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ranx:passifs_indifferents

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 Un client mystère résume sa visite. Cet anonyme raconte aussi à quel point ça lui plaît d’être aussi effacé. Il décrit sa vie ordinaire, tellement ordinaire qu’il est réduit à néant, mais cela lui plaît profondément. Après une visite dans un grand magasin, le client mystère s’apprête à sortir du magasin : la porte automatique ne le détecte pas, contrairement à tous les autres humains qui entrent et sortent. Ça ne le dérange pas : il s’assoit et attend. Il réessaie : la porte ne le détecte pas. Insouciant, il retourne dans le magasin, s’assoit au restaurant où, comme au dîner, on ne le remarque pas. Les miroirs renvoient son reflet, comme d’habitude. Il va à la salle de bain, un agent de sécurité lui dit qu’il l’a vu, tout à l’heure, ne pas se faire remarquer par la porte. Le client mystère est toujours aussi serein. Il erre dans le magasin, s’assoit sur un divan. Le gardien de sécurité lui dit qu’il peut rester là. Ainsi, le client mystère reste là, même quand les lumières du magasin se ferment. Il reste là et ça ne le dérange pas. Le personnage n’a aucun but, aucun motif et rien ne le perturbe. Il est si effacé que la porte automatique ne le remarque même plus. Loin de s’en découragé, il se complait dans son insipidité. Il est profondément anonyme et ne s’intéresse à rien. Rien ne retient son attention. L’élément déclencheur ne rencontre tellement aucune résistance de la part du protagoniste qu’on ne peut pas vraiment dire que c’en est un. Il est inchangeable, imperturbable dans son existence ordinaire et sans intérêt: « Parfois, je peine à dire « je ». Il m’arrive de passer toute une journée sans dire « je ». […] Ou bien je m’exprime de manière encore plus impersonnelle, à l’infinitif, sans sujet. » (p.16) « J’attends. Je crois que j’ai toujours attendu. C’est une attente sans objet précis, sans désir identifié, plus proche d’un état fondamental qu’une action consciente. J’attends un signal de départ; je me tiens prêt, disponible. J’attends sur le banc de touche en attendant d’entrer sur le terrain. Mais le terrain n’est pas à la dimension de mon attente. C’est un peu comme si j’avais envie, mais rien ne me fait envie. » (p.36) Un client mystère résume sa visite. Cet anonyme raconte aussi à quel point ça lui plaît d’être aussi effacé. Il décrit sa vie ordinaire, tellement ordinaire qu’il est réduit à néant, mais cela lui plaît profondément. Après une visite dans un grand magasin, le client mystère s’apprête à sortir du magasin : la porte automatique ne le détecte pas, contrairement à tous les autres humains qui entrent et sortent. Ça ne le dérange pas : il s’assoit et attend. Il réessaie : la porte ne le détecte pas. Insouciant, il retourne dans le magasin, s’assoit au restaurant où, comme au dîner, on ne le remarque pas. Les miroirs renvoient son reflet, comme d’habitude. Il va à la salle de bain, un agent de sécurité lui dit qu’il l’a vu, tout à l’heure, ne pas se faire remarquer par la porte. Le client mystère est toujours aussi serein. Il erre dans le magasin, s’assoit sur un divan. Le gardien de sécurité lui dit qu’il peut rester là. Ainsi, le client mystère reste là, même quand les lumières du magasin se ferment. Il reste là et ça ne le dérange pas. Le personnage n’a aucun but, aucun motif et rien ne le perturbe. Il est si effacé que la porte automatique ne le remarque même plus. Loin de s’en découragé, il se complait dans son insipidité. Il est profondément anonyme et ne s’intéresse à rien. Rien ne retient son attention. L’élément déclencheur ne rencontre tellement aucune résistance de la part du protagoniste qu’on ne peut pas vraiment dire que c’en est un. Il est inchangeable, imperturbable dans son existence ordinaire et sans intérêt: « Parfois, je peine à dire « je ». Il m’arrive de passer toute une journée sans dire « je ». […] Ou bien je m’exprime de manière encore plus impersonnelle, à l’infinitif, sans sujet. » (p.16) « J’attends. Je crois que j’ai toujours attendu. C’est une attente sans objet précis, sans désir identifié, plus proche d’un état fondamental qu’une action consciente. J’attends un signal de départ; je me tiens prêt, disponible. J’attends sur le banc de touche en attendant d’entrer sur le terrain. Mais le terrain n’est pas à la dimension de mon attente. C’est un peu comme si j’avais envie, mais rien ne me fait envie. » (p.36)
  
 +__**//Un bonnet// - Laurent Graff (nouvelle) **__
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 +Un homme perd progressivement les choses qui lui appartiennent : téléphone portable, clefs d’auto, foulard, clefs d’appartement, jusqu’à ses cheveux. Au lieu de tenter d’arranger la situation, il s’accommode de chaque perte et s’installe à l’hôtel, prend les transports en commun, met un bonnet (car il fait froid et il n’a plus de cheveux). Les objets du narrateur disparaissent, et il dit qu’il s’en accommode, mais, dans les faits, c’est faux. Il est incapable de s’acheter un nouveau foulard, d’appeler un serrurier pour débarrer son auto et son appartement. Il est incapable d’imaginer le monde transformable, il ne fait que se résigner tristement, quoi qui lui arrive. Sa passivité est poussée à l'extrême: « Après mes clés de voiture, quelques jours plus tard, j’ai perdu les clés de mon appartement. […] Je me rends à l’évidence rapidement, n’insiste pas : je ne peux plus rentrer chez moi. […] Je ne savais pas où aller. Je n’ai pas appelé de serrurier, je n’en connais pas, […]. J’ai pris le premier hôtel venu. » (p.89)
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 +__**//Soumission// - Michel Houellebecq**__
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 +Le personnage de François, professeur de littérature à Paris, nous expose en tant que narrateur sa vision de la France de 2022. Le Front National de Marine Lepen et le parti Musulman sont aux côtes à côtes dans le deuxième tour de l’élection présidentielle. Les enjeux politiques, en filigrane du récit premier, serviront de toile de fond au quotidien banal de François.Le roman met en contraste, jusqu’aux dernières pages, le gigantisme de la politique nationale avec le banal du quotidien individuel, avec pour seul lien entre les deux, le personnage de François. À la victoire du parti musulman, ce dernier perd son emploi, les institutions étant devenues religieuses et n’employant plus d’athées, mais il accepte sa situation très vite et de bonne grâce.Si un seul aspect devait décrire François, son impassibilité passerait avant tous les autres. Devant Paris, à feu et à sang, il reste de marbre et se déplace dans les rues avec un apparent sentiment de sécurité qu’on ne peut s’expliquer. Les bouleversements politiques majeurs n’ont pas plus d’effet sur lui. Devant la nouvelle de la fin de sa carrière, ou de la victoire du parti musulman, il garde une déconcertante sérénité. Il en va évidemment de même pour ses aptitudes relationnelles, amoureuses ou amicales: « Je n’avais aucun projet, aucune destination précise; juste la sensation, très vague, que j’avais intérêt à me diriger vers le Sud-Ouest. » On sent le personnage malléable et sa capacité d'adaptation dépasse l'entendement, si bien qu'il est impossible de savoir s'il a de véritables valeurs ou, même, une véritable personnalité.
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 +__**//L'horizon// - Patrick Modiano**__
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 +Bosmans se rappelle une période de son passé, quarante ans plus tôt, pendant laquelle il fréquentait une jeune femme, Margaret Le Coz, qu'il avait rencontrée par hasard. Margaret et Bosmans vivent dans une sorte de “présent éternel”: ils n'ont pas vraiment d'objectif à court ni à long terme, peu de responsabilités.  Ils montrent la plupart du temps une sorte d'indifférence, de désinvolture, un désengagement qui semble ne les mener nulle part ailleurs que dans un passé soit à oublier, soit à retrouver. La confiance et la certitude m'ont pas leur place dans le roman: “Je n’ai pas de courage. Je préfère que les choses restent dans le vague.” (p. 143) Bien que le sujet du roman soit l"ancienne histoire d'amour, cet élan sentimental et les traces qu'il pourrait laisser sont pratiquement absents du récit. 
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 +__**//Inutiles// - Hervé Prudon**__
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 +Jean Blanc, comme son ami Ben, a fait voeux d'inutilité. Il ne fait effectivement pas grand-chose. Il considère le fait de rechercher Ben comme une mission qu'on lui a spécialement confiée, car son père va bientôt mourir. Pourtant, il ne fait rien de spécial pour le retrouver. Il ne semble avoir aucune motivation. Il se contente d'attendre que Ben rentre chez lui de lui-même. Alors qu'il apprend que Ben est mort, il en est même soulagé. Mais Ben n'est pas mort. Quand celui-ci rentre enfin chez lui, Jean n'a plus qu'à le conduire à son père pour réussir sa mission. Mais il se conduit plutôt avec mollesse et laisse Ben faire à sa tête (Ben disparaît alors de nouveau). En d'autres mots, Il n'a qu'un but, pour lequel il fait peu de choses, et il échoue. Quant à son ami: "Ben ne faisait rien, il ne dormait pas, il ne rêvait pas, il ne s'ennuyait pas. Il respectait le vœu d'inutilité." (quatrième de couverture)
ranx/passifs_indifferents.1459264932.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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