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I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Nicolas Bouyssi

Titre : Les Algues

Éditeur : P.O.L

Collection :

Année : 2010

Éditions ultérieures :

Désignation générique : Roman

Cote : 1

Quatrième de couverture :

« La plante est vert sombre, sans vaisseaux ni feuilles, presque toujours aquatique. » Dictionnaire Larousse. « Dans un monde insensé, ce sont les cinglés qui savent ce qui se passe. » Philip K. Dick, Les Voix de l’asphalte.

II- CONTENU GÉNÉRAL
Résumé de l’œuvre :

Un homme sujet à l’angoisse passe une semaine de vacances dans un hôtel à Kernevec’h, sur les côtes d’Armor, en compagnie des êtres qui lui sont chers, Élisabeth et son bébé, Pierre, deux poupées grandeur nature. Ayant énormément de temps libre, il s’occupe en notant le plus d’informations possibles sur tous ceux qu’il rencontre là-bas. Durant son séjour, non seulement aura lieu les funérailles de la serveuse qui travaillait au restaurant de l’hôtel, mais également le saccage du village, commis par une bande de jeunes fauteurs de trouble. Alors que brûlent plusieurs commerces et que les pompiers ne savent plus où donner de la tête, le personnage-narrateur découvre le cadavre de la patronne de l’hôtel. Il commet alors le meurtre du maire et met feu à l’établissement.

Thème(s) :

La folie ? La quête de sens ?

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION
Explication (intuitive mais argumentée) du choix :

Le personnage-narrateur, de toute évidence, vit en rupture avec le monde, tant sur la plan actionnel qu’interprétatif. Non seulement le lecteur peut douter de son jugement, de sa raison et de sa fiabilité, mais le personnage lui-même se dit désorienté et en quête du sens de son action. La fin du récit ne laisse d’ailleurs envisager aucune résolution.

Appréciation globale :

Très bon, tout à fait pertinent pour le projet.

IV – TYPE DE RUPTURE
Validation du cas au point de vue de la rupture :
a) actionnelle : remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); logiques cognitives/rationnelles ou sensibles; présence ou absence d’un nœud d’intrigue et d’une résolution; difficulté/incapacité à s’imaginer transformer le monde (à s’imaginer le monde transformable), etc.
b) interprétative : difficulté/incapacité à donner sens au monde (à une partie du monde) de façon cohérente et/ou conforme à certaines normes interprétatives; énigmaticité et/ou illisibilité du monde; caducité ou excentricité interprétative; etc.

Rupture actionnelle et interprétative :

a) Le personnage-narrateur trouve sa vie vide. Il dit n’avoir aucun emploi du temps valable, ni n’avoir commis aucune action digne de ce nom. À Kernevec’h, non seulement il s’ennuie et ne sait pas quoi faire, mais il se sent désorienté. Il cherche le sens de ses actions. Il ne sait même pas pourquoi il est revenu à Kernevec’h après toutes ces années (il y venait en camp de vacances quand il était enfant), et tente de comprendre pourquoi. C’est d’ailleurs la seule chose qui le motive.

Ses rituels quotidien l’aide à moins s’angoisser et son physique lui permet de s’occuper : « avoir des allergies est également un bon moyen d’être assuré qu’on continue à vivre et qu’il se passe des choses. Entre autres, on s’examine, et on se met de la crème. » (p. 96). En effet, il dit faire de l’anxiété parce qu’il a de plus en plus de moments d’absence et de symptômes physiques d’une quelconque maladie.

Bref, de façon générale, le personnage est dépourvu d’intentionnalité et cherche le but de son séjour à Kernevec’h. Il se promène à l’hôtel, au village et aux alentours sans motif ni mobile. Il se trouve davantage du côté de la cognition (plutôt que de l’action ou du sensible) en raison de sa quête de savoir et de sens.

Après avoir découvert le cadavre de la patronne, le personnage commet le meurtre du maire, ce qui est très soudain et inattendu, comme si l’acte n’était nullement prémédité. Or, le personnage pense l’avoir prévu (soit sans en avoir été conscient, soit sans en avoir informé le lecteur) : « Je crois soudain que j’ai fantasmé le meurtre de la patronne afin de trouver le cœur de perpétrer le mien. Comment comprendre, sinon, que j’ai souhaité soudain m’enfuir par la cuisine, alors que je n’avais encore rien fait? La chronologie de mes actes s’est inversée : je me suis enfui avant d’avoir tué. Cela étant, j’avais prévu que je le ferais. » (p. 219). Vers la fin, lorsqu’il met le feu à l’hôtel, il ne se reconnaît plus et ne maîtrise plus rien, pas même ses propres actions.

La fin ne laisse envisager aucune résolution : paniquant face à son crime, le personnage-narrateur tente de se convaincre qu’il n’est qu’un vacancier et qu’être en vacances est son simple et unique but depuis le début. Il s’effondre en larmes en regardant le village ainsi que l’hôtel en train de brûler.

b) Le personnage-narrateur connaît mal sa propre personnalité. Il est en quête de savoir et de sens. Il note tout ce qu’il apprend sur les gens qu’il rencontre et les lieux qu’il visite, de manière à ne pas porter de jugement trop hâtif. Il prétend devoir analyser longtemps les choses pour parvenir à être impartial. Pour ce faire, il va même jusqu’à fouiller l’ordinateur de la patronne de l’hôtel. Cela occupe la plus grande partie de sa semaine de vacances et lui « redonne un cadre », ce dont il semble avoir grandement besoin. Finalement, il affirme malgré tout qu’il n’est pas « quelqu’un de juste », qu’il « ne juge pas bien » (p. 219). Le lecteur doute d’ailleurs beaucoup de son jugement, considérant qu’il vit avec des poupées en ayant l’impression de partager une grande complicité avec elles : « mon existence idéalement tranquille et utopique avec Élisabeth et Pierre. De notre côté, on se complète. On se renforce. On forme une unité précieuse à quoi je dois tout. Il n’y a jamais de cris ni d’escalade dans mon foyer. Pas de dispute. […] Le soir, une fois qu’ils sont couchés, je ne doute jamais, en les regardant, de l’importance de ma journée. Nous sommes au diapason, à l’unisson. À ce degré, c’est de l’osmose, c’est de la fusion. Ils sont parfaits. » (p. 218). Il s’occupe d’eux presque comme de réels être humains; il achète des couches et des petits pots pour Pierre, lui donne même le biberon. Il doit pourtant savoir, au fond, que ce n’est pas normal, car il a une peur presque maladive (c’est une fixation) que quelqu’un rentre dans sa chambre et voit Élisabeth et Pierre.

V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES
Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.)

Tout au long du récit, il n’y a qu’une seule voix, celle du personnage-narrateur, mais on est porté à douter de sa fiabilité (en particulier au moment où il comment le meurtre du maire).

Le récit est linéaire et faiblement configuré; aucune intrigue ne tient le lecteur en haleine et il n’y a pas d’économie ni fictionnelle ni narrative, ni de résolution pour clore le récit.

ranx/les_algues.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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