Table des matières
HÉRITAGE ET FILIATION DANS LA LITTÉRATURE CONTEMPORAINE (Synthèse version 2)
Première partie de la synthèse :
Note: (Cette première partie a d’abord été rédigée en octobre 2010, avant que les lectures n’aient été complétées. Sans modifier le texte en profondeur, j’ai néanmoins revu quelques éléments. Tous les éléments qui ont été modifiés dans la première partie sont en bleu.)
Tout d’abord, une petite précision concernant la question de l’héritage et de la filiation dans la littérature contemporaine : d’une part il y a les récits de filiation, qui possèdent des traits génériques relativement stables et qui correspond à un corpus plus ou moins défini, et d’autre part il y a les textes qui, sans faire partie de ce corpus, font état de réflexions qui sont du même ordre.
I. Héritage et filiation dans la littérature contemporaine
Les questions d’héritage et de filiation sont souvent associées au contexte littéraire où elles émergent, soit celui du début des années 1980, qui correspond au retour du sujet et à la disparition physique des maîtres. Le sujet profite alors de sa présence dans le texte pour interroger son héritage tant familial que littéraire. Ainsi, au lieu de se projeter en avant, la littérature contemporaine réfléchit sur ses origines, son souci de comprendre le présent transigeant par une réflexion sur le passé. Comme l’explique Pierre Brunel, « la littérature française contemporaine va moins vers le néant dans une course folle à la modernité que vers une post-modernité où le nouveau se conquiert à partir du donné culturel. » (Brunel, 1997 : 206)
Cependant, cet intérêt pour le passé est souvent associé à un malaise qui pèse sur la littérature contemporaine, puisque les écrivains sont habités par le sentiment du manque, par l’impression que cet héritage qu’ils cherchent à ressaisir leur échappe. Le récit contemporain est donc incertain de pouvoir accomplir la quête des origines dans laquelle il s’engage.
Bien que le récit de filiation illustre de manière exemplaire le rapport à l’héritage des écrivains contemporains, certains textes appartenant à d’autres corpus présentent des préoccupations similaires. C’est le cas par exemple des textes qui font référence à l’histoire (voir Arend, Reichardt et Richter (2008) ou Chikhi et Quaghebeur (2006)) ou encore à l’archéologie (Deshoulières (2000)), mais aussi des textes autobiographiques (Jongy et Keilhauer (2009)).
II. Héritage et Histoire
A) Histoire comme thème
Plusieurs critiques soulignent que l’histoire revient massivement comme thème dans la littérature contemporaine, mais ils montrent également qu’elle n’y figure pas nécessairement comme principal thème des textes. Elle y agit en effet comme « véhicule de questionnement » (Rubino, 2006 : 9) : le recours à l’histoire dans les récits contemporains n’est pas une fin en soi, mais plutôt une manière d’interroger le passé en tant qu’origine ou repoussoir du présent, afin de mieux comprendre celui-ci.
Le récit de filiation, en particulier, est profondément ancré socialement et historiquement. D’un point de vue historique, les guerres du XXe siècle réapparaissent sans cesse et c’est même souvent à cause d’elles que s’enclenche le récit. Elles constituent en effet la rupture historique à cause de laquelle la transmission de la mémoire familiale s’est enrayée : c’est que les guerres ont fait tant d’orphelins et de pères réduits au silence par la culpabilité que la transmission de l’héritage en a été affectée. Mais il faut également spécifier que cette rupture dans la transmission est liée à la modernisation et à la dislocation des communautés traditionnelles.
Le rapport à l’histoire dans la littérature contemporaine est souvent ambivalent précisément à cause du contenu de cette histoire. Comme le souligne Dominique Viart, « [N]otre temps n’est plus si sûr de cette marche ‘‘en avant’’ [de l’Histoire, à laquelle on croyait jadis]. Les bases sur lesquelles s’appuyer pour avancer ont failli. Et c’est bien cet effondrement que diagnostiquent les récits de filiation […]. » (2009 : 103)
B) Histoire comme discipline
Si les événements de l’Histoire occupent une place importante dans les récits contemporains, la discipline historique sert également de source d’inspiration ou de modèle épistémologique pour les écrivains. C’est-à-dire que ceux-ci, en quête d’un passé familial ou personnel, recourent à des méthodes qui relèvent de la pratique historique afin de reconstituer le passé.
