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==== BIBLIOGRAPHIE POTENTIELLE (Intimité) ==== | === BIBLIOGRAPHIE POTENTIELLE (Intimité) === |
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| Voir aussi: [[Biblio intimité]] |
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ARNOULD-BLOOMFIELD, Elisabeth (ed. et introd.), Suzanne R. PUCCI (ed. et introd.) (2004), « Esthetics of Intimacy/Esthétiques de l'intime », Esprit Créateur, volume 44, no 1 (printemps), p. 3-120. | ARNOULD-BLOOMFIELD, Elisabeth (ed. et introd.), Suzanne R. PUCCI (ed. et introd.) (2004), « Esthetics of Intimacy/Esthétiques de l'intime », Esprit Créateur, volume 44, no 1 (printemps), p. 3-120. |
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« Il ne s'agit pas, aujourd'hui, de "revenir au moi" (à l'auteur, à la biographie) comme s'il ne s'était rien passé : notre "égotisme", après Freud, ne peut plus être celui de Stendhal. Si nous transgressons désormais l'interdit qu'un certain dogmatisme intellectuel, il y a quelques années, faisait porter sur la subjectivité, si nous revenons à la lecture (et peut-être à l'écriture) de journaux intimes, de confessions, de correspondances, cela n'implique pas pour autant un retour du romantisme, de l'emphase psychologique. Plus précisément : ce qui revient, après "l'ère du soupçon", c'est sans doute moins la psychologie que le corps (sensations, perceptions, rythme, singularités physiques, nerveuses, saveurs, éclats de sensualité, etc.). Et même, il n'est pas certain que l'on doive penser tout cela en termes de pure et simple "réhabilitation du sujet" : celui qui écrit un journal ne peut manquer (même s'il croît livrer "spontanément" son expérience vécue de sujet) de se proposer aussi comme objet, - dans les cas les plus lucides, passage d'une mythologie de l'Expression à une stratégie de la Séduction. » (Scarpetta, 1985 : 289) | « Il ne s'agit pas, aujourd'hui, de "revenir au moi" (à l'auteur, à la biographie) comme s'il ne s'était rien passé : notre "égotisme", après Freud, ne peut plus être celui de Stendhal. Si nous transgressons désormais l'interdit qu'un certain dogmatisme intellectuel, il y a quelques années, faisait porter sur la subjectivité, si nous revenons à la lecture (et peut-être à l'écriture) de journaux intimes, de confessions, de correspondances, cela n'implique pas pour autant un retour du romantisme, de l'emphase psychologique. Plus précisément : ce qui revient, après "l'ère du soupçon", c'est sans doute moins la psychologie que le corps (sensations, perceptions, rythme, singularités physiques, nerveuses, saveurs, éclats de sensualité, etc.). Et même, il n'est pas certain que l'on doive penser tout cela en termes de pure et simple "réhabilitation du sujet" : celui qui écrit un journal ne peut manquer (même s'il croît livrer "spontanément" son expérience vécue de sujet) de se proposer aussi comme objet, - dans les cas les plus lucides, passage d'une mythologie de l'Expression à une stratégie de la Séduction. » (Scarpetta, 1985 : 289) |
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Je l’ai évoqué ailleurs, les conditions d’émergence du retour du sujet auraient été rendues possibles par la « renarrativisation » de la littérature – soit dans la mise en œuvre du sujet qui profite de sa présence dans le texte pour interroger le processus d’écriture et de représentation lui-même. (Bertho, 1991) De même, la fin de l’Histoire aurait entraînée la renarrativisation des existences, mais d’une façon parcellaire, dans des formes d’écriture relevant de la répétition, de la réécriture et du minimalisme. (Bertho, 1993) | Je l’ai évoqué ailleurs, les conditions d’émergence du retour du sujet auraient été rendues possibles par la « renarrativisation » de la littérature – soit dans la mise en œuvre du sujet qui profite de sa présence dans le texte pour interroger le processus d’écriture et de représentation lui-même. (Bertho, 1991) De même, la fin de l’Histoire aurait entraînée la renarrativisation des existences, mais d’une façon parcellaire, dans des formes d’écriture relevant de la répétition, de la réécriture et du minimalisme. (Bertho, 1993) |
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Cependant, pour d’autres, tel Peras, il y a certes une séparation entre les deux champs, mais elle est bénéfique et ne range pas les lecteurs en deux catégories : | Cependant, pour d’autres, tel Peras, il y a certes une séparation entre les deux champs, mais elle est bénéfique et ne range pas les lecteurs en deux catégories : |
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Il faut bien prendre en compte le roman populaire, puisque ses ventes financent les éditeurs qui publient de la littérature « plus expérimentale ». (Peras, 2007 : 105) Le roman populaire se porte bein économiquement. Les lignes entre littérature de grand public et littérature commencent à se brouiller. On témoigne d’un effet de « zapping » : on peut apprécier à la fois une Duras et une Nothomb, par exemple. Que faire des livres comme Les Bienveillantes de Littell ? La partie la plus inventive des romans de large consommation est « sans doute le polar. » (Peras, 2007 : 113) « Le public apprécie de ces écrivains leur capacité non seulement à raconter des histoires, mais aussi à dire le monde, contrairement à une littérature soucieuse avant tout de dire le moi. » | Il faut bien prendre en compte le roman populaire, puisque ses ventes financent les éditeurs qui publient de la littérature « plus expérimentale ». (Peras, 2007 : 105) Le roman populaire se porte bien économiquement. Les lignes entre littérature de grand public et littérature commencent à se brouiller. On témoigne d’un effet de « zapping » : on peut apprécier à la fois une Duras et une Nothomb, par exemple. Que faire des livres comme Les Bienveillantes de Littell ? La partie la plus inventive des romans de large consommation est « sans doute le polar. » (Peras, 2007 : 113) « Le public apprécie de ces écrivains leur capacité non seulement à raconter des histoires, mais aussi à dire le monde, contrairement à une littérature soucieuse avant tout de dire le moi. » |
