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fq-equipe:jacques_poulin_chat_sauvage_montreal_lemeac_1998_._stephanie_desrochers

1. Degré d’intérêt général

Pour le projet de quête et enquête : élevé

Pour le projet de diffraction : faible

En général : Chat sauvage s’inscrit parfaitement dans l’itinéraire de Poulin et il est emblématique du minimalisme stylistique et diégétique vers lequel tend l’auteur. Le roman plaît donc aux amateurs du genre autant qu’il déplaît à ses détracteurs; mon avis personnel est qu’il s’agit d’un bon roman, tout en rondeur et en douceur.

2. Informations paratextuelles

2.1 Auteur : Jacques Poulin

2.2 Titre : Chat sauvage

2.3 Lieu d’édition : Montréal

2.4 Édition : Leméac

2.5 Collection : Babel

2.6 (Année [copyright]) : 1998 [2005]

2.7 Nombre de pages : 224 p.

2.8 Varia : -

3. Résumé du roman

Fourni sur le site Internet de Leméac

Installé au cœur de Québec, un écrivain public mène une existence heureuse en compagnie de son amie Kim. Un jour, il reçoit la visite d’un homme âgé, d’allure étrange, qui lui demande d’écrire une lettre à sa femme avant de disparaître mystérieusement. Jack ressent le besoin de retrouver sa trace et commence une filature discrète dans les rues de la Vieille Capitale. Au terme de sa quête, sa vie prend une direction à laquelle il ne s’attendait plus.

Résumé pour le projet de quête et enquête

Le personnage principal, Jack, dont la principale occupation est d’être écrivain public, reçoit la visite d’un homme qui souhaite faire appel à ses services la rédaction d’une lettre. La rencontre ne se passe pas sans anicroches et le Vieil Homme finit par quitter avant même que l’écrivain n’ait commencé à écrire la lettre qui motivait sa venue. Ce départ précipité pique la curiosité de Jack Waterman et l’incite à rechercher le Vieil Homme. Avec la complicité de Marie, serveuse du restaurant qu’a l’habitude de fréquenter l’écrivain public, il apprend que l’homme habite dans le Vieux-Québec et qu’il est cocher. Mais ces informations se révèlent inutiles, puisque le Vieil Homme revient de lui-même à Jack Waterman pour lui demander de nouveau de rédiger une lettre adressée à sa femme. Après cet épisode, l’écrivain croise le Vieil Homme dans certains lieux publics, en compagnie d’une jeune fille aux cheveux noirs. Leur relation ambiguë nourrit la curiosité de l’écrivain, qui profite de la première occasion qui se présente à lui pour mieux connaître la jeune fille, prénommée Macha, en partageant avec elle un repas. Une troisième visite du Vieil Homme survient par la suite, où il demeure toujours aussi mystérieux quant au destinataire de ses lettres. Complice de la quête de Jack, Kim, sa compagne de vie, prend part à la filature un jour où elle aperçoit, dans un café, le Vieil Homme remettre une lettre à Macha. L’homme recourt aux services de l’écrivain une quatrième et dernière fois, puis il disparaît sans laisser de traces. L’écrivain part dès lors à sa recherche, va jusqu’à son appartement afin de percer son mystère. C’est lorsqu’il aperçoit le Vieille Homme lors d’une promenade qui les mène tous les deux jusqu’au bord du fleuve qu’il comprend la solitude due l’homme et sa réflexion sur la mort que l’écrivain décide de cesser de suivre sa piste et de le laisser à lui-même. Macha, entre-temps, a noué contact avec Kim, qui intègre peu à peu son domicile. Le roman est intéressant pour le projet en ce sens qu’il présente une quête très claire, qui est à la fois identitaire et narrative. Elle emprunte aussi les méthodes de l’enquête – posture du détective, recherche d’indices, filature, etc. – mais n’a pourtant rien de policier. Enfin, l’enquête appartient à la diégèse, elle ne place pas le lecteur en position d’enquêteur et ne lui fournit pas de « blanc » textuel qu’il serait appelé à compléter. Cependant, le sens de la quête du personnage principal repose sur un travail de décryptage que seul le lecteur peut mener.

4. Singularité formelle

Aucune.

5. Caractéristiques du récit et de la narration

La narration est autodiégétique, le seul point de vue adopté est celui de l'écrivain et la progression temporelle est linéaire, à l'exception d'une analepse explicative qui porte sur l'origine de la relation entre l'écrivain et Kim.

6. Narrativité (Typologie de Ryan)

6.1- Simple

7. Rapport avec la fiction

Il s’agit d’une fiction classique, c’est-à-dire que le cadre est réaliste (la ville de Québec sert de décor à l’action) mais l’histoire est proprement romanesque. Bien que cela ne m’apparaisse pas central dans cette œuvre de Jacques Poulin, l’ambiguïté autofictive est au rendez-vous : le personnage principal s’appelle « Jack », il s’agit d’un écrivain âgé, les expériences passées auxquelles il se réfère filent l’œuvre complète de Poulin (voyage en Oregon, voyage au Québec à bord d’un minibus, etc.).

8. Intertextualité

Les romanciers américains, socle sur lequel repose le style - « la petite musique » - de Poulin, apparaissent et sont commentés. Hemingway, Irving, Bradbury, Miller. S’ajoutent certains écrivains québécois et européens tels qu’Arthur Buies et Franz Kafka. Le commentaire sur leur style justifie toujours la présence de ces écrivains au sein du roman.

Un mémoire sur l’intertextualité dans Chat sauvage a été rédigé, j’en recopie ici le résumé : « Dans ce mémoire, nous allons montrer comment, grâce aux théories sur l'intertextualité telles que définies par Michaël Riffaterre, quatre romans cités à l'intérieur de Chat sauvage de Jacques Poulin nous aident à mieux comprendre ce roman. En fait, cette démarche interprétative vient compléter notre lecture du roman. De façon plus concrète, l'intertextualité vient ajouter une valeur interprétative à « la question du Père », telle que proposée par François Ouellet dans Passer au rang de Père. Considérant qu'écrire c'est se positionner comme fils vis-à-vis du père, la pratique intertextuelle présente dans le roman de Poulin, par le biais du narrateur Jack, démontre qu'une quête subite s'enclenche à partir du moment où celui-ci laisse entrer dans sa vie un vieil homme qui ressemble étrangement à son père biologique. L'effet nouveau de cette quête viendra perturber de façon subtile et douce sa relation avec Kim, la femme qui partage sa vie au début du roman. La venue de quatre intertextes, que nous avons sélectionnés pour leur signification particulière à l'intérieur de « notre » lecture du roman, vient démontrer, d'un point de vue symbolique, comment la quête de Jack n'aboutira pas. C'est à l'intérieur du schéma oedipien que toute cette dynamique symbolique est perceptible. Jack est en position d'enfant symbolique alors que sa quête tentera de le déplacer au rang de père. Le premier intertexte, Une saison ardente de Richard Ford, viendra montrer comment la présence du père est subtilement évincée par le narrateur Jack, qui ne veut pas passer au rang de père. Le deuxième intertexte, Pleins de vie de John Fante, viendra renforcer cette figure paternelle que Jack tente d'évincer. Cette figure sera amenée par Mâcha, fille adoptive potentielle de Jack. De son côté, le troisième intertexte est le plus important. Une prière pour Owen, de John Irving, se veut celui qui officialise la mort de la mère. Car si le père était revenu officiellement avec Fante, jamais la mère n'avait subi le même sort. C'est pourtant ce qui se passe avec l'arrivée de cet intertexte. La mère du narrateur d'Irving est brutalement tuée. Cet intertexte revêt une grande importance parce qu'il survient au même moment où Kim est victime d'un acte de violence; ce qui changera beaucoup de choses dans sa vie, entre autres la place symbolique de Jack… De son côté, le dernier intertexte, Le vieux qui lisait des romans d'amour de Luis Sepulveda, viendra officialiser les différents changements symboliques de rôles puisque c'est Kim qui recommande sa lecture à Jack. C'est aussi avec ce roman que se termine l'?uvre de Poulin. La quête de Jack échoue. » 9. Extraits significatifs

p. 12 – Je commençai par une question générale : - Voulez-vous me parler un peu de votre femme? C’est à ce moment précis que Petite Mine, qui avait grimpé au bouleau et rampé jusqu’au bout d’une branche, sauta sur le rebord de la fenêtre se mit à miauler en s’appuyant contre la vitre. J’allai lui ouvrir la fenêtre.

- Tout compte fait, dit le vieil homme en se levant, je reviendrai une autre fois.

- Vous êtes sûr? demandai-je.

- Oui.

- Bien. Je vais vous donner un rendez-vous.

- Ce n’est pas nécessaire.

p. 26 – Pendant les jours qui suivirent, je fus incapable d’oublier le Vieil Homme. Chaque fois que j’entendant les trois signaux habituels : le grincement du portail, le craquement des marches dans l’escalier intérieur et le bruit de chaise dans la salle d’attendre, je me disais en retenant mon souffle que c’était peut-être lui qui revenait comme il l’avait promis.

p. 27 – Le Vieil Homme ne se montra pas de toute la semaine et ma curiosité ne fit que croître au fil des jours. Le samedi matin, pendant que Kim dormait encore, je partis à la recherche de mon étrange visiteur.

p. 160 – Quand il fut parti, je commençai à transcrire la lettre sur l’ordinateur pour l’ajouter à son dossier, mais tout à coup j’éprouvai le besoin de savoir qui était la personne avec laquelle il avait rendez-vous. Et d’abord, est-ce qu’il avait vraiment rendez-vous? Pour ne pas être reconnu, je mis mon chapeau de tennis, mes lunettes de soleil, un trench-coat mastic qui me venait de mon frère, et je dévalai l’escalier intérieur en me moquant de moi-même : selon toute vraisemblance, j’allais me prendre pour Bogart, le talent en moins.

fq-equipe/jacques_poulin_chat_sauvage_montreal_lemeac_1998_._stephanie_desrochers.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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