Fiche de lecture
1. Degré d’intérêt général
Projet diffraction : moyen
Projet enquête : nul
Un roman divertissant; l'ambiance très intéressante. Toutefois, la lecture s'essouffle un peu durant le dernier tiers parce que les réflexions et les questionnements du narrateur (suis-je fou? est-ce réel?) s'étirent et se répètent beaucoup trop. Il y a aussi quelques longueurs qui retardent indéfiniment un dénouement un peu décevant.
2. Informations paratextuelles
2.1 Auteur : Frédérick Tristan
2.2 Titre : Dieu, l'Univers et madame Berthe
2.3 Lieu d’édition : Paris
2.4 Édition : Fayard
2.5 Collection : -
2.6 (Année [copyright]) : (2002)
2.7 Nombre de pages : 372 p.
2.8 Varia :
Exergues :
De l'auteur : « Je ne demande pas à une histoire de me raconter ce qu'est la vie ordinaire, mais de m'engager dans d'autres vies, d'autant plus fascinantes qu'elles paraissent improbables, mais qu'au fond elles sont le reflet de nos hantises les plus cachées. » F. T.
« Dans les pages qui vont suivre, c'est donc à esquisser quelques traits de la situation à laquelle l'univers aléatoire répond que je vais m'attacher. » Philippe Wehrlé, préface l'Univers aléatoire
3. Résumé du roman
Monsieur Chose, romancier, vient de publier un roman qui lui permet d'être invité, grâce à l'aide de la jolie et mystérieuse Clara Bonheur, à la table de madame Berthe, surnommée la Gargante, une veuve richissime et fantasque. Lors d'un banquet grandiose, l'auteur fait la connaissance de l'entourage mystérieux de la Gargante.
Pris dans un cirque livresque dans lequel les personnages ont plusieurs noms et ne semblent jamais mourir, le narrateur est engagé pour écrire les mémoires de Berthe, et s'installe dans son manoir. Il apprend rapidement que chaque résident joue un rôle tiré des romans de Fulgance, le défunt mari de Berthe, auteur d'une oeuvre colossale que la veuve veut honorer en la mettant en scène.
Or l'exploration de la maison incroyable de la veuve plonge monsieur Chose dans un état proche de la folie : au quatrième étage se trouve la réplique exacte de Paris et dans les appartements privés de la Gargante, on peut accéder à Venise, New York et Shanghai par de simples portes. Peu à peu, la vraie nature du monde et de madame Berthe sont remis en question : Clara et les autres sont-ils le fruit de l'imagination de la dame? OU bien est-il entré sans le savoir dans une maison de fous? Et qu'en est-il de Chose? Est-il lui aussi un fantasme? Ou le fils spirituel de Berthe? Ou encore le créateur de l'Univers?
4. Singularité formelle
La forme est très traditionnelle : le roman est divisé en quinze chapitres à peu près égaux.
5. Caractéristiques du récit et de la narration
La narration, somme toute assez conventionnelle (à la première personne, homodiégétique)devient étourdissante vers le tiers du roman parce que le narrateur cède fréquemment la parole aux autres personnages. Ces histoires - qui viennent nourrir le récit en proposant souvent des versions alternatives d'un même évènement - et les songes bizarres du narrateur s'emboîtent à la manière de poupées gigognes : le lecteur est balloté entre les souvenirs de madame Berthe, des extraits de romans écrits par son défunt mari et la trame principale du roman, ce qui crée à la longue une sorte de confusion. Toutefois, le narrateur effectue des retours fréquents à la trame principale ce qui fait qu'on ne perd jamais complètement le fil conducteur.
Le mensonge est omniprésent dans le roman : un même « micro-récit » peut-être repris par plusieurs personnages différents et légèrement modifié à chaque fois (par exemple, Clara raconte son enfance chez un tavernier à monsieur Chose, mais, quelques chapitres plus loin, un autre personnage s'approprie cette histoire. Encore quelques chapitres plus loin, on apprend que l'histoire du tavernier est en fait un extrait de l'oeuvre de Fulgance). De plus, les personnages ont plusieurs noms et, inversement, le même nom (comme Fulgance) est attribué à différents individus (Fulgance est tour à tour un magicien, l'amant de Clara, l'un des maris de Berthe, et se nomme aussi Abercrombie…).
6. Narrativité (Typologie de Ryan)
6.1- Simple
6.2- Multiple
Justifiez : Cela peut sembler contradictoire, mais la narration se situe dans une sorte d'entre-deux. Le récit est clairement mené par un seul narrateur, qui a comme rôle de consigner les mémoires de Berthe. Son emploi l'amène à enquêter et à collecter les récits d'autres individus. Ces histoires sont livrées en discours direct et sont enchâssées dans un récit « de base ».
7. Rapport avec la fiction
La mise en abyme est omniprésente dans le roman.
L'imaginaire est le thème principal du roman. Le statut fictif des personnages évolue sans cesse au fil des pages : ils sont présentés d'abord comme des individus ordinaires engagés pour jouer leur rôle dans une immense mise en scène visant à donner vie aux romans de Fulgance (plusieurs scènes du roman sont, au dire des personnages, des matérialisations de ces scènes, numéros de page à l'appui). Plus tard dans le livre, les mêmes personnages se déclarent n'être que le fruit de l'imagination de la Gargante qui, elle, se présente comme le pivot de tout l'Univers et la créatrice de Dieu. Le narrateur brode longuement et à plusieurs reprises sur la réalité de son monde : et si je n'étais qu'un personnage de fiction?
8. Intertextualité
Rien à signaler.
9. Élément marquant à retenir
Le côté fantasmagorique du monde de madame Berthe, son ambiance intemporelle qui rappelle à la fois le début du siècle et la décadence des fêtes antiques, l'accumulation de récits, la réflexion sur la fiction et la virtualité du monde.