Revue des Sciences Humaines, « Le Biographique », (dir. Alain Buisine), n° 224, 1991.
Buisine, A. « Biofictions », p. 7-13.
écrivains : William Golding, Alison Lurie, Pierre Mertens, Collection « L’un est l’autre » de Pontalis,
« jamais sans doute les biographies n’ont connu un tel succès en France. Un pullulement que rien ne semble pouvoir endiguer. Une prolifération proprement cancérigène puisqu’elle finit par atteindre et absorber tous les domaines de l’écriture et du savoir. » (p. 8)
« C’est justement parce que le biographique lui-même, tout au moins dans ses plus intéressantes expérimentations contemporaines, n’a pas oublié les leçons de notre modernité qu’il m’a semblé indispensable que nous lui consacrions ensemble toute une semaine d’analyses. Ce qui m’apparaît désormais décisif, c’est que le biographique n’est plus l’autre de la fiction. Il n’y a plus d’un côté l’imagination romanesque qui peut royalement s’autoriser toutes les inventions et de l’autre la reconstitution biographique laborieusement contrainte de se soumettre à l’exactitude référentielle des documents. La biographie est elle-même devenue productrice de fictions, bien plus elle commence à comprendre que la fictionnalité fait nécessairement partie du geste biographique. » (p.10)
« le biographique en régime post-moderne » : « C’en est fini de l’illusion positiviste d’une possible résurrection littéraire du sujet comme totalité venant prendre sens dans un récit ordonné. L’autre biographique est nécessairement dépendant de la subjectivité autobiographique de son biographe. » (p. 12)
« Biofictions » = néologisime, Buisine serait-il le premier d’en parler ? Je crois bien…