Outils pour utilisateurs

Outils du site


fq-equipe:recherche_sur_les_polemiques_litteraires

Différences

Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.

Lien vers cette vue comparative

Les deux révisions précédentesRévision précédente
Prochaine révision
Révision précédente
fq-equipe:recherche_sur_les_polemiques_litteraires [2015/11/17 12:03] – [2006 : L’Affaire Homel] manonfq-equipe:recherche_sur_les_polemiques_litteraires [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1
Ligne 4: Ligne 4:
  
 **Par Daniel Letendre et Jean-François Thériault** (dépôt: novembre 2015) **Par Daniel Letendre et Jean-François Thériault** (dépôt: novembre 2015)
 +
 +Version word du document: {{:fq-equipe:les_pole_miques_litte_raires_au_que_bec_doc._revu_.docx|}}
  
 ===== Présentation ===== ===== Présentation =====
Ligne 365: Ligne 367:
  
 ===== 2007 et 2011 : L’Affaire Arcan ===== ===== 2007 et 2011 : L’Affaire Arcan =====
- +[[2007]] - [[2011]] 
 + 
 +==== A) Description ==== 
 + 
 +En septembre 2007, l’auteure Nelly Arcan était invitée à la très populaire émission Tout le monde en parle, diffusée les dimanches soirs sur les ondes de Radio-Canada, pour faire la promotion de son plus récent roman, À ciel ouvert. Dès le mot d’introduction de Guy A. Lepage, le ton de l’entrevue était donné. « Si l’on se fit à ses livres, elle ne manie pas que le verbe. Voici l’écrivaine Nelly Arcan », de dire l’animateur, alors qu’Arcan descend les marches du studio d’enregistrement au son de « Quand on se donne à une femme d’expérience ».  Il sera donc question, dans les quelque 12 minutes que durera le montage final de l’entretien, bien davantage du passé de prostituée d’Arcan, de la sexualité omniprésente dans ses romans à caractère autobiographique et de la profondeur du décolleté de sa robe que de son nouveau texte. Le malaise d’Arcan, entourée uniquement d’hommes, est palpable. À sa diffusion, l’entrevue n’a cependant pas fait grand bruit.  L’écrivaine est cependant revenue, dans un texte publié dans le journal ICI (« L’image », 20 septembre 2007), sur son passage à l’émission. Elle écrit : « Pourtant, dans l’intégralité de l’entrevue, où il y a eu, c’est vrai, des moments de malaise sous l’insistance de questions qui se ressemblaient toutes, qui rejetaient sur moi le blâme, questions martelées, acharnées (vous, qui avez un problème, comment osez-vous vous prononcez, puisque votre corps, votre robe, vous font mentir) mais aussi des moments intéressants... qui n’ont pas été retenus. » Ce n’est qu’après le décès de l’écrivaine, qui s’est donné la mort en 2009, que le segment refait surface. En 2011, le site internet www.nellyarcan.com, piloté, entre autres, par Jérôme Langevin, publie une nouvelle posthume de l’auteure, intitulé « La honte », dans laquelle Arcan revient sur – selon ce que le lecteur peut en déduire, car Arcan ne nomme jamais le nom de l’émission, ni ceux de ses animateurs – son passage à l’émission de Lepage et témoigne, à la troisième personne, de l’humiliation qu’elle a ressentie suite à la diffusion des images.  À partir de ce moment, les images de l’entrevue ont refait surface sur Internet, et de très nombreux commentateurs ont réagi à l’affaire.  
 + 
 +Il est à noter que, la polémique explosant à un moment où les médias sociaux et les blogues jouissent d’une immense popularité, il est impossible de faire la liste exhaustive de tout ce qui a été écrit à son sujet. Ce qui suit est donc une recension des principales réactions.  
 + 
 + 
 +==== B) À la défense d’Arcan ==== 
 + 
 +Avant la publication de « La honte » (et donc, avant le déclenchement « officiel » de la polémique), plusieurs personnes avaient déjà commenté l’affaire. Dans son compte rendu d’À ciel ouvert, (Spirale, nº219, 2008, p. 49-50), Sandrina Joseph reproche à Lepage de s’être rincé l’œil plutôt que d’avoir discuté de littérature. À la publication de Burqa de chair, recueil posthume (qui comprend, entre autres « La honte ») dont elle signe la préface, Nancy Huston dira, dans une entrevue accordée à la journaliste Chantal Guy de La Presse parue le 12 septembre 2011 : « J'ai vu cette scène à Tout le monde en parle, et c'est totalement impardonnable la manière dont l'hôte l'a humiliée. Jamais on n'a vu un homme sexuellement humilié comme ça devant des millions de gens à la télévision. Je suis sûre qu'il ne se sent pas le moins du monde coupable, mais il l'est, qu'il le sache ou non, avec d'autres, qui n'ont pas su reconnaître l'intelligence de cette femme. » Suite à l’ampleur qu’a prise la polémique, Huston s’est toutefois rétracté en publiant un communiqué sur la page de Tout le monde en parle, précisant qu’elle n’avait, en vérité, jamais visionné l’extrait de l’émission en question, et que ses commentaires étaient plutôt adressés à la version française de l’émission, animée par Thierry Ardisson, à laquelle avait également, quelques années plus tôt, participé Arcan. Huston accuse également la journaliste Chantal Guy d’avoir trafiqué ses dires, et ne pas avoir respecté sa demande de garder ses propos en dehors de la publication de l’entrevue.  
