1. Degré d’intérêt général
Pour le projet enquête : Aucun intérêt
Pour le projet diffraction : Intéressant
L'écriture de Madeleine Ouellette-Michalska est fluide, agréable à lire; l'exotisme de l'Algérie est suggéré par des descriptions très imagées. Intimistes, les histoires sont généralement faciles à suivre, hormis quelques passages oniriques parfois difficiles à décrypter.
Le recueil présente une forte homogénéité (voir point 5).
2. Informations paratextuelles
2.1 Auteur : Madeleine Ouellette-Michalska
2.2 Titre : La femme de sable
2.3 Lieu d’édition : Montréal
2.4 Édition : Hexagone
2.5 Collection : Typo Nouvelles
2.6 (Année [copyright]) : (1987)
2.7 Nombre de pages : 98 p.
2.8 Varia :
Exergue : « (…) cette mouvante frontière où se côtoient rêve et réalité. » Assia Djebar
Si, dans cette édition, l'oeuvre est présentée en couverture comme un recueil de nouvelles, d'autres éditions antérieures (Éditions Naaman, Sherbrooke, 1979) la présente comme un roman (voir point 10).
3. Résumé
L'hôtel Belvédère est situé sur une plage d'Algérie. Sur la plage, sur la piste de danse et dans la salle à manger se côtoient les touristes blancs, riches et racistes, et les « autochtones », fascinés par les femmes pâles et blondes, déchirés entre leurs traditions et l'attrait de l'Occident. La nuit, la danse rapproche les corps, crée des alliances. le jour, la chaleur écrasante appesantit les esprits et les confrontent à la réalité. Les nouvelles racontent toutes des désirs inassouvis, des déceptions amoureuses, des frustrations causées par le choc des cultures. Des touristes de passage s'abandonnent au charme des Algériens, des Occidentaux venus s'installer dans la ville attendent l'arrivée de leur famille, des jeunes hommes attendent le mariage avec impatience, un couple est tragiquement séparé à cause de la tradition.
4. Singularité formelle
Le recueil en tant que tel compte 4 parties : d'abord « La femme de sable », nouvelle éponyme, puis une partie intitulée « La terrasse du Belvédère » qui regroupe cinq nouvelles - « MySweet Lord », « Les Vikings », « Iris et mimosas », « Le chat » et « Du henné pour la chance ». Toutes ses nouvelles se déroulent au même endroit et ramènent les mêmes personnages, deux couples de Norvégiens. Les deux dernières nouvelles - « Accueil » et « Fait divers » - sont indépendantes.
5. Caractéristiques du récit et de la narration
Tous les récits, sauf le dernier, sont à la troisième personne. Comme je l'ai signalé plus haut, deux prénoms de femme - Barbara et Geneviève - reviennent d'une nouvelle à l'autre et semblent désigner les mêmes personnages.
L'unité du recueil tient surtout aux lieux (la plage, la promenade bordée de mimosas et d'eucalyptus, la salle à manger de l'hôtel, la piste de danse), aux thèmes abordés (le désir, la séduction, le choc des cultures, la pauvreté) et aux images récurrentes (les métaphores végétales et animales pour décrire les femmes et le désir en particulier). De plus, on observe une progression dans la focalisation vers les personnages féminins. Dans la première nouvelle, « La femme de sable », la femme est convoitée, de loin, inaccessible. Dans le récit suivant, un homme jaloux parle de sa femme qui lui échappe dès que le soleil se lève; dans les cinq récits de « La terrasse du Belvédère », les protagonistes masculins réussissent à se rapprocher de plus en plus de leur conquête. « L'accueil » raconte les retrouvailles d'un homme avec sa femme et sa fille venues le rejoindre au pays, et, finalement, « Faits divers » est narré par une femme qui apprend la mort de sa tante au Canada. Bref, le lecteur a d'abord une image de la femme comme un fantasme inaccessible, puis s'en rapproche graduellement jusqu'à en « incarner » une.
6. Narrativité (Typologie de Ryan)
6.1- Simple
6.2- Multiple
6.3- Complexe
6.4- Proliférante
6.5- Tramée
6.6- Diluée
6.7- Embryonnaire
6.8- Implicite
6.9- Figurale
6.10- Anti-narrativité
6.11- Instrumentale
6.12- Suspendue
Justifiez : Malgré la progression, on ne peut pas dire que les nouvelles soient vraiment liées entre elles.
7. Rapport avec la fiction
Rien à signaler.
8. Intertextualité
Rien à signaler.
9. Élément marquant à retenir
La progression dans la représentation de la femme; l'exotisme; la description toute en suggestions et en métaphores.
10. Réception immédiate
Le cinquième ouvrage de Madeleine Ouellette-Michalska, la Femme de sable, est présenté comme un roman, par l'éditeur, mais, en fait, il est bâti comme un recueil de nouvelles. Plus que pour ce genre de recueils, cependant, le titre de la première nouvelle s'applique véritablement à l'ensemble. Il entend «évoquer une atmosphère, des climats, une difficile mais profitable rencontre entre gens de cultures voisines auxquels manquent certaines convergences accidentelles», ainsi que l'auteur le soutient dans un «avertissement».
(Gilles Dorion, Québec français, n° 41, 1981, p. 10-19.)