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ranx:les_algues_exercice_de_poetique_sebastien [2013/06/06 19:07] – créée sebastien | ranx:les_algues_exercice_de_poetique_sebastien [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1 |
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====1. Propriétés du personnage==== | ====1. Propriétés du personnage==== |
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=== Ses caractéristiques physiques, psychologiques, relationnelles === | === Caractéristiques === |
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| __Physiques__ |
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| Martin fait son âge (j'ignore pour quelle raison, j'imagine qu'il est dans la cinquantaine). Il n'a pas de rides bizarres qui lui lacèrent les joues et le milieu du cou, mais il a beaucoup de pellicules et souvent des plaques rouges sur les pommettes et de part et d'autre de ses sourcils. En fait, il est atteint de dermatite séborrhéique. Il doit donc se débarbouiller avec du coton chaque matin et étaler sur la peau de son visage une crème à base de cuivre et de zinc. De plus, ses gencives sont régulièrement gonflées et sanguinolentes, ce qui le force à se rincer la bouche avec de l'eau oxygénée. Et il est allergique à la poussière. |
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| "Je ne suis pas pâle, je n'ai pas l'air triste, avec des rides bizarres qui me lacèrent les joues et le milieu du cou. Mais j'ai des plaques rouges sur les pommettes et de part et d'autre de mes sourcils; et mes gencives paraissent gonflées." (20) |
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| Il perd ses cheveux, a la peau sèche, des dents qui se déchaussent ; parfois, du sang se mêle à ses crachats. Il commence à être ridé ailleurs qu'au front. (33) |
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| Il a une boucle d'oreille sur le lobe gauche. |
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| __Psychologiques__ |
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| Il est sujet à des crises d'angoisse ponctuelles. |
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| Il admet entretenir certaines obsessions (sans préciser lesquelles) et affirme les assumer mieux que la femme octogénaire qui a subi plusieurs chirurgies plastiques. |
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| Il cherche à éviter toute subjectivité qui faussera son jugement sur les gens et les choses:\\ |
| À la fin du siècle dernier, à Kernevec'h, les vieux n'étaient pas aussi nombreux. "On y scrutait parfois des filles en bikini, maillot une pièce, bronzant seins nus, etc. Je le constate sans éprouver de regrets particuliers. Qu'il y ait maintenant autant de vieux à Kernevec'h n'est pas une mauvaise chose." (15)\\ |
| "J'aime bien glaner le maximum d'informations sur les inconnus sans qu'ils le sachent. C'est un moyen de remettre en cause le fonctionnement merdeux et arbitraire de mon cerveau. Chaque fois que j'y pense, j'en tire la conclusion que c'est impossible: on ne peut pas juger de manière irréversible les hommes, les choses, et encore moins les paysages en moins de dix secondes. Un truc a dû se fausser dans le fond de mon crâne quand j'étais petit. Il faut maintenant que j'examine longuement les choses pour essayer d'être impartial, comme si j'étais anesthésié." (23-24)\\ |
| Il "refuse de faire confiance aux apparences".\\ |
| Il part du principe que tout ce qu'il perçoit est anodin. Par exemple, lorsque le soldat, à deux reprises à l'intérieur de quelques secondes, déboule dans son champ de vision pour lui faire des clins d'oeil, Martin imagine qu'il s'agit là d'un tic. (122) |
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| Il est incapable d'agir sans se poser de questions: "Je m'interroge, pendant que je la coiffe [Élisabeth], sur l'intérêt de la plupart de mes mouvements. Je serai content le jour où quelque chose se sera produit dans ma vie sans que je me sois posé la moindre question. Mais en même temps, agir sans me poser de questions, même si c'est ce que je vise depuis longtemps, je ne crois pas encore en être capable. Je suis peut-être trop exigeant avec moi-même. Mais je ne vois pas comment faire autrement." (60-61)\\ |
| À un moment, il est même excité d'avoir agi par réflexe: "Pour me distraire, je fais la première chose qui me traverse l'esprit. J'empoigne une fourchette et je la plante dans un coin de table. Mon geste, inoffensif, ne laisse pas de trace. Je me sens tout excité" (118) |
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| À certains moments, on dirait même qu'il souffre d'un complexe d'infériorité: "J'en ai assez de me remettre en question, de douter de moi, de me dire que j'ai tort. Assez, lorsque j'écoute les gens de Metz et de la Maxe, de me dire qu'ils ont raison, qu'ils en savent plus que moi, qu'ils sont plus intelligents, meilleurs, plus mûrs, plus avancés - qu'ils réussissent alors que je rate ce que j'entreprends. J'en ai assez d'être secret, d'être timide, de me replier, de croire que je suis mauvais. Assez d'être jaloux de ce pour quoi je n'ai pas d'estime, des gens que je n'apprécierai jamais." (67) |
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| Parfois, on ne sait trop s'il est paranoïaque ou hypocondriaque...:"je ne sais plus quoi faire pour que mes gestes et mes mouvements ressemblent à des réflexes et non à des symptômes, histoire de passer inaperçu." (158) |
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| Tant qu'à pitcher des maladies mentales, en voici une de plus: à voir sa quasi-absence d'émotions, il est peut-être psychopathe en plus ! Après avoir tué le maire: "L'odeur de merde ainsi que la vue du sang coagulé autour de sa bouche manquent pour un temps de me faire vomir. J'éructe un peu mais je continue. Il y a tellement d'odeurs, tellement de choses à voir, il y a tellement de sentiments en moi qui sont ambivalents. Est-ce du plaisir ? Est-ce de l'horreur ?" (217) |
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| __Relationnelles__ |
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| Martin semble avoir une femme et un garçon, mais on finit rapidement par comprendre qu'il s'agit de pantins grandeur nature qu'il traite à peu près comme de vrais êtres humains, jusqu'à ce qu'il les démembre pour les mettre dans ses valises. |
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| Il semble avoir peur de ce que les gens pensent de lui (101). |
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| Difficile de parler, surtout à un(e) inconnu(e). La vendeuse, par exemple.\\ |
| Parfois, aussi, même dans ses rapports avec les gens qu'il connaît, il préfère se réfugier derrière une façade d'indifférence. Lorsque la patronne cherche quelqu'un pour la conduire quelque part, par exemple, il continue de manger méticuleusement ce qui se trouve dans son assiette jusqu'à ce que la patronne "cesse d'attendre de [lui] quoi que ce soit" (105).\\ |
| Mais il essaie d'apprendre, d'améliorer ses relations avec les autres: "Au fond, quand on rencontre un inconnu, étant conscient qu'on va produire sur lui une impression, on tente de jouer sur elle, avec plus ou moins d'adresse. Autrement dit, on ne procède pas comme moi. On ne reste pas dans l'ombre, passif, dans le but que l'autre en vienne à ne plus savoir ce qu'il doit penser." (177-178) |
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| Pas bon pour interpréter les apparences, les comportements et les pensées des gens qu'il côtoie: \\ |
| "Pour le moment il n'y a que la perspective de comprendre pourquoi je suis revenu à Kernevec'h qui me motive et neutralise mes crises d'angoisse. J'essaie de dire tout ce que je pense des gens que je croise, et je suppose qu'une telle étape est nécessaire pour me sentir enfin autorisé à les juger, et à trouver un peu de sens à ce que je fais. Mais je ne suis pas très doué pour la psychologie. Je suis même parfaitement nul." (107)\\ |
| Il part du principe que tout ce qu'il perçoit est anodin. Par exemple, lorsque le soldat, à deux reprises à l'intérieur de quelques secondes, déboule dans son champ de vision pour lui faire des clins d'oeil, Martin imagine qu'il s'agit là d'un tic. (122)\\ |
| Quand il décrit un autre personnage, il ne fait pratiquement aucune inférence, pratiquement aucune déduction; il se base uniquement sur ce que ses yeux voient. Par exemple, après avoir décrit en détail le soldat, Martin dit: "Je ne sais même pas si je le trouve beau." (149) |
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=== Le cadre dans lequel il évolue === | === Le cadre dans lequel il évolue === |
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=== Son rôle dans l'action === | Normalement, Martin habite en périphérie de Metz, dans le quartier la Maxe. Il loge dans un deux-pièces d'une résidence nouvelle, avec parking. Le temps du roman, cependant, il fait le touriste à Kernevec'h, un petit village côtier de Bretagne. Durant un peu plus d'une semaine. |
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| === Son but === |
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| "À force d'analyser minutieusement les deux étages de cet hôtel, j'espère que ne resteront que le solide, que l'essentiel, que la clarté. C'est mon idée." (50) |
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| "Je refuse que mon séjour aux //Coquillages// se borne au compte rendu borné de la routine ou des actions des autres. J'ai un espoir. Car si je comprends ce qui préside aux choix de ces broutilles que je stocke sans cesse depuis dix ans sur des carnets et des fichiers informatiques - si je comprends pourquoi je suis revenu ici après autant d'années, je fais le pari qu'avant le terme de mon séjour j'aurai enfin en main la clé de voûte de ma personnalité." (102) |
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=== Son discours === | === Son discours === |
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=== Constante dans son comportement === | === Constante dans son comportement === |
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| Il semble privilégier l'inaction au mouvement: Il envie les reptiles qui peuvent "ne rien faire sans se poser de questions" (ne rien faire au sens de "faire rien"). |
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| Son comportement est régi par une série de rituels qui lui permettent de contrôler son angoisse: |
| "D'abord, j'en ai assez d'être désorienté. Ensuite, c'est la culpabilité qui me rend passif et illogique. Et tous les rituels qui me font tenir depuis quelques années vont disparaître dès que je pourrai. Je dois être capable d'être inactif plus de cinq minutes sans m'angoisser." (99) |
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=== Identité et désignations === | === Identité et désignations === |
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| Du fait de la narration autodiégétique, le narrateur/personnage principal se désigne uniquement par le "je". Et comme le roman ne contient pas de dialogues (personne ne s'adresse ou ne réfère directement à lui, donc), il faut attendre la page 135 pour connaître son nom: "Mon interlocuteur s'inquiète de savoir comment je m'appelle. Je lui donne mon nom - je m'appelle Martin -, et en échange, par politesse, je m'enquiers du sien." |
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=== Passé/hérédité === | === Passé/hérédité === |
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| Enfant, il est déjà venu en colonie de vacances dans les environs de Kernevec'h. |
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=== Situation, classe sociale, métier === | === Situation, classe sociale, métier === |
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| Il réfère une fois à "l'endroit où [il] travaille" (141), sans donner davantage de précision. En fait, on ne sais rien du tout de sa vie quotidienne à Metz. |
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=== Psychologie fixe ou évolutive === | === Psychologie fixe ou évolutive === |
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| Évolutive, jusqu'à un certain point. Lorsque la ville est en feu, il cesse de tout analyser avant d'agir et "laisse libre cours à [s]es pulsions. [Il] ne surveille pas l'exactitude de ce qu['il] tente, histoire de voir ce que ça donne." (203) |
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==== 2. Textualisation des procédés de caractérisation ==== | ==== 2. Textualisation des procédés de caractérisation ==== |
=== Focalisation === | === Focalisation === |
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| Interne, mais on a peu d'indications sur l'intériorité du narrateur. Celui-ci, la plupart du temps, décrit ce et ceux qu'il voit. |
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=== Narration === | === Narration === |
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| Autodiégétique. |
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=== Discours === | === Discours === |
direct, indirect, indirect libre | Direct, indirect et indirect libre. |
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=== Niveaux de langue === | === Niveaux de langue === |
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| Littéraire, là. |
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=== Identification === | === Identification === |
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| J'ai oublié de vérifier ça en le lisant... |
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=== Introduction (première occurrence) === | === Introduction (première occurrence) === |
| "Je", p. 11 (la 3e page du roman) |
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| === Scène de révélation/dissimulation/travestissement, qui mène à une identification normale, fausse, empêchée, différée === |
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=== Scène de révélation/dissimulation/travestissement, qui mène à une identification normaile, fausse, empêchée, différée === | Pas pour lui, mais pour Pierre et Élisabeth, on peut dire que chaque fois qu'il en parle, il s'agit d'une dissimulation ou d'un travestissement. |