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De même, Samoyault ne dévalorise pas la production pour le grand public : « toute culture, tout présent, ont besoin d’objets qui leur ressemblent, qui les confortent et les réconfortent. C’est une des tâches de l’art, et de la littérature, que d’offrir ce miroir aux alouettes. Créer des signes rassurants qui soient aussi des produits lisses, attendus. Attendus parce que déjà là. » (Samoyault, 2001 : 14-15) | De même, Samoyault ne dévalorise pas la production pour le grand public : « toute culture, tout présent, ont besoin d’objets qui leur ressemblent, qui les confortent et les réconfortent. C’est une des tâches de l’art, et de la littérature, que d’offrir ce miroir aux alouettes. Créer des signes rassurants qui soient aussi des produits lisses, attendus. Attendus parce que déjà là. » (Samoyault, 2001 : 14-15) |
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==== Bibliographie potentielle (parcellisation) ==== | ===== L’intime – éléments de synthèse ===== |
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| (par Kim Leppik) |
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| En France : |
| Il y a très peu de documentation sur l’ « intime » - surtout dans le sens de récits revendiquant le « ressenti » ou l’imaginaire intime de toute chose. La critique parle plus d’autobiographies/autofictions/récits de soi, de quête identitaire, de « retour au sujet » et au « réel ». La plupart de ce qui existe sur l’intime est l’étude de la poésie. Quand il s’agit de la littérature narrative, on trouve des discours sur la valeur des textes – le retour à l’intime est vu comme un retour à la poésie, et donc à l’enfance de la littérature (Atélier du roman n3), comme une « égolittérature » (selon Philippe Forest) ou bien comme une littérature « sans estomac » (Jourde). |
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| On peut quand même souligner des récurrences intéressantes dans la littérature critique : |
| -les frontières entre le public et le privé s’effacent, l’intime devient inatteignable, objet d’une nostalgie, quelque chose qui se cherche ou se construit plutôt que de se dire. |
| -l’abolition de la dicothomie dehors/dedans |
| -la sphère privée est réduite au néant : processus d’intimation par lequel l’autorité dit (de l’extérieur) ce que l’écrivain peut dire, ne pas dire. Légitimation ou non de ce qui est dit sur l’intime, le privé |
| -mouvement dans les deux sens (aller chercher à l’intérieur de soi, se porter à l’extérieur par le biais de l’écriture) crée une tension, un sujet hésitant comme tiré dans les deux sens. (en France, surtout chez les minimalistes où la tension narrative est manquante – cette tension comble le vide – mais aussi, le manque de tension crée une tension : quelque chose doit arriver à un moment donné… mais ce quelque chose n’aboutit jamais) |
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| La question doit se poser : qu’est-ce que c’est, l’intime ? Si ce qui ce passe à l’intérieur de nous tout comme à l’extérieur n’est qu’un « legs » des ages antérieurs, une accumulation de pensées, de gestes, de représentations, l’intime et extime ne sont que des catégories fausses. Le choix de s’exprimer, de se dire, par le biais de l’intime ou de l’extime, semble moins important à la lumière de cette pensée. Aline Mura-Brunel dit que chez Millet, au moins, le détour par des objets extérieurs fait « un centre possible pour l’œuvre » (p. 10) (après le soupçon ?) et, par extension, un centre possible pour le sujet clivé, fissuré, déchiré. |
| –Est-ce que le « soupçon » a été senti au Québec comme en France ? |
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| Dans l’impureté, Scarpetta analyse le retour du Moi de façon assez intéressant, en tant que « stratégie de la Séduction » : |
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| « le Moi revient, - mais il ne peut plus revenir comme avant (il ne peut plus être “innocent” ) : c’est forcément, désormais, un Moi au second degré, jouant avec son statut de leurre ; autrement dit : ce n’est pas le Moi de l’artifice, de la sincérité, de la profondeur, - c’est le Moi de l’artifice, de la surface assumée comme telle, le Moi de la séduction. » (p. 284) |
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THIROUIN, Laurent (2006), « Comment va l'université... » , Temps modernes, No 637-638-639, mars-juin, p. 634-652. | "Il ne s'agit pas, aujourd'hui, de "revenir au moi" (à l'auteur, à la biographie) comme s'il ne s'était rien passé : notre "égotisme", après Freud, ne peut plus être celui de Stendhal. Si nous transgressons désormais l'interdit qu'un certain dogmatisme intellectuel, il y a quelques années, faisait porter sur la subjectivité, si nous revenons à la lecture (et peut-être à l'écriture) de journaux intimes, de confessions, de correspondances, cela n'implique pas pour autant un retour du romantisme, de l'emphase psychologique. Plus précisément : ce qui revient, après "l'ère du soupçon", c'est sans doute moins la psychologie que le corps (sensations, perceptions, rythme, singularités physiques, nerveuses, saveurs, éclats de sensualité, etc.). Et même, il n'est pas certain que l'on doive penser tout cela en termes de pure et simple "réhabilitation du sujet" : celui qui écrit un journal ne peut manquer (même s'il croît livrer "spontanément" son expérience vécue de sujet) de se proposer aussi comme objet, - dans les cas les plus lucides, passage d'une mythologie de l'Expression à une stratégie de la Séduction." (p. 289) |
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→ Réflexion critique d'un professeur d'université sur les changements en cours en matière de pratiques universitaires en France et sur leurs effets concrets: complexification, dilution et parcellisation des études; quelques pistes pour remédier à la situation actuelle. