Outils pour utilisateurs

Outils du site


ranx:genette

GENETTE, Gérard, « Voix », dans Figures III, Paris, Seuil, coll. « Poétique », 1972, p. 225-265.

L'objectif poursuivi par Genette est d'étudier les relations entre le récit, la narration et l'histoire. Les études qui composent Figures III s'articulent en une suite : Critique et poétique, Poétique et histoire, La rhétorique restreinte (ou métaphore et métonymie), Métonymie chez Proust (ou la naissance du Récit), enfin Discours du récit (pour une technologie du discours narratif), un essai de méthode d'analyse ayant comme corpus textuel principal À La Recherche du temps perdu. La section Discours du récit se divise en trois partie : le temps, le mode, la voix, cette dernière s'attardant précisément à la question du narrateur. Le fait est que Genette s'attarde beaucoup à l'acte narratif, très peu au narrateur.

L'instance narrative : L'instance qui raconte l'histoire. Le rapport entre un énoncé et l'instance l'ayant produit se nomme énonciation; lorsqu'il s'agit d'un discours narratif, Genette le nomme narration. Le critique insiste sur le rôle fictif de l'instance : « la situation narrative d'un récit de fiction ne se ramène jamais à sa situation d'écriture. » Il convient donc de considérer l'instance narrative - évolutive - selon les traces qu'elle a laissées dans le discours narratif qu'elle est censée avoir produit.

Temps de la narration : Contrairement au lieu de la narration, il est pratiquement impossible de ne pas situer temporellement l'histoire par rapport à l'acte narratif. La narration peut être ultérieure, antérieure, simultanée ou intercalée.

Niveaux narratifs : Une distance, ni temporelle ni spatiale, entre les éléments (personnages, lieux, narrateur…) avec le récit. La narration figure un seuil, à partir duquel nous pouvons déterminer un niveau intradiégétique (à l'intérieur du récit) ou extradiégétique (à l'extérieur du récit). Tout événement raconté par un récit est à un niveau diégétique immédiatement supérieur à celui où se situe l'acte narratif producteur de ce récit. Des événements racontés dans un récit constituent un récit second, métadiégétique.

Récit métadiégétique : Genette distingue trois relations pouvant unir le récit métadiégétique au récit premier dans lequel il s'insère. a) une causalité directe. Dans ce cas, le récit second a une fonction explicative, il répond généralement à cette question : quels événements ont conduit à la situation présente ? b) une relation thématique. La situation racontée est contrastante ou analogue au récit premier. c) la relation n'est pas explicite, c'est l'acte narratif en tant que tel qui remplit une fonction dans la diégèse, peu importe le contenu.

Métalepse : toute intrusion du narrateur ou du narrataire extradiégétique dans la diégèse, du personnage diégétique dans un univers métadiégétique ou inversement, est une métalepse. C'est dire qu'il existe une frontière mouvante mais sacrée entre deux mondes, celui où l'on raconte et celui que l'on raconte.

Personne : Le romancier ne choisit pas entre deux formes grammaticales (je, il) mais entre deux attitudes narratives : faire raconter l'histoire par l'un de ses « personnages » (le mot est entre guillemets, choisi par Genette « faute de mieux », qui met trop l'accent sur la qualité d'être humain) ou par un narrateur étranger à cette histoire. Comme le narrateur peut à tout instant intervenir comme tel dans le récit, toute narration est virtuellement faite à la première personne. La question est de savoir si le narrateur a l'occasion d'employer la première personne pour se désigner comme un personnage. Si le narrateur est absent à l'histoire il est hétérodiégétique, s'il est présent comme personnage de l'histoire qu'il raconte, il est homodiégétique. Alors que l'absence est absolue, la présence a des degrés; lorsqu'il est héros de cette histoire (degré le plus fort), il est autodiégétique.

Fonctions du narrateur : elles sont au nombre de cinq, seule la première est forcément remplie dans chaque récit. a) Fonction narrative (raconter l'histoire) b) Fonction de régie (rend explicite certaines articulations du discours, des connexions…) c) Fonction de communication (fonction phatique et conative envers le narrataire, un « personnage » dans l'esprit de Genette qui, en creux, est un appel aux destinataires) d) Fonction émotive (son rapport, parfois affectif, avec l'histoire) e) Fonction idéologique (commentaire de l'action sous sa forme la plus didactique. D'autres personnages peuvent avoir cette fonction)

ranx/genette.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

Donate Powered by PHP Valid HTML5 Valid CSS Driven by DokuWiki