fq-equipe:rapport_1_-_panorama_quebecois_contemporain

Ceci est une ancienne révision du document !


===== Geneviève Dufour. Été 2008 (pour René Audet, en préparation du séminaire sur la littérature comparée, hiver 2009).

Panorama de l’histoire littéraire québécoise au XXe siècle

[pour le wiki, seule la partie sur la littérature contemporaine a été conservée]

Oeuvres de références suivantes :

BIRON, Michel, DUMONT, François et Élisabeth NARDOUT-LAFARGE, Histoire de la littérature québécoise, Montréal, Les Éditions du Boréal, 2007.

MAILHOT, Laurent, La littérature québécoise, depuis ses origines. Essai, Montréal, Typo, 2003.

GASQUY-RESCH, Yannick [dir.], Littérature du Québec. Histoire littéraire de la Francophonie, Paris, EDICEF/AUPELF (« Universités francophones »), 1994.

WEINMANN, Heinz et Roger CHAMBERLAND, Littérature québécoise. Des origines à nos jours, Montréal, Éditions Hurtubise HMH, 1996.


La littérature contemporaine (depuis 1974) (Mailhot)

Moment où la littérature québécoise se rattrape sur l’Europe et l’Amérique

Écriture dans une pratique panique de la québécitude

Roman est de deux ordres : a) roman de la parole, du geste et de l’action b) roman théorique, de la recherche, de la conscience, de l’écriture

Augmentation du nombre de publication

Énonciation passe du « je » au « nous »

Multiplication des voix narratives

Porosité des frontières entre récit, nouvelle et roman

Conscience du faux lié à son rapport au lyrisme, à l’incantation

« Il » surpoétise son impuissance à être « vraiment romanesque »

Genre du roman est la forme même de l’inachèvement romantique

Prose renvoie à l’incertitude, l’approximation, l’erreur, le jeu

Contes romanesques

Récit à l’imparfait

Malaise devant l’histoire et le récit parce qu’il n’y en a pas

Roman de l’action inachevée, du projet, du roman comme « passé », fascination, tentation, limite à atteindre

Effet de sens du conte : croyances, cycles, valorisation du primitif, de l’archaïque

Auteurs : Jacques Ferron, Antonine Maillet, Michel Tremblay, Gabrielle Roy

Actions, passions

Séries, évasion, tiré du XIXe siècle, histoire de mœurs

Montréal, espace qui joue un rôle central dans l’imaginaire québécois, comme d’autres également : Oattawa, Abitibi

	Noël AUDET, L’ombre de l’épervier
	Francine NOËL, Maryse

Familles décomposées, recomposées

Sujet psychologique ou sociologique : famille et tous les cas de figure possible, tout ce qui est lié de près ou de loin à la famille (couple, etc.)

Littérature québécoise : type de l’Enfant trouvé, de l’enfant prodige, de l’enfant prodigue, monde d’orphelins, d’errants mélancoliques, de rebelles sans cause, révolutés sans révolution

	Monique BOSCO, New Meda
	Marie LABERGE, Le poids des ombres

Aventures intellectuelles

Met en scène des intellectuels fictifs posant des questions à la société, à la littérature, au roman lui-même, roman « à idées » de façon explicite et systématique

Exemple: Gérard Bessette ; héros préoccupés par leur moi, leur rapport au monde, au voyage, à la ville, à l’enfance, au sexe ; il ne s’agit pas seulement de « roman dans le roman » dans de d’autres genres aussi (poésie, journal, etc.) dans la prose narrative et fictive ; thème de la spiritualité, du mysticisme ; auteur ne s’affiche pas comme un postmoderne.

