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FICHE DE LECTURE « Les Postures du biographe » et « Figures d’écrivain »
INFORMATIONS PARATEXTUELLES
Auteur : Daniel OSTER Titre : Monsieur Valéry Lieu : Paris Édition : Seuil Collection : Pierres vives Année : 1981 Pages : 182 Cote UQAM: PQ2643A26.Z81 Cote BANQ : 841.912 V166 1981
Biographé : Paul Valéry Pays du biographe : France Pays du biographé : France
Désignation générique : Essai.
Quatrième de couverture : D’abord, une mise en contexte de la IIIe République. Ensuite : « Contemporain de Nietzsche et de Freud, mais aussi de Mach, de Wittgenstein, du Cercle de Vienne, de Musil et de son Homme sans qualités dont il est le frère jumeau, Valéry s’écarta très tôt du cristal d’un formalisme littéraire où on continue à l’enfermer, pour se consacrer, durant cinquante ans et chaque matin, à l’exploration d’un système humain sans homogène, d’une totalité sans tout, restituant toute leur force au hasard, à l’insignifiant, au partiel et au pluriel, à l’intervalle et à la ‘‘rature indéfinie’’ Ce faisant, il définissait une figure de l’intellectuel (sociologue, anthropologue, philosophe-artiste) qui ne se légitimait ni dans l’Histoire, ni dans le Vrai et ses doublures, mais dans le « nulle part » de cette conscience qui n’est plus la conscience morale mais celle du passage. « Personnage à multiples avatars, héros à plusieurs faces du roman de l’esprit qu’il ne cessait d’entreprendre, Valéry peut être aujourd’hui redécouvert, notamment dans le miroir fragmenté de ses Cahiers, et débarrassé d’une lecture étroitement littéraire d’une œuvre qui court entre Héraclite et Einstein. […] »
Cette quatrième de couverture me semble, dans ses moindres détails, représentative du contenu de l’ouvrage d’Oster.
Préface : L’ouvrage ne comporte pas de préface.
Autres informations : Une citation de Valéry figure en épigraphe : « Tu n’as pas encore compris qu’il n’y a ni haut ni bas… Eh bien, va-t’en ! » En couverture, il y a une page de manuscrit avec dessin à la plume pour le Cimetière marin.
Textes critiques sur l’œuvre et/ou l’auteur : Mes recherches se sont malheureusement avérées totalement vaines, concernant cet ouvrage en particulier. J’en ai au plus trouvé quelques mentions (très élogieuses) dans des textes consacrés à d’autres livres d’Oster.
SYNOPSIS
Résumé ou structure de l’œuvre : L’ouvrage est constitué d’une série de courts textes qui comporte un titre correspondant généralement à son contenu et dont l’organisation fonctionne à peu près de la manière suivante :
Le premier chapitre, « Départ », décrit le contexte social et culturel dans lequel Valéry fait son entrée dans le monde intellectuel, c’est-à-dire la fin du XIXe siècle, alors que le second, « Quand il meurt », procède à peu près de la même manière, mais en se penchant sur l’époque de son décès, survenu en juillet 1945. Ce faisant, l’auteur s’exprime peu lui-même, laissant place au témoignage des contemporains de Valéry (Oster reprendra la même technique dans La Gloire, à propos de Mallarmé).
Les chapitres suivants gravitent généralement autour d’une thématique plus ou moins précise, que celle-ci soit centrée sur un concept (« Thermodynamique », « Le Style », « Éros », « Idiotie », etc.), une œuvre de Valéry (« Capitaine Descartes », « Léonard », « Teste ou la Réduction », « La Jeune Parque », « Charmes »), des questions touchant la littérature en général (« Dans les clichés symbolistes », « Théâtres », « Où va la littérature ? », « Où va l’écrivain ? », etc.), ou encore le parcours de Valéry (« Le premier formalisme », « Le second formalisme », « Testificatio », etc.) ou certaines de ses habitudes (« Rêves », « Réveils »). En tout, Monsieur Valéry rassemble trente-deux courts textes qui, en somme, rendent compte de Valéry surtout comme écrivain – et très peu comme individu – et portent une attention très minutieuse au contexte culturel où cette œuvre a éclos. Oster va parfois même jusqu’à délaisser temporairement son objet d’étude central, montrant ainsi que c’est moins Valéry-homme que Valéry-intellectuel qui l’intéresse, et laissant même entrevoir que la connaissance vers laquelle il tend – et nous conduit – concerne moins Valéry que la littérature en général.
