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fq-equipe:suzanne_grandais_par_blonde

FICHE DE LECTURE

INFORMATIONS PARATEXTUELLES

Auteur : Didier Blonde

Titre : Un amour sans paroles

Lieu : Paris

Édition : Gallimard

Collection : L’un et l’autre

Année : 2009

Pages : 152

Cote : 927.9143 G7518b 2009 (BAnQ)

Désignation générique : Aucune

Bibliographie de l’auteur : Nouvelles : Gaz à tous les étages ; romans : Le nom de l’inconnue, Faire le mort ; essais : Les voleurs de visage. Sur quelques cas troublants de changements d’identité : Rocambole, Arsène Lupin, Fantômas & Cie, Baudelaire en passant, Les Fantômes du muet (ces deux derniers titres ont également été publiés dans la collection « L’un et l’autre »).

Biographés : Suzanne Grandais, célèbre actrice de films muets, décédée en 1920 dans un accident de voiture et aujourd’hui oubliée, et Jean D., un admirateur qui a passé sa vie à admirer et à chérir la mémoire de la jeune femme.

Quatrième de couverture : « L'accident s'est produit le samedi 28 août 1920 à cinq heures et demie de l'après-midi. À bord de la voiture, un modèle torpédo, se trouvaient le réalisateur Charles Burguet et sa femme, à l'arrière. L'actrice Suzanne Grandais était assise à côté du chauffeur. Au croisement des routes de Sézanne à Coulommiers, l'auto fit une violente embardée, dégringola le talus en faisant panache dans un champ de betteraves. Suzanne Grandais, dont la tête avait été écrasée par le marche-pied, portait sur le côté gauche une horrible blessure d'où s'échappait la cervelle. Elle avait vingt-sept ans. Des films qu'elle avait tournés, tous muets, je n'en avais vu qu'un seul, un peu par hasard, qui m'avait rendu amoureux quelques mois. Plus tard, chez un bouquiniste, j'avais trouvé une ancienne carte postale sur laquelle elle souriait, de trois quarts. Son nom ne disait jamais rien aux personnes à qui il m'arrivait d'en parler. Pendant des années, c'est tout ce que j'ai su d'elle. »

Préface : Aucune

Autres (note, épigraphe, photographie, etc.) : Illustration de la couverture d’après un photogramme de Suzanne Grandais dans Le Chrysanthème rouge, film de Léonce Perret, 1911.

LES RELATIONS (INSTANCES EXTRA ET INTRATEXTUELLES) :

Auteur/narrateur : Le narrateur correspond à l’auteur. Il mentionne à de nombreuses reprises le livre qu’il est en train d’écrire.

Narrateur/personnage : Le narrateur est un personnage du livre car il se met en scène lui-même, enquêtant sur Suzanne Grandais et Jean D.

Biographe/biographé : Même si le biographe admet d’emblée, dans l’extrait qui se retrouve en quatrième de couverture, avoir été subjugué par l’actrice, l’idée d’écrire sur elle découle de l’action d’un tiers : son intérêt pour l’actrice est en effet ravivé lorsqu’un ami lui remet le manuscrit de Jean D.

Autres relations :

L’ORGANISATION TEXTUELLE

Synopsis : Le récit est construit sous la forme d’une enquête menée par l’auteur, qui raconte à la première personne. Il raconte d’abord comment il est entré en possession, par l’entremise d’un ami travaillant aux Archives Gaumont, d’un manuscrit signé par un mystérieux Jean D., admirateur passionné de Suzanne Grandais. L’auteur ne nous donne pas directement accès au texte de Jean D., mais il nous en fait le compte rendu.

On apprend que Jean D., né deux ans après Suzanne Grandais, était tombé follement amoureux d’elle la première fois qu’il vit un de ses films. Très timide, il n’osa jamais se présenter à elle malgré quelques tentatives (il dépose un bouquet de violettes près de sa porte, la suit lorsqu’elle sort de son travail, la fait demander au téléphone sans toutefois se décider à lui parler). Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Jean D. est forcé d’aller au front. L’auteur note que le manuscrit n’évoque presque pas l’expérience de la guerre, Jean D. se contentant de raconter comment il déserta l’espace d’une journée afin d’aller voir un film mettant en vedette la belle actrice. Lorsque celle-ci meurt, en 1920, Jean D. perd sa timidité et va s’asseoir au premier rang à ses funérailles. Par la suite, sous un prétexte qui n’est pas explicité, il rend visite aux proches de Suzanne Grandais et les questionne. Toute sa vie, Jean D. est resté fidèle au souvenir de l’actrice décédée : il ne s’est jamais marié et a même fait l’acquisition, en 1959, du lopin de terre où avait eu lieu l’accident de voiture. Si le manuscrit de Jean D. est resté inédit, explique celui-ci, c’est qu’il n’a pas été capable de recueillir suffisamment d’informations sur Suzanne Grandais.

En marge de sa lecture du manuscrit, l’auteur entreprend des recherches sur Suzanne Grandais mais aussi sur Jean D., sans beaucoup de succès. Il parvient toutefois à apprendre que Jean D. est décédé en 1987, mais ne réussit pas à retrouver quiconque qui l’ait connu. Il se penche donc plus spécifiquement sur la scène de l’accident, cherchant à en reconstituer les circonstances, à retrouver l’endroit exact où il a eu lieu, et espérant retrouver le jardinet que Jean D. avait fait entretenir pendant des années et où il avait installé une stèle à la mémoire de Suzanne Grandais (en remplacement d’une première stèle qui avait été installée peu de temps après l’accident mais qui avait été détruite). Lorsqu’il découvre que la route où l’actrice a péri n’existe plus, l’auteur se rend à l’Institut géographique national afin de chercher des cartes et des photos aériennes de la route. Avec l’aide des employés de l’Institut (qui se montrent d’abord peu coopératifs lorsque l’auteur leur parle d’une actrice oubliée et d’un accident de voiture ayant eu lieu plus de quatre-vingts ans plus tôt), il parvient à mettre la main sur une photo aérienne de 1974 montrant très bien la route avant qu’elle ne soit modifiée, mais aussi la petite stèle de Jean D.

Après cet épisode, l’auteur confie que ses « recherches se sont arrêtées d’elles-mêmes » (2009 : 137), puisqu’il lui semblait qu’il n’y avait plus rien à découvrir sur Suzanne Grandais ou sur Jean D. C’est alors qu’il reçoit l’appel du propriétaire actuel du champ où l’accident avait eu lieu et à qui il avait écrit plusieurs mois plus tôt afin d’obtenir des renseignements sur Jean D. Celui-ci l’invite à venir visiter les lieux de l’accident. Il apprend à l’auteur que la stèle, qui aurait dû être détruite au moment où la route a été reconstruite, a été conservée et se trouve dans sa propre cour. À la suite de cette rencontre, l’auteur rend le manuscrit de Jean D. à l’ami qui le lui avait confié, ayant compris désormais que ses recherches ont touché leur terme.

En général, la construction du texte est intéressante. Bien qu’il y ait une véritable ligne directrice, la majeure partie du texte n’est pas vraiment linéaire. C’est plutôt comme si la scène de l’accident constituait le point focal du livre, autour duquel l’auteur élabore au fur et à mesure de ses découvertes.

Ancrage référentiel : Important. L’ancrage référentiel est en fait le point central de la dernière partie du texte : ayant lu le manuscrit de Jean D. et ayant fait ses propres recherches, l’auteur cherche un point d’appui réel, immédiat, à toute cette histoire. C’est en quelque sorte la raison pour laquelle le monument occupe une place si importante : c’est le seul lien tangible – à l’exception du manuscrit – attestant de l’existence de Jean D., dont l’auteur avait fini par douter, incapable de trouver le moindre témoignage d’une personne l’ayant connu.

Indices de fiction : Il n’y en a aucun à proprement parler, mais puisque les deux biographés sont extrêmement peu connus, il est difficile de déterminer s’il y a une part de fiction dans le texte de Blonde. D’ailleurs, si le narrateur lui-même, en retrouvant la stèle sur la photo aérienne et en rencontrant le propriétaire du champ, reçoit la confirmation que Jean D. a bel et bien existé, le lecteur n’a, pour sa part, aucune preuve de l’existence réelle de Jean D.

Rapports vie-œuvre : Ne s’applique pas.

Thématisation de l’écriture : Oui, l’auteur parle de l’enquête qu’il mène et des difficultés auxquelles il est confronté dans l’écriture de son livre.

Thématisation de la lecture : Oui, puisque l’auteur commente sa lecture du manuscrit de Jean D.

Thématisation de la biographie : Il n’est pas réellement question de la biographie. Cependant, l’auteur mentionne à quelques reprises le livre qu’il est en train d’écrire. Lors de sa visite à l’Institut géographique national, il est accueilli avec suspicion par l’un des employés à qui il tente d’expliquer ses recherches sur Suzanne Grandais. Constatant que l’homme le prend pour un illuminé, il écrit : « J’ai cru bon de restaurer un peu mon statut en me retranchant derrière le nom d’un éditeur et une commande qui m’avait été passée. » (2009 : 129)

Topoï : Cinéma muet, amour.

Hybridation : Enquête biographique, récit.

Différenciation :

Transposition : Une partie importante du récit consiste dans la transposition du manuscrit de Jean D. L’auteur omet souvent de mentionner qu’il tire ces informations du manuscrit et prend lui-même en charge la narration, un peu à la manière d’un narrateur de roman.

Autres remarques :

LA LECTURE

Pacte de lecture : Incertain. Si l’auteur a sa confirmation de la réalité de toute cette histoire lorsqu’il retrouve la photographie aérienne du lieu de l’accident et la petite stèle, le lecteur, quant à lui, n’a aucun moyen de vérifier si Jean D. a existé ou non.

Attitude de lecture : Le texte est très agréable à lire, émouvant par moments (la mort tragique de Suzanne Grandais, l’amour désespéré et constant de Jean D.)

Lecteur/lectrice : Mariane Dalpé

fq-equipe/suzanne_grandais_par_blonde.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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