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ranx:le_livre_des_peurs_primaires [2014/01/30 13:54] – myriam | ranx:le_livre_des_peurs_primaires [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1 |
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**Date de mise en ligne** : 18 mai 2011, publie.net, Collection Temps réel | **Date de mise en ligne** : 18 mai 2011, publie.net, Collection Temps réel |
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Adresse** : http://ulaval.publie.net.acces.bibl.ulaval.ca/fr/ebook/9782814503021/livre-des-peurs-primaires | |
| **Adresse** : http://ulaval.publie.net.acces.bibl.ulaval.ca/fr/ebook/9782814503021/livre-des-peurs-primaires |
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**Présentation ou résumé** : | **Présentation ou résumé** : |
**Processus de création du personnage/de l'univers/ du récit** : | **Processus de création du personnage/de l'univers/ du récit** : |
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Le plus intéressant dans cette oeuvre est le double parcours de lecture qui permet d'articuler les fragments de façons différentes : on peut soit les lire dans l'ordre chronologique (ce que j'ai fait, question de commodité), soit dans l'ordre suggéré (en cliquant sur le lien qui se trouve à la fin de chaque fragment et qui nous mène au suivant). Le personnage se manifeste seulement par sa voix : on a affaire à un narrateur qui imagine comment différents moments banals de sa vie pourraient tourner au drame. On a donc accès à une réalité fantasmée et angoissante, mais bel et bien imaginée puisque presque tous les fragments se terminent par « ça n'arrivera jamais ». | Le plus intéressant dans cette oeuvre est le double parcours de lecture qui permet d'articuler les fragments de façons différentes : on peut soit les lire dans l'ordre chronologique (ce que j'ai fait, question de commodité), soit dans l'ordre suggéré (en cliquant sur le lien qui se trouve à la fin de chaque fragment et qui nous mène au suivant). Le personnage se manifeste seulement par sa voix : on a affaire à un narrateur qui imagine comment différents moments banals de sa vie pourraient tourner au drame. On a donc accès à une réalité fantasmée et angoissante, mais bel et bien imaginée puisque presque tous les fragments de la première partie se terminent par « ça n'arrivera jamais ». |
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**II- CONTENU GÉNÉRAL** | **II- CONTENU GÉNÉRAL** |
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**Résumé de l’œuvre** : Durant la première « saison », un narrateur visiblement angoissé, hypocondriaque, a des visions d'horreur : des corps écrasés dans une rame de métro, des explosions, des épidémies. Malgré sa peur et son malaise, le narrateur se rend à l'évidence : rien de cela n'arrivera jamais... Le narrateur est submergé par sa propre imagination et sa peur; une tumeur imaginée envahit son crâne, la migraine apparaît dès qu'il commence à y penser... mais pourtant, rien de ce qu'il imagine ne se passe vraiment. | **Résumé de l’œuvre** : Durant la première « saison », un narrateur visiblement angoissé, hypocondriaque, a des visions d'horreur : des corps écrasés dans une rame de métro, des explosions, des épidémies. Malgré sa peur et son malaise, le narrateur se rend à l'évidence : rien de cela n'arrivera jamais... Dans la seconde partie, le narrateur semble submergé par sa propre imagination et sa peur; une tumeur imaginée envahit son crâne, la migraine apparaît dès qu'il commence à y penser... mais pourtant, rien de ce qu'il imagine ne se passe vraiment, sauf peut-être la mort de son lapin domestique et les examens médicaux qui lui prouvent qu'il n'a rien. |
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**Thème(s)** : | **Thème(s)** : peur, mort, maladie, parole. |
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III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION** | |
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**Explication (intuitive mais argumentée) du choix** : | |
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**Appréciation globale** : | **III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION** |
