Le narrateur, bègue, découvre son ami Lucien mutilé dans les bois; la femme qu'il venait d'agresser, et que la narrateur a croisé couverte de sang au volant de la voiture de son ami, lui a tranché les organes génitaux.Ce narrateur incertain, pleins de questionnements, va être mandaté par Lucien, dépressif et repentant, pour aller au Danemark intercéder en sa faveur auprès de cette femme. Il se nouera alors entre elle, veuve de marin qui ignore qui il est vraiment, et le narrateur, malheureux en ménage, une relation étrange, l'ancien bègue devenant amoureux d'elle et trahissant donc la confiance de son ami Lucien. Celui-ci se vengera: demandant à son ami de l'aider à se suicider, il mourra bel et bien, mais après s'être assuré que c'est son ami qu'on accusera. Le roman se lit donc comme une sorte de confession ou de témoignage du narrateur. L'interprétation et la justesse de la narration sont ici très proches et se recoupent par moments. Mais il y a certains éléments relevant du flou de la voix narrative qui questionnent la connaissance réelle que l’on peut avoir du monde et des évènements. C'est à travers la narration incertaine, indécise, souvent reprise, que l'identité vacillante du narrateur se dessine. | Le narrateur, bègue, découvre son ami Lucien mutilé dans les bois; la femme qu'il venait d'agresser, et que la narrateur a croisé couverte de sang au volant de la voiture de son ami, lui a tranché les organes génitaux.Ce narrateur incertain, pleins de questionnements, va être mandaté par Lucien, dépressif et repentant, pour aller au Danemark intercéder en sa faveur auprès de cette femme. Il se nouera alors entre elle, veuve de marin qui ignore qui il est vraiment, et le narrateur, malheureux en ménage, une relation étrange, l'ancien bègue devenant amoureux d'elle et trahissant donc la confiance de son ami Lucien. Celui-ci se vengera: demandant à son ami de l'aider à se suicider, il mourra bel et bien, mais après s'être assuré que c'est son ami qu'on accusera. Le roman se lit donc comme une sorte de confession ou de témoignage du narrateur. L'interprétation et la justesse de la narration sont ici très proches et se recoupent par moments. Mais il y a certains éléments relevant du flou de la voix narrative qui questionnent la connaissance réelle que l’on peut avoir du monde et des évènements. C'est à travers la narration incertaine, indécise, souvent reprise, que l'identité vacillante du narrateur se dessine. |
| Tibère et Marjorie forment un couple depuis une dizaine d’années. Subitement, Marjorie annonce à son conjoint qu’elle veut le quitter et ne veut plus le voir, parce qu’elle l’aime trop. Suite à ce paradoxe, une panoplie d'autres évènements arrivent qui impliquent des membres du parlement et la soeur nymphomane de Marjorie. Marjorie a une peur inexplicable du sexe masculin et de tout ce qui en est un dérivé (fluides corporels). Marjorie est une femme désorientée et contradictoire, qui ne peut pas être seule, mais qui est incapable de se laisser approcher, car elle interprète mal les actions et les dires des gens qui l’entourent. Elle leur prête tous de mauvaises intentions, surtout aux hommes. Son rapport à la sexualité est également déconnecté de la réalité. Elle considère le sexe masculin comme un danger, comme une bête qui se réveille parfois et pourrait la tuer. Elle s’imagine que le ministre des Affaires étrangères a voulu la violer, alors qu’il lui a simplement parlé. À son départ, elle nettoie tout le salon par peur de tomber enceinte : « elle pensait aussi qu’il avait sans bruit vaporisé un nuage de spermatozoïdes dans l’appartement. » (p. 125) Lorsqu’elle était transportée dans une salle de l’hôpital pour y être soignée, elle « se demandait si elle n’avait pas été enlevée par un maniaque qui allait l’entraîner dans une salle d’opération désaffectée et la violer après l’avoir endormie d’une injection de penthotal (p. 35). » Ces interprétations faussées la poussent à agir ensuite de façon déconnectée, comme lorsqu’elle se rend à la Closerie des Lilas avec un soluté dans le bras, en trainant son pied à perfusion ou qu’elle enlève sa culotte devant le ministre pour lui présenter à son tour son sexe. Tibère, son amoureux ne réussit pas à la comprendre ou à suivre ses raisonnements. Selon lui, « Elle avait peut-être une douzaine de petits cerveaux comprimés dans son crâne, qui réfléchissaient chacun dans son coin, et lui conféraient une personnalité cacophonique. » (p. 67) « Elle ne l’étonnait jamais, il savait que ses neurones étaient connectés entre eux par un réseau de synapses beaucoup plus complexe que le sien. Cette organisation lui conférait une personnalité qui n’était pas seulement réversible, mais protéiforme, aléatoire […] » (p. 63-64) |