Les deux révisions précédentesRévision précédenteProchaine révision | Révision précédente |
ranx:identites_vacillantes [2016/01/19 11:18] – zbonneau | ranx:identites_vacillantes [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1 |
---|
| |
Viviane se remémore sa journée. Son comportement est complètement inexplicable et incohérent. Elle tue son psychiatre, couche avec un suspect de ce meurtre, etc. Le lecteur peut, à la toute fin, réaliser qu'elle s'est imaginé plusieurs de ces évènements, comme la mort de sa mère, il y a plusieurs années. Elle est indéfinissable par le fait qu'elle a d'un côté, une imagination débordante, mais aussi un trouble de la personnalité, balançant entre Élisabeth et Viviane, deux personnages distincts dans sa psyché. Elle s'adresse souvent la parole à elle-même, en se parlant à la deuxième personne du pluriel: « Vous n’êtes pas en mesure de faire des choix. Vous êtes esclave de la nécessité, c’est une position qui vous convient très bien, vous n’en avez jamais réclamé d’autre.» (p.46), «À vrai dire, vous n’êtes même plus certaine d’être retournée, tout à l’heure, dans cet autre appartement que vous fréquentez en secret depuis des années. Les contours et les masses, les couleurs et le style se confondent au loin. Cet homme qui vous recevait, a-t-il seulement existé? […] Malgré le flou qui règne sur vos souvenirs, vous vous sentez très libre.» (p. 10) | Viviane se remémore sa journée. Son comportement est complètement inexplicable et incohérent. Elle tue son psychiatre, couche avec un suspect de ce meurtre, etc. Le lecteur peut, à la toute fin, réaliser qu'elle s'est imaginé plusieurs de ces évènements, comme la mort de sa mère, il y a plusieurs années. Elle est indéfinissable par le fait qu'elle a d'un côté, une imagination débordante, mais aussi un trouble de la personnalité, balançant entre Élisabeth et Viviane, deux personnages distincts dans sa psyché. Elle s'adresse souvent la parole à elle-même, en se parlant à la deuxième personne du pluriel: « Vous n’êtes pas en mesure de faire des choix. Vous êtes esclave de la nécessité, c’est une position qui vous convient très bien, vous n’en avez jamais réclamé d’autre.» (p.46), «À vrai dire, vous n’êtes même plus certaine d’être retournée, tout à l’heure, dans cet autre appartement que vous fréquentez en secret depuis des années. Les contours et les masses, les couleurs et le style se confondent au loin. Cet homme qui vous recevait, a-t-il seulement existé? […] Malgré le flou qui règne sur vos souvenirs, vous vous sentez très libre.» (p. 10) |
| |
| __**//Le culte de la collision// - Christophe Carpentier**__ |
| |
| dolescent à tendance psychopathique de dix-huit ans, Tanguy Rouvet s'embarque dans un périple qui durera plusieurs mois et le conduira à Dijon, Chamonix, Toulon et El Elijo en Espagne.Ce dernier tue sa mère, est recueilli par une famille dijonnaise chez laquelle il change d'identité. Après un dur périple en montagne, il est hébergé par un couple chez qui il change encore une fois d'identité.Trois fois, le personnage principal adopte un nouveau prénom. À deux reprises, il déchire sa carte d'identité. Une fois, même, une chirurgie de reconstruction du nez et des oreilles lui donne l'occasion de changer son visage."La véritable identité d'une personne n'est pas celle dont on hérite à notre naissance, mais celle qu'on parvient à se fabriquer soi-même, à force de tâtonnements." (p.65) |
| |
| __**//Nuage rouge// - Christian Gailly**__ |
| |
| Le narrateur, bègue, découvre son ami Lucien mutilé dans les bois; la femme qu'il venait d'agresser, et que la narrateur a croisé couverte de sang au volant de la voiture de son ami, lui a tranché les organes génitaux.Ce narrateur incertain, pleins de questionnements, va être mandaté par Lucien, dépressif et repentant, pour aller au Danemark intercéder en sa faveur auprès de cette femme. Il se nouera alors entre elle, veuve de marin qui ignore qui il est vraiment, et le narrateur, malheureux en ménage, une relation étrange, l'ancien bègue devenant amoureux d'elle et trahissant donc la confiance de son ami Lucien. Celui-ci se vengera: demandant à son ami de l'aider à se suicider, il mourra bel et bien, mais après s'être assuré que c'est son ami qu'on accusera. Le roman se lit donc comme une sorte de confession ou de témoignage du narrateur. L'interprétation et la justesse de la narration sont ici très proches et se recoupent par moments. Mais il y a certains éléments relevant du flou de la voix narrative qui questionnent la connaissance réelle que l’on peut avoir du monde et des évènements. C'est à travers la narration incertaine, indécise, souvent reprise, que l'identité vacillante du narrateur se dessine. |
| |
| __**//Tibère et Marjorie// - Regis Jauffret**__ |
| |
| Tibère et Marjorie forment un couple depuis une dizaine d’années. Subitement, Marjorie annonce à son conjoint qu’elle veut le quitter et ne veut plus le voir, parce qu’elle l’aime trop. Suite à ce paradoxe, une panoplie d'autres évènements arrivent qui impliquent des membres du parlement et la soeur nymphomane de Marjorie. Marjorie a une peur inexplicable du sexe masculin et de tout ce qui en est un dérivé (fluides corporels). Marjorie est une femme désorientée et contradictoire, qui ne peut pas être seule, mais qui est incapable de se laisser approcher, car elle interprète mal les actions et les dires des gens qui l’entourent. Elle leur prête tous de mauvaises intentions, surtout aux hommes. Son rapport à la sexualité est également déconnecté de la réalité. Elle considère le sexe masculin comme un danger, comme une bête qui se réveille parfois et pourrait la tuer. Elle s’imagine que le ministre des Affaires étrangères a voulu la violer, alors qu’il lui a simplement parlé. À son départ, elle nettoie tout le salon par peur de tomber enceinte : « elle pensait aussi qu’il avait sans bruit vaporisé un nuage de spermatozoïdes dans l’appartement. » (p. 125) Lorsqu’elle était transportée dans une salle de l’hôpital pour y être soignée, elle « se demandait si elle n’avait pas été enlevée par un maniaque qui allait l’entraîner dans une salle d’opération désaffectée et la violer après l’avoir endormie d’une injection de penthotal (p. 35). » Ces interprétations faussées la poussent à agir ensuite de façon déconnectée, comme lorsqu’elle se rend à la Closerie des Lilas avec un soluté dans le bras, en trainant son pied à perfusion ou qu’elle enlève sa culotte devant le ministre pour lui présenter à son tour son sexe. Tibère, son amoureux ne réussit pas à la comprendre ou à suivre ses raisonnements. Selon lui, « Elle avait peut-être une douzaine de petits cerveaux comprimés dans son crâne, qui réfléchissaient chacun dans son coin, et lui conféraient une personnalité cacophonique. » (p. 67) « Elle ne l’étonnait jamais, il savait que ses neurones étaient connectés entre eux par un réseau de synapses beaucoup plus complexe que le sien. Cette organisation lui conférait une personnalité qui n’était pas seulement réversible, mais protéiforme, aléatoire […] » (p. 63-64) |
| |
| |