Les deux révisions précédentesRévision précédenteProchaine révision | Révision précédente |
ranx:perdu [2016/12/22 14:26] – virginie | ranx:perdu [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1 |
---|
| {{ :ranx:de_sorientation_foudroyante.docx |Version Word avec mise en page et couvertures}} |
| |
**[Désorientation Foudroyante]** | **[Désorientation Foudroyante]** |
| |
| //Perdre touts ses repères et la tête// |
| |
Si [Désorientation Foudroyante] ne se rencontre pas si souvent dans notre corpus, sa récurrence mérite tout de même d'être relevée étant donné son caractère singulier. [Désorientation Foudroyante] se trouve soudainement en proie à des problèmes mémoriels qui l’amènent à tout remettre en question. Identité, famille, repères : tout est devenu incertain et les avancées doivent donc se faire avec prudence. Ces troubles mémoriaux rendent plus complexe l'établissement d'une frontière entre les possibles et la réalité; elle demeure floue et les deux côtés se mêlent. L’histoire où évolue [Désorientation Foudroyante] est assujettie à sa confusion et se présente souvent comme la reconstitution progressive et partielle de son identité et son univers.\\ | Si [Désorientation Foudroyante] ne se rencontre pas si souvent dans notre corpus, sa récurrence mérite tout de même d'être relevée étant donné son caractère singulier. [Désorientation Foudroyante] se trouve soudainement en proie à des problèmes mémoriels qui l’amènent à tout remettre en question. Identité, famille, repères : tout est devenu incertain et les avancées doivent donc se faire avec prudence. Ces troubles mémoriaux rendent plus complexe l'établissement d'une frontière entre les possibles et la réalité; elle demeure floue et les deux côtés se mêlent. L’histoire où évolue [Désorientation Foudroyante] est assujettie à sa confusion et se présente souvent comme la reconstitution progressive et partielle de son identité et son univers.\\ |
| |
| |
Des exemples notables : | **Des exemples notables :** |
| |
Au piano – Jean Echenoz ; | __Aline Maupin dans //Certainement// pas Chloé Delaume ;__ |
| Une amnésie rétrograde affecte Aline Maupin. Elle ne se souvient de rien qui la concerne, de sa personnalité, de la personne qu’elle a été. Elle a besoin des autres pour savoir qui elle est. L’oubli la rend vulnérable, ayant pour seul repère son corps, qui lui est toutefois inutile pour se retrouver : « Mon corps ne m'apprend rien » (p. 36). Inconnue à elle-même, elle se souvient toutefois du reste du monde, de l'Histoire et de la fiction. Elle est devenue vide dans un monde dont elle se souvient tout entier. Elle ne souhaite toutefois pas se souvenir : « Je voudrais que tout cela s'éternue lettre morte, je voudrais que l'oubli grignote avec emphase toutes ces larves sinistrose implantées au-dedans. […] Je voudrais tant avoir la mémoire des poissons. » (p. 112). |
| |
Dans la première partie, Max, pianiste, n’a plus que quelques semaines à vivre avant d’être violemment tué, mais ne le sait pas encore. Il vit avec une femme qu’on apprendra être sa sœur, rêve à Rose, rencontrée il y a trente ans, suit une voisine, la femme au chien, sous la surveillance de son imprésario et d’un assistant qui doit veiller à ce qu’il ne boive pas trop avant les concerts et qui le pousse sur scène pour l’obliger à jouer, ce qui terrorise Max. Dans la deuxième, mort, il attend dans un centre sous la supervision de Béliard, où l’on va décider s’il ira « dans le parc » ou « dans la section urbaine » et fait l’amour avec Doris Day, infirmière dans l’au-delà. Dans la troisième et dernière partie, il « ressuscite » en Amérique du Sud et se retrouve finalement à Paris à travailler comme barman dans un hôtel de passes. Son ancien assistant, ignorant qu’il était mort, le reconnait, le fait engager comme pianiste. Béliard apparait, puisque se faire reconnaitre et reprendre son ancienne occupation sont interdits (on a modifié le visage de Max). Max croit à nouveau reconnaitre Rose, mais Béliard apparait et la ramène dans l’au-delà, geste cruel qui fait réaliser à Max qu’il est probablement en enfer. La réincarnation du personnage lui cause une rupture mémorielle qui le désoriente, étant donné le fait que son ancienne vie lui est inaccessible. Le fait que des fragments de mémoires s’offre à sa conscience est la source du problème de désorientation. | Chloé Delaume, //Certainement pas//, Paris, Verticales, 2004, 368 p. |
| |
Certainement pas (Aline [Mademoiselle Rose]) – Chloé Delaume ; | __Max dans //Au piano// de Jean Echenoz ;__ |
| Au début du roman, Max, pianiste alcoolique, n’a plus que quelques semaines à vivre avant d’être violemment tué. Mort, dans l'au-delà, il attend dans un centre sous la supervision de Béliard que l’on décide où on l'enverra. Il ressuscite en Amérique du Sud et se retrouve finalement à Paris à travailler comme barman dans un hôtel de passes. Plus tard, reconnu par son ancien assistant, il reprend son métier de pianiste. Cela le renverra dans l'au-delà puisque se faire reconnaitre et reprendre son ancienne occupation sont interdits. Les réincarnations de Max lui causent une rupture mémorielle qui le désoriente, étant donné le fait que son ancienne vie lui est inaccessible. Ce dont il se souvient et qu'il reconnaît, il n'a pas le droit de l'utiliser sous peine d'être relocalisé. |
| |
Le docteur Lenoir, dans une enquête inspirée du jeu de Clue, tente de démontrer qu'il a été assassiné par six personnes avec six armes différentes. Les personnages sont alors tour à tour présentés. Une amnésie rétrograde est la cause de la rupture mémorielle du personnage d’Aline. Elle est en déconnexion avec sa personnalité, la personne qu’elle a été. Elle a besoin des autres pour savoir qui elle est. L’oubli la rend vulnérable, ayant pour seul repère son corps, qui lui est pratiquement inutile. Elle se rappelle aussi plusieurs éléments relevant de la culture populaire, eux aussi d’une utilité discutable, cette connaissance du fictif ne lui offre aucune piste quant à son propre passé : « Ainsi Aline Maupin ne savait plus rien d'elle, mais du reste du monde n'avait rien oublié. Elle se souvenait des guerres, de l'âge du capitaine, de la règle de trois et de Coco Chanel [et la liste continue]. » (p.41) | Jean Echenoz, //Au piano//, Paris, Éditions de Minuit, 2003, 224 p.\\ |
| [[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/au_piano|Documentation critique]] |
| |
Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier - Patrick Modiano | __Daragane dans //Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier// de Patrick Modiano ;__ |
| Daragane est étranger à son passé, ses « souvenirs se dérobaient à lui au fur et à mesure, comme des bulles de savon ou les lambeaux d’un rêve qui se volatilisent au réveil » (p. 15). Son amnésie lui cause une grande confusion, le désoriente. Il ne reconnaît pas son environnement, son propre passé. Il est étranger à lui-même : « Il se demandait si cette femme était la même que celle qu’il avait connue, enfant, à Saint-Leu-la-Forêt. Et lui, qui était-il? Quarante ans plus tard, quand l’agrandissement de la photomaton lui tomberait entre les mains, il ne saurait même plus que c’était lui, cet enfant-là » (p. 100). Daragane ne s'intéresse plus aux autres, ni au monde jusqu'à ce qu'il se fasse entraîner dans une enquête qui le mènera dans les dédales de ses souvenirs oubliés. |
| |
Daragane n'est plus interessé aux autres ou au monde. Jusqu'à ce qu'il se fasse entraîner dans un genre d'enquête qui le mènera dans les dédales de ses souvenirs oubliés. Son amnésie est la cause de sa confusion. Il est étranger à son passé et donc, perdu: «Mais ces souvenirs se dérobaient à lui au fur et à mesure, comme des bulles de savon ou les lambeaux d’un rêve qui se volatilisent au réveil.» (p.15), «Il se demandait si cette femme était la même que celle qu’il avait connue, enfant, à Saint-Leu-la-Forêt. Et lui, qui était-il? Quarante ans plus tard, quand l’agrandissement de la photomaton lui tomberait entre les mains, il ne saurait même plus que c’était lui, cet enfant-là.» (p.100) | Patrick Modiano, //Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier//, Paris, Gallimard (Blanche), 2014, 160 p. |
| |
Viviane Élisabeth Fauville - Julia Deck | __Viviane / Élisabeth Fauville dans //Viviane Élisabeth Fauville// de Julia Deck ;__ |
| Viviane Élisabeth Fauville ne comprend qu’en partie sa propre histoire : « À vrai dire, vous n’êtes même plus certaine d’être retournée, tout à l’heure, dans cet autre appartement que vous fréquentez en secret depuis des années. Les contours et les masses, les couleurs et le style se confondent au loin. Cet homme qui vous recevait, a-t-il seulement existé? [...] Malgré le flou qui règne sur vos souvenirs, vous vous sentez très libre » (p. 10). Sa pensée est confuse : elle s’imagine qu’elle a tué son psychiatre et elle affirme que sa mère est morte, puis qu'elle est vivante. Les raisonnements et interprétations de Viviane sont faussés. Dans les quelques semaines finales pendant lesquelles elle est à moitié incarcérée pour meurtre et à moitié gardée sous surveillance à cause de ses problèmes mentaux, sa vision et ses perceptions sont de plus en plus imprécises. |
| |
Viviane Élisabeth Fauville ne comprend qu’en partie sa propre histoire: «À vrai dire, vous n’êtes même plus certaine d’être retournée, tout à l’heure, dans cet autre appartement que vous fréquentez en secret depuis des années. Les contours et les masses, les couleurs et le style se confondent au loin. Cet homme qui vous recevait, a-t-il seulement existé? […] Malgré le flou qui règne sur vos souvenirs, vous vous sentez très libre.» (p. 10) Elle s’imagine qu’elle a tué son psychiatre et elle embarque le lecteur dans son délire jusqu’à la fin (même s’il est possible de remettre sa parole en doute bien avant). Pour ce qui est de sa mère, le questionnement demeure. On ne sait pas si elle est morte il y a sept ans ou non, car la narratrice croit qu’elle est en vie à certains moments (au début lorsqu’elle affirme avoir été avec elle le soir du meurtre et à la fin lorsqu’elle s’occupe d’elle après sa sortie de la clinique), mais qu’elle est morte à d’autres (lorsque le policier lui dit que selon les dossiers publics sa mère est morte il y a huit ans et lorsqu’elle est en couple avec Julien et que celui-ci veut qu’elle vende son logement hérité et inoccupé). On peut donc en conclure que les résonnements et interprétations de Viviane sont faussés. À partir des quelques semaines finales pendant lesquelles elle est à moitié incarcérée pour meurtre et à moitié gardée sous surveillance à cause de ses problèmes mentaux, sa vision et ses perceptions présentes sont de plus en plus imprécises. | Julia Deck, //Viviane Élisabeth Fauville//, Paris, Éditions de Minuit, 2008, 155 p. |
| |
Ravel - Jean Echenoz | __Maurice Ravel dans //Ravel// de Jean Echenoz ;__ |
| Ravel perd progressivement la capacité de composer, de jouer du piano, de se souvenir des gens, de signer son propre nom, jusqu’à ne plus savoir ouvrir une porte. Sa perte graduelle de mémoire le désoriente. Il comprend de moins en moins de choses. Cela commence lorsqu’il est de passage en Amérique (il ne sait pas communiquer en anglais). Plus loin, il ne comprend pas pourquoi le boléro est aussi populaire à l’instar de sa sonate pour gaucher qui n’est pas appréciée. Puis, sa dégénérescence le fait oublier les personnes qu’il connait et même ses propres compositions. Il est progressivement arraché du monde : « Il répond simplement qu’il attend, mais sans préciser quoi. Il vit dans un brouillard qui l’étouffe chaque jour un peu plus » (p. 111). À l'inverse des autres personnages de la catégorie, l'histoire n'est pas une reconstitution de son identité mémorielle, mais une dégénérescence de celle-ci. |
| |
On suit des épisodes de la vie du compositeur Maurice Ravel (son voyage en Amérique, relations avec ses proches, etc.) Au fur et à mesure que le roman avance, Ravel perd progressivement la capacité de composer, de jouer du piano, de se souvenir des gens, de signer son propre nom, jusqu’à ne plus savoir ouvrir une porte. Ses proches tentent désespérément de le soigner, et tentent le tout pour le tout en le faisant opérer au cerveau. C’est raté et ça le tue. Le protagoniste, au fur et à mesure que l’histoire avance, comprend de moins en moins de chose. Cela commence lorsqu’il est de passage en Amérique (il ne sait pas communiquer en anglais). Plus loin, il ne comprend pas pourquoi le boléro est aussi populaire à l’instar de sa sonate pour gaucher qui n’est pas appréciée. Puis, sa dégénérescence le fait oublier les personnes qu’il connait et même ses propres compositions. Il est progressivement arraché du monde: « Il répond simplement qu’il attend, mais sans préciser quoi. Il vit dans un brouillard qui l’étouffe chaque jour un peu plus […]» (p.111). «Quand il va au concert et qu’on joue l’une de ses œuvres, il arrive encore qu’il se demande encore si c’est bien de lui ou, ce qui n’est pas mieux, il murmure pour lui seul que tout de même c’était beau. » (p.110) À l'inverse des autres personnages de la catégorie, l'histoire n'est pas une reconstitution de son identité mémorielle, mais une dégénérescence de celle-ci. | Jean Echenoz, //Ravel//, Paris, Éditions de Minuit, 2006, 128 p.\\ |
| [[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/ravel|Documentation critique]] |
| |
Heures creuses - Elsa Boyer | __L'homme dans //Heures creuses// d'Elsa Boyer ;__ |
| Une apocalypse lente et étrange plonge la ville dans des heures creuses pendant la journée. L’air devient très humide, le temps se confond avec le futur et le passé préhistorique et les perceptions sont altérées, deviennent angoissantes. Les humains se comportent de façon anormale et ont tendance à muter ou à disparaître ; plus personne ne parle. L'homme n’échappe pas à cette impression désagréable, mais pour ne pas sombrer tout de suite, il s’achète une voiture et roule dans la ville pendant les heures creuses, à la recherche de Gertrude Jekyll, une ancienne collègue de travail. Il l’entrevoit à quelques reprises, mais Gertrude Jekyll n’est plus la femme de ses souvenirs : elle a disparu, muté. L’invasion invisible finit par s'emparer de lui. Il croit que s’il retrouve Gertrude Jekyll, tout sera sauvé, mais il ne se rappelle que vaguement de sa collègue de travail, et de moins en moins au fil du roman. Il comprend de moins en moins son environnement, alors qu'il est gagné par l'invasion. |
| |
Une apocalypse lente et étrange plonge la ville dans des heures creuses pendant la journée. L’air devient très humide, le temps se confond avec le futur et le passé préhistorique et les perceptions sont altérées, deviennent angoissantes. Les humains se comportent de façon anormale et ont tendance à muter ou à disparaître. Le personnage principal (il) n’échappe pas à cette impression désagréable, mais pour ne pas sombrer tout de suite, il s’achète une Lotus Esprit et roule dans la ville pendant les heures creuses, à la recherche de Gertrude Jekyll, une ancienne collègue de travail (mais les humains ne travaillent plus). Il l’entrevoit à quelques reprises, mais Gertrude Jekyll n’est plus la femme de ses souvenirs : elle a disparu, muté. Des iguanes, des chats, d’autres animaux étranges et anciens ainsi que la végétation envahissent la ville. Les humains agissent anormalement, plus personne ne se parle. Le protagoniste est assez passif, change d’endroit où dormir pour se sauver des heures creuses, mais à la fin, l’invasion invisible s’empare de lui.Le narrateur n’y peut rien, c’est la fin graduelle de son espèce. Il croit que s’il retrouve Gertrude Jekyll, tout sera sauvé, mais dès lors, il ne peut pas la retrouver. Gertrude Jekyll, comme plusieurs autres, a muté en quelque chose d’autre, quelque chose d’incompréhensible. Le protagoniste se rappelle vaguement de sa collègue de travail, et de moins en moins au fil du roman. Il comprend de moins en moins son environnement, comme si le problème mémoriel était évolutif, causé par les heures creuses. | Elsa Boyer, //Heures creuses//, Paris, P.O.L., 2013, 160 p. |
| |
L'homme en question - Laurent Graff (nouvelle) | __L'homme en question dans « L'homme en question » dans //Selon toute vraisemblance// de Laurent Graff ;__ |
| Le cadran sonne, l’homme se lève de son lit, regarde par la fenêtre. Il fait les choses pour la première fois. L’homme en question cherche dans la pièce, remarque la porte, l’ouvre, sort de son immeuble : « Il tenait là un objet précieux, même s’il en ignorait totalement la fonction. À force de s’y agripper, il appuya dessus et actionna la poignée. La porte s’ouvrit » (p. 81). Cela lui prend une semaine. Il semble que l’homme en question ne comprenne pas son environnement. Les choses autour de lui, dans la pièce qui aurait dû être sa chambre, lui sont étrangères. De plus, il ne se rappelle pas s’être déjà levé de son lit. Ses souvenirs sont soit confus et oubliés, soit inexistants. Tout est à réapprendre. |
| |
Le cadran sonne, l’homme se lève de son lit, regarde par la fenêtre. Il fait les choses pour la première fois. L’homme en question cherche dans la pièce, remarque la porte, l’ouvre, sort de son immeuble. Cela lui prend une semaine.Il semble que l’homme en question ne comprenne pas son environnement. Les choses autour de lui, dans la pièce qui aurait dû être sa chambre, lui sont étrangères. De plus, il ne se rappelle pas s’être déjà levé de son lit… Ses souvenirs sont donc soit confus et oubliés, soit inexistants: « Il tenait là un objet précieux, même s’il en ignorait totalement la fonction. À force de s’y agripper, il appuya dessus et actionna la poignée. La porte s’ouvrit. » (p.81) | Laurent Graff, //Selon toute vraisemblance//, Paris, le dilettante, 2010, 160 p. |
| |
Dondog - Antoine Volodine | __Dondog dans //Dondog// d'Antoine Volodine ;__ |
| La mort n'est qu'un passage, disent les chamanes. Après le décès, l'existence se poursuit comme avant. Simplement, le monde paraît plus crépusculaire. Les gestes ralentissent, l'intelligence décroît, la mémoire devient confuse. C'est ce qui arrive à Dondog, qui ne se rappelle que de quelques bribes de son enfance, durant l'extermination des Ybürs, la race dont il est issu. Dondog part à la recherche de Jessie Loo, une chamane qui devrait pouvoir l'aider à retrouver la mémoire et à accomplir sa vengeance. Dondog est incapable de donner sens à ses souvenirs. Plus largement, il n’est pas certain du rôle qu’il a à jouer, du sens de son existence. Dondog a une intention claire : se venger, mais il le fait à l'aveuglette. |
| |
La mort n'est qu'un passage, disent les chamanes. Après le décès, l'existence se poursuit comme avant. Simplement, le monde paraît plus crépusculaire. Les gestes ralentissent, l'intelligence décroît, la mémoire devient confuse. C'est ce qui arrive à Dondog, qui ne se rappelle que de quelques bribes de son enfance, durant l'extermination des Ybürs, la race dont il est issu. Dondog erre dans une ville futuriste anonyme, sombre, insalubre et mal famée à la recherche de Jessie Loo, une chamane qui devrait pouvoir l'aider à retrouver la mémoire et à comprendre pourquoi il veut se venger. Dondog est incapable de donner sens à ses souvenirs. De plus, son appréhension du monde n’est que partielle; ses sens lui font défaut, il est lent, malade, ne semble pas tout comprendre. Plus largement, il n’est pas certain du rôle qu’il a à jouer, du sens de son existence. Dondog a une intention claire : se venger, mais il le fait à l'aveuglette. | Antoine Volodine, //Dondog//, Paris, Éditions du Seuil, 2002, 368 p.\\ |
| [[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/dondog|Documentation critique]] |
| |
**Sous-catégorie « Où est ma femme !? »**\\ | **Sous-catégorie « Où est ma femme !? »**\\ |
//Dans plusieurs cas relevés, le personnage se rappelle vaguement l’existence d’une épouse qu’il cherche à retrouver, se demande s’il l’a en fait tuée et même s’il en a réellement déjà eu une. Cette récurrence improbable nous semblait trop loufoque pour ne pas être soulignée.// | //Dans un certain nombre de cas relevés, le personnage se rappelle vaguement l’existence d’une épouse qu’il cherche à retrouver, se demande s’il l’a en fait tuée et même s’il en a réellement déjà eu une. Cette récurrence improbable nous semblait trop loufoque pour ne pas être soulignée.// |
| |
Les restes de Muriel – Patrick Boulanger ; | |
| |
