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Quelques commentaires sur le personnages (ou «héros») contemporain :

Le règne de la solitude :

«L’individu contemporain se trouve livré à lui-même, sommé de trouver par ses propres moyens un sens à la vie […].» Mais comme le dit Bessard-Banquy, chez les auteurs de Minuit, l’euphorie n’est jamais loin de la dépression, la béatitude de l’angoisse. «Chez Echenoz, on l’a vu, la plongée dans les entrailles du vide se fait avec bonne humeur […] comme si le rire était la seule réponse possible au questionnement ontologique. […] Mais Monsieur est à coup sûr celui qui incarne le plus radicalement la figure complexe de l’homme contemporain, libre et perdu, incapable finalement de prendre sa vie en main sans pouvoir y renoncer vraiment pour autant. Impassible et engagé, il est absent et présent tout à la fois. Monsieur en tout garde un œil extérieur. Les événements de sa propre vie lui échappent en effet, et c’est un regard mêlé d’incompréhension et d’étonnement qu’il pose le plus souvent sur sa propre histoire. » (p. 195-196).

La fatigue et la puissance infime de la volonté caractérisent bien des personnages de Toussaint : «la plus souvent, le temps de passer à l’acte, le livre est déjà fini» (p. 197).

Les affres du célibat et le désenchantement du monde :

Les personnages d’Echenoz sont tous célibataires et animés par un désir de disparaître aux yeux de leurs semblables. «C’est-à-dire qu’il y a un peu du SDF en chacun, que tous les êtres sont un peu abandonnés […]. C’est-à-dire que toute vie est ici une lutte contre l’absence, toute existence est une lutte avant tout contre sa propre insuffisance. […] Tous sont englués dans un même malaise plus ou moins pesant. Tous se débattent contre leurs propres dérèglements, contre leurs propres failles, leurs propres faiblesses.» (p. 205). En contrepartie, souvent, chez Echenoz, la femme incarne la vie.

La figure du héros aujourd’hui : Narcisse déboussolé, incapable de se voir en son miroir. À travers une quête interminable de soi, le moi reste introuvable. «Obligé de se trouver partout, le moi de facto n’en finit pas de constater qu’il n’est nulle part.»

«C’est bien là le problème de nos héros : dépossédés de leur soutien métaphysique, il n’en constatent pas moins l’urgence du sens. Sommés de se trouver […] ils constatent qu’ils ne sont nulle part. […] nos héros fatigués doivent faire l’expérience de l’ennui – l’ennui d’exister sans pouvoir devenir. […] le héros d’aujourd’hui alterne sans fin entre un désir d’être en vie et une volonté diffuse d’en finir, entre l’amour-propre et la haine de soi.» (p. 214-215).

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