Notice bibliographique : GREIF, Hans-Jürgen, M., Québec, L'instant même, 2010, 196 pages.
Résumé de l’œuvre :
Le roman commence par le récit d'un meurtre à première vue complètement gratuit. M., un jeune homme dans la vingtaine, assassine Robert, un cinquantenaire esseulé, dans un parking et s'enfuit avec sa voiture. Il rejoint des amis dans un chalet et raconte tout à sa copine Élodie.
Le reste du roman raconte les évènements qui ont mené à ce meurtre. Les vies de M. et de Robert sont racontées en alternance, ce qui révèle les points communs entre les personnages. Artiste dans l'âme, Robert est un homosexuel qui a toujours dû dissimuler ses goûts à sa famille. Ne pouvant oublier un amour de jeunesse, il écume les bars pour trouver des jeunes hommes qui ressemblent à son prince de jadis.
C'est dans l'un de ses bars qu'il rencontre M. Issu d'une famille bourgeoise, M. a fréquenté un prestigieux collège privé jusqu'au jour où il a délibérément incendié un gymnase. Le jeune homme, craint par ses camarades à cause de sa détermination et de sa culture hors du commun de la littérature et des idéologies les plus complexes, se retrouve dans un centre de redressement, qu'il appelle la prison. Après son séjour là-bas, M. doit subsister sans l'aide de ses parents; conscient de sa beauté de son charisme, il fait de l'argent rapide en se prostituant.
La dernière partie du roman nous ramène au soir du meurtre. M. entraîne Élodie dans un hôtel. L'étudiante, jusqu'alors éblouie par la maturité de M., découvre qui il est vraiment. Avant qu'elle ait pu comprendre les raisons qui ont poussé M. à tuer Robert, la police débarque et M., en contrôle absolu de sa destinée, se suicide.
Narration : Hétérodiégétique
Explication : Les histoires de M. et de Robert sont racontées par un narrateur externe dont la focalisation est changeante, tantôt concentrée sur M., tantôt sur Élodie ou Robert. Rien de bien particulier à signaler à ce sujet.
Personnage(s) en rupture : M.
A) Nature de la rupture : Actionnelle
Explication : M. n'agit pas comme le reste des jeunes de son âge et fait tout pour s'en dissocier - il s'habille proprement, parle de manière irréprochable, est poli, écoute seulement Wagner, etc. Son désir de contrôler tous les aspects de sa vie le pousse à changer de nom malgré les protestations et l'incompréhension de son entourage. Il assure son pouvoir en étant craint : il pose des gestes impulsifs - comme tuer le chien de sa mère ou mettre le feu au gymnase - dans des accès de rage froide. Il se construit un personnage cohérent, solide, supérieur à ses compagnons, vaguement inspiré du surhomme de Nietzsche. Le meurtre de Robert constitue une affirmation de ce personnage qui tient à se faire respecter.
Le personnage de M. est en quelque sorte un cliché : il rappelle les génies à la limite de la folie, ou même le jeune Hitler - M. parle d'ailleurs allemand et a lu Mein Kampf.
B) Origine de la rupture : psychique / mondaine
Explication : Psychique : Bien que le personnage ne soit pas explicitement présenté comme un psychopathe, l'idée qu'il soit dérangé revient régulièrement. Or, comme la focalisation est régulièrement tournée vers les pensées de M., ses actes paraissent logiques au lecteur. Les autres personnages le considèrent ou bien supérieurement intelligent, ou bien fou. Il est en effet souvent en proie à de violentes crises de colère et est grandement influencé par les discours extrémistes
Mondaine : M. considère les humains comme des sacs de merde (littéralement). Sa vision nihiliste du monde le pousse à s'isoler des gens.
C) Manifestations : meurtres, rage
Explication : La rupture entre M. et le monde est concrète : il assassine un animal et un humain et se donne lui-même la mort à la fin du récit. Il est aussi capable d'accès de violence quand il est en colère. Ces crises sont à l'opposé de l'attitude habituelle de M. : le jeune homme est réfléchi et posé, conscient de l'image qu'il projette..et qu'il désire projeter. Il manipule habilement les gens - surtout Élodie, les professeurs et les psychiatres - en contrôlant parfaitement ses émotions, ce qui le rend étrange et effrayant.
D) Objets : ...
Explication : …
E) Manifestations spatiales :
Lieux représentés : Chalets, maisons de campagne, intérieur d'une voiture, le Collège.
Explication : Les scènes les plus importantes se déroulent toujours en lieu clos. M. perçoit d'ailleurs le Collège comme la première prison qu'il a fréquentée.