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IV – TYPE DE RUPTURE** | **Explication (intuitive mais argumentée) du choix** : le titre figure dans la bibliographie du projet. La narration autodiégétique fait en sorte que le lecteur est vraiment plongé dans la pensée torturée du personnage, ce qui laisse présager une rupture surtout interprétative. |
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| **Appréciation globale** : Réalité et délire sont indissociables dans les fragments; le tout devient rapidement répétitif, mais on peut, à force de répétitions, faire des liens entre les fragments et reconstituer un récit. L'intérêt me semble plutôt moyen... |
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| **IV – TYPE DE RUPTURE** |
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**Validation du cas au point de vue de la rupture** | **Validation du cas au point de vue de la rupture** |
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a) actionnelle : Remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); logiques cognitives/rationnelles ou sensibles; présence ou absence d’un nœud d’intrigue et d’une résolution; difficulté/incapacité à s’imaginer transformer le monde (à s’imaginer le monde transformable), etc. | |
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b) interprétative : Difficulté/incapacité à donner sens au monde (à une partie du monde) de façon cohérente et/ou conforme à certaines normes interprétatives; énigmaticité et/ou illisibilité du monde; caducité ou excentricité interprétative; etc. | b) interprétative : Difficulté/incapacité à donner sens au monde (à une partie du monde) de façon cohérente et/ou conforme à certaines normes interprétatives; caducité ou excentricité interprétative; etc. |
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| - Comme c'est le cas dans quelques autres romans du corpus, Le Livre des peurs primaires est porté un narrateur qui « augmente » sans cesse la réalité par ses fantasmes, ici suscités par des peurs (peur de l'échec, de la maladie, de la violence, d'une catastrophe, etc.) - je dirais que l'on a affaire à une excentricité interprétative. Aussi, le personnage se persuade de l'existence de certaines de ses illusions - sa tumeur au cerveau, entre autres, dont il ressent les symptômes, mais qui n'existe pas. |
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V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES** | V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES** |
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Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, médias utilisés, etc.) | |
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Incursions de fictions diverses, surtout tirées de la télévision américaine (Dexter, Six feet under, etc.); d'ailleurs, les fragments son regroupés en « saisons » , comme les épisodes d'une série télé. | Incursions de fictions diverses, surtout tirées de la télévision américaine (Dexter, Six feet under, etc.); d'ailleurs, les fragments son regroupés en « saisons » , comme les épisodes d'une série télé. |
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| Configuration narrative : Les fragments peuvent être lus soit en ordre chronologique, soit selon un ordre imposé par des liens à la fin de chaque page. Je n'ai que brièvement suivi cette piste, mais elle me semble livrer les fragments selon leurs thèmes, de façon plus « cohérente » que l'ordre chronologique. Il n'y a pas de repères temporels dans l'oeuvre; elle se présente plutôt comme un ensemble de note prises au quotidien. |
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| Voix : celle du narrateur est la seule présente dans l'oeuvre. Vers la fin (chronologique) de l'oeuvre, les fragments font souvent état d'une perte de vocabulaire, de la vacuité des mots, comme si l'oeuvre ne pouvat se terminer que lorsque les mots seront taris. Ex: « Je perds mes mots, ceux censés dire. Je fais tourner le moulin de la tête pour les traîner droit sur la langue mais ne viennent pas. Bientôt privé de vocabulaire en tête, je me contenterai de faire des sons ou bien des gestes avec les yeux, les mains ou les moignons du corps. Ou bien, tu sais, comme dans ces langues obscures dont on apprend seulement à dire qu’on sait pas dire ou bien aussi qu’on comprend pas ou bien à peine « où sont les toilettes » mais jamais plus, le voilà mon avenir. » (F. 230) |
