Outils pour utilisateurs

Outils du site


fq-equipe:scarpetta_guy_1985_l_impurete_2e_fiche

Différences

Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.

Lien vers cette vue comparative

Prochaine révision
Révision précédente
fq-equipe:scarpetta_guy_1985_l_impurete_2e_fiche [2013/01/03 14:07] – créée manonfq-equipe:scarpetta_guy_1985_l_impurete_2e_fiche [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1
Ligne 39: Ligne 39:
  
 ==== Définitions du postmoderne : ==== ==== Définitions du postmoderne : ====
 +
 +
 +1/ « Un mot, que j’ai déjà utilisé, et que nous ne cessons de rencontrer, semble condenser l’actuelle confusion : le mot “postmoderne”. Si ce terme ne servait qu’à désigner une façon de s’arracher aux illusions “darwiniennes” de la modernité (ou de l’avant-garde), il n’y aurait aucun inconvénient à s’en servir; le fait que ce mot ne définisse pas une école (une communauté de principes esthétiques ou stylistiques) n’a rien, non plus de très gênant : ce serait plutôt le signe que l’époque des mouvements “à manifestes” (futurismes, surréalisme) est bien close – et j’aurais plutôt tendance, du coup, à percevoir le flou même de cette notion comme une garantie, l’indice d’une absence de contrainte. Ce qui peut cependant faire problème est la manière dont ce terme proliférant, traversant tous les champs esthétiques (de l’architecture à la danse et à la musique), peut agglomérer des attitudes tout à fait inconciliables : pavillon derrière lequel se proclament des positions strictement modernistes (celles de Lyotard, par exemple, clairement référées à ce parangon de l’avant-garde qu’était Marcel Duchamp), des discours de régression […], et des discours de pure dénégation […]. Confusion portée à son comble, donc, dès lors que se parent du terme “postmoderne” tout à la fois des attitudes modernistes, pré-modernes, ou, plus simplement, un banal réflexe anti-moderne. » (17-18)
 +Scarpetta propose cependant de ne pas abandonner le terme, mais de flirter avec lui, de le traiter lui-même de façon postmoderne, de s’en servir à distance. Il s’agirait surtout de le traiter comme « le symptôme d’une crise, d’une fin d’époque ». (18)
 +
 +2/ « […] le postmodernisme n’a pas à rompre avec le modernisme […] : puisqu’il s’agit, précisément, de sortir de l’ère des ruptures. » (28)
 +
 +3/ Définition possible de l’axe postmoderne : « la crise des spécificités. Le modernisme du début du siècle visait, lui, à isoler la spécificité et la “pureté” des différents codes : peinture sans représentation, poésie sans anecdote, cinéma sans théâtralité, musique sans narration latente, architecture sans ornements, etc. Aujourd’hui, au contraire, période de confrontations, de contaminations, d’interrogations réciproques. » (34)
 +
 +4/ Lié à l’idée du poids du passé et de l’Histoire : « La dimension européenne, aujourd’hui : apprendre à circuler au milieu des décombres, à désenfouir une mémoire ensevelie, à reconnecter les circuits interrompus.  C’est cela aussi, être “postmoderne”. » (36)
 +
 +5/ « Le pari postmoderne, ce serait, sans rien céder sur l’invention (technique ou formelle), de savoir prendre en charge cette longueur d’onde ancienne (pré-bourgeoise), non par fixation à un passé révolu, mais pour s’émanciper enfin des mythologies du Progrès, des impasses du Modernismes. » (73)
 +
 +6/ Dans la dernière partie du dernier chapitre, intitulé « La transe baroque », Scarpetta rapproche le Baroque du postmoderne, mais un baroque qui n’appartient pas au passé mais se trouve « en avant ». Il écrit : « C’est, peut-être, la seule acception possible, pour moi, de l’attitude postmoderne : savoir que l’invention ne coïncide pas forcément avec la négation du passé, et la production du nouveau à tout prix, sans mémoire. D’une certaine façon, le mythe du nouveau radical a cessé d’être séduisant, – et celui de la modernité est en crise, avec tous ses interdits, ses impératifs. On pourrait dire : il ne s’agit pas de revenir en arrière, mais, par exemple, de réécrire l’histoire, autrement. » (1995 : 358) Plus loin, il parlera de « recycler le Baroque » (361)
 +
 +
 +==== Définitions d’autres notions : ====
 +
 +Je trouve pertinente cette posture qu’il dit vouloir prendre, car il me semble qu’elle rejoint ce que nous-mêmes, implicitement, nous avons faits : « Où j’ai moins voulu, en somme, avoir la prétention de “penser la littérature contemporaine” (ambition toujours suspecte de dogmatisme) que, plus précisément, penser à partir d’elle – ou mieux, penser avec elle. » (23)
 +
 +==== Le majeur et le mineur : ====
 +
 +Partie intéressante sur le majeur et le mineur, soit le savant et le populaire, le haut et le bas… Scarpetta y distingue par exemple quatre attitudes possibles face à leur confrontation :
 +1. L’académique : rejet total du mineur
 +2. la « Barbare » : rejet total du majeur
 +3. celle du nivellement : déni de la hiérarchie des valeurs culturelles
 +4. l’attitude qui reconnaît la hiérarchie pour se donner la liberté de la transgresser : « elle suppose une ligne de démarcation (selon des critères précis) entre le majeur et le mineur, pour pouvoir la déplacer, la perturber ou la forcer. Elle enregistre l’invasion d’une sous-culture de masse (forme contemporaine du kitsch), mais elle tente de la traiter au lieu de l’évacuer. Seule façon, sans doute, d’être plus fort que la sous-culture de masse, ou plus malin qu’elle : savoir pourquoi celle-ci “fonctionne” (c’est-à-dire pourquoi on en jouit), afin de se donner les moyens d’isoler ce “pourquoi”, - et éventuellement de l’utiliser, sur un autre registre. » (78)
 +
 +Il distingue aussi différents passages l’un dans l’autre, en dehors des cas d’exclusions :
 +1. La majorisation artificielle, démagogique, du registre mineur pour le désamorcer, l’aseptiser.
 +2. la minorisation du majeur : récupération du majeur par le mineur (ex : les arts dans la pub)
 +3. La confrontation du majeur et du mineur dans une technique de distanciation qui vise à les neutraliser l’un par l’autre (ex : utilisation des clichées dans le pop art)
 +4. L’utilisation de matériaux mineurs dans un montage majeur, dans une perspective d’effraction, de profanation, de subversion
 +5. La prise en charge d’une fonction anciennement dévolue aux arts mineurs dans une forme majeure
 +6. Inversement, l’emploi d’une forme ou d’une structure mineure pour la déborder, ou faire passer en elle une dimension savante, complexe, voire métaphysique
 +7. L’intégration du feeling d’un code mineur dans un art majeur (ce sont les “effets”, alors, qui deviennent matériaux)
 +8. À l’inverse (et c’est infiniment plus complexe), l’effet faussement mineur produit par un travail majeur de part en part (ex : le parler populaire chez Céline) (p.81) 
 +Les effets obtenus de ces techniques créent différents mouvements qui, tantôt, accentuent le mineur, tantôt le majeur.
 +
 +==== Quelques réflexions sur le roman : ====
 +
 +
 +« […] c’est bien lui, le réel, qui demeure, à travers tous ces prismes, toutes ces expansions, l’impossible objet du roman. » (1985 : 297)
 +
 +« […] Autrement dit : s’il existe une dimension éthique du genre romanesque, elle ne saurait plus aujourd’hui être directe, positive : sa seule modalité désormais acceptable est celle, impure (c’est-à-dire fondamentalement baroque), qui consiste à traiter le mal par le mal. » (1985 : 302)
 +
  
  
  
fq-equipe/scarpetta_guy_1985_l_impurete_2e_fiche.1357240074.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

Donate Powered by PHP Valid HTML5 Valid CSS Driven by DokuWiki