I - MÉTADONNÉES
Titre : Inside : un journal de rêves
Auteur(s) : Andy Campbell, Judi Alston
Date de mise en ligne : Inconnue
Adresse : http://revuebleuorange.org/bleuorange/02/campbell/
Présentation ou résumé : « Inside : un journal de rêves raconte l’histoire d’un vieil homme vivant en solitaire dans sa maison où une fuite de gaz est doucement, insidieusement mais certainement en train de perturber ses rêves et altérer ses souvenirs. L’intoxication affecte sa santé mentale jusqu’à l’amener au délire. Il n’a plus de repères temporels, tout finit par s’entremêler, la réalité, les songes, rien n’a de sens, même les mots semblent se dérober. Il nous confie son expérience à travers un journal de plus de quatre-vingts pages qui se manipule, grâce à l’activation d’onglets, exactement comme un livre. Des hyperliens, des animations, des photos et des vidéos, viennent se joindre au texte afin d’accentuer l’effet de folie causé par l’intoxication.
Le projet explore la remédiatisation du livre à l’écran en proposant une figure du livre simulé. L’objet est numérisé et se manipule de prime abord comme un vrai livre, mais la composition diffère et vient radicalement changer les habitudes de lecture, car il s’anime aussitôt que l’activation se fait. L’approche de lecture et la manipulation de l’objet s’en trouvent évidemment modifiées car le livre ne propose plus une lecture textuelle, mais hypertextuelle. C’est-à-dire que l’œuvre possède de multiples parcours de lecture, un texte fragmenté et un mécanisme hyperliant les fragments entre eux. À cette composition minimale se juxtaposent aussi d’autres médias, « Inside is a vibrant and elemental journey across thought, memory and mixed media ». Ainsi, le texte n’est plus seulement texte, il fait partie d’une série d’éléments connectés ensemble et formant un tout. »
Processus de création du personnage/de l'univers/ du récit :
II- CONTENU GÉNÉRAL
Résumé de l’œuvre : L’œuvre est un carnet de rêves que tient un homme qu va visiblement de plus en plus mal…Au début du journal, dont les entrées sont datées, il intercale le récit de ses rêves et celui de ses journées, durant lesquelles il fait venir un technicien à cause d'une fuite de gaz. Puis, lentement, les dates se mélangent, les rêves prennent toute la place, on retrouve des dessins, des annotations, des végétaux dans le carnet. La folie qui s'empare du narrateur culmine dans les dernières pages, dans lesquelles les mots sont mélangés, inversés, et le propos est flou.
III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION
Explication (intuitive mais argumentée) du choix : C'est surtout la mention de la folie dans la présentation de l’œuvre qui laisse croire qu'elle pourrait être pertinente pour le projet; comme les balises pour l'analyse des œuvres numériques ne sont pas encore très claires, cette œuvre me semblait la plus proche d'un roman « traditionnel » et donc plus facile à saisir (mais non!).
Appréciation globale : Difficile à dire… Les « suppléments » ajoutés au texte )bouts de films, photos, sons, nuages de mots qui bougent quand on bouge le curseur) ajoutent à l'expérience immersive et rendent bien l'impression de folie. Toutefois, je ne suis pas convaincue de la pertinence de l’œuvre dans le cadre du projet; comme il n'y a aucne action « réelle » dans le carnet, difficile de juger du rapport du personnage au monde réel…
IV – TYPE DE RUPTURE
Validation du cas au point de vue de la rupture
b) interprétative : Difficulté/incapacité à donner sens au monde (à une partie du monde) de façon cohérente et/ou conforme à certaines normes interprétatives; énigmaticité et/ou illisibilité du monde; caducité ou excentricité interprétative; etc.
- Le seul ancrage du personnage avec le monde réel est la visite du technicien et les enfants qui passent dehors et ne semblent pas voir le personnage. Aussi, les dates qui ne suivent pas toujours prouvent que le personnage perd ses repères (il en est d'ailleurs parfois conscient puisque certaines dates sont suivies de points d'interrogation).
- Dans tout le reste de l'oeuvre, le personnage est confronté à des rêves et à des visions qu'il ne comprend pas toujours; il se retrouve donc devant un univers énigmatique - le lecteur aussi, devant ce carnet qui réagit de diverses façons aux manipulations, est devant un monde difficile à saisir.
V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES
Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, médias utilisés, etc.)
La fiabilité du narrateur, qui devient fou, est assurément un problème, mais comme le carnet est un journal de rêves au contenu fondamentalement subjectif, il est difficile d'évaluer l'impact de cette fiabilité déficiente sur l'ensemble du texte.
- Chronologie brisée, interrompue, puisque les repères temporels finissent par disparaître.
- L’œuvre exploite surtout les images animées, qui sont soient insérées sous le texte, soit contenues dans un hyperlien (elles représentent dans la plupart des cas des scènes ou un élément d'un rêve). Dans quelques pages, des mots virevoltent autour du curseur, comme pour représenter le langage qui échappe au narrateur.
VI - AUTRES REMARQUES
( sur le rôle du lecteur/utilisateur, la façon dont sont générés les personnages, etc.) –