bien au-delà de l'horaire habituel. Une édition spéciale parle d'armes de destruction massive dissimulées par un furieux dictateur, d'une guerre probable entre les États-Unis et l'Irakune guerre mondiale pourquoi pasJe regarde ça comme les prémices d'un film à grand spectaclej'oscille entre panique et fascination. Dans le fond, je ne serais pas contre un grand chaos généralisé, si le monde s'emballait dans un dérèglement total je m'sentirais bien plus à ma placeRien n'explique mieux sa peur que d'en voir la cause étalée partout, dans les journaux, à la radio, à la télévision, partout. » S. J.
  
-Certains extraits laissent penser à une sorte de crise existentielle (existentialiste ?), le narrateur ne trouvant rien à quoi se raccrocher, ni valeur, ni dichotomie bien et mal, etc. : « Je ne serai jamais de ces époques où il y avait un choix définitif à faire, qui demandaient de s'en remettre à des valeurs suprêmes, des époques où l'on se révélait héros d'avoir osé parler ou de s'être tu. Toute certitude sur ma bravoure relève de la seule projection. Faut-il en avoir dans le ventre pour aller se battre, ou plus encore en n'y allant pas ? Est-il plus louable de mourir pour une idée que de vivre tout simplement pour soi ? En m'épargnant ces questions, l'Histoire aura fait de moi une ombre perdue dans sa propre paix, en quête de sa propre paix. Un partisan de l'espoir personnel, mais certainement pas un homme en paix. » (98) La Guerre en Irak, justement, agit comme dédoublement de cette crise des valeurs qui mène le narrateur à l'individualisme: "Les Américains [qui attaquent l'Irak sous de faux prétextes] sont devenus des ennemis et les Arabes des frères."(113) Plusieurs citations de George W. Bush et Donald Rumsfeld viennent d'ailleurs souligner les motifs absurdes de cette invasion. 
  
 +==== II- CONTENU GÉNÉRAL ====
  
 +**Résumé de l’œuvre :** 
  
-== B) Origine de la rupture : actorielle == +En 2003, dans un immeuble vétuste assailli par des promoteurs désireux de le rénover afin de percevoir des loyers plus élevéshabite un homme anonyme qui passe le plus clair de ses journées à faire de la musculation et regarder les actualités à la télévision dans son minuscule appartementle seul habité au dernier étage. Désoeuvré, n'ayant pas payé son loyer depuis plusieurs mois, l'homme s'intéresse particulièrement à la Guerre en Irak qui couve et se déroule sur l'écran comme un spectacle à grand déploiement. Il discute aussi quelquefois avec la voisine de l'étage inférieur, Mme Kinsver, qui lui raconte que l'autre logement du dernier étageinhabité, appartient toujours à un certain Grossmandisparu pendant la Seconde Guerre mondiale, mais qui pourrait revenir à n'importe quel momentJustementl'homme entend souvent des bruits qui semblent provenir du logement soi-disant abandonné. Enfinlorsque les promoteurs deviennent plus agressifs et entreprennent les travaux de rénovation, probablement dans l'espoir de chasser les rares derniers occupants, ceux-ci adoptent une attitude passive pour décourager les promoteurs, mais en vain. L'homme finit par être expulsé pour cause de défaut de paiement et se réfugie chez Mme Kinsver.
- +
-Explication : Le sentiment de rupture vient du narrateur quidepuis un accident de travail qui l'a profondément traumatisé, s'est enfoncé dans l'oisiveté, passant le plus clair de son temps devant la télévision, mais cela ne suffit pas à lui redonner contact avec la réalité: « Parfois j'ai du mal à suivre, à cause de ce recul énorme que je prends en me couchant tard, la réalité s'assimile de plus en plus à une sphère inconnueComme si, du mondeje n'avais que les images et pas le son» (113)  +
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-== C) Manifestations : volitive ==+
  
-Explication : « J'ai ce réflexe un peu européen de considérer par avance que les projets ne marcheront pas. Souvent, c'est moins du pessimisme qu'une lucidité sapée par trop d'échecs. » (44Comme si, à force de contempler jour après jour les actualités à la télévision, le narrateur en était venu à ne plus entretenir le moindre espoir d'amélioration. Il le répète à plusieurs reprises dans le romance qu'il veutc'est la paixavoir la paixEt contrairement à ceux qui manifestent dans les rues contre l'invasion de l'Irak, la paix, pour lui, passe par un repli sur soi et un refus de l'engagement, de l'affrontement. Sauf que ça ne semble pas fonctionner puisqu'il affirme lui-même être devenu "un partisan de l'espoir personnel, mais certainement pas un homme en paix." (98)+**Thème(s) :** Télévisionsolitudeguerre.
  
