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ranx:les_accommodements_raisonnables [2013/02/06 10:39] – sebastien | ranx:les_accommodements_raisonnables [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1 |
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==== III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION ==== | ==== III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION ==== |
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**Explication (intuitive mais argumentée) du choix :** | **Explication (intuitive mais argumentée) du choix :** Les personnages de Paul et Anna sont en rupture avec leur univers de référence, mais pas déconnectés pour autant puisqu'ils sont capables de donner sens à leur monde et qu'ils décident volontairement, consciemment de le quitter pour un temps. Bref, je dirais que c'est moyennement pertinent pour le projet. |
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**Appréciation globale :** | **Appréciation globale :** Lecture agréable, un brin d'humour noir. La thématique du désintéressement de la vie est aussi présente dans le roman suivant de Dubois, Le cas Sneijder. |
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==== IV – TYPE DE RUPTURE ==== | ==== IV – TYPE DE RUPTURE ==== |
=== Validation du cas au point de vue de la rupture === | === Validation du cas au point de vue de la rupture === |
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** a) actionnelle :** Remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); logiques cognitives/rationnelles ou sensibles; présence ou absence d’un nœud d’intrigue et d’une résolution; difficulté/incapacité à s’imaginer transformer le monde (à s’imaginer le monde transformable), etc. | Ni actionnelle ni interprétative... |
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** b) interprétative :** Difficulté/incapacité à donner sens au monde (à une partie du monde) de façon cohérente et/ou conforme à certaines normes interprétatives; énigmaticité et/ou illisibilité du monde; caducité ou excentricité interprétative; etc. | Les personnages d'Anna et de Jean-Paul sont tous les deux parfaitement capables d'interpréter le monde. Toutefois, ils ne sont pas d'accord avec ce monde qu'ils voient et dans lequel ils vivent depuis longtemps, ce qui les pousse à fuir. Anna choisit l'internement parce qu'elle ne le supporte plus : « Je ne suis pas malade. Je suis simplement arrivée à un moment de ma vie où je ne vois plus les choses de et les gens de la même façon. Ce n'est pas une maladie, c'est une modification des perspectives. […] Quand je dors, j'ai les yeux grands ouverts. […] il y a des choses que je souhaite ne plus voir, ni entendre, ni vivre. » (50) |
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| Paul, quant à lui, est mis en face de sa propre inutilité dans la vie qu'il partage avec Anna. Celle-ci lui dit : « la vie continuera sans toi parce que tu ne sers à rien ici. Je ne te dis pas cela par méchanceté, mais parce que c'est vrai. Certains jours je ne sais même plus si tu es là. Le plateau-repas m'indique que tu es monté dans la chambre, c'est tout. Et ça m'est égal parce que je n'ai pas faim. […] Quand tu seras parti, je continuerai de dormir de la même façon. Tout ira très bien. Si j'ai besoin de quoi que ce soit, je demanderai aux enfants. Voilà. » (49) Paul part donc à la recherche d'une expérience de vie différente qui passe par un nouveau pays, un nouvel emploi, de nouvelles fréquentations, de nouveaux loisirs, etc. Toutefois, même à Hollywood, son effet sur le monde demeure très limité : le scénario qu'il est chargé d'adapter a peu de chances de devenir un film et, surtout, tout le monde se fiche du résultat; le producteur confie la réalisation à un cinéaste hasbeen pour ne pas le payer cher, n'impose aucun délai au scénariste et ne prend même pas la peine de lire le scénario une fois celui-ci terminé. |
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| Paul et Anna finissent par mettre fin à leurs fuites et se retrouvent à nouveau, prêts à vivre dans leur réalité à eux, construite par un système de « liens invisibles qui nous reliaient les uns aux autres, qui faisaient que nous étions tous censés avoir envie de vivre un jour de plus. Et que, pour cela, nous étions prêts à tous les compromis, tous les accommodements raisonnables » (99), qu'il s'agisse de feindre l'orgasme pendant le sexe, de feindre le bonheur en couple, de feindre la foi pour un athée, de feindre le plaisir dans la frugalité. |
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| « Nous [Paul, Anna et Alexandre] étions partis chacun dans des directions lointaines ou opposées, aveuglés par diverses formes de paniques, comme si quelque chose d'impérieux nous chassait de nos vies. L'origine de cette étrange épidémie rôdait quelque part en nous-mêmes. Les accommodements raisonnables que nous avions tacitement conclus nous mettaient pour un temps à l'abri d'un nouveau séisme, mais le mal était toujours là, tapi en chacun de nous, derrière chaque porte, prêt à resurgir. » (259-260) |
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| Bref, je me répète : Les personnages de Paul et Anna sont en rupture avec leur univers de référence, mais pas déconnectés pour autant puisqu'ils sont capables de donner sens à leur monde et qu'ils décident volontairement, consciemment de le quitter pour un temps. |
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==== V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES ==== | ==== V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES ==== |
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Rien de marquant de ce point de vue. La narration est linéaire, fiable et le roman repose une intrigue qui se conclut conventionnellement, avec un retour à l'ordre initié par le personnage personnage. | Rien de marquant de ce point de vue. La narration est linéaire, fiable et le roman repose une intrigue qui se conclut « normalement ». En passant, narration autodiégétique. |