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FICHE DE LECTURE

I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Carpentier, Christophe

Titre : Le culte de la collision

Éditeur : POL

Collection : -

Année : 2013

Éditions ultérieures : -

Désignation générique : roman (couverture)

Quatrième de couverture :

Tanguy Rouvet, un adolescent de dix-huit ans, ne peut pas n'être qu'un vulgaire psychopathe. Ce statut peu enviable ne récompenserait pas les efforts d'imagination qu'il investit à se trouver mille et une bonne raisons de se faire justice lui-même. Au terme d'un road-movie où les phases d'action et d'introspection engendre une tension ininterrompue, Tanguy parviendra-t-il à nous convaincre que derrière l'implacable enchaînement des faits tragiques se cache un être en quête d'absolu ?

II- CONTENU GÉNÉRAL

Résumé de l’œuvre :

Adolescent à tendance psychopathique de dix-huit ans, Tanguy Rouvet s'embarque dans un périple qui durera plusieurs mois et le conduira à Dijon, Chamonix, Toulon et El Elijo en Espagne. À son départ de Paris, après avoir étranglé sa mère qui, selon ses dires, lui pourrissait la vie, Tanguy erre en forêt pendant quatre semaines jusqu'à arriver à Dijon, en loques, affamé, incapable même de parler et donc de susciter de l'empathie chez ceux qu'il rencontre. Justement, la première personne qu'il rencontre le bat sauvagement à deux reprises, le laissant presque mort dans la rue où il est finalement récupéré par une famille aimante (les Hadray) qui se sert de lui pour combler le vide créé par la disparition de leur fils et frère. Comme Tanguy a déchiré sa carte d'identité en partant de Paris, il voit là l'occasion de se créer une nouvelle identité - Hadrien Hadray - et devient le fils du couple Hadray. Sauf que toute l'attention et le confort ouateux que lui fournissent les Hadray ne suffit pas à Tanguy/Hadrien ; il a besoin d'intensité, c'est pourquoi il se fait engager dans un bar où, à son grand plaisir, le patron prend un plaisir sadique à le maltraiter. En fait, Tanguy/Hadrien accumule ainsi une tension afin d'un jour pouvoir s'affranchir “de ce détestable engourdissement psychique qu'a provoqué en lui la navrante gentillesse des Hadray” (83), ce qui finit par se concrétiser lorsqu'il décide de se venger de celui qui l'a battu à son arrivée à Dijon en lui tranchant gorge, nez et oreilles. Évidemment, il quitte ensuite la ville.
Prochaine étape: les Alpes où il s'aventure seul dans la montagne neigeuse afin de revisiter en pensée les gestes qu'il a posés pour tenter de déterminer s'il mérite “de survivre à personnalité de tueur en série, pour peu là encore que celle-ci soit avérée” (127). Il choisit finalement de laisser le Destin décider pour lui et abandonne tout son matériel avant de grimper encore un peu plus dans la montagne où bien sûr il dépérit à vue d'oeil jusqu'à tomber dans le coma.
Trois semaines plus tard, il se réveille dans une clinique de Chamonix, magané (plusieurs phalanges en moins aux pieds et aux mains, reconstruction du visage nécessaire à cause du cartilage grugé par le froid, etc.); des randonneurs l'ont trouvé à l'agonie, juste à temps. Tanguy/Hadrien ajoute ensuite le prénom de Michael à son arsenal, alors qu'il est hébergé chez les Greimat, un des couples de gens qui l'ont retrouvé sur la montagne. Après plusieurs mois, craignant de succomber à l'envie de tuer le mari, Tanguy/Hadrien/Michael prend la fuite pour Toulon, puis El Ejido en Andalousie.
À El Ejido, endroit où sont produit la plupart des fruits et légumes d'Europe dans des serres s'étendant à perte de vue, il se mêle avec des sans-papiers marocains avec lesquels il vit dans des abris de plastique et travaille aux serres. Toutefois, rapidement fatigué d'entendre ces “perdants” se plaindre, il fout le feu au campement et va voir les Russes qui, eux, gangsters brutaux, sans pitié, débauchés, etc., correspondent davantage à son idéal de liberté. D'ailleurs, les Russes en font rapidement un des leurs dans une sorte de cérémonie d'adoubement, épatés qu'il sont par son redoutable potentiel.

