fq-equipe:ndiaye_marie_1990_en_famille_paris_editions_de_minuit._stephanie_desrochers

Fiche de lecture

1. Degré d’intérêt général

Pour le projet de quête et enquête : Très élevé

Pour le projet de diffraction : non

En général : Ce roman ne me semble pas être le meilleur de la production de Marie Ndiaye, mais il recoupe beaucoup d’enjeux du roman français contemporain (personnage qui ne semble pas avoir prise sur le monde, inquiétante étrangeté, inflation de la répétition, retour au récit, etc.).

2. Informations paratextuelles

2.1 Auteur : Ndiaye, Marie

2.2 Titre : En famille

2.3 Lieu d’édition : Paris

2.4 Édition : Minuit

2.5 Collection : -

2.6 (Année [copyright]) : 1990

2.7 Nombre de pages : 311 p.

2.8 Varia : -

3. Résumé du roman Fourni sur le site Internet des éditions de Minuit:

Depuis de longues années, les fêtes de famille ont lieu sans tante Léda dont personne n’a plus de nouvelles. On parle d’elle avec regret et affection. Si je retrouvais tante Léda, se dit Fanny, ne serait-on pas obligé de m’en savoir gré ? N’oublierait-on pas la particularité de ma naissance, la négligence coupable de mes parents ? Accompagnée de son cousin Eugène, Fanny part à la recherche de sa tante et va traverser bien des villages inhospitaliers. Elle meurt une première fois dans l’un d’eux, pour revenir à la vie sous une allure plus conforme, espère-t-elle, à celle des habitants de la région.

Mon résumé :

Quand le personnage principal du roman décide de rendre visite à sa famille avec en tête le projet de soutirer à ses oncles et tantes des informations sur l’une de ses tantes depuis longtemps absente des réunions de famille, Léda, elle est accueillie tout aussi hostilement par les chiens de garde de son aïeule que par les membres de sa famille. Tous semblent ignorer qui elle est et ce qui l’autorise à troubler le calme de leur réunion familiale. Ils poussent l’audace jusqu’à la priver d’identité nominale en la baptisant arbitrairement Fanny; le véritable nom du personnage demeurera inconnu jusqu’à la fin du roman. Devant l’absence de collaboration de ses proches, Fanny part à la recherche de Léda en compagnie de son cousin Eugène. Son premier arrêt la conduit chez son père, où elle est reçue avec froid et dédain, mais où elle trouve néanmoins une carte postale envoyée par tante Léda, ce qui lui fait entretenir l’espoir de suivre la piste de l’adresse d’envoi. Ce faisant, elle parcourt différents village en autocar jusqu’à ce qu’elle se pose dans ledit endroit, où elle travaillera comme plongeur. Au terme de quelques jours, Eugène la quitte pour retourner auprès de sa mère. Ce n’est que le début d’une longue série de mésaventures pour Fanny, mésaventures qui disent toutes plus les unes que les autres la désaffection de ses semblables. Poursuivant sans relâche la recherche de sa tante Léda, Fanny aspire à devenir serveuse en lieu et place de Lucette, sa collègue, pour pouvoir entrer en contact avec les clients et les questionner au sujet de sa tante. Cette aspiration conduira à la mort dans d’étranges circonstances de Lucette. Vers la page 115 entre en scène le fiancé de Fanny, Georges, jusque-là ignoré par le récit, que Fanny rejette avec force. Après sa venue, Fanny quitte le village, se brouille avec sa mère, devient caissière puis, de retour à la maison de l’aïeule, elle est invitée à dormir dans la niche du chien, où on lui sert les restes de table de la maison. L’aïeule étant décédée, c’est à Eugène et à sa nouvelle fiancée que revient la maison. Le jour du mariage, les chiens dévorent Fanny et la laissent morte. Dans la deuxième partie du roman, Fanny ressuscite et revêt désormais une nouvelle apparence qui, suppose-t-on dans le livre, est plus conforme aux attentes de sa famille à son endroit, ce qui lui vaut une sympathie inattendue de la part de tante Colette, laquelle lui ouvre temporairement la porte de sa demeure. Mais quand Fanny réactive son projet initial, retrouver sa tante Léda, elle subit de nouveau les foudres de sa tante et doit quitter la maison. Dans la foulée de ce nouveau rejet, elle atterrit chez sa tante Clémence qui lui apprend alors que la famille exclut Léda parce que celle-ci a défié l’autorité familiale et a posé un geste impardonnable. Les événements se succèdent ensuite à grande vitesse; tante Clémence meurt, la mère de Fanny la répudie, son père cherche à profiter de la situation pour faire de Fanny sa jeune compagne, les membres de la famille refusent successivement l’hospitalité à la jeune fille, puis l’on apprend par une tierce personne, une cousine, qui fait office de narrateur le temps d’un chapitre que Fanny et Eugène vivront ensemble si Fanny accepte de modifier son apparence une fois de plus. Le dernier chapitre oublie le personnage de Fanny et donne à voir un Eugène dépendant à la télévision, qui traîne sa famille dans la misère par son désoeuvrement et sa paresse.

4. Singularité formelle

Le roman est divisé en douze parties de longueur inégale. Les neuf premières parties sont plus substantielles; elles se subdivisent en étapes, tandis que les trois dernières sont très brèves.