 + 
 + 
 +==== C) À la défense de Lepage ==== 
 + 
 +Guy A. Lepage n’a pas voulu commenter la polémique lors de son éclatement en 2011, préférant rendre disponible sur le site web de Tout le monde en parle l’extrait de l’émission, et laisser aux auditeurs le soin de juger. La majorité des commentaires qui ont suivi le déclenchement de la polémique s’entendent pour ne pas jeter le blâme sur l’animateur, préférant rappeler que Nelly Arcan incarnait bien souvent ce qu’elle dénonçait, en insistant sur le fait que l’écrivaine avait un rapport très trouble avec son image publique, et qu’elle avait beaucoup de difficulté à doser son désir de plaire et sa volonté de faire passer un message sur le sort des femmes dans la société contemporaine. Remarquons que la plupart des gens qui ont pris la parole dans ce débat ont eu tendance à diagnostiquer Nelly Arcan de plusieurs troubles et ce même si, de leur propre aveu, ils ne la connaissaient pas personnellement, ou alors que très peu.  
 + 
 +Jocelyne Robert (« Si vulnérable », La Presse, 14 septembre 2011) avoue être « stupéfiée […] de lire les commentaires de Nancy Huston dans La Presse ». Pour elle, « [Arcan] vivait en enfer, grugée par le cancer du narcissisme maladif, obnubilée par son besoin insatiable de séduire et d'être la plus belle à tout prix. En même temps, elle se désagrégeait de détestation d'elle-même et s'indignait du sort des femmes condamnées à consommer et à être consommées », et « elle n'avait pas l'étoffe pour jouer à ce jeu dangereux de la confrontation publique. » Elle rappelle entre autres que si Lepage et Turcotte ont bel et bien été « baveux » avec l’écrivaine, plusieurs invités dans l’histoire de l’émission avaient subi bien pire sort. Pour Sophie Durocher (« Tout le monde parle de Nelly », Canoë, 14 septembre 2011), Guy A. Lepage a été respectueux, et a offert à l’écrivaine la chance de s’expliquer devant 2 millions de téléspectateurs, chose qu’elle n’a pas su faire.  
 + 
 +Pour Nathalie Petrowski (« Nelly et les poux », La Presse, 14 septembre 2011), on a trop rapidement occulté la dimension fictionnelle de la nouvelle d’Arcan. Elle précise que jamais dans le texte, l’écrivaine ne nomme l’animateur ni son fou du Roi par leurs noms, et y voit un signe clair qu’il ne faut pas prendre la nouvelle comme un témoignage, mais bien comme une œuvre littéraire. « La question, c'est pourquoi, dans le cas précis de cette nouvelle, on ne voit que la réalité et pas la fiction? Pourquoi, en somme, on refuse à Nelly Arcan le statut d'écrivaine pour mieux la ranger dans le camp des victimes, des femmes humiliées ou des femmes sans tête? », écrit Petrowski. Même son de cloche chez Danielle Laurin (« Nelly, son corps, ses livres », Le Devoir, 17 septembre 2011). « Nous ne sommes pas dans la réalité, nous sommes dans l'écriture. Nous ne sommes pas au tribunal de la vérité, nous sommes dans la vérité de l'écriture. Dans la liberté de l'écriture. », écrit-elle.  
 + 
 +« Mais en même temps, on ne peut absolument rien reprocher à Guy A. Lepage. Guy A. Lepage n’a pas été haineux avec elle. Guy A. Lepage a fait son métier, ce soir-là, comme il le fait tous les dimanches. », écrit Stéphane Laporte (« Nelly, Guy A. et la honte », La Presse, 13 septembre 2011). Tout en admettant que les commentaires des animateurs et des invités sur l’apparence d’Arcan étaient « adolescents », voire carrément irrespectueux, Laporte soutient que « Nelly Arcan n’aurait jamais dû aller à Tout le monde en parle. Ce n’était pas un endroit pour elle, dans son état de haute vulnérabilité. » 
 + 
 +Fabien Loszach, qui a été responsable de rédiger quelques textes pour le site www.nellyarcan.com, cherche dans l’œuvre de l’auteure les sources des contradictions soulevées par les animateurs de Tout le monde en parle, faisant de son passage à l’émission un des maillons de son œuvre, qu’il qualifie d’ambiguë, qui « dénonçait les carcans de la féminité tout en les alimentant. » (Nelly Arcan : l’ambigüité et la contradiction », Le Devoir, 16 septembre 2011). 
  
fq-equipe/recherche_sur_les_polemiques_litteraires.1447779822.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

Donate Powered by PHP Valid HTML5 Valid CSS Driven by DokuWiki