Topoï : La pensée valéryenne, dans toutes ses subtilités et ses influences, est au cœur de cet essai. Une réflexion sur le phénomène littéraire, également. La question de la légitimation de l’écrivain au sein de la société est également une préoccupation récurrente.
Rapports auteur-narrateur-personnage : L’auteur s’exprime en son nom propre, même si sa subjectivité est la plupart du temps implicite (elle se manifeste surtout dans un point de vue ironique, et dans les choix thématiques et les digressions qu’il se permet, qui entretiennent parfois un lien un peu oblique avec l’objet principal de l’ouvrage). Il ne se met de l’avant explicitement qu’une seule fois dans le texte : après des pages et des pages d’une narration très théorique et aride à propos du problème du sujet dans la pensée de Valéry, il écrit : « Rigolons donc. Fichons un bon coup de clinamen dans cette tentative absurde de rassembler en quelques pages cinquante années de réflexion […] » (1981 : 110) ; puis enchaîne avec une description sommaire de son environnement immédiat « [a]u moment où [il] écri[t] ces lignes. » Le texte, en général, ne m’a pas paru entretenir une ambiguïté quelconque quant à l’identité de la personne qui parle (même si en fait, comme Oster le développe dans L’individu littéraire, un « je » ne peut pas correspondre selon lui à un individu, mais seulement à une instance de langage ; toutefois, cette question n’est pas vraiment problématisée ici, ce qui permet de supposer une certaine transparence dans le « je » du narrateur).
Valéry n’est pas présenté comme un personnage, puisque c’est presque exclusivement de son œuvre – et de ce qui gravite en périphérie – qu’il est question dans l’essai. Cependant, Oster semble établir une relation d’équivalence entre Valéry et Teste, celui-ci étant présenté comme un double de son auteur. Il écrit même à quelques reprises « Valéry-Teste » (1981 : 86 ; 132). D’autres rapports semblables sont liés par l’auteur entre Valéry et d’autres personnes ou personnages, notamment Léonard de Vinci, Ulrich, le personnage de L’Homme sans qualité de Musil, et Roland Barthes, le « concurrent-référent » de Valéry (1981 : 73).
POSTURES DU BIOGRAPHE
I. ASPECT INSTITUTIONNEL
Position de l’auteur dans l’institution littéraire : Au moment où paraît Monsieur Valéry, Oster, agrégé et docteur ès lettres, a déjà publié quatre romans, deux recueils de poésies, des essais sur Jean Cayrol et Guillaume Apollinaire, et édité les œuvres complètes de Montesquieu et de Lautréamont, et Splendeurs et Misères des courtisanes de Balzac. De plus, il travaille au secrétariat de l’Académie française depuis le début des années 1960, où il est notamment chargé de la publication du dictionnaire. Il collabore également aux revues Les Nouvelles littéraires et La Quinzaine littéraire. Il reste cependant très peu connu.
Position du biographé dans l’institution littéraire : Valéry a été canonisé de son vivant, ayant même droit à des obsèques nationales. Cependant, comme le sous-entend la quatrième de couverture, si Valéry peut être « aujourd’hui redécouvert », c’est sans doute parce qu’on l’a un peu oublié, ou du moins qu’on a cessé de s’interroger sur son œuvre. Néanmoins, il figure parmi les auteurs les plus importants de son siècle.
