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* « Un tel intérêt [pour le fait divers] n'est certes pas très neuf : la littérature du XIXe siècle en faisait déjà son inspiration, sinon ses choux gras […] Mais l'intérêt qui s'y porte aujourd'hui procède différemment et manifeste en cela une spécificité contemporaine, révélatrice de la posture singulière de la littérature de notre temps. Car il ne s'agit pas seulement d'écrire des faits, ni d'en explorer la matière romanesque : notre époque produit un discours critique à leur endroit comme à l'endroit de ses propres productions littéraires. Aussi y va-t-il d'une double posture critique : envers le fond comme envers la forme. » (p. 228)
* « Loin d'exacerber la fiction narrative, ces textes [exemples de romans en liens avec des faits divers: Viol, Prison, l'Adversaire, C'était toute une vie…] maintiennent la dimension factuelle de façon aussi explicite que possible […] De plus, aucuns d'entre eux n'est principalement narratif. Tous procèdent plutôt par fragments de narration enchâssés dans d'autres modalités textuelles, et par approches diffractées, non linéaires, de la matière du récit. » (p. 230)
* « C'est qu'en fait les discours que l'on tient à son endroit comptent plus que l'événement. Ce qui importe, c'est ce qu'on en dit, l'espace de parole qui exprime comment les faits se disposent dans l'espace de parole qui exprime comment les faits se disposent dans une conscience, expose leur résonance subjective […] Ces choix d'écriture tendent à souligner que le réel n'existe pas en dehors de la perception, de la pensée, des affects, etc., qui le constituent pour chacun. Aussi faut-il y voir une prise de distance avec les esthétiques réalistes qui postulent une possible « objectivité » : pour la littérature contemporaine, il n'y a pas d'en soi de l'événement. » (p. 231)
* « la réflexion sur la fiction accompagne une tentative de restitution et le discours de réception du fait divers. En même temps qu'ils offrent une représentation du réel, les écrivains contemporains interrogent ainsi leur propre pratique et les formes qu'elle les pousse à inventer. » (p. 236)