Je m'excuse, c'est le plus long résumé que j'ai fait pour ce projet…

Thème(s) : Meurtre, violence, liberté, identité

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION

Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Les raisons qui poussent le personnage principal à agir ne sont vraiment pas normales. Son seul objectif semblant être de vivre intensément et libre, les décisions qu'il prend ne sont pas souvent judicieuses ou logiques.

Appréciation globale : À part la ponctuation douteuse qui agace (moi, en tout cas) au départ, c'est assez bien écrit. Certaines introspections sont toutefois longues et quelque peu répétitives.

IV – TYPE DE RUPTURE

Validation du cas au point de vue de la rupture

a) actionnelle : Remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation);

L'intention et la motivation sont problématiques chez Tanguy. Il n'est pas avide de sens mais d'intensité (66), pas de cohérence mais de collision, d'où le titre du roman: “Il sait qu'il mène la seule existence qu'il mérite de vivre, parce que nulle autre existence ne lui conviendrait mieux que celle-ci, précaire et affligeante, horrifiante et cynique, qui ressemble à une collision permanente, une collision à laquelle il voue un culte sans bornes, ce culte de la collision qui seul est capable de mobiliser de façon optimale son énergie physique et psychique afin de se nourrir en continu de cette formidable cruauté qui fait battre le coeur du monde.” (279, après son initiation chez les Russes)

Cette recherche d'intensité - de liberté absolue, de légitimité philosophique de la Vie, comme il dit - le pousse aussi à poser des gestes absurdes et à prendre des décisions insensées, particulièrement lors de l'épisode de la survie en montagne l'hiver:

  • il détruit une fourmilière, puis, une fois qu'il a trouvé, isolé et recueilli les larves riches en protéines, il les jette au bout de ses bras plutôt que de les manger, sous prétexte que “la bataille qu'il vient de livrer contre la fourmilière ne pouvant que tourner à son avantage, il ne peut même pas considérer ces vingt grains de riz comme un trophée estimable.” (132);
  • il abandonne son sac à dos et part seul dans la montagne : “il a les larmes aux yeux en pensant aux implications symboliques que représenterait pour lui le miracle de survivre à cette épreuve, car quelle morale pourrait-on opposer à qui resterait vivant du seul fait du Destin ?” (139);
  • il réussit habilement à démarrer un feu, puis: “Hadrien jubile, le feu est là, miracle hérité de la nuit des temps, miracle hérité de cette généalogie primitive qui relie tout homme à ses ancêtres. “Je suis un bon sauvage, je suis un bon sauvage”, scande-t-il, puis, comme il n'est pas question d'aller au-delà de la satisfaction d'être ce qu'on a réussi à devenir, il se lève et écrase son feu naissant comme s'il s'agissait d'un scorpion mortel.” (154)

S'il réussit à ne pas perdre la raison malgré les souffrances qu'il endure sur la montagne, c'est notamment en s'imaginant “le statut de héros romanesque qui l'attend une fois qu'il aura triomphé de cet enfoncement sans nourriture au coeur de l'hiver alpin.” (150) En effet, la quête d'intensité et de liberté de Tanguy/Hadrien/Michael s'inscrit dans un processus d'héroïsation qui culmine avec l'enrôlement dans la mafia russe et qui n'est pas sans rappeler un certain Don Quichotte par moments: “il sait qu'il aime les situations bloquées où tout semble perdu d'avance, des situations qui en somme ne lui laissent aucune improvisation possible une fois que s'est enclenché le mécanisme d'enlisement et d'étranglement qui lui permet de révéler cette incroyable capacité d'encaissement, è la fois physique et moral, qui la sienne, comme celle d'ailleurs de tout bon martyr qui se respecte.” Une solution de facilité “ne solliciterait de lui que la part intéressée et mesquine de sa personnalité, et non ces renforts de bravoure et d'héroïsme que suscitent les situations perdues.” (226)

V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES

Aucune.

VI – Questions identitaires

Trois fois, le personnage principal adopte un nouveau prénom. À deux reprises, il déchire sa carte d'identité. Une fois, même, une chirurgie de reconstruction du nez et des oreilles lui donne l'occasion de changer son visage.

“la véritable identité d'une personne n'est pas celle dont on hérite à notre naissance, mais celle qu'on parvient à se fabriquer soi-même, à force de tâtonnements.” (65)

ranx/le_culte_de_la_collision.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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