Transfert de capital symbolique : Certaines des motivations d’Oster sont évoquées sur la quatrième de couverture, où on peut lire : « Valéry s’écarta très tôt du cristal d’un formalisme littéraire où on continue à l’enfermer » ; « Valéry peut aujourd’hui être redécouvert […] débarrassé d’une lecture étroitement littéraire » ; « Daniel Oster entend restituer à l’auteur de Monsieur Teste […] ». Ces formulations supposent que la tradition littéraire aurait mal interprété l’œuvre de Valéry et qu’un travail de réinterprétation s’impose. S’il y a effectivement transfert de capital symbolique, j’aurais tendance à croire qu’il s’agit d’une conséquence collatérale (mais rien dans le texte lui-même ne me permet de vraiment justifier cette intuition, qui m’est surtout inspirée par le rejet clair par Oster de tout éventuel transfert de capital symbolique dans ses ouvrages sur Mallarmé où, dans les deux cas, le nom du grand poète ne figure ni en titre, ni même en sous-titre.)
II. ASPECT GÉNÉRIQUE
Place de la biographie dans l’œuvre de l’auteur : Voir la bibliographie préparée pour le dossier Oster.
La question de la biographie est omniprésente dans l’œuvre d’Oster, puisque celui-ci considère qu’il n’y a pas réellement de clivage entre la vie et l’œuvre, celle-ci faisant selon lui partie des événements de la vie. Plus particulièrement :
• Dans l’intervalle, Paris, Éditions P.O.L., 1987, 184 p. Biographie imaginaire d’Edmond Teste, personnage de Monsieur Teste, qui met en scène des personnages fictifs et des personnes réelles, notamment Ettore Schmitz, plus connu sous le nom d’Italo Svevo.
• Stéphane, Paris, Éditions P.O.L., 1991, 126 p. Biographie fictive de Mallarmé. Oster raconte un voyage du poète à Bruxelles, en se détournant des circonstances véritables de ce voyage qui a effectivement eu lieu. À la fin du livre, Oster avoue avoir raconté une histoire fictive, et explique pourquoi.
• La Gloire, Paris, Éditions P.O.L., 1997, 171 p. Portrait fragmenté de Mallarmé, dressé à partir de recours à la critique mallarméenne, de témoignages, et d’impressions personnelles.
• L’individu littéraire, Paris, Presses Universitaires de France (Coll. « Écriture »), 1997, 239 p. Dans cet essai consacré à la figure de l’écrivain, Oster se penche particulièrement sur la question de la biographie.
Stratégies d’écriture et dynamiques génériques : La principale stratégie d’écriture employée dans ce texte me semble consister en la mise de l’avant de la parole de Valéry, à laquelle Oster fait une très large place dans son ouvrage.
La fiction n’est, dans Monsieur Valéry, qu’une thématique (plutôt qu’un mécanisme). Oster tente de dresser un portrait de la pensée valéryenne non en recourant à son propre imaginaire, mais plutôt en réfléchissant à l’œuvre en la confrontant aux idées qui l’ont fait naître. Ainsi, l’œuvre est mise en rapport avec le contexte historique d’où elle émerge (c’est surtout vrai pour les œuvres de jeunesse). Mais Oster confronte également Valéry à ses modèles intellectuels et à ses propres idées.
Thématisation de la biographie : Oster aborde la question du biographique, non par rapport à son propre travail, mais plutôt pour rendre compte de la position de Valéry face au biographique. Il souligne notamment le conflit vécu par celui-ci entre sa propre perception de la vie humaine, essentiellement fragmentée, et la tradition biographique, qui le pousse au contraire à voir dans une existence une certaine unité (voir chapitre intitulé « Héros », pp. 25-29).
III. ASPECT ESTHÉTIQUE
Œuvres affiliées du biographé : Oster réfère à presque toutes les œuvres qui figurent dans la bibliographie qui, de son propre aveu, ne comprend que la partie « indispensable des textes publiés » (1981 : 177), mais qui compte néanmoins plus de quatre-vingts titres. Les commentaires sur des œuvres portant sur des sujets connexes sont souvent regroupés dans le même chapitre. Cependant, la figure de M. Teste occupe une place particulièrement importante puisqu’elle constitue, selon Oster, un double de Valéry. Les Cahiers sont cités abondamment, et Oster semble les placer du côté de la « quotidienneté » de Valéry. En somme, absolument rien n’est dit sur Valéry dans cet ouvrage qui ne soit pas directement lié à son œuvre.
