Table des matières
REVUES DE CRÉATION - BILAN HIVER 2013
PROJET D’ARTICLE SUR LES REVUES DE CRÉATION
Geneviève Dufour et Myriam Saint-Yves
Version word du bilan: bilan_hiver_2013_-_revues.doc
1- Rappel de la tâche
Notre tâche principale consistait à faire la recension de toutes les revues de création qui sont parues au Québec entre la période de 1980 à 2011, en incluant un historique et un descriptif de la politique éditoriale. Nous avons utilisé le document « Revues littéraires québécoises encore pu¬bliées » préparé par Pierre-Luc Landry (disponible sur le wiki) comme source (il est à noter que la liste établie par PLL est, selon ses dires, non exhaustive).
Nous devions faire une analyse globale à partir d’une recherche plus « empirique » (lecture et parcours de certaines revues « choisies ») afin de déterminer si des tendances se dessinent (valorisation de certains genres, politique plus traditionnelle ou au contraire éclatée, etc.).
Nous avons également identifié, parmi ces parutions, les revues « hybrides », proposant tant de la critique que de la création.
2- Travail et méthode
Nous avons d’abord isolé les revues de création qui nous intéressaient de la liste établie par Pierre-Luc Landry et mis cette liste de revues de création à jour (ajout d’informations dans les descriptions, retraits des revues publiées ailleurs qu’au Québec, ajout de revues en ligne, etc.). Il est toutefois difficile de déterminer si cette liste est exhaustive puisque nous n’avons trouvé aucune source répertoriant toutes les revues littéraires québécoises.
Nous avons sélectionné douze revues de création (essais, nouvelles, poésie, etc.) qui étaient encore publiées en 2011 : Solaris (1974), Estuaire (1976), Moebius (1977), XYZ (1985), Brèves littéraires (1986), Exit (1995), L’Inconvénient (2000), Contre-jour (2002), Jet d’encre (2002), Zinc (2004), Katapulpe (2007) et la revue en ligne bleuOrange (2008).
Les revues Ovni et Biscuit chinois ont été mises de côté, notamment puisqu’elles ne sont pas disponibles en version papier à la bibliothèque de l’Université Laval. De plus, Biscuit chinois ne se publie plus pour le moment, mais l’équipe affirme que la revue n’est pas morte pour autant.
Les revues de création universitaires ne font pas partie de notre corpus, notamment parce qu’elles sont plus difficiles à répertorier et moins faciles d’accès. Les revues en ligne, pour le moment, ont été écartées. La question de la nationalité des auteurs est souvent écartée dans ce type de publication, ce qui fait en sorte que leur place dans un analyse des revues québécoise peut être questionnée. De plus, bien que certaines revues en ligne calquent le modèle conventionnel (papier), d’autres, comme bleuOrange, explorent plutôt les possibilités propres au numérique. Notre présente grille d’analyse ne permet pas de rendre compte des particularités de ces revues car le média prend parfois le dessus sur la composante littéraire.
Nous avons commencé par la lecture et l’analyse des revues les plus récentes (qui comptent moins de numéros). Les numéros, peu nombreux, des revues Katapulpe et Jet d’encre ont tous été parcourus en entier. Pour les revues comptant plus de numéros (comme la revue Moebius), nous avons procédé à une sélection des numéros en tenant compte des thèmes qui y ont été abordés, de leur date de parution, de leur titre ou des auteurs qui y ont collaboré.
Nous avons appliqué la même grille de lecture en treize points à toutes les revues et produit un rapport pour chacune d’entre elles (tous disponibles sur le wiki). Ces rapports comportent quatre sections de base : le titre de la revue, l’adresse du site Web s’il y a lieu, une description de la politique éditoriale et un exemple d’appel de texte. À cette fiche technique s’ajoute une fiche détaillée :
I - Fiche technique (informations tirées du site internet ou des exemplaires imprimés)
1- Titre de la revue : 2- Adresse / Éditions : 3- Ligne éditoriale : 4- Appels de textes :
II - Fiche détaillée :
1- Date du premier numéro 2- Historique (comité de rédaction initial et modifications, comité actuel) 3- Sections de la revue (typologie utilisée dans la table des matières) et genres représentés 4- Auteurs récurrents 5- Filiation avec une maison d’édition (est-ce que la revue « teste » des auteurs qui rejoignent ensuite la maison d’édition? Met-elle de l’avant les nouvelles recrues de éditeurs?) 6- Conception de la littérature (fonction, objectifs, etc.) 7- Récurrences (thématiques, concours, contributions, etc.) 8- Présentation matérielle de la revue (changements, particularités) 9- Remarques et observations
Observations générales :
Les catégorisations des textes varient d’une revue à l’autre, mais nous constatons une approche très englobante pour nommer les textes. On n’utilise pas systématiquement les appellations génériques conventionnelles puisqu’on leur préfère une typologie déterminée par le contenu. Par exemple, dans la revue Zinc, on répertorie trois sections de textes : « Fiction », «Érudition » et « Francophonie ». Dans Jet d’encre, en plus des sections génériques conventionnelles, on retrouve une section « Traductions ».
