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Viart, Dominique & Bruno Vercier, La Littérature française au présent : héritage, modernité, mutations, Paris, Bordas, 2005.

« Introduction », p. 5-26 « Les Écritures de soi », p. 27-126 1. Variations autobiographiques : Les distinctions entre fiction et réel tombent, le retour du sujet privilège l’évolution de l’écriture de soi. Viart remarque une tendance à « reprendre le matériau romanesque antérieur pour en donner la version ‘‘authentique’’ : venir à soi en partant de cet autre qui en fut la transposition originelle (Duras, Ernaux, Simon), en procédant à des relectures/réécritures de soi. » p. 39 L’autobiographie n’est plus un genre, elle est une oeuvre en dialogue, et les genres sont des « moments » de cette oeuvre, liés à la conception du sujet en voie de changement. (p. 42-43) Autofiction : « Pas de fiction à proprement parler, comme chez Perec, ni de roman, mais une écriture singulière qui transforme cette existence en un texte qui ne ressemble à rien de connu. » p. 29 Autobiographie : « Si l’autobiographie recèle quelque quelque vérité, c’est dans la manière de dire, pas dans ce qu’elle dit. La vérité de chaque individu doit s’inventer, et elle invente, à chaque fois, une écriture. » p. 29 2. Journaux, Carnets L’instantanée est mise en valeur grâce à l’ouverture à la photographie, aux biographèmes, de l’écriture de soi. Le journal semble être plus affaire aux romanciers et autobiographes, et le carnet aux poètes. Journal : Le Journal « est devenu la colonne vertébrale de l’oeuvre, tronc d’où partent ces branches qui sont des livres, ce qui la soutient et la détermine toute entière, véritable mise en texte de l’écrivain lui-même. Ce qui n’était qu’un document sur la vie et l’oeuvre d’un auteur est désormais le ‘‘corps’’ de l’oeuvre, sa possible matrice, symptôme du recentrement du sujet dans les préoccupations contemporaines. » p. 66 3. Récits de filiation La quantité énorme de récits de filiation traduit une nécessité générale de notre époque, époque marquée par une « crise » de l’écriture, affrontée par une remise en question des repères, des valeurs, des références, des discours. En effet, il s’écrit à partir d’un manque, afin de savoir qui on est en interrogeant ce dont on hérite, ce qui nous hante. « 1. Le récit de l’autre – le père, la mère, ou tel aïeul – est le détour nécessaire pour parvenir à soi, pour se comprendre dans cet héritage : le récit de filiation est un substitut de l’autobiographie. 2. Le texte s’accommode mal du modêle romanesque, et cherche à trouver une forme qui lui soit propre, hors du traditionnel cheminement autobiographique. […] Cette forme sera justement celle du récit de filiation qui traite avec le roman par la fiction que parfois il est obligé de construire et avec l’autobiographie par les dimensions factuelle et intime qui sont les siennes, sans jamais s’y résorber pour autant. 3. Le récit de filiation ne se déploie pas selon une linéarité chronologique restituée. Il est d’abord un recueil […] Il est ensuite, par la force des choses, une enquête 4. Enfin ce type de texte pose la question de la langue. » p. 77-78 4. Fictions biographiques Ces textes génériquement indécidables se donnent comme des tentatives de restitution des vies singulières, distinctes de l’autobiographie de l’auteur. Le sujet se cherche dans la figure de l’autre, en construisant sa fiction de l’autre. (p. 100) Ils se distinguent par leur agencement narratif , qui procède non dans la continuité restaurée d’une vie, mais par touches brisées, fragmentées, déviées. (p.106) Fascination pour les figures de la modernité. —Fictions critiques

« Écrire l’Histoire », p. 127-206 La structure narrative du roman historique contemporain diffère des romans historiques traditionnels : le récit linéaire est remplacé par « une reconstruction hésitante et inquiète d’expériences partielles, habitée par une double question : comment en est-on arrivé là ? L’homme a-t-il encore un quelconque avenir ? » p. 126 1. La Littérature contemporaine et la Grande Guerre 2. Mémoire et enquête : la Seconde Guerre mondiale 3. La Littérature des camps 4. L’Apocalypse… et après Fiction de témoignage : Forme spécifique de la littérature contemporaine qui introduise « l’idée que le témoignage peut être aussi une forme littéraire, indépendamment de la réalité attestée ou non des faits. » p. 197 La spécificité cette forme littéraire dans nos jours, c’est qu’elle est désormais liée à la mémoire des camps.

« Écrire le monde », p. 207-300 1. Écrire le réel : Le propos de la littérature contemporaine « est donc de parvenir à trouver les moyens d’écrire le réel sans sacrifier à son tour aux illusions ni aux faux-semblants de l’esthétique réaliste. » (P. 206) « Écrire le réel, ce n’est donc plus installer une ‘‘histoire’’ dans un cadre réaliste, mais aller directement vers cette matérialité même du monde qui témoigne de ce qu’il fut et devient. » (p. 221) 2. Fiction et faits divers (Après la lecture de Blanckeman, B. et al (dir.), Le Roman français au tournant du XXIe siècle, il est évident que ce chapitre reprend, de façon dense et abrégée, l’article « Fictions en procès », de Viart.) La « spécificité contemporaine [de l’écriture inspirée des faits divers], révélatrice de la posture singulière de la littérature de notre temps » […] serait, selon Viart, qu’« il ne s’agit pas seulement d’écrire ces faits, ni d’en explorer la matière romanesque : notre époque produit un discours critique à leur endroit comme à l’endroit de ses propres productions littéraires. Aussi y va-t-il d’une double posture critique : envers le fond comme envers la forme. » (p. 229) Ces textes ne sont pas, de façon générale, principalement narratifs, mais « procèdent plutôt par fragments de narration enchâssés dans d’autres modalités textuelles, et par approches diffractées, non linéaires, de la matière du récit. » (p. 230) « Aussi faut-il y voir une prise de distance avec les esthétiques réalistes qui postulent une possible ‘‘objectivité’’ : pour la littérature contemporaine, il n’y a pas d’en-soi de l’événement. » (p. 231) « Mais que le narrateur en vienne à ne plus savoir comme écrire son récit, ni quelle place se donner dans le texte sinon au prix de changements dans la structure énonciative, paraît très caractéristique d’une époque en manque de certitudes et de repères, inquiète d’elle-même et de sa pensée. » (p. 240) « Sauf dans sa dimension théâtrale, […] la littérature contemporaine refuse cette déshistoricisation et préfère souligner les dimensions historiques et les résonances sociales du fait divers. » (p. 241) Ces textes sont exemplaires de la « profonde nature critique de la fiction contemporaine. » (p. 244) 3. L’Engagment en question « Au début des années 1980 en revanche, l’ “intervention” littéraire n’est plus proscrite : les “écritures du réel” en ont donné l’exemple. […] Loin du “roman à thèse”, la littérature contemporaine procède plutôt par saisie critique du monde qui l’entoure et relecture non moins critique des discours qui témoignent du passé. » p. 246 4. Littérature et culture Fictions archéologiques : « Ni essais, ni romans historiques, de telles fictions, que je propose de nommer ‘‘archéologiques’’ […] pour la place qu’y occupe cette pratique de désenfouissement, témoignent du besoin contemporain de réenraciner un présent veuf de ses ancrages dans ce qui a contribué à le faire tel qu’il est devenu. » (p. 267) Fictions critiques : p. 272-276 5. La Littérature et l’image

« Être de son temps ? », p. 301-354 — Écritures féminines — Écritures « gays » — Nouveaux mystiques — Nouveaux hédonistes

« Séductions du récit », p. 355-411 — Romans académiques — Nouvelle fiction 3. Le Roman « impassible » et ludique « Ces romans privilégient le récit sur l’histoire, qui, en dernier ressort, importe peu, mais amusent beaucoup, parfois au péril même de sa cohérence. » (p. 386) « Force est de constater que le terme de ‘‘postmodernité’’, ou celui du ‘‘minimalisme’’ que l’on commence à leur attribuer, ne convient qu’imparfaitement à ces écrivains. » p. 391 — Le Roman fantaisiste 4. Malaises du roman « Abandonnant l’imaginaire qui fut son point fort, le roman s’est emparé du plus virtuel de nos existences. Explorant leurs trames emmêlées et mesurant leurs répercussions, parfois, sur les vies effectives, il creuse désormais le malaise de nos identités imparfaites. » p. 408 Romans de l’écart : L’écrivain pousse à l’extrême un postulat insignifiant. Un écart, parfois minime, devient la principe qui mène l’ouvrage. ( p. 397-398)

« Conclusion », p. 493-496 Les traits principaux de la littérature française contemporaine (1980-2005) selon Viart et Vercier : elle est « réancrée dans le monde après décennies de relatif solipsisme, elle est une littérature ‘‘transitive’’, qui se redonne des objets : l’écriture du sujet, de l’Histoire, du réel, l’engagement social. Ce faisant, elle entre en dialogue avec les sciences humaines et avec les autres disciplines artistiques auxquelles elle mesure ses perceptions et ses réflexions, fondant une ‘‘épistémologie’’ proprement littéraire. Héritière du ‘‘soupçon’’ que les générations précédentes ont posé, elle ne s’y dérobe pas, mais travaille avec, et interroge constamment ses propres pratiques. Aussi ne prétend-elle pas diffuser un ‘‘savoir’’ dont elle serait garante : sa légitimité, elle la trouve au contraire sans le scrupule avec lequel elle avance. Car elle n’a pas rompu avec la modernité : si elle prend distance avec ce que celle-ci pouvait avoir de péremptoire et de théorique, elle en conserve en revanche la profonde dimension critique. Aussi est-ce une littérature inquiète souvent, nostalgique parfois, drôle autant que sombre, mais combien exigeante et tonique. » (p. 495-496)

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