Table des matières
7- Validité
De toutes les notions du plan proposé, celle de la validité demeure la plus complexe à traiter, dans la mesure où elle implique davantage une lecture métacritique. On pourra peut-être se référer aux différents bilans déjà proposés par Kim Leppik, Viviane Asselin et Manon Auger, ainsi qu’au bilan synthèse de mi-parcours pour enrichir le présent document.
7a) question de la valeur
On peut sans doute ici se pencher sur des aspects davantage institutionnels, aux débats qui ont cours sur la valeur de la littérature contemporaine, aux questions touchant la mort de la littérature, aux tentatives de légitimation subtiles (les numéros de revues consacrées à des auteurs particuliers, les grands exemples) ou moins subtiles (prises de positions plus militante).
Plusieurs parlent d’une « surabondance » de la littérature actuelle, ce qui complique notre tâche, mais aussi celle de la sélection, de la « valorisation » de celle-ci. Par exemple, Majorano dit que la littérature de l’extrême contemporain est une littérature d’excès, c’est-à-dire dans sa production excessive des marchandises (surtout quand il s’agit du romanesque). (Majorano, 2007, reformulé par Leppik) Il pourrait alors être intéressant de voir s’il s’agit de la même surabondance que celle dont parle Ricard à propos de la littérature québécoise, mais aussi celle dont parlent la majorité des critiques québécois par rapport au roman, jugé à la limite trop proliférant pour être catégorisé… Ricard dit d’ailleurs : « Que l’on me comprenne bien : je ne dis pas qu’il n’y a plus de bons écrivains, des écrivains qui poursuivent une véritable aventure littéraire ; tout ce que je dis, c’est qu’il devient très difficile, dans les conditions nouvelles où nous sommes, non seulement de les isoler parmi la foule des autres et de les reconnaître pour ce qu’ils sont, mais même de dire pourquoi et au nom de quoi nous le faisons. » (2003 : 76)
Il y a aussi toute la question de la démocratisation de la littérature qui semble en hanter plus d’un : « Après 1970 et jusqu’à nos jours, nous vivons, en ce qui concerne notre situation artistique, dans une nouvelle ère : maintenant le mot appartient à l’écriture et l’écriture appartient à tout le monde. Chaque enfant, chaque femme et chaque homme a le droit de façonner le monde à sa guise ou, comme on dit, participer à l’écriture du monde, de faire partager son écriture. » (Proguidis, 2001 : 90)
7b) mécanismes de validation
Les enjeux évoqués dans la partie « parcellisation des sphères littéraires » concernant le partage entre sphère de grande production et sphère de production restreinte pourraient aussi se retrouver ici.
Je retiens pour le moment la réflexion de Samoyault en ce qu’elle s’attarde justement à tenter de saisir ce qui fait qu’une œuvre retient l’attention plus qu’une autre :
« Faire du nouveau, s’inscrire dans une modernité, c’est dès lors ajouter quelque chose à la mémoire. C’est ce quelque chose qui dérange le présent et qui ne fait jamais de l’écrivain un exact contemporain. À quoi cela tient-il ? On peut évidemment poser des critères, plus internes qu’externes, pour tenter de dire en quoi, pourquoi, un texte est littéraire et par quelles voies il impose des modes de rupture : on le fait bien pour le oeuvres du passé, soumises à divers types d’analyse, pourquoi ne le ferait-on par pour les oeuvres contemporaines ? C’est critères pourraient être 1) Le rapport d’un texte à son genre […] ; 2) L’énonciation consciente : le texte dit, de façon plus ou moins implicites, sa volonté de faire oeuvre […] ; 3) Le jeu de l’ancrage et du désancrage : un texte est littéraire (ce qui ne préjude [sic dans la fiche…] évidemment pas de sa qualité) à partir du moment où il s’incrit dans la littérature présente ; mais, en outre, un texte est littéraire à partir du moment où il s’inscrit dans la littérature passée, présente, à venir. […] Le travail du langage : écrire contre, ou autrement. […] » (Samoyault, 2001 : 18-21)
Et celle de Sarrey-Strack : La « terreur théorique » voit sa fin mais la théorie demeure importante en ce qu’elle décide de la visibilité immédiate des œuvres (Sarrey-Strack, 2002 : 10?).