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livrenum:critique_de_deprise [2017/03/20 12:37] – charles | livrenum:critique_de_deprise [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1 |
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Dans l’hypothèse où la lecture en contexte numérique peut être définie en termes d’une manipulation physique du lecteur sur un support, il ne faut pas oublier la manifestation de cette manipulation à l’écran, ce qui constitue grosso modo la définition de l’interactivité où le « média est non plus simplement support, mais interface et outil, servant à traduire nos actions //premières// en actions //secondes// ». Mais il arrive que cette réponse de l’ordinateur ne corresponde pas à nos attentes et appréhensions. C’est que le programme que nous pensions maîtriser se dérobe à notre bon vouloir et qu’il en vient à nous manipuler. C’est pourquoi ce que font implicitement Serge Bouchardon et Vincent Volckaert à travers leur création, c’est de nous mettre en garde. Ils nous forcent à prendre conscience ou à nous rappeler notre impuissance : nous sommes devant quelque chose de prédéterminé, de préprogrammé. Plutôt que de nous proposer une histoire où nous, lecteurs, serions les héros qui décideraient de la suite des événements dans une liberté trompeuse, //Déprise// nous rappelle à travers des figures de manipulation, la contrainte fondamentale de tout système informatique, et cela fonctionne. Même si l’œuvre peut nous déranger et nous contrarier, elle n’est pas conçue //contre// le lecteur, mais bien //pour// lui, afin de l’empêcher de tomber dans le piège d’une agentivité illusoire. | Dans l’hypothèse où la lecture en contexte numérique peut être définie en termes d’une manipulation physique du lecteur sur un support, il ne faut pas oublier la manifestation de cette manipulation à l’écran, ce qui constitue grosso modo la définition de l’interactivité où le « média est non plus simplement support, mais interface et outil, servant à traduire nos actions //premières// en actions //secondes// ». Mais il arrive que cette réponse de l’ordinateur ne corresponde pas à nos attentes et appréhensions. C’est que le programme que nous pensions maîtriser se dérobe à notre bon vouloir et qu’il en vient à nous manipuler. C’est pourquoi ce que font implicitement Serge Bouchardon et Vincent Volckaert à travers leur création, c’est de nous mettre en garde. Ils nous forcent à prendre conscience ou à nous rappeler notre impuissance : nous sommes devant quelque chose de prédéterminé, de préprogrammé. Plutôt que de nous proposer une histoire où nous, lecteurs, serions les héros qui décideraient de la suite des événements dans une liberté trompeuse, //Déprise// nous rappelle à travers des figures de manipulation, la contrainte fondamentale de tout système informatique, et cela fonctionne. Même si l’œuvre peut nous déranger et nous contrarier, elle n’est pas conçue //contre// le lecteur, mais bien //pour// lui, afin de l’empêcher de tomber dans le piège d’une agentivité illusoire. |
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L’utilisation d’un fond d’écran simple, majoritairement composée de noir et de blanc, nous rappelle le côté insondable de l’œuvre, cette sensation de ne pas tout connaître, de ne pas tout maîtriser. De plus, il est impossible pour le lecteur de revenir en arrière, la lecture ne peut se faire que d’une seule poussée, d’un seul souffle. Ces caractéristiques formelles corroborent à illustrer à quel point la thématique de la perte de contrôle est non seulement ressentie à l’intérieur du monde diégétique (par le personnage), mais aussi à l’extérieur de ce dernier (par le lecteur). La mise en phase est alors plus profonde, incisive, inévitable. Et si, par cette manière de faire, le dispositif numérique pourrait s’extirper de sa réputation d’être un médium froid, insensible? Et s’il nous permettait au contraire d’éprouver davantage? | L’utilisation d’un fond d’écran simple, majoritairement composé de noir et de blanc, nous rappelle le côté insondable de l’œuvre, cette sensation de ne pas tout connaître, de ne pas tout maîtriser. De plus, il est impossible pour le lecteur de revenir en arrière, la lecture ne peut se faire que d’une seule poussée, d’un seul souffle. Ces caractéristiques formelles corroborent à illustrer à quel point la thématique de la perte de contrôle est non seulement ressentie à l’intérieur du monde diégétique (par le personnage), mais aussi à l’extérieur de ce dernier (par le lecteur). La mise en phase est alors plus profonde, incisive, inévitable. Et si, par cette manière de faire, le dispositif numérique pourrait s’extirper de sa réputation d’être un médium froid, insensible? Et s’il nous permettait au contraire d’éprouver davantage? |
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**Verdict** : //Déprise//, et là réside sa plus grande force, nous amène à réfléchir à propos du contrôle que nous avons sur notre lecture (l’avons-nous déjà eu?), mais aussi sur nos vies et ce, en nous le faisant ressentir autant par le récit, que par notre manipulation du récit. | **Verdict** : //Déprise//, et là réside sa plus grande force, nous amène à réfléchir à propos du contrôle que nous avons sur notre lecture (l’avons-nous déjà eu?), mais aussi sur nos vies et ce, en nous le faisant ressentir autant par le récit, que par notre manipulation du récit. |