Majorano, Matteo (dir.), Le Goût du roman. La Prose française : lire le présent, Bari, B.A. Graphis, 2002.
Viart, D. « Les “fictions critiques” dans la littérature contemporaine », p. 30-46. « La notion même de “fiction critique” peut s’entendre en différentes manières : soit qu’il s’agisse d’écrire des fictions dans un esprit critique envers le genre lui-même ; soit qu’il s’agisse de fictionnaliser un propos critique, c’est-à-dire non pas simplement de mettre la fiction au service de la critique, mais de concevoir l’espace fictionnel comme le lieu d’un dialogue avec les autres domaines de la pensée et de la réflexion. » p. 30-31 Bien que ce genre apparaisse bien avant nos temps (Jacques le fataliste, par exemple) ce qui le rend proprement contemporain est sa double mise en question : du sens de la fiction et les modalités discursives jadis usitées dans le roman. Selon Viart cette double mise en question « ne se pouvait qu’à partir du moment où aucun discours constitué n’apparaissait plus suffisamment recevable pour constituer le fond idéologique d’une fiction narrative. » (p. 32) En effet, fiction et réflexion se confrontent, travaillent ensemble, au lieu d’être dans une relation de servitude. Ainsi les Sciences humaines n’ont plus le rôle de modèle dont l’écriture littéraire s’inspirerait, mais elles interviennent désormais comme interlocutrices de l’écriture.
Nissim, L. « L’extrême contemporain dans les marges. Trois cas exemplaires », p. 103-119. Les enjeux les plus marquants qui concernent la littérature contemporaine : altérité : le destin babélique (et non monolingue ni monoidéologique ni monothéiste), marginalité : sa fonction de colloque des mondes, de dialogue des cultures à un niveau partenaire : écouter l’autre et se dire, pour sauver les différences, pour sauvegarder les complexités, contre la globalisation monoculturelle. métissage : la contemporanéité se reconnaît dans une identité complexe et métissée qui réunit plusieurs cultures.
Rabaté, E. « Lecture de L’Adversaire d’Emmanuel Carrère : le réel en mal de fiction », p. 120-133. L’émergence d’un nouveau réalisme est plus visible en France qu’ailleurs sans doute à la mesure d’importance qu’avait pris le Nouveau Roman, mouvement littéraire qui reposait en grande partie sur la mise sous contrôle du réel par des modèles théoriques, des procédures intellectuelles et formelles complexes.