INFORMATIONS PARATEXTUELLES
Auteur : Marie-Louise AUDIBERTI Titre : Le vagabond immobile, Robert Walser Édition : Paris, Gallimard Collection : L’un et l’autre Année : 1996 Appellation générique : sans Bibliographie de l'auteur : (sélection)La dent d’Adèle (1978); Sophie de Ségur (1981); Brahms, un génie ordinaire (1991) Quatrième de couverture : sans Rabats : oui - 1) Texte de M.-L. A.sur RW : «Ce grand promeneur invite à la promenade. […] Sous couleur d’être marginal, relégué dans l’ombre, il se retrouve toujours au centre» (texte extrait des pages 8 et 9). 2) Description de la la collection.
LES RELATIONS (INSTANCES EXTRA ET INTATEXTUELLES):
Auteur/narrateur : Narrateur distant, rares prises de parole au «je» («Je note que ce texte clé, écrit au début du siècle, n’a été publié qu’en 1932, alors que Walser était déjà pensionnaire de l’asile psychiatrique de Waldau» (p. 13); «Je pense au chapeau sur la neige que l’on retrouvera bien plus tard près du corps de RW. Entre les deux images, toute une existence sous le signe de la disparition, voire de l’engloutissement» (p. 14)), le plus souvent impersonnel. «On pourrait se laisser abuser par la netteté de la phrase, sa clarté, l’humour sous-jacent…» (p. 9)
Narrateur/personnage : Intérêt manifeste du narrateur pour son objet, «fascination» déclarée même en rabat 1. Malgré cela, le narrateur présente RW comme un «inconnu» : «L’homme marche dans la ville. […] — mon inconnu est vêtu correctement mais pauvrement — » (p. 7) - «Vous le preniez pour un zéro, un hurluberlu? Lisez-le, vous verrez qu’il existe. Son écriture le met au monde» (p. 35). «À court d’argent, il aurait même proposé à l’écrivain Alfred Walter Heymel de servir comme domestique dans sa grande villa de Münich. Effarement de l’interlocuteur.» (p. 55).
Sujet d'énonciation/sujet d'énoncé : la vie paradoxalement humble et tragique du grand écrivain suisse, Robert Walser : ses petites joies et surtout ses déboires ; l’étrange rapport de l’œuvre à la vie (l’œuvre anticipant le destin de l’homme). «Employé de banque ou commis, élève ou serviteur, W retrace son parcours au fil des pages» (p. 51)
Ancrage référentiel : oui, on suit à coup de petits chapitres très courts le déroulement de cette vie pathétique; ses différents épisodes : «Le garnement. Né en 1878 à Bienne, petite ville de l’Oberland bernois, aux confins du Jura suisse, RW est l’avant-dernier de huit enfants […] un numéro, une redite. Comment trouver sa place?» (p. 18).Le cadre familial est dépeint : père inconsistant, mère sévère et coléreuse, un peu déséquilibrée, frère moralisateur, sœur protectrice. La narratrice retrace la vie du sujet à travers son œuvre et se livre à des allusions comparatives avec Kafka, Zorn et Proust (p. 24); elle décrit ses lectures : Lenau, Flaubert, Verlaine, son amour de la calligraphie et sa vie mouvementée d’employé de banque (I) animé par le besoin d’écrire (II - L’écrivain); ses auteurs cultes : Dostoïevski, Maupassant, Dickens.
De Zürich (1896) à Stuttgart (en 1895, il a 17 ans, il y vit la vie de Bohême avec son frère Karl, p. 34) puis à Thoune (1899), à Teuffelen (1902, cf. p. 41), Berlin (1905-1911), il fait tous les métiers. «Métiers, logements, W. se contente de passer (p. 38) ». Suivent les humiliations en Allemagne causées en grande part par son inadaptation sociale («Par gêne, il se montre sans gêne», p. 46; «Il sait qu’il n’est pas de taille à affronter le monde des puissants» (p. 50)), le retour au pays natal, relative accalmie avant la longue déchéance éclairée toutefois par la prise en charge de Carl Selig, journaliste qui le tirera de son mutisme.
«Quatre romans, plusieurs «dramolets», une série de poèmes, et une quantité de courtes proses […] Aujourd’hui, les principaux ouvrages sont traduits en français, et plusieurs volumes rassemblent la quasi-totalité des textes en édition allemande» (p. 8) «Depuis 1896, RW vit surtout à Zürich où il exerce divers emplois dans des banques ainsi que dans un bureau de placement, connaît une dame qui lui fait lire Heine, et écrit des poèmes» p. 43
Indices de fiction : dans l’énonciation, signes d’incertitude : «Là-haut dans sa mansarde, après des heures d’écriture forcenée, ou peut-être un une lassitude vaguement gribouillée, il ne parvenait plus à se convaincre de sa propre existence. Il en pleurait presque…» (p. 7) - Suppositions échaffaudées à partir d’un récit de jeunesse : «cette fois nous suivons la mère et le fils et assistons à leur dialogue» (p. 15)
Topoï : l’effacement, la disparition volontaire, le désir d’anéantissement - perçus comme une sorte de prédestination : «Comme si la vie était écrite dès l’origine et qu’il suffisait de remplir les vides» (p. 31) - le poète maudit - «Disparaître, cela peut être le motif de toute une vie, le thème de tout une œuvre, le point d’ancrage de toute résurrection […] Cette soif d’effacement, de repli, fait songer à Kafka» (p. 17)
Biographé : Robert Walser
Pacte de lecture : très discret, à propos d’un homme étrange, que l’on va découvrir peu à peu, à travers ses propres livres par transposition des personnages. On apprend à la toute fin que «[W], personnage au destin singulier inspire des fictions, films, pièces…» (201)
Attitude de lecture : fascination pour le rôle prémonitoire de l’œuvre dans la vie
Hybridation, Différenciation, Transposition : liens avec la vie de Kafka, voire de Virginia Woolf («une chambre à soi», p. 37) - également Nietzsche, Kleist («Kleist à Thoune», p. 41), Hölderlin, Dickens…
Autres remarques Illustration de page couverture d’après un dessin du frère admiré et envié de RW, Karl Walser. Amusante présence d’une «Frau Eden, spécialiste en littérature allemande» (135)
Rédigé par Élisabeth Haghebaert, oct. 2001