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ranx:le_culte_de_la_collision [2013/09/11 15:57] – sebastien | ranx:le_culte_de_la_collision [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1 |
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==== III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION ==== | ==== III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION ==== |
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**Explication (intuitive mais argumentée) du choix :** Je me le demande de plus en plus... Sans blague, | **Explication (intuitive mais argumentée) du choix :** Les raisons qui poussent le personnage principal à agir ne sont vraiment pas normales. Son seul objectif semblant être de vivre intensément et libre, les décisions qu'il prend ne sont pas souvent judicieuses ou logiques. |
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**Appréciation globale :** | **Appréciation globale :** À part la ponctuation douteuse qui agace (moi, en tout cas) au départ, c'est assez bien écrit. Certaines introspections sont toutefois longues et quelque peu répétitives. |
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==== IV – TYPE DE RUPTURE ==== | ==== IV – TYPE DE RUPTURE ==== |
=== Validation du cas au point de vue de la rupture === | === Validation du cas au point de vue de la rupture === |
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** a) actionnelle :** Remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); logiques cognitives/rationnelles ou sensibles; présence ou absence d’un nœud d’intrigue et d’une résolution; difficulté/incapacité à s’imaginer transformer le monde (à s’imaginer le monde transformable), etc. | ** a) actionnelle :** Remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); |
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| L'intention et la motivation sont problématiques chez Tanguy. Il n'est pas avide de sens mais d'intensité (66), pas de cohérence mais de collision, d'où le titre du roman: "Il sait qu'il mène la seule existence qu'il mérite de vivre, parce que nulle autre existence ne lui conviendrait mieux que celle-ci, précaire et affligeante, horrifiante et cynique, qui ressemble à une collision permanente, une collision à laquelle il voue un culte sans bornes, ce culte de la collision qui seul est capable de mobiliser de façon optimale son énergie physique et psychique afin de se nourrir en continu de cette formidable cruauté qui fait battre le coeur du monde." (279, après son initiation chez les Russes) |
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| Cette recherche d'intensité - de liberté absolue, de légitimité philosophique de la Vie, comme il dit - le pousse aussi à poser des gestes absurdes et à prendre des décisions insensées, particulièrement lors de l'épisode de la survie en montagne l'hiver: |
| * il détruit une fourmilière, puis, une fois qu'il a trouvé, isolé et recueilli les larves riches en protéines, il les jette au bout de ses bras plutôt que de les manger, sous prétexte que "la bataille qu'il vient de livrer contre la fourmilière ne pouvant que tourner à son avantage, il ne peut même pas considérer ces vingt grains de riz comme un trophée estimable." (132); |
| * il abandonne son sac à dos et part seul dans la montagne : "il a les larmes aux yeux en pensant aux implications symboliques que représenterait pour lui le miracle de survivre à cette épreuve, car quelle morale pourrait-on opposer à qui resterait vivant du seul fait du Destin ?" (139); |
| * il réussit habilement à démarrer un feu, puis: "Hadrien jubile, le feu est là, miracle hérité de la nuit des temps, miracle hérité de cette généalogie primitive qui relie tout homme à ses ancêtres. "Je suis un bon sauvage, je suis un bon sauvage", scande-t-il, puis, comme il n'est pas question d'aller au-delà de la satisfaction d'être ce qu'on a réussi à devenir, il se lève et écrase son feu naissant comme s'il s'agissait d'un scorpion mortel." (154) |
| S'il réussit à ne pas perdre la raison malgré les souffrances qu'il endure sur la montagne, c'est notamment en s'imaginant "le statut de héros romanesque qui l'attend une fois qu'il aura triomphé de cet enfoncement sans nourriture au coeur de l'hiver alpin." (150) En effet, la quête d'intensité et de liberté de Tanguy/Hadrien/Michael s'inscrit dans un processus d'héroïsation qui culmine avec l'enrôlement dans la mafia russe et qui n'est pas sans rappeler un certain Don Quichotte par moments: "il sait qu'il aime les situations bloquées où tout semble perdu d'avance, des situations qui en somme ne lui laissent aucune improvisation possible une fois que s'est enclenché le mécanisme d'enlisement et d'étranglement qui lui permet de révéler cette incroyable capacité d'encaissement, è la fois physique et moral, qui la sienne, comme celle d'ailleurs de tout bon martyr qui se respecte." Une solution de facilité "ne solliciterait de lui que la part intéressée et mesquine de sa personnalité, et non ces renforts de bravoure et d'héroïsme que suscitent les situations perdues." (226) |
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** b) interprétative :** Difficulté/incapacité à donner sens au monde (à une partie du monde) de façon cohérente et/ou conforme à certaines normes interprétatives; énigmaticité et/ou illisibilité du monde; caducité ou excentricité interprétative; etc. | |
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==== V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES ==== | ==== V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES ==== |
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Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.) | Aucune. |
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| ==== VI – Questions identitaires ==== |
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| Trois fois, le personnage principal adopte un nouveau prénom. À deux reprises, il déchire sa carte d'identité. Une fois, même, une chirurgie de reconstruction du nez et des oreilles lui donne l'occasion de changer son visage. |
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| "la véritable identité d'une personne n'est pas celle dont on hérite à notre naissance, mais celle qu'on parvient à se fabriquer soi-même, à force de tâtonnements." (65) |