5. Caractéristiques du récit et de la narration

Dans la première partie : récit mené en mode hétérodiégétique, mais focalisation objet externe sur le personnage de Fanny, qui fait en sorte que l’on suit ses actions sans en comprendre les motivations.

Deuxième partie : Idem

Troisième partie : Idem

Quatrième partie : Idem

Cinquième partie: Idem

Sixième partie : Le système change; on est cette fois en présence d’un narrateur homodiégétique et qui est le personnage de Colette. Pour la première fois, la perspective est renversée et l’on saisit de l’intérieur la nature jalouse et ambitieuse de cette tante.

Septième partie : Le système change de nouveau; le récit est mené par un narrateur autodiégétique, Fanny, ce qui permet de voir avec quelle ingénuité et innnocence celle-ci reçoit l’hostilité à son endroit.

Huitième partie : Retour à un récit hétérodiégétique avec un mode de focalisation objet externe porté sur Fanny.

Neuvième partie : Idem

Dixième partie : Idem

Onzième partie : Un nouveau narrateur entre en jeu le temps d’une partie. Il s’agit de la cousine de Fanny, qui est chargée de rétablir la communication entre celle-ci et Eugène. Douzième partie : On revient à une narration homodiégétique prise en charge par Colette.

6. Narrativité (Typologie de Ryan)

6.1- Simple

Bien que les actions se succèdent de façon étourdissante, le récit trouve sa cohérence en se centrant sur le personnage de Fanny.

7. Rapport avec la fiction

Le rapport avec la fiction est complexe, puisque le récit tient pour acceptable des actes impossibles dans le réel, comme la mort suivie de la résurrection du personnage de Fanny. À mes yeux, ce serait davantage la vraisemblance qui serait transgressée puisque le récit ne respecte pas les codes du roman réaliste (voire de la réalité elle-même). Le statut fictif de l’œuvre n’est pas interrogé dans le récit lui-même.

8. Intertextualité

Un roman est mentionné de façon ostentatoire : Les amants sans patrie. Mes recherches me portent à croire que ce roman n’existe pas et qu’il s’agit d’un appât intertextuel.

9. Extraits significatifs

p. 14-15 – Tout d’un coup, Fanny se leva, ses voisins sursautèrent. Elle annonça qu’elle devait dire quelque chose d’important et solliciter l’aide de chacun, n’ayant pas besoin d’argent (elle avait vu des regards s’assombrir) mais de renseignements sur tante Léda, la sœur de sa mère. […] Quant à moi, je ne suis pas d’ici, bien que je l’aie toujours cru jusqu’alors. Je suis au mieux un élément toléré, mais il apparaît que je n’ai jamais fait qu’imiter et cela ne saurait vous tromper plus longtemps, vous l’avez compris avant moi. Cependant, je connais mes fautes, ou celles e mes parents. Tout le malheur vient de ce que Tante Léda n’a pas été informée de ma naissance comme l’a été chacun de vous, et Tante Léda est la sœur de ma propre mère. […] Et chacun de vous m’a fait un peu de tort. N’avez-vous pas feint de m’accueillir, tout en manifestant que mes droits étaient limités, ce dont je m’aperçois clairement aujourd’hui où vous m’avez tout bonnement oubliée? Retrouver tante Léda est tout ce que je peux faire maintenant. Alors nous organiserons, conclut Fanny en souriant, un second repas de naissance enn mon honneur, et Léda ne peut se racheter qu’à moitié, malheureusement. Car j’ai maintenant dix-huit ans et déjà j’ai payé de beaucoup de malheurs et d’ennuis l’insouciance de ceux qui m’ont faite.

p. 32- Comme ils entraient dans le village silencieux, elle reprit le bras d’Eugène, non sans brusquerie, et ne desserra pas san poigne avant qu’ils fussent arrivés devant la maison du père. Il lui semblait du reste qu’Eugène éprouvait à se sentir tenu ainsi une sorte de plaisir mou. Elle appliqua un rouge vif sur ses lèvres, plça Eugène légèrement en retrait, puis sonna, tentant vainement de percevoir quelque bruit derrière le haut mur qui ceignait la maison où vivait depuis longtemps déjà son père devenu riche. Elle ne l’avait pas vu depuis de nombreuses années et e demandait maintenant s’il allait la reconnaître ou, à sa vuee, froncer les sourcils avec scepticisme. Rriche et honoré comme il l’était à présent, ne pourrait-il pas la soupçonner de vouloir se faire passer pour sa fille par intérêt, et la flanquer dehors ave cindignation? Elle regrettait de n’avoir pas osé, chez l’aïeule, reprendre la photographie où on la voyait dans les bras de sa mère et que l’oncle Georges avait déchirée contre tout droit. Cette photographie, par ailleurs médiocre, constituait la seule preuve qu’elle eût pu fournir, à moins que son père aujourd’hui estimé de tous n’eût poussé la méfiance ou la mauvaise foi jusqu’à refuser de reconnaître la mère de Fanny, alors jolie, gaie, aimée tendrement. [quête qui emprunte les méthodes de l’enquête : notion de preuve nécessaire à la réussite de la quête].

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