Marc a oublié le suicide de sa femme, enceinte de 7 mois. Il vit seul dans son appartement avec pour seule compagnie ses hallucinations. Ce trou mémoriel, et ensuite son retour, lui causent une déconnexion évidente et une rupture comportementale. Il vit alors avec les fantômes de son passé. | __Marc dans //Les restes de Muriel// de Patrick Boulanger ;__ |
| Marc s'isole dans son appartement, dans le souvenir de Muriel. Il ressasse ses souvenirs et se perd dans ses hallucinations. Il cherche à comprendre pourquoi elle est partie, jusqu'au moment où il se souvient enfin qu'elle n'est pas simplement partie... Il avait oublié son suicide, alors qu'elle était enceinte de 7 mois. Ce trou mémoriel, et ensuite son retour, entraîne sa déconnexion du monde et des comportements incohérents et violents. Il vit alors avec les fantômes de son passé. |
| |
La volière – Annie Chrétien ; | Patrick Boulanger, //Les restes de Muriel//, Montréal, Triptyque, 2007, 97 p.\\ |
| [[http://orion.crilcq.org/#les_restes_de_muriel|Orion]] |
| |
Le personnage du traducteur ne se rappelle pas d’ou est passée sa femme. Des êtres merveilleux lui rendent visite et il ne sait plus faire la différence entre fiction et réalité. Son amnésie semble en effet être la source de toute rupture, même si celui-ci accuse sa femme prétendument disparue, mais qui pourrait bien n’être que momentanément absente. Il est chez lui, son travail n’avance pas, et il se demande : « Le traducteur s'était-il vengé? […] Était-il ce genre d'homme? Était-il le plus cruel des deux? […] Il ne se souvenait plus de rien, ne se rappelait pas. Vide, vide, vide. Une coquille vide, une tête emmurée. […] Quel genre de famille avaient-ils formée? Par quel genre d'absence étaient-ils habités? » (p. 58). | __Le traducteur dans //La volière// d'Annie Chrétien ;__ |
| Le traducteur n'arrive pas à se souvenir d’où est passée sa femme. Cette amnésie le trouble et l'isole. Si celui-ci accuse sa femme d'être disparue, il se pourrait bien qu'elle ne soit en fait que momentanément absente. Il est chez lui, son travail n’avance pas, et il se demande : « s'était-il vengé? […] Était-il ce genre d'homme? Était-il le plus cruel des deux? […] Il ne se souvenait plus de rien, ne se rappelait pas. Vide, vide, vide. Une coquille vide, une tête emmurée. […] Quel genre de famille avaient-ils formée? Par quel genre d'absence étaient-ils habités? » (p. 58). Plus certain de rien, l'homme est complètement désorienté. Il en vient à halluciner; des êtres merveilleux lui rendent visite et il ne sait plus faire la différence entre fiction et réalité. |
| |
S comme Sophie – Pierre de Chevigny. | Annie Chrétien, //La Volière//, Québec, L’instant même, 2008, 150 p.\\ |
| [[http://orion.crilcq.org/#la_voliere|Orion]] |
| |
« Le narrateur a un fils de trois ans et deux maîtresses. Il pense souvent à une ancienne amoureuse, du nom de Sophie, qui l’a quitté ou… qu’il a tuée à coups de couteau, il ne sait trop. Il a entrepris une thérapie avec une psychologue chez qui il se rend régulièrement. Il se dit fou. » (quatrième de couverture) Le personnage narrateur ne se souvient pas de ce qui est arrivé à cette femme qu’il a connu. Est-elle partie, l’a-t-il tuée? En proie à des hallucinations, cette confusion semble découler des ce trou dans sa mémoire. Ce qu’il voit ne peut jamais être une certitude, pour le lecteur comme pour le narrateur. Ces visions pourraient en effet relever de la volonté à combler la mémoire fragmentaire du personnage. | __L'homme dans //S comme Sophie// de Pierre de Chevigny ;__ |
| « Le narrateur a un fils de trois ans et deux maîtresses. Il pense souvent à une ancienne amoureuse, du nom de Sophie, qui l’a quitté ou... qu’il a tuée à coups de couteau, il ne sait trop. Il a entrepris une thérapie avec une psychologue chez qui il se rend régulièrement. Il se dit fou » : la quatrième de couverture établit déjà une grande désorientation chez l'homme. Il n'arrive pas à se souvenir de ce qui est arrivé à cette femme qu’il a connue. Est-elle partie, l’a-t-il tuée ? En proie à des hallucinations en plus des trous de mémoire, la confusion s'installe dans l'esprit de l'homme. |
| |
| Pierre de Chevigny, //S comme Sophie//, Montréal, XYZ (Romanichels), 2011, 162 p.\\ |
| [[http://orion.crilcq.org/#s_comme_sophie|Orion]] |