	Jacques POULIN, Les Grandes marées
	Yvon RIVARD, L’ombre et le double

Romans érudits, anciens et modernes, à la Umberto Eco :

		Jacques DESAUTELS, Quatrième Roi mage (1993)
		Gaëtan BRULOTTE, L’Emprise
		Monique LARUE, Les Faux Fuyants

Mythologies urbaines

Gasquy-Resch

Montréal : imaginaire pauvre, négativité

		Réjean DUCHARME, L’hiver de force
		VLB, Un rêve québécois

Montréal : parcours heureux

		Claude JASMIN, La petite patrie
		Michel TREMBLAY, La grosse femme d’à côté est enceinte
		Yves BEAUCHEMIN, Le matou

Décentrement de la littérature (depuis 1980)

Biron et cie :

Ère du pluralisme

Thème de l’exil et e l’étranger

Époque sans révolution, sans manifeste, sans école littéraire

Littérature plus vivante et plus connue que jamais mais plus décentrée et minorisée

Diminution de l’intérêt national (notamment à cause de la littérature migrante)

Ouverture aux héritages divers (tradition et multiculturalisme)

Plus dans une « tradition de la rupture », comme dans la modernité

Éternel présent

France n’est plus LA référence mais bien une parmi tant d’autres

Diminution de l’aspect religieux

N’entretient pas un rapport subversif avec la littérature (transgression est banale)

Attrait plus grand pour l’intériorité (Gabrielle ROY, La détresse et l’enchantement)

Best-sellers :

Grande lisibilité

Sous-genre : chronique (plus de liberté sur le plan romanesque, intérêt pour la petite histoire)

Espace : rue (signe du quotidien, de la vie immédiate, des gens ordinaires)

Langage très libre (joual)

Romans : sagas historiques ou familiales : Michel TREMBLAY, La grosse femme d’à côté est enceinte (1978)

	Yves BEAUCHEMIN, Le matou (1981)
	Francine NOËL, Maryse (1983)

Romans moins grand public / roman minimaliste

Jacques Poulin (héros laconique, pouvoir de la fiction, quête amoureuse, réécriture perpétuelle des romans antérieurs – écriture de l’ordre de la réécriture, motif de la ressemblance); Louis Gauthier, Yvon Rivard

Romans baroques et hyperréalisme

Architecture complexe, jeux formels, interrogation sur l’identité subjective, violence/chaos, personnages en quête d’eux-même, multiplication des références littéraires, fiction mise de l’avant, brouillage entre réalité et fiction, fragmentation, discontinuité, présent désordonné, effritement des liens sociaux, hétérogénéité des références culturelles, réel plus énigmatique, multiplication des références à la culture (littérature, cinéma, chanson, télévision, monde virtuel)

Auteurs : Marie-Claire Blais, Suzanne Lamy, Suzanne Jacob

Auteurs qui abordent le thème de la fiction éclatée : Monique LaRue, Sylvain Trudel, Christian Mistral, Gaétant Soucy, Nicolas Dickner

Le roman : dérives et pluralisme (Weinmann)

Exploration de l’Amérique, de l’histoire, de la condition féminine et du statut des néo-Québécois

Publication de best-sellers : Roch CARRIER, Il n’y a pas de pays sans grand-père (1977) Yves BEAUCHEMIN, Le Matou (1981) Jacques POULIN, Volkswagen Blues (1984) Arlette COUTURE, Les Filles de Caleb (1985) Monique LARUE, Copies conformes (1989) Louis HAMELIN, La Rage (1989) Pierre GOBEIL, La Mort de Marlon Brando (1989) Monique PROULX, Une homme invisible à la fenêtre (1993) Noël AUDET, Frontières ou Tableaux d’Amérique (1995) Littérature migrante :

Auteurs qui ont choisi le Québec et le français comme langue de communication artistique. Littérature qui a pris de l’ampleur à la moitié des années ’80. Sujet : conditions d’immigrant

Régine ROBIN, La Québécoite (1983) Dany LAFERRIÈRE, Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer (1985) Sergio KOKIS, Le Pavillon des miroirs (1994) Ying Chen, L’Ingratitude (1995) D’ailleurs, d’à côté (Mailhot) Écrivains venus d’ailleurs Auteurs : Flora Balzano, Ook Chung, Sergio Kokis, Naïm Kattant, Ying Chen, Émile Olivier, Dany Laferrière, Jean Basile, Régine Robin, Paul Zumthor Écritures migrantes (avec « s » pour Gasquy-Resch et sans « s » pour Biron et cie)

a) Gasquy-Resch :