-À la fin, tout de même, il réalise que les manigances des promoteurs sont venues à bout de ses derniers retranchements: « Je sens bien que je n'ai plus le choix, que cette fois je vais devoir me battre, de fait on m'oblige à me battre. C'est comme si, malgré moi, quelque chose du mouvement du monde me rattrapait. Pourtant, en venant habiter ici, je ne cherchais rien d'autre que la paix, je pensais bien l'avoir trouvée. » (205) Le fait d'avoir une menace concrète qui plane au-dessus de sa tête, de sentir qu'il y a encore des bons et des méchants, des valeurs et des gens dignes d'être défendus, semble l'avoir plongé à nouveau dans le monde et tiré de l'inaction dans laquelle il pourrissait. +==== III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION ====
  
-== DObjets Absence de projet ==+**Explication (intuitive mais argumentéedu choix :** Même si on ne retrouve pas dans le roman d'effets poétiques particuliers, la déconnexion du personnage me semble intéressante, surtout qu'il commente régulièrement son statut, ce qui permet de mieux comprendre ses motivations (ou son absence de  motivation). Certains aspects du roman seraient, de plus, à mettre en relation avec //J'habite dans la télévision// de Chloé Delaume.
  
-Explication Ce n'est pas que les projets du narrateur n'aboutissent pasc'est plutôt que, devant un monde auquel il a l'impression de ne pas appartenir, de ne pas avoir de place, il n'y a pas d'intérêt à avoir des projets ; l'important étant plutôt de survivre envers et contre tout.+**Appréciation globale :** Lecture agréable, pas trop longue et qui permet de nous replonger dans la Guerre en Irak telle que nous l'avons vue de loin.
  
 +==== IV – TYPE DE RUPTURE ====
  
-== E) Manifestations spatiales : lieux oppressants ==+=== Validation du cas au point de vue de la rupture ===
  
-Lieux représentés L'immeuble+** a) actionnelle :** 
  
-Explication : L'immeuble est évidemment constitué de plusieurs logementsdont la grande majorité sont habités bien plus par des souvenirs tragiques, un passé oppressant et peu connudévoilé par bribes par une vieille femme à moitié sénile, qui cause une sorte d'angoisse à tendance paranoïaque au narrateur: « Habiter un appartement à la suite de quelqu'unce n'est pas anodin, c'est pactiser dans une histoire commune, pactiser par l'endroitc'est à un certain moment avoir fait le même choix»+Explication : Devant le monde qui défile sans se soucier de lui, et sur lequel il sent n'avoir aucune emprisele narrateur fait preuve d'une sorte d'individualisme résigné. Regardant religieusement les actualités, mais avec recul ou résignation, il semble détaché de tout. Il se rend par exemple à une manifestation contre la Guerre en Irak qui approchemais sans conviction personnelle et uniquement pour représenter Mme Kinsver qui lui demande d'y aller pour elle. Seul l'importe le maintien de sa vie de reclus dans son petit appartement dont il ne paie plus le loyer depuis longtempsmais espère sans trop savoir comment continuer à y vivre.
  
-== FCitations pertinentes==+Certains extraits laissent penser à une sorte de crise existentielle (existentialiste ?), le narrateur ne trouvant rien à quoi se raccrocher, ni valeur, ni dichotomie bien et mal, etc. « Je ne serai jamais de ces époques où il y avait un choix définitif à faire, qui demandaient de s'en remettre à des valeurs suprêmes, des époques où l'on se révélait héros d'avoir osé parler ou de s'être tu. Toute certitude sur ma bravoure relève de la seule projection. Faut-il en avoir dans le ventre pour aller se battre, ou plus encore en n'y allant pas ? Est-il plus louable de mourir pour une idée que de vivre tout simplement pour soi ? En m'épargnant ces questions, l'Histoire aura fait de moi une ombre perdue dans sa propre paix, en quête de sa propre paix. Un partisan de l'espoir personnel, mais certainement pas un homme en paix. » (98) La Guerre en Irak, justement, agit comme dédoublement de cette crise des valeurs qui mène le narrateur à l'individualisme: “Les Américains [qui attaquent l'Irak sous de faux prétextes] sont devenus des ennemis et les Arabes des frères.”(113) Plusieurs citations de George W. Bush et Donald Rumsfeld viennent d'ailleurs souligner les motifs absurdes de cette invasion.
  