Échos stylistiques : Je n’ai pas suffisamment lu Valéry pour être familière avec son style, mais étant donné la manière dont le texte est saturé de citations (qu’Oster encadre toujours de guillemets et dont il donne systématiquement la référence), je crois qu’il est tout à fait permis de croire que le style qu’emprunte Oster est « contaminé » par la prose valéryenne, même si je ne crois pas qu’il tente de l’imiter.
Échos thématiques : Monsieur Valéry s’intéresse presque exclusivement aux sujets abordés dans l’œuvre de Valéry.
IV. ASPECT INTERCULTUREL
Affiliation à une culture d’élection : Monsieur Valéry est le livre d’un Français consacré à un Français. Néanmoins, en s’intéressant à une figure de son propre passé culturel, Oster réactive une filiation et valorise une époque révolue.
Apports interculturels : Oster ne dresse pas vraiment de parallèles entre son époque et celle de Valéry. À l’exception de quelques scientifiques étrangers, il ne renvoie pas non plus à des gens issus d’autres cultures que la sienne.
FIGURES D’ÉCRIVAIN
Résumé du projet : Devant la multiplication de ces figures, nous faisons l’hypothèse que l’articulation de la vie et de l’œuvre est devenue pour les auteurs contemporains un enjeu majeur de l’écriture qui renvoie à un enjeu capital de la critique. Nous serons ainsi amenés à examiner la manière dont les productions contemporaines jouent sur la frontière qui tantôt unit, tantôt sépare un écrivain (réel ou fictif) et son œuvre (avérée ou inventée).
Objectif : Dégager un portrait d’ensemble du rapport vie-œuvre tel qu’il est mis en scène dans la littérature contemporaine (entendre, depuis 1980).
Porter une attention aux points suivants :
1) Les schémas argumentatifs au fondement des métadiscours qui envisagent le rapport entre la vie et l’œuvre, l’étayant ou le contestant selon les cas : inventaire et interprétation des divers schèmes argumentatifs qui arriment la vie à l’œuvre. L’objectif est de cartographier et systématiser les topoï et les visées qui sous-tendent l’argumentaire contemporain du rapprochement vie-œuvre, de façon à pouvoir identifier nettement quelles conceptions de ce rapport migrent vers la fiction et la déterminent.
La conception qu’Oster a de l’individu et de l’œuvre est dominée par l’idée du fragment (c’est d’ailleurs par des fragments de l’œuvre et de la pensée valéryennes que s’organise la structure du texte, mais c’est aussi par des fragments qu’Oster développe sa propre pensée), qui est d’ailleurs un topos de l’œuvre de Valéry, évoqué directement à plusieurs reprises dans le texte, notamment dans le chapitre « Fragments », où Oster, inspiré par Valéry, écrit : « Le fragment est ainsi une mimésis de l’esprit, sa façon d’être naturelle. » (1981 : 72)
Puisque l’auteur ne semble pas procéder de manière véritablement systématique, mais plutôt par agencement de fragments, on n’a pas l’impression qu’il existe un véritable schéma argumentatif cohérent et unitaire qui puisse rendre compte de l’organisation des rapports entre la vie et l’œuvre dans Monsieur Valéry. Néanmoins, il peut être significatif de noter que la vie de Valéry n’est évoquée que dans le but explicite de la mettre en relation avec son œuvre littéraire. Il est question, par exemple, de la nuit de Gênes de 1892, moment de la vie de Valéry qui fonde son œuvre. Oster s’intéresse également aux matins que Valéry a passés, pendant cinquante ans, à rédiger ses Cahiers (dans le chapitre « Réveils », Oster prend comme point de départ le moment physique, concret, du réveil, et dérive vers le réveil comme abstraction : « Il y a un réveil de Notes et digressions par rapport à L’introduction à la méthode, un réveil de Rhumbs et d’Analecta par rapport aux vers anciens » (1981 : 141). Les circonstances de la vie sont donc englobées par l’œuvre et d’autres événements, sans doute très importants pour l’individu Valéry, par exemple sa vie sentimentale et familiale, ne sont pas du tout évoqués.