Question identitaire

Problématique de l’intégration

Expérience de l’exil

Permet de redéfinir le rapport à l’autre

Repose autrement les problèmes de langue et d’identité

Gérard ÉTIENNE, Un ambassadeur macoute à Montréal Dany LAFERRIÈRE, Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer (1985) Naïm KATTAN, Adieu Babylone Régine ROBIN, La Québécoite

b) Biron et cie

Récits de migration/d’exil Espace identitaire Deuil de l’origine Inscription de personnages étrangers Dimension réflexive liée à l’immigration et à la fiction Pluralité de niveaux de langue Auteurs : Naïm Kattant, Dany Laferrière, Régine Robin, Émile Olivier

Dire l’Amérique (Gasquy-Resch) Dépassement de l’exiguïté, de la notion de «territoire » pour adopter celle d’ « espace »

Pierre TURGEON, La première personne (1980) Jacques GODBOUT, Une histoire américaine (1986) Monique LARUE, Copies conformes (1989) Jacques POULIN, Volkswagen Blues (1984) Essor du genre de la nouvelle (Biron et cie)

Nouvelle devient un genre (une pratique distincte du roman)

Développement parallèle à celui du fantastique (registre) du fait que la nouvelle entretient un rapport oblique ou allusif au réel

Lieu de l’expérimentation formelle

Auteurs : Aude, Gaëtan Brulotte, jean-Paul Baumier, Bertrand Bergeron, André Berthiaume, André Carpentier, Jean Paul Girard, Monique Proulx, Gilles Pellerin, Hélène Rioux, Marie José Thériault

Auteurs (génération plus dans un registre réaliste, moins formaliste) : Gilles Marcotte, Gilles Archambault, André Major, André Brochu

Auteurs (réalistes) : Michael Delisle (Le sort de Fille), Gaëtan Brulotte (Le Surveillant)

Thèmes sous le signe de l’instant ou du suspens temporel

Disparition de la thématique nationale

Énigme du moi

Expériences de la solitude/ennui/marginalité

Errance, voyage

Recueil tend à s’harmoniser (par l’entremise d’un thème, d’un personnage ou d’un lieu) Nouvelles/Science-Fiction/Fantastique (Mailhot)

Hausse de la publication de nouvelles et autres récits brefs

Nouvelles ne reposent pas sur des réseaux complexes et des investigations profondes, sur des intrigues à rebondissements

Nouvelles reposent plutôt sur la concision, l’allusion et la diversité

Réalisme

Genre vu comme une spécialité anglo-saxonne

Gabrielle ROY, Ces enfants de ma vie (1977)

Nouvelle contemporaine : diversité des formes, en rupture avec le conte, emprunte plusieurs voies (novella, « métafiction », récit poétique, farce, etc.)

Suzanne JACOB, La Survie (joural, énigmes, etc.) Gilles ARCHAMBAULT, L’Obsédante Obèse et autres agressions (1987) Gaëtan BRULOTTE, Le Surveillant (1982)

Recueil progresse vers une plus grande linéarité (linéarité est exemplaire, selon Mailhot)

Fantastique et science-fiction

Yves THÉRIAULT, Contes pour un homme seul Roch CARRIER, Jolis deuils André GIROUX, Au-delà des visages (roman policier) Jean FILIATRAULT, Chaînes Eugène CLOUTIER, Les témoins (est perceptible l’ombre de Bernanos, des existentialistes et de Kafka) André LANGEVIN, Poussières sur la ville Yves THÉRIAULT (étude des minorités et des marginaux typiques au Québec) ; Contes pour un homme seul (1944 – influences : Maupassant, Giono, Ramuz) ; Fille laide (1950); Aaron (1954) André MAILLET, Montréalais; Remparts de Québec

Jacques FERRON (« polémiste redoutable, chroniqueur imaginatif et renseigné, féru de tradition orale et de petite histoire, s’attaque à plusieurs mythes officiels » p. 138-139) Historiettes; Le ciel de Québec (1969); L’Amélanchier (« Le récit le plus pur, le plus efficace de Ferron est peut-être L’Amélanchier, histoire d’une enfance perdue et retrouvée, d’un réel orienté et racheté par la lucidité du rêve. » p. 139)

Roch CARRIER, trilogie à la fois rabelaisienne et bruehelienne : Floralie, où es-tu?, Il est par là, le soleil, La Guerre, yes sir!