Parmi les revues étudiées, certaines sont affiliées à des maisons d’édition : Zinc à Marchand de feuilles, L’inconvénient à Boréal, XYZ à XYZ, Moebius à Triptyque.
Nous avons observé des récurrences thématiques entre les revues. Bien que chaque publication présente des thématiques assez hétérogènes, les thèmes de la naissance, de la mort et de l’érotisme reviennent fréquemment. Zinc et Moebius ont fait paraître chacun deux numéros sur l’écriture des femmes, l’un écrit par des voix masculines, l’autre par des voix exclusivement féminines. Dans le cas de Zinc, un numéro sur l’écriture masculine a fait écho au numéro sur l’écriture des femmes (voir le bilan de Geneviève sur la revue Zinc).
Pour ce qui est de la place de la traduction dans les revues, il est à noter que L’Inconvénient fait paraître à l’occasion des textes inédits traduits, mais la traduction elle-même n’est pas accompagnée d’un appareil critique particulier. La revue Jet d’encre, toutefois, accorde une place de choix à des traductions de textes de langues d’origine diverses. Deux numéros sur l’écriture des Amériques contiennent des essais qui mettent de l’avant la part de création dans la traduction (voir le bilan de Myriam sur la revue Jet d’encre).
La conception de la relève varie d’une revue à l’autre, bien qu’elle soit peu explicitée. Dans Zinc par exemple, on veut promouvoir les « auteurs de demain ». Dans toutes les revues étudiées, plusieurs auteurs publiés ont déjà une certaine reconnaissance dans le milieu littéraire ou ont déjà une œuvre publiée ou plus. Généralement, les noms des auteurs les plus reconnus figurent sur la couverture (par exemple : Marie-Sissi Labrèche, Stéphane Dompierre, Patrick Brisebois, Nelly Arcan, Aude, etc.)
Les revues XYZ et Moebius organisent des concours d’écriture et publient les textes des lauréats.
3- Problèmes et hypothèses
Problématique :
Après avoir mis en commun nos observations, nous avons relevé plusieurs points communs entre les différentes revues, et particulièrement entre les deux plus anciennes, Moebius et Estuaire. Il semble que, bien qu’elles possèdent des assises et des balises différentes, les revues Estuaire et Moebius se soient toutes deux érigées, dès leur début, en réaction au milieu littéraire et culturel de leur époque. Profitant donc d’une certaine conjoncture institutionnelle, elles avaient pour objectif initial soit de répondre à un besoin urgent d’expression poétique par l’entremise du collectif, soit de s’opposer à l’hermétisme de la création universitaire. Graduellement, cette visée première s’est estompée, les revues axant davantage leur effort sur la promotion de la littérature dans un sens large, sans égards particuliers pour la « nouvelle littérature ». Étant peu valorisé, ce créneau a été récupéré par les jeunes revues – Exit, Zinc, Jet d’encre, Contre-jour – nées dans les années 2000 (participant de cette effervescence littéraire marquée notamment par l’émergence de nouvelles maisons d’édition). En effet, ces revues se concentrent principalement à promouvoir la relève, agissant donc à titre de relais par rapport aux revues plus anciennes telles qu’Estuaire et Moebius.
Pour parvenir à montrer qu’il existe un mouvement cyclique dans le milieu des revues de création, nous allons d’abord dresser un portrait du contexte dans lequel les revues Estuaire et Moebius sont nées en s’attardant aux revues concurrentes ou influentes de la décennie, aux acteurs importants du milieu, etc. Cette première étape de notre étude permettra de montrer que les revues se sont construites sous le mode de la contestation. Nous aborderons ensuite la vie de ces revues, c’est-à-dire l’esprit de communauté qui s’est développé autour d’elles et leur décloisonnement graduel, que ce soit sur le plan générique ou géographique. Finalement, nous allons nous intéresser aux créneaux qu’elles défendent actuellement et ceux qu’elles ont délaissés (décentralisation de la littérature par rapport à la métropole, effet de communauté, valorisation de voix nouvelles). Nous étudierons donc les nouvelles revues qui ont bénéficié de cet espace inoccupé pour s’établir dans le champ littéraire.
4- Ce qu’il reste à faire
La première partie de l’article, qui porte sur le contexte de la naissance des revues Moebius et Estuaire, ainsi qu’une portion de la deuxième partie, ont été rédigées. Le plus gros du travail à faire sera la rédaction de la troisième partie, qui nécessitera plus de travail étant donné qu’elle présente une dizaine de revues supplémentaires.
Comme Geneviève Dufour est très occupée ailleurs, elle ne pourra pas poursuivre la rédaction de l’article. Nous avions divisé le travail pour que chacune de nous rédige les sections concernant le corpus qu’elle avait lu : je devrai donc me familiariser avec le corpus parcouru par Geneviève (c’est-à-dire Estuaire, XYZ, Contre-jour, Zinc, Exit et L’Inconvénient, soit plus de la moitié du corpus à l’étude…) avant de poursuivre la rédaction.