Ce rapprochement entre littérature et Histoire va de pair avec une transformation qui se joue au sein des sciences humaines. Comme le soulignent Arend, Reichardt et Richter, « le profond intérêt pour le passé en tant que vécu se traduit dans une redéfinition du concept de l’histoire : l’histoire n’est plus accessible qu’au sujet revivant le passé d’une manière personnelle. » (2008 : 10)
III. Héritage et rapport intime au passé
L’un des principaux traits qui marquent le rapport au passé dans la littérature contemporaine consiste dans le retour intempestif de ce passé, qui s’impose à la conscience de l’héritier. Cette vision problématique du passé est commune à presque tous les critiques qui travaillent sur le récit de filiation ou sur des récits où se joue la question de l’héritage (Jongy et Keilhauer (2009), par exemple, écrivent que, dans l’autobiographie contemporaine, l’héritage est souvent vécu comme un traumatisme). Le rapport au passé est donc profondément trouble, douloureux. La littérature contemporaine est souvent décrite comme endeuillée, et le rapport des personnages/auteurs au passé comme mélancolique. Sur la mélancolie, l’article de Laurent Demanze dans le dossier « Figures de l’héritier » apporte des précisions éclairantes. Il explique en effet que la mélancolie est liée à l’impossible accomplissement du deuil. Ainsi, l’individu mélancolique revit sans cesse l’expérience de la perte. Dans son article intitulé « Le fils de personne », Michel Biron écrit que le récit de filiation est moins un résumé des événements du passé qu’une évocation des morts qui nous hantent : « Comme un testament inversé, ce récit consiste à offrir aux morts une partie de soi-même, retournant aux morts le peu qui nous reste une fois acquittées les dettes que nous avons contractées en leur nom. » (2002 : 570) Ainsi, dans le récit de filiation, l’écrivain ressasse sans cesse une cassure, ou hérite du deuil insurmontable de quelqu’un d’autre (par exemple, Pierre Bergounioux s’est approprié le deuil de son père orphelin). L’écriture du récit vise donc à ressusciter le passé afin de se libérer de cette emprise que celui-ci exerce inconsciemment sur l’individu. Demanze, dans le même article, souligne aussi que la disparition de la prise en charge collective du deuil dans la société contemporaine a pour effet d’empêcher l’accomplissement du deuil.
Un autre trait récurrent est que l’héritage est souvent vécu non pas comme un don, mais comme une dette. L’héritier a par conséquent le devoir de perpétuer cette mémoire familiale qui tend vers l’oubli. Car l’effacement de la tradition et de l’appartenance communautaire propre à l’époque contemporaine fait en sorte que la mémoire familiale doit être assumée individuellement par l’héritier, plutôt que par l’ensemble d’une communauté vacillante (voir Demanze, 2009 : 12).
Le récit de filiation est souvent décrit comme une forme détournée d’écriture de soi, puisque les figures de l’altérité sont inscrites au cœur de l’intimité de l’individu. Ainsi, Maïté Snauwaert, reprenant ce que ce que Paul Ricœur dit de l’identité narrative, y ajoute la dimension familiale. Elle explique : « L’identité narrative est ainsi ‘‘issue de la rectification sans fin d’un récit antérieur par un récit ultérieur, et de la chaîne de reconfigurations qui en résulte’’ [Temps et récit, tome III, Paris, Seuil, coll. « Points », 1985, p. 443]. Simplement, là où Ricœur parlait du ‘‘soi de la connaissance de soi [comme du] fruit d’une vie examinée, […] clarifiée par les effets cathartiques des récits tant historiques que fictifs véhiculés par notre culture’’ (ibid. : 443-444), ces narrateurs [ceux des romans familiaux] examinent non pas seulement leur vie propre mais celles de ceux qui les ont formés, reconnaissant d’où ils viennent mais aussi, reconnaissant qu’ils ne sont pas seuls, faisant entendre qu’ils sont les fils des récits qu’on leur a légués, et que par leur bouche parlent plusieurs. » (2009 : 132-133)
Si la littérature contemporaine se montre autant préoccupée par son héritage c’est, en plus des raisons déjà évoquées, parce qu’elle a le sentiment qu’il lui échappe, soit parce qu’il n’a pas été transmis, soit parce que la mémoire a failli. Les récits de filiation présentent généralement des pères absents, que cette absence soit réelle ou symbolique (le silence du père est, selon Viart (2009) un grief récurrent dans les récits de filiation). Le défaut de transmission est en effet l’une des caractéristiques incontournables de la perception de l’héritage dans les récits contemporains. Le passé qui reflue sans cesse est donc, paradoxalement, impossible à saisir.