Émergence de sous-genres (Biron et cie)

Récits de science-fiction et récits policiers

Auteurs : Daniel Sernine, Jean-Pierre April, Esther Rochon, Élisabeth Vonarburg (Janus)

Littérature jeunesse : Raymond PLANTE, Le dernier des raisins (roman miroir)

Critique sociale : Marie –France Hébert, Bertrand Gauthier

Imagination : Christiane Duchesne

Humour : Robert Soulières

La paralittérature (Gasquy-Resch)

Science-fiction

Ubald PAQUIN, La Cité des fers (1926) Jean BERTHOS, Eutopia… le monde que l’on attend (1944) Yves THÉRIAULT, Si la bombe m’était contée (1962) Esther ROCHON, En hommage aux araignés (1974) Élisabeth VONARBURG, Le Silence de la cité (1981) Daniel SERNINE, Le Vieil Homme et l’Espace (1981)

Fantastique

Yves THÉRIAULT, Contes pour un homme seul (1944) Roch CARRIER, Jolis Deuils (1964)

Fantastique maléfique (« personnages aux fantasmes morbides qui se matérialisent pour le meilleur et pour le pire »)

Anne HÉBERT, Les enfants du sabbat (1977) Claudette CHARBONNEAU-TISSOT, Contes pour hydrocéphales adultes (1974) André CARPENTIER, Rue Saint-Denis (1988)

Réalisme magique (univers où le rationnel est présent mais qui est perturbé par un événement qui s’apparente à la magie)

Auteurs : Denys Chabot, Gaëtan Brulotte, André Carpentier, Marie José Thériault Denys CHABOT, La province lunaire

Les fictions de soi (Biron et cie)

Autofiction : « désir de lever toute forme de censure afin de mettre au jour, par l’imagination autant que par la remémoration, ce qui relève du non-dit familial ou sexuel. La quête de soi s’y donne à voir avec une impudeur qui la distingue radicalement des récits intimistes. Mais cette obscénité délibérée va aussi de pair avec une mise en question plus générale des frontières entre le domaine privé et le domaine public, entre le soi et l’autre, entre des fictions et une réalité qui a perdu sa force d’évidence et son poids moral de “vérité”. » (p. 624)

Thèmes : filiation familiale et artistique

Régine ROBIN, L’immense fatigue des pierres (1996), sous-titre : Biofictions

En 2000, l’auteure crée un site web où elle élabore une expérimentation autobiographique dans laquelle le lecteur peut suivre le personnage de Rivka A. Il s’agit de rubriques fragmentées.

Terme « autofiction » n’a pas le même succès qu’en France. Ce ne sont pas tous les auteurs qui s’en réclament sauf Marie-Sissi Labrèche et Nelly Arcand (à la manière de Catherine Millet et Christine Angot en France)

Catherine MAVRIKAKIS, Deuils cannibales et mélancoliques (2000); Ça va aller (2002)

Dans certains romans, on peut sentir une inflexion autobiographique :

Michel TREMBLAY, L’homme qui entendait siffler une bouilloire (2001); Les vues animées; Bonbons assortis

André MAJOR, Le sourire d’Anton ou l’adieur au roman. Carnets 1975-1992 (2001) Normand DE BELLEFEUILLE, Nous mentons tous (1997) Francine NOËL, La femme de ma vie (2005) Réjean DUCHARME, Gros mots (1999)

fq-equipe/rapport_1_-_panorama_quebecois_contemporain.1270912074.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

Donate Powered by PHP Valid HTML5 Valid CSS Driven by DokuWiki