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Fiche de lecture : Les Algues, Nicolas Bouyssi *INCOMPLÈTE*
1. Propriétés du personnage
Caractéristiques physiques : Martin dit faire son âge. Il dit également que son reflet dans le miroir n'a rien de particulier, malgré qu'il ait de nombreuses douleurs physiques. « Je ne suis pas pâle, je n'ai pas l'air triste, avec des rides bizarres qui me lacèrent les joues et le milieu du cou. Mais j'ai des plaques rouges sur les pommettes et de part et d'autre de mes sourcils; et mes gencives paraissent gonflées. » (p.20) Il a une boucle d'oreille à son lobe gauche. (p.79)
Caractéristiques psychologiques (psychologie fixe ou évolutive) : Martin est enclin à certaines obsessions, notamment celle de garder près de lui des pantins qui lui servent de femme et d'enfant, puis celle de répertorier sur un fichier de nombreuses informations sur les gens qui gravitent autour de lui. « J'aime bien glaner le maximum d'informations sur les inconnus sans qu'ils le sachent. C'est un moyen de remettre en cause le fonctionnement merdeux et arbitraire de mon cerveau. » (p.23) « Je me répète que le plus urgent est de savoir combien l'hôtel compte d'employés, d'en visiter toutes les parties privées (comme la cuisine, ainsi que l'endroit que la patronne habite), en dernier lieu d'escamoter le registre - de vérifier quel jour le couple et le soldat repartent, et si d'autres gens vont venir ou pas les remplacer. » (p.34)
Il lui arrive souvent de n'avoir rien à faire, de flâner dans son lit sans vraiment s'en rendre compte. Il dit « multiplier les gestes sans intérêt. » (p.20) Il dit avoir « peur de rater sa vie ». (p.23) « Il faut aimer l'ennui pour être capable, sans expédients, de supporter la vie quotidiennement. » (p.40) « La proximité d'Élizabeth et de Pierre ne suffit pas à m'apaiser. La conviction de ne rien faire de constructif - de perdre mon temps -, de me répéter de manière inefficace durant mes propres vacances, l'emporte sur tout le reste. L'ennui demeure le même depuis mon arrivée. Je me fais chier. Je ne manque pourtant pas de nouveaux objets autour de moi pour me distraire. Mais ce n'est pas ce que je cherche. » (p.75)
Il dit se poser toujours trop de questions : « Je serai content le jour où quelque chose se sera produit dans ma vie sans que je me sois posé la moindre question. Mais en même temps, agir sans me poser de questions, même si c'est ce que je vise depuis longtemps, je ne crois pas encore en être capable. » (p.60) Il dit en avoir assez de douter de lui-même, de se remettre en question, de se dire qu'il a tort, d'être secret, timide, de se replier, de croire qu'il est mauvais, d'être jaloux. (p.67) Il dit que la vie des autres le consterne, qu'elle gâche la sienne, que leur « piètre organisation des choses a vidé de sens toutes mes occupations. » (p.67)
Caractéristiques relationnelles : Il porte beaucoup d'attention à Pierre et Élizabeth, qu'il dit être son fils et sa femme. Toutefois, on se rend rapidement compte que leur relation semble très bizarre, extrêmement fusionnelle, voire malsaine. On finira par apprendre qu'il s'agit en fait de pantins, qu'il démembre avec un tournevis lorsque vient le temps de quitter son hôtel. Le soir, il les serre dans ses bras, se colle auprès d'eux, caresse Élizabeth, lit des histoires à Pierre, le change de couches, le nourrit…
Par ailleurs, il agit de manière très étrange avec les inconnus : il souhaite répertorier un maximum d'informations sur eux, sans qu'on sache véritablement la raison de cette obsession. La première impression semble, pour lui, très importante, et il se soucie de ce que les autres pensent de lui : « On m'a appris que moins de dix secondes suffisent au cerveau de l'homme pour se forger une petite idée d'un être ou d'un objet qu'il voit pour la première fois. Et cette idée est conservée quoi qu'on essaye et pense plus tard afin de la corriger. De peur que les autres clients préservent une trace trop malveillante de moi dans leur mémoire, je tâche de privilégier une sorte d'anonymat. J'achève silencieusement mon plat dans mon coin sombre, je ne commande ni dessert ni café. » (p.13) « Je me demande ce qu'au juste il pense de moi, si par exemple la forme de mon visage, ma coupe de cheveux ou mon allure lui inspirent confiance, et ce qu'ils pourrait répondre à la question de l'impression que je leur donne, à lui et à sa femme, maintenant qu'on se recroise quotidiennement. » (p.81)
Martin, non plus, affirme ne pas aimer être dérangé : « Une condition de mon séjour était que la patronne donne son accord pour que personne n'entre dans ma chambre pendant la semaine. Elle a d'abord voulu savoir pourquoi avec un ton méfiant. Ça ne me plaît pas qu'on me dérange, et encore moins qu'on modifie la place de mes affaires quand je m'absente, même si c'est juste un gant de toilette ou une serviette que j'ai laissé traîner. » (p.22) On saura plus tard que la véritable raison est celle qu'il laisse dans sa chambre Élizabeth et Pierre, et que cela pourrait déclencher des questionnements et des soupçons.
À un moment, il s'intéresse à une femme, la vendeuse d'un magasin. Toutefois, cela ne résultera en rien : « Je réfléchis, devant le comptoir, à ce que je vais faire. Ce n'est pas l'envie qui manque de me lancer, de prendre confiance. Je continue de chercher mes mots pour expliquer à la vendeuse que j'aimerais bien qu'on se parle. Mais comme ce genre de choses ne se fait pas, je ne la fais pas. Du coup, je ne fais rien. […] Je tens de l'argent - quelques billets -, puis mes achats à la jeune femme en évitant que nos regards se croisent. Je frôle exprès, pour compenser, la peau de son épaule avant de m'éloigner. Elle est légèrement froide. » (p.26)
Sa solitude est marquée par le fait qu'il aimerait peut-être être malade pour susciter l'attention de son entourage : « C'est vrai qu'être malade, ce pourrait être une solution, car quoi de mieux quand on s'emmerde et qu'on n'a plus de défi à relever, que d'attraper une maladie et d'en parler? C'est un moyen commode de susciter de la compassion au sein de son entourage. » (p.55)
Il semble se sentir différent des autres, de tous ceux qui font des activités, qui s'amusent, qui agissent, qui ne s'ennuient pas : « Le chemin, après la plage, n'est pas facile et plutôt morne. Il ne va pas changer ma vie. Depuis que le vent s'est levé, des grappes de gens s'amusent et guident des cerfs-volants avec des mines conventionnelles. J'en repère d'autres qui se laissent porter par l'aile triangulaire et large de leur kitesurf. Ils on trouvé le moyen d'agir et de contempler de manière simultanée. Ou bien plutôt ils ont trouvé le moyen de rendre active et stimulante leur propre contemplation. » (p.77)
Il côtoie parfois des gens, comme Henri ou la patronne, mais semble rester indifférent à eux et se montre peu intéressé. « Henri ajoute sans que je lui demande en quelle année le cordonnier a pris sa retraire, et où il vit maintenant. Je baisse de plus en plus la tête pendant qu'il me raconte. Mon regard s'enfonce progressivement dans les motifs géométriques de ses chaussons. Il ne cesse pas de parler. Je suis surpris de vérifier, à force de l'écouter, combien certaines personnes racontent leur vie avec aisance, sans se soucier un seul moment de savoir si elle comporte un intérêt pour leur interlocuteur. […] En l'occurrence, sa volubilité tombe bien. Je suis venu à Kernevec'h pour écouter, et je m'efface autant que je le peux, comme si j'étais un figurant de documentaire […] » (p.87-88)
Cadre où il évolue : Martin habite normalement « à la périphérie de Metz, près d'un quartier qui se nomme la Maxe, dans un deux-pièces d'une résidence nouvelle avec parking. » Durant le roman, toutefois, il loge dans un hôtel (Les Coquillages) pendant environ une semaine, à Kevernec'h, en Bretagne, un village qu'il décrit ainsi : le « paysage, qui se réduit de part et d'autre de la départementale à des terre-plein continûment pelés », avec des « prémices d'immeubles de trois ou quatre étages, pour l'heure en construction, que des panneaux d'ordre commercial promettent très confortables et disponibles par lots avant la fin de l'année qui vient de s'écouler. » Le quartier résidentiel est « constitué d'une suite de maisons d'un étage, dont les plus vieilles ont cinquante ans. Elles ont chacune un toit d'ardoises, parfois un nom breton, ainsi qu'un jardin d'herbes et de gravillons cerné de thuyas, jardin qui sert de garage à la plupart des résidents. Presque un cinquième de ces maisons a les volets fermés et le jardin empli de mauvaises herbes. Ensuite, on arrive au centre en tant que tel. Ce n'est guère mieux. […] Beaucoup de boutiques sont en rupture de bail, les vitrines sont badigeonnées de peinture blanche […]. (p.16-18)
Un discours (manière de s'exprimer, contenu véhiculé, niveaux de langue, etc.) :
Une identité (onomastique, désignations) :
Un passé/une hérédité : « Un souvenir, c'est une bonne façon de donner un intérêt à ma journée, et même de la doter d'un but satisfaisant. » (p.43)
Une situation/classe sociale, un métier :
2. Textualisation des procédés de caractérisation
Focalisation (point de vue, restriction de champ, intériorité) :
Narration :
Discours (direct, indirect, indirect libre) :
Niveaux de langue (régionalismes, accents, aspects populaires, jargon, argot) :
Identification directe (nom propre, descriptions définies)/indirecte (selon ses actions, émotions) :
Introduction (première occurrence) :