2) Les stratégies diégétiques qui font apparaître la figure de l’écrivain en tant que point d’origine de l’œuvre ou, à l’inverse, pure manifestation de celle-ci : spécification des modes d’incarnation de la figure d’écrivain, selon qu’on a affaire à un écrivain réel ou fictif, dans une biographie imaginaire ou dans une fiction. Donc, d’abord : Identifier le « dispositif structurant » (s’agit-il d’une biographie imaginaire d’un écrivain réel, d’un texte mettant en scène un écrivain réel dans une fiction ou d’un texte mettant en scène un écrivain fictif?); ensuite voir comment l’histoire (la diégèse) et la forme (le genre, entre autres) interprètent le rapport vie/œuvre et le mettent en scène.
Bien que la figure de l’écrivain ne soit que très peu présente dans Monsieur Valéry, et qu’il soit impossible de parler de stratégies « diégétiques » dans le cas de Monsieur Valéry, il semble qu’Oster prenne le parti d’envisager l’écrivain comme issue de son œuvre, ou du moins qu’il le subordonne à celle-ci. Le passage qui confirme cette impression concerne la relation d’amitié entre Paul Valéry et André Breton où Oster, évoquant les divergences insurmontables entre les positions littéraires de Valéry et celles des surréalistes, écrit : « La rupture [entre les deux hommes] n’interviendra que beaucoup plus tard, en 1925, lors de l’élection de Valéry à l’Académie française. Il était temps. » (1981 : 133) Comme si la rigueur intellectuelle dont Valéry faisait preuve dans son œuvre devait également être une de ses qualités personnelles.
3) Les modèles explicatifs qui viennent spécifier le rapport vie-œuvre, qu’il s’agisse de la psychanalyse, de l’histoire (générale ou littéraire), de la sociologie, etc. : analyse des modèles explicatifs qui amalgament, dans une figure d’écrivain, l’œuvre et la vie. Dans ce volet de la recherche, il faudra analyser plus avant les modèles explicatifs qui, entre les unités discrètes que constituent une œuvre et une vie, réalisent l’amalgame qu’incarne, au final, toute figure d’écrivain.
Il y en a plusieurs. Dans certains chapitres, Oster recourt à d’autres figures intellectuelles (Léonard de Vinci, René Descartes, Roland Barthes, Monsieur Teste, etc.) afin de mettre la pensée de Valéry en lumière. Le plus souvent, c’est l’analyse des idées qui sous-tendent l’œuvre qui permettent de dégager la figure de Valéry. En somme, il n’y a pas vraiment « d’amalgame », puisque Oster entend retracer le parcours intellectuel de Valéry, mais en s’intéressant à des fragments épars qui ne semblent pas avoir de visée de totalisation (ce qui est tout à fait cohérent avec l’ensemble de sa démarche, puisque Valéry lui-même ne croyait pas à la totalisation).
4) Les déterminations éthiques reliées à l’évocation ou à la création d’une figure d’écrivain, et plus particulièrement les valeurs axiologiques qui se trouvent au principe du rapport établi entre la vie et l’œuvre : mise au jour des fondements axiologiques au cœur des réhabilitations comme des démythifications. Ce volet s’applique plus particulièrement aux textes qui entendent justifier les « erreurs » de la vie de l’écrivain par son œuvre ou, inversement, les textes qui cherchent à réhabiliter certaines figures d’écrivains et/ou leurs œuvres. Il s’agit de voir sur quelles bases (engagement politique, moralité douteuse, ambition démesurée, etc.) on dresse la vie contre l’œuvre (et inversement).
Les valeurs qui sont au fondement du projet d’Oster concernent moins Valéry lui-même (bien qu’il tente effectivement, dans une certaine mesure, de le réhabiliter vis-à-vis la tradition littéraire, mais ce n’est pas ce qui semble motiver le projet d’Oster) qu’une vision particulière de la littérature qu’il voudrait mettre de l’avant, une littérature qui soit en perpétuel mouvement, qui accepte d’avancer dans des territoires encore inexplorés, comme Valéry l’a fait en se dégageant de ses propres influences et en s’intéressant à des sujets inédits en littérature, par exemple les sciences modernes.
Lecteur/lectrice : Mariane Dalpé