IV. Filiation littéraire
Les critiques qui analysent des textes où il est question tant de filiations familiales que de filiations littéraires en viennent pour la plupart à ce même constat (c’est vrai par exemple pour Demanze (Michon, Macé, Bergounioux), pour Snauwaert (La petite fille qui aimait trop les alumettes de Gaëtan Soucy et Le jour des corneilles de Jean-François Beauchemin), Nardout-Lafarge (Millet)) : le legs littéraire sert aux écrivains à combler le manque, la faille qui minent le legs familial. Le recours à la littérature est donc essentiel pour exprimer un passé familial qui n’a pas de langue pour se dire (dans Encres orphelines (2008), Laurent Demanze souligne que les récits de filiation sont souvent écrits par des écrivains issus de milieux modestes et peu cultivés). En somme, la filiation littéraire est surtout, du moins dans le récit de filiation, un substitut pour l’héritage familial brisé : c’est grâce à l’héritage littéraire qu’on parvient à sublimer la perte. (Il faut par conséquent souligner que l’héritage littéraire est généralement un peu délaissé, dans les études qui s’intéressent au récit de filiation, au profit des filiations familiales.)
Demanze évoque aussi l’idée que, puisque la mémoire de la littérature a été brisée par la modernité et par l’idée de table rase qui l’accompagne, le récit de filiation cherche à restituer cette mémoire.
La filiation littéraire peut également prendre la forme d’une filiation générique, comme dans le cas des « essais-fictions », ces « biographies réinventées » dont parle Viart, expliquant : « [C]ette forme qui (se) joue de la biographie interroge sa filiation générique et culturelle (comme aussi, mais c’est une autre question, les filiations biologiques […]). Elle en montre la dégénérescence en cessant d’être dupe de ses propres fascinations et des constructions qu’elles induisent, sans pour autant se refuser parfois le plaisir de s’y abandonner. » (Viart, 2001 : 340)
Il est essentiel de mentionner, à propos des filiations littéraires, que les critiques s’arrêtent systématiquement sur les filiations directement revendiquées par les écrivains. Ainsi, il ne s’agit pas seulement d’établir un lien entre une œuvre contemporaine et son intertexte principal, mais bien d’analyser le rapport entre l’écrivain contemporain et les modèles littéraires qu’il se donne. Par exemple, lorsque les critiques parlent du lien entre Michon et Rimbaud ou Bergounioux et Faulkner, ce ne sont pas eux qui inventent cette relation de filiation, elle est au contraire revendiquée par les écrivains eux-mêmes. (La seule exception à cette règle qui prévaut par ailleurs dans tous les autres textes que j’ai lus est celle de l’ouvrage dirigé par Aline Mura-Brunel. Cet ouvrage contraste avec tous les autres que j’ai lus sur les questions de filiation parce que les critiques établissent presque arbitrairement des relations de filiation entre Chevillard, Echenoz et d’autres écrivains. Dans ce cas-ci, il semble y avoir confusion entre la notion de filiation et celle d’intertexte.)
A) Recours au XIXe siècle
Les récits contemporains ont la caractéristique de présenter une fréquente réactivation des figures littéraires du XIXe siècle. Alors que pour N. Secondino ce recours récurrent est lié à la volonté de rallier différents publics (« Il apparaît que la nature insaisissable des textes contemporains n’est pas un produit exclusif de notre temps, mais un héritage du XIXe siècle. La présence de cette époque dans la prose actuelle parvient ainsi à rapprocher, d’un côté, les critiques et les “lecteurs professionnels” de l’actualité littéraire et, de l’autre, les “lecteurs amateurs”, qui ne s’intéressent qu’à l’extrême contemporain, des classiques. » (2007 : résumé, p. 329)), pour Laurent Demanze, si les écrivains contemporains recourent sans cesse au XIXe siècle, c’est parce qu’ils s’y reconnaissent pour plusieurs raisons. D’abord, c’est le moment où s’enclenche l’effondrement social et où se produit la fêlure qui ne cesse de se revivre depuis et qui est la source du récit de filiation contemporain. Ensuite, c’est aussi parce que le XIXe siècle vit également dans la foulée d’une rupture avec le passé : alors que la fin du XXe siècle est marquée par l’héritage des guerres et par celui de la modernité, le XIXe siècle vit avec les conséquences de cette grande rupture qu’est la Révolution.
