Outils pour utilisateurs

Outils du site


ranx:l_enchantee

I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Pierre Drachline

Titre : L’enchantée

Éditeur : le cherche midi

Année : 2003

Désignation générique : Roman

Quatrième de couverture : «Des êtres se rencontrent qui n’auraient sans doute jamais dû se croiser. Ils n’ont rien en commun sinon, peut-être, une certaine manière de se tenir à l’écart des flux et reflux de l’air du temps. Ils ne sont contemporains que de leur mélancolie.

Misanthrope, atrabilaire, collectionneur de mauvaises nouvelles et amateur d’autodérision, le mortimiste vit de ses rencontres. Il a pour seule distraction quasi quotidienne de suivre les enterrements de personnes qu’il ne connaissait pas. Lors de l’une de ses escapades dans un cimetière, il rencontre une jeune femme qui, elle aussi, assiste en dilettante à une mise en terre.

Cette passante à la fragilité éblouissante, le mortimiste la surnomme l’enchantée, en souvenir des sorcières brûlées sur les bûchers de l’inquisition. La mémoire de l’enchantée est riche de la voix d’un vieil homme, un joueur professionnel, dont elle a été l’accompagnatrice durant une dizaine de jours lors d’une dérive crépusculaire.

Ces trois personnages, habités par un imaginaire sarcastique et fantasmatique, crachent avec allégresse sur une époque dont la vulgarité les désole. Ils sont pétris de contradictions et d’humanité blessée. Ils se rêvent plus qu’ils ne vivent, conscients que « les souvenirs sont de faux témoins. ».

Dans ce roman iconoclaste, on retrouve avec bonheur la plume acérée, sertie de diamants d’humour noir, de Pierre Drachline.»

II- CONTENU GÉNÉRAL

Résumé de l’œuvre : Le mortimiste et l’enchantée se rencontrent au cimetière et vont dans un café où l’enchantée s’endort sur la table. Elle passe ensuite la nuit chez lui. Au matin, lorsqu’il revient avec le petit-déjeuner, elle a saccagé son appartement. Parce que ce sont deux misanthropes marginaux, ils sentent une liaison très forte entre eux. Mais avant de le rencontrer, l’enchantée a passé quelques jours avec un vieil homme qu’elle surnomme L’ami. Ce dernier fut un séducteur et un joueur, lui aussi marginal et misanthrope. Une étrange relation s’instaure entre eux et ils partent en Normandie, jouent au Casino et éprouvent quelque chose comme de la tendresse et du divertissement lorsque l’autre est présent. Le vieux va mourir, il quitte la chambre d’hôtel et laisse une lettre et de l’argent à l’enchantée. Le mortimiste devient jaloux de cette ancienne relation qui n’a rien à voir avec le sexe sans profondeur qu’elle a souvent avec d’autres. La relation se dégrade, les jambes du mortimiste deviennent bleues, tout porte à croire qu’il va bientôt mourir.

Thème(s) : Critique et rejet de la société, mort, vieillesse, relations humaines (ou plutôt impossibilité des relations humaines), absurdité de l’existence.

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION

Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Dès les premières pages, il est facile de remarquer que les protagonistes vivent à l’écart du monde.

Appréciation globale : Il est d’abord difficile d’entrer dans l’univers du récit (le narrateur en beurre souvent trop épais, le texte devient abscons), univers qui s’avère finalement désagréable à explorer. La seule force de ce roman réside dans les métaphores et le style. Les personnages sont tout sauf attachants et la philosophie est noire, voire absurde dans son absurdité. Et puis, j’ai lu mieux, comme humour noir. Lorsque c’est trop noir, ce n’est plus drôle, à mon avis. Il s’agit d’un texte très lourd qui ne m’a ni divertie ni émue.

IV – TYPE DE RUPTURE

A) Rupture actionnelle : Les personnages sont capables d’agir, mais ils savent que tout ce qu’ils font ne rime à rien, que l’existence humaine ne vaut pas la peine. Ils méprisent leurs contemporains et la société qu’ils habitent, donc refusent de s’y insérer. Le vieil homme se sent étranger à son corps malade et vieux. Mais à la dernière minute, il se suicide pour ne pas laisser la mort gagner. Ils sont tous les trois prisonniers d’eux-mêmes, de la vie, de toute cette absurde noirceur qui empoisonne leur existence. Ils démontrent également une inaptitude à vivre normalement et à agir socialement.

« Le mortimiste ne connait rien aux rituels élémentaires de tendresse. Personne ne lui a enseigné les intonations, les mots de passe. » (p.31)

« Le mortimiste engagerait volontiers la conversation. Mais en quelle langue? Leurs isolements ne sont pas compatibles. » (p.34)

« Elle ne comprend pas pourquoi elle est là. » (p.39)

« Que fait-elle chez lui? » (p.41)

« Votre profession? Inconnue. Votre domicile? Inconnu. Qui êtes-vous? Un inconnu. » (p.53)

« L’enchantée était inapte aux sentiments. On ne lui avait pas appris. » (p.55)

« Étranger à toute frontière humaine. » (p.59)

« Désormais, le vieil homme contournait les réalités. Sans effort. Cela avait toujours été celles des autres. » (p.62)

« Tous deux étaient des personnes déplacées parmi leurs contemporains. Ils ne s’étaient pas reconnus. Ils s’étaient flairés. À l’instinct. » (p.71)

« Le vieil homme ne se pardonnait pas d’avoir accepté la vieillesse. Il ne l’avait même pas sentie prendre possession de lui. » (p.119)

« Elle craignait plus que tout l’enfermement. Déjà ce corps d’où elle ne pouvait pas sortir à son gré lui pesait. Alors la prison! » (p.124)

« Il ne se reconnaissait dans aucune génération. Son âge variait selon son humeur. » (p.153)

V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES

Narrateur extradiégétique. Pouvons-nous nous y fier? Il se fie beaucoup plus sur les perceptions des protagonistes que sur la réalité du récit. En fait, c’est justement le monde à travers leurs yeux qui est mis en lumière. Un monde très sombre…

Plusieurs mises en abîmes (des histoires et des souvenirs) ponctuent les dialogues entre les personnages et leurs pensées. Il s’agit du passé qui resurgit. Au tout début, le narrateur dit pourtant que « [l]es souvenirs sont des faux témoins. » (p.11)

Il est difficile de se repérer contextuellement dans l’œuvre. Le narrateur est avare de descriptions spatio-temporelles et se concentre surtout sur les souvenirs, sur les histoires que les personnages racontent, sur les sensations (toujours très noires), et sur la philosophie des personnages.

ranx/l_enchantee.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

Donate Powered by PHP Valid HTML5 Valid CSS Driven by DokuWiki