-« Les terroristes ne font jamais de bruit. Après coup, leurs voisins disent toujours que c'étaient des gens discretsqu'on ne les entendait pas, c'est souvent ce qu'on entend dans les interviews les lendemains d'attentatpareil pour les pires criminelsles voisins déclarent toujours qu'ils n'en reviennent pascet homme avait l'air si calmesi discretil ne recevait jamais personneUn peu comme moi. » (25)+Ce n'est pas que les projets du narrateur n'aboutissent pas, c'est plutôt quedevant un monde auquel il a l'impression de ne pas appartenir, de ne pas avoir de place, il n'y a pas d'intérêt à avoir des projets ; l'important étant plutôt de survivre envers et contre tout: « J'ai ce réflexe un peu européen de considérer par avance que les projets ne marcheront pas. Souvent, c'est moins du pessimisme qu'une lucidité sapée par trop d'échecs. » (44) Comme sià force de contempler jour après jour les actualités à la télévisionle narrateur en était venu à ne plus entretenir le moindre espoir d'amélioration. Il le répète à plusieurs reprises dans le roman: ce qu'il veut, c'est la paixavoir la paix. Et contrairement à ceux qui manifestent dans les rues contre l'invasion de l'Irakla paixpour lui, passe par un repli sur soi et un refus de l'engagement, de l'affrontement. Sauf que ça ne semble pas fonctionner puisqu'il affirme lui-même être devenu “un partisan de l'espoir personnel, mais certainement pas un homme en paix.” (98)
  
-« Un jour j'ai pris la décision de ne plus ouvrir mes lettreset depuis des mois je les laisse làJe jette juste un coup d'oeil aux plus récentestoujours plus curieux des erreurs sur l'orthographe de mon nom, même au regard des courriers administratifs je ne suis qu'une donnée variable, une approximation» (29)+À la fin, tout de même, il réalise que les manigances des promoteurs sont venues à bout de ses derniers retranchements: « Je sens bien que je n'ai plus le choix, que cette fois je vais devoir me battre, de fait on m'oblige à me battre. C'est comme si, malgré moi, quelque chose du mouvement du monde me rattrapait. Pourtant, en venant habiter ici, je ne cherchais rien d'autre que la paix, je pensais bien l'avoir trouvée» (205) Le fait d'avoir une menace concrète qui plane au-dessus de sa têtede sentir qu'il y a encore des bons et des méchants, des valeurs et des gens dignes d'être défendus, semble l'avoir plongé à nouveau dans le monde et tiré de l'inaction dans laquelle il pourrissait. Comme quoi l'adversité peut donner un sens à ce qui en semble dénué. Mais tout de même, on ne peut pas parler d'une résolution franche de l'intrigue
  
-== G) Discours critique: == 
  
-KOUAKOU, Mike Olivier, "Serge Joncourune poétique du mal-être", dans Murielle Lucie CLÉMENT et Sabine van WESEMAEL, //Le Malaise existentiel dans le roman français de l'extrême contemporain//, Sarrebruck, Éditions universitaires européennes, 2011, p. 35-46. +** b) interprétative :**
  
-Très pertinentvraiment. L'auteur parle de mal-être, de dégénérescence, de personnages en ruptureinsignifiantsqui ressentent au quotidien une forme d'absence ou de vide+Depuis un accident de travail qui l'a profondément traumatiséle personnage principal s'est enfoncé dans l'oisiveté, passant le plus clair de son temps devant la télévision, mais cela ne suffit pas à lui redonner contact avec la réalité: « Parfois j'ai du mal à suivreà cause de ce recul énorme que je prends en me couchant tardla réalité s'assimile de plus en plus à une sphère inconnue. Comme sidu mondeje n'avais que les images et pas le son» (113)
  
-La photocopie est de mauvaise qualité, mais l'étroitesse des marges intérieures ne m'a pas permis de faire mieux: {{:ranx:serge_joncour._une_poetique_du_mal-etre.pdf|Article}}+==== V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES ====
  
 +À part le fait que l'intrigue soit minimale, rien de particulier.
ranx/que_la_paix_soit_avec_vous.1361379023.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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