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Certaines phrases sont hachées, réduites à l'essentiel (donc sans déterminants, sans sujet ou parfois sans verbe), comme des notes ou des pensées incomplètes. | Certaines phrases sont hachées, réduites à l'essentiel (donc sans déterminants, sans sujet ou parfois sans verbe), comme des notes ou des pensées incomplètes. |
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**VI - AUTRES REMARQUES** | **VI - AUTRES REMARQUES** |
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L'existence numérique du personnage est mentionnée à plusieurs reprises; les fichiers représentent du temps de vie archivé : « Pour une raison X, pour une raison Y, la compression échoue. Déjà supprimées de leur carte mère les images concernées retombent, illisibles, décomplexées, dans le vide du wallpaper. Je tente de les ouvrir, une à une, pour un résultat identique : bouillie, bouillie et bouillie de pixels. Ce n’est pas seulement 30 fichiers de perdus mais bien un mois de vie dématérialisée. A jamais disparue. Et c’est tout le projet qui clapote. Et ma vie à l’envers, genre, littéralement.» (fragment 99) ou « gvissac dorénavant ne parle qu’à coup d’#hashtags et d’@robase, au son des gazouillis numériques & ne lâchera plus un seul mot à voix haute » (F. 155) | L'existence numérique du personnage est mentionnée à plusieurs reprises; comme ce denier n'existe que par sa pratique d'écriture, les traces qu'il laisse sont les seules preuves de son existence. Par exemple, les fichiers représentent du temps de vie archivé : « Pour une raison X, pour une raison Y, la compression échoue. Déjà supprimées de leur carte mère les images concernées retombent, illisibles, décomplexées, dans le vide du wallpaper. Je tente de les ouvrir, une à une, pour un résultat identique : bouillie, bouillie et bouillie de pixels. Ce n’est pas seulement 30 fichiers de perdus mais bien un mois de vie dématérialisée. A jamais disparue. Et c’est tout le projet qui clapote. Et ma vie à l’envers, genre, littéralement.» (fragment 99) ou « gvissac dorénavant ne parle qu’à coup d’#hashtags et d’@robase, au son des gazouillis numériques & ne lâchera plus un seul mot à voix haute » (F. 155) |
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**Extraits** : | **Extraits** : |
« Ma peur primaire la pire n’est pas une peur, n’est pas la pire, c’est une vision plutôt, et le qualificatif le plus approprié serait vraisemblable. Dans ma peur primaire la pire qui ne l’est pas, l’homme (il y a toujours un homme), de dos (il est toujours de dos), arrache un livre d’une vieille bibliothèque trop pleine. Il feuillette des pages blanches, repose le livre sur une table vide et quitte le champ, le cadre, l’image. Alors la vue s’élève, en plongée sur le livre, qui s’appellerait simplement Autobiographie(s), au-dessus du titre, il y aurait mon nom. Au dos, quatrième de couverture, une seule phrase le résume, sous forme de définition : Autobiographie(s) : n.f., récit d’un mec qui n’avait rien à dire.» (F. 180) | « Ma peur primaire la pire n’est pas une peur, n’est pas la pire, c’est une vision plutôt, et le qualificatif le plus approprié serait vraisemblable. Dans ma peur primaire la pire qui ne l’est pas, l’homme (il y a toujours un homme), de dos (il est toujours de dos), arrache un livre d’une vieille bibliothèque trop pleine. Il feuillette des pages blanches, repose le livre sur une table vide et quitte le champ, le cadre, l’image. Alors la vue s’élève, en plongée sur le livre, qui s’appellerait simplement Autobiographie(s), au-dessus du titre, il y aurait mon nom. Au dos, quatrième de couverture, une seule phrase le résume, sous forme de définition : Autobiographie(s) : n.f., récit d’un mec qui n’avait rien à dire.» (F. 180) |
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« Je perds mes mots, ceux censés dire. Je fais tourner le moulin de la tête pour les traîner droit sur la langue mais ne viennent pas. Bientôt privé de vocabulaire en tête, je me contenterai de faire des sons ou bien des gestes avec les yeux, les mains ou les moignons du corps. Ou bien, tu sais, comme dans ces langues obscures dont on apprend seulement à dire qu’on sait pas dire ou bien aussi qu’on comprend pas ou bien à peine « où sont les toilettes » mais jamais plus, le voilà mon avenir. » (F. 230) | |
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