V. Au Québec
La littérature québécoise contemporaine, à l’instar de la littérature française, est marquée par « [l]’interrogation inquiète des grands récits et des modèles, qu’ils soient familiaux, littéraires ou historiques […]. » (Demanze et Lapointe, 2009 : 6) Malgré cet intérêt similaire pour l’héritage et la filiation, la situation au Québec et en France est quelque peu différente : en France, la tradition littéraire par rapport à laquelle la littérature contemporaine doit se positionner est beaucoup plus forte qu’au Québec et, par conséquent, les écrivains québécois ne ressentent pas aussi intensément le besoin d’écrire contre la tradition (surtout si on considère que la construction d’une tradition et la recherche de modèles propres au Québec ont été plus souvent envisagées que leur démantèlement (voir à ce sujet Lapointe, 2007)). Le rapport que les écrivains québécois entretiennent envers leur institution littéraire est aussi tout à fait différent de ce qu’on observe en France. Au Québec, en effet, comme le souligne Jacques Dubois, les écrivains ont la particularité de ne pas être des écrivains d’institution, même s’ils sont soutenus par l’institution (cité par Biron, 2000) et conservent fréquemment, par conséquent, une posture d’écrivains liminaires.
Mais si le Québec entretient un rapport différent de la France à son héritage littéraire, il en va de même en ce qui concerne l’héritage familial. En effet, comme le souligne Michel Biron dans son article « Le fils de personne », les questions de filiation « prennent toutefois un sens particulièrement fort au Québec. […] Haïr la famille, le père ou le bourgeois, ce ne fut jamais la grande affaire du roman québécois. Le désarroi des personnages contemporains, nous le connaissons depuis toujours pour ainsi dire. Le roman québécois s’est élaboré loin du déterminisme familial à la Zola et plus loin encore du rejet du personnage traditionnel décrété par le Nouveau Roman. Ces formes-là ont non seulement marqué ailleurs (en France surtout) l’évolution du genre, mais elles reposaient aussi sur une logique oppositionnelle qui définissait à jamais le lien unissant l’individu à sa famille, à sa classe, à sa société. Rien de tel au Québec : nous entrons dans le roman contemporain comme si nous y avions toujours été, comme si l’individu désorienté d’aujourd’hui ressemblait, tel un frère, à celui d’hier. » (Biron, 2000 : 567)
Les écritures migrantes dans la littérature québécoise contemporaine entretiennent un rapport particulièrement fort à la question de l’héritage et de la filiation. En effet, plusieurs critiques (K.D. Ertler (2006), I. Amodeo (2008), M. Biron (2000)) en font une analyse qui les rapproche des récits de filiation français. Dans les deux cas, notamment, on retrouve des personnages hantés par une origine, par un passé qui fait retour et qui empêche une inscription pleine et entière du sujet dans le présent, ce malaise conduisant à l’écriture du récit.
Enfin, il faut souligner que le récit de filiation à proprement parler n’existe pas réellement au Québec. Même si les critiques québécois récupèrent cette notion pour l’appliquer à la production québécoise, aucun texte ne correspond véritablement à ce genre et ce qu’on observe consiste davantage un intérêt renouvelé pour le passé, mais qui semble pourtant moins dominant au Québec qu’en France.
VI. Autres remarques
Pour Jongy et Keilhauer (2009), qui étudient l’autobiographie, l’héritage doit faire l’objet d’un travail de réorganisation de la part de l’héritier, qui doit choisir quoi garder parmi un legs hétéroclite qu’il ne comprend pas tout à fait. Cette vision est différente de celle, par exemple, que Laurent Demanze développe par rapport au récit de filiation : selon Demanze, l’héritage qu’on retrouve dans ces récits est irrémédiablement brisé, et l’héritier n’a pas la marge de manœuvre nécessaire pour procéder à une véritable gestion de son legs. Les auteures apportent un point de vue différent, car, pour elles, l’héritage est défini plus positivement qu’en ce qui concerne le récit de filiation : les écrivains ne font pas que recevoir un héritage, ils travaillent également à préparer celui qu’ils laisseront.
Deuxième partie de la synthèse (mars 2011)
VII. Filiation et héritage : des questions positives ou négatives ? La lourdeur des textes est-elle reconduite dans les textes critiques ?
Ce qui est généralement perçu de manière positive dans l’analyse que les critiques font des textes qui posent des questions de filiation et d’héritage, c’est le geste d’écriture lui-même : par l’écriture, les écrivains parviennent souvent à s’affranchir de ce passé qui les hante. Pour Isabelle Daunais, par contre, dans la littérature contemporaine « la voix narrative sert moins à ordonner le monde qu’à dire l’impossibilité de sa cohérence. » (2004 : 37)
Le rapport à la littérature du passé est également perçu de manière positive, puisque c’est elle qui aide l’écrivain à affronter le problématique héritage familial ou collectif. De ce point de vue, la notion de roman familial, qui réapparaît fréquemment dans les textes critiques, se révèle intéressante. Cette notion est notamment utilisée par Laurent Demanze dans Encres orphelines, par Maïté Snauwaert dans son article « Conteurs contemporains : le ‘‘roman familial’’ entre mythologie et généalogie » (2009), ainsi que par Bernard Heizmann dans son article intitulé « Tel fils, tel père : fabrique du père dans trois romans contemporains » (2004). Leur utilisation de la notion (de manière plus oblique chez Snauwaert, par contre) est inspirée de celle qu’en fait Marthe Robert dans son ouvrage Roman des origines et origines du roman (1972), qui s’inspirait elle-même du roman familial freudien, qui correspond au récit de compensation qu’invente un enfant lorsqu’il est déçu par sa réalité familiale. Dans le cas des récits de filiation, c’est souvent la littérature qui joue ce rôle de compensation pour l’écrivain.
La question de l’avenir de la littérature est généralement peu abordée par les critiques. Pour Laurent Demanze, qui a sans doute la vision la plus sombre (pour lui, le récit de filiation est rempli de spectres et de revenants), l’avenir de la littérature semble équivoque : « C’est dire que le récit de filiation symptomatise une profonde mélancolie de la littérature, incertaine de ses pouvoirs, inquiète de ses reculs. Car les œuvres étudiées, récits de mémoire et mémoire du récit, constituent des musées imaginaires qui […] dressent l’inventaire de la littérature. Pierre Nora prophétisait la fin d’une mémoire soudant une communauté, transmettant des expériences, colportant une tradition. Mais c’est alors la littérature elle-même qui semble vaciller. Il en serait alors des récits de filiation comme des lieux de mémoire, qui commémorent la littérature depuis ses vestiges, qui compilent ses explorations antérieures, qui inventorient ses possibilités. Le récit de filiation se fait alors littérature de la mémoire autant que mémoire de la littérature, car il dresse à l’horizon la figure évanescente d’une littérature-mémoire, brisée par la modernité, celle du conteur, et dont Walter Benjamin célébrait la perte. […] Non pas devoir de se souvenir de tel ou tel auteur, de telle œuvre enlisée depuis dans les sables du temps, mais de la littérature comme milieu de mémoire, à la fois collectif et singulier, pluriel et individuel. » (2008 : 375)
Dominique Viart a, pour sa part, une vision beaucoup plus positive que Demanze du récit de filiation (mais aussi de la littérature contemporaine en général). Pour lui, si la littérature contemporaine a tendance à afficher ses propres failles, ses questionnements, ses problèmes, il s’agit d’une force, puisque c’est ce qui en fait une littérature critique (voir Viart, 2007). Ailleurs, il écrit que « [l]es récits de filiation seraient ainsi, dans une époque en déshérence, la réponse littéraire que notre temps propose à notre égarement. Si nombre de romans contemporains s’élaborent sur une nostalgie du romanesque, quitte à en jouer […], les récits de filiation semblent s’être engagés, dans leur modestie même, à renouer les fils distendus de la communauté. » (2009 : 112)
De manière générale, on constate que les critiques interprètent l’attitude des écrivains véritablement comme une posture d’héritier, ce qui fait que toute perspective d’avenir semble évacuée (ça semble du moins être le cas à la lumière des textes critiques qui n’en font pas réellement mention). Cette mise à l’écart de l’avenir apparaît d’autant plus évidente lorsqu’on met en relation les travaux sur le récit de filiation et ceux sur les écrits autobiographiques : dans l’ouvrage de Jongy et Keilhauer, il est clairement mentionné que les autobiographes préparent leur propre héritage, ce qui ne semble pas être une préoccupation chez les autres critiques qui s’intéressent au passé littéraire, collectif ou personnel. Gianfranco Rubino, dans la présentation de son ouvrage Présences du passé dans le roman français contemporain, explique que l’intérêt pour le passé qu’on constate dans la production contemporaine est attribuable à un présent précaire, qui se cherche des ancrages, mais aussi à une incapacité à envisager l’avenir : « Mais ce passé que l’on congédie est bien lourd, ne serait-ce que parce qu’il est chargé d’un avenir manqué : il ne s’éteint plus facilement, il n’arrête pas de nous hanter, il est là sans plus y être, à la manière de ces spectres qui n’ont de cesse de côtoyer les vivants qu’ils n’aient trouvé leur place définitive. La spectralité semblerait donc caractériser l’expérience actuelle de la temporalité. » (2007 : 10-11)
VIII. Le corpus
A) Les auteurs
Les textes précurseurs de ce courant sont, selon Dominique Viart, Barthes par Roland Barthes, Fils de Serge Doubrovsky et W. ou le souvenir d’enfance de Georges Perec.
Auteurs qui sont souvent cités dans les textes critiques : Pierre Michon (l’importance capitale de son œuvre par rapport au récit de filiation semble faire consensus chez l’ensemble des critiques), Pierre Bergounioux, Gérard Macé, Jean Rouaud, Richard Millet, Annie Ernaux (son nom réapparaît souvent dans les textes critiques mais elle semble néanmoins un peu à l’écart), Pascal Quignard, Patrick Modiano, Claude Louis-Combet, Alain Nadaud, Didier Daeninckx.
Au Québec, les seuls auteurs qui soient véritablement associés aux questions de filiation sont Victor-Lévy Beaulieu et les écrivains migrants (Ying Chen en particulier). Cependant, même si le terme « filiation » est effectivement employé, il semble employé de manière plus générale qu’en France où il désigne très souvent les filiations biologiques. Ainsi, chez Victor-Lévy Beaulieu, il s’agit d’héritage littéraire alors que chez Ying Chen il s’agit d’héritage culturel. Parmi les textes québécois qui ont été analysés soit dans le dossier « Figures de l’héritier » (2009) (Demanze et Lapointe (dir.)) ou encore « Filiations intellectuelles » (2007) (Caumartin et Lapointe (dir.)), aucun ne comporte les caractéristiques qui dominent en France, c’est-à-dire l’investigation par l’auteur de son propre passé familial.
Même si ce sont généralement les mêmes écrivains qui sont évoqués dans les textes critiques, Dominique Viart souligne néanmoins la « remarquable extension » du corpus des récits de filiation contemporains : « on dénombrerait en effet une ou plusieurs centaines de récit de filiation (selon l’exigence de qualité littéraire manifestée) et ce, quelle que soit la génération ou l’esthétique des écrivains concernés. Le même corpus reçoit en effet aussi bien L’acacia (1989) de Claude Simon, né en 1913, que Père et passe (2008) de Jérôme Meizoz, né en 1967. Et, quant à la variété esthétique, elle est extrême : depuis l’écriture ‘‘plate’’ d’Annie Ernaux à la tentative d’un sublime sans cesse brisé de Pierre Michon, du minimalisme d’Yves Ravey (Le drap, 2002) au phrasé rhétorique de Pierre Bergounioux (L’orphelin, 1992), des rêveries de Leïla Sebbar (Je ne parle pas la langue de mon père, 2003) à l’enquête sociale de Martine Sonnet (Atelier 62, 2008), de l’empathie discrète de Charles Juliet (Lambeaux, 1995) à l’humour de Jean Rouaud (Des hommes illustres, 1993) sans parler du style plus journalistique de Virginie Linhart (Le jour où mon père s’est tu, 2008). Preuve s’il en est besoin qu’il ne s’agit pas là d’un phénomène d’école, mais bien d’époque. » (2009 : 97)
C’est ce que confirme Marie-Odile André dans son article « La littérature française contemporaine : un panorama » (2001), où elle laisse entrevoir l’importance du thème de la filiation dans la production contemporaine en général. L’extension du phénomène au Québec va dans le même sens : « L’interrogation inquiète des grands récits et des modèles, qu’ils soient familiaux, littéraires ou historiques, est également au cœur de la littérature québécoise contemporaine. Renonçant aux esthétiques de la fondation et de la transgression qui avaient largement dominé la littérature québécoise des années 1960 et 1970, l’écrivain contemporain se construirait désormais, comme le propose Pierre Nepveu dans L’écologie du réel, ‘‘sous le signe d’une éthique de la mémoire et de la présence aux formes, et d’une herméneutique jamais achevée’’. » (Demanze et Lapointe, 2009 : 6)
B) Quelques caractéristiques des textes
Je relève quelques unes des observations qui reviennent dans la plupart des textes critiques par rapport à la forme et au contenu des œuvres elles-mêmes :
- Dans les textes contemporains, le passé n’est pas reconstitué de manière linéaire, il s’agit plutôt pour l’auteur de tenter de le reconstruire au gré des errances de la mémoire. Ainsi, le narrateur ne raconte pas (au sens narratologique du terme), il reconstitue le passé par fragments, ou encore enquête.
- Le passé est mis en relation avec le présent. Dans le cas des textes qui s’intéressent au passé collectif, cela signifie généralement que l’auteur cherche à comprendre les fondements de la société présente. Gianfranco Rubino, par exemple, soutient que le récit d’événements lointains permet, par contraste, de réfléchir aux fondements de notre civilisation et de notre identité. (voir Rubino, 2007 : 9-20) À ce sujet, Maïté Snauwaert développe une idée intéressante, selon laquelle l’intérêt pour le passé dans la littérature contemporaine serait lié au fait que non seulement celle-ci se définit essentiellement par rapport au passé, mais qu’en plus elle « fait de son rapport au temps et de son historicité, de sa propre contemporanéité, son problème le plus aigu. » (2009 : 137)
- En ce qui concerne les textes qui se penchent sur le passé familial, l’auteur est généralement motivé par une volonté de se découvrir lui-même à travers l’investigation de ses origines personnelles.
- Ces textes sont donc caractérisés par un intérêt pour le passé qui se déploie à partir d’un présent qui est souvent lui aussi représenté par le récit. Cette inscription du présent se fait notamment par la problématisation de la question de l’écriture, qui est aussi une des caractéristiques récurrentes de ces textes.
IX. Divergences et consensus
Divergence : Les critiques semblent divisés quant à la possibilité d’accomplir un véritable ressaisissement du passé par l’écriture du récit. Alors que certains osent aborder la question de manière relativement positive (Jongy et Keilhauer (2009), Viart, ), d’autres semblent considérer que l’intérêt pour le passé relève du ressassement (comme Laurent Demanze, par exemple, qui a une vision résolument sombre des questions de filiation).
Consensus : Les questions d’héritage et de filiation sont perçues comme un poids à porter pour les écrivains contemporains. Même dans l’ouvrage où ces questions sont présentées de la manière la plus positive, celui de Jongy et Keilhauer, les auteurs soulignent en introduction que la notion d’héritage, « au premier abord, semble peser lourd, trop lourd sur la société contemporaine » (2009 : 8).
On remarque aussi que lorsque les critiques abordent la question des filiations littéraires, il s’agit à peu près toujours de filiations directement revendiquées par les écrivains (la seule exception dans tous les textes que j’ai lus est celui de l’ouvrage Chevillard, Echenoz. Filiations insolites dirigé par Aline Mura-Brunel, où les critiques attribuent des « filiations » qui ne sont pas reconnues par les écrivains eux-mêmes, ce qui me semble en faire davantage des intertextes que des filiations à proprement parler).
X. Ce qu’en pensent les écrivains
Note : Les informations que je rapporte ici sont tirées d’entretiens avec les écrivains (Pierre Bergounioux, Pierre Michon, Annie Ernaux, Richard Millet, Jean Rouaud, Gérard Macé, Pierre Pachet). À l’exception d’un article de Pierre Pachet, tous les textes que j’ai pu trouver où se retrouve un métadiscours de la part des écrivains associés aux questions d’héritage et de filiation étaient sous forme d’entretiens. L’absence d’articles ou d’essais à proprement parler a peut-être à voir avec le fait que les écrivains ont plutôt tendance à intégrer ce métadiscours au sein même de leurs œuvres. Quant au fait que les questions de filiation et d’héritage soit ou non abordées dans les entretiens, ça a évidemment moins à voir avec les auteurs eux-mêmes qu’avec les questions qui leur sont posées.
Le discours de Pierre Bergounioux va exactement dans le même sens que celui de la critique savante. Par exemple, il croit que son identité individuelle se construit collectivement, et il affirme : « Si vous ouvrez ma peau, une foule de morts va en sortir. » (dans Argand, 2002) Son propos va également en ce sens lorsqu’il affirme écrire « [p]our les morts ». (dans Bayle, 1994 : 72) Il dit aussi représenter dans ses livres un monde en ruines qu’il reconstitue à l’aide de ouï-dire et des bribes de sa propre mémoire. Il dit également que la littérature, en tant que forme de la connaissance, contribue à son salut.
Pour Pierre Michon, les questions de paternité et de filiation correspondent à un thème qu’il dit avoir choisi presque par hasard, alors qu’il aurait pu choisir d’écrire sur autre chose (voir Michon, 2007 : 170). Lorsqu’on l’interroge sur son intérêt pour le passé, il répond de manière détournée, en affirmant que pour lui, l’homme est toujours le même peu importe l’époque.
À propos des Vies minuscules, il dit : « Si les Vies minuscules paraissent si fortement enracinées, c’est parce que je les ai écrites aussi pour glorifier et brûler dans le même mouvement mes racines. En faire le deuil. Je ne sais pas si je dois m’en plaindre ou non, mais je crois bien n’avoir plus d’autres racines que la lettre. » (dans Bayle, 2004)
À l’instar de Pierre Michon, Jean Rouaud soutient que c’est un peu par hasard s’il a écrit sur son passé familial. Il explique : « Dans les années 1970, le roman n’avait plus aucun crédit. C’était quasiment un genre pour demeurés. Mort du roman, mort de l’auteur, on connaît cette histoire. Je suis un enfant de cette période-là et j’ai toujours cet interdit du récit qui remonte. Donc le passé familial a été pour moi un moyen d’approche, il m’a permis de biaiser avec cet interdit. » (dans Jacob, 2006 : 54) Il affirme avoir tourné la page sur ses histoires de famille à partir de L’Imitation du bonheur (qui est quand même un texte tourné vers le passé, non pas familial, mais historique, puisque l’action de ce roman se passe durant la Commune de Paris).
Richard Millet a une vision extrêmement pessimiste de la littérature contemporaine et de l’avenir de la littérature, et c’est pourquoi il préfère se tourner vers le passé, vers une civilisation qu’il dit avoir vu mourir. Il va jusqu’à affirmer que la littérature touche sans doute à sa fin, puisque, à son avis, la production contemporaine est sans valeur. Millet lie cette décrépitude de la littérature à la démocratie, c’est-à-dire « à l’effondrement de l’autorité, à l’effondrement de l’idée de père, à l’effondrement du système de transmission. » (dans Amette, 2007 : 86)
Pierre Pachet soutient quant à lui que c’est son expérience d’enfant juif pendant la l’Occupation qui l’a poussé à s’intéresser au passé et à l’histoire. « Années d’enfance, de silence, de peur, qui ont sans doute été présentes derrière nombre de mes perceptions et de mes réflexions d’adolescent, puis d’étudiant, de jeune homme, et d’auteur. » (Pachet, 2002 : 26)
Enfin, Gérard Macé dit que ce qui l’a d’abord intéressé dans l’écriture biographique, « c’est d’abord d’entrer à l’intérieur d’une démarche créatrice. » (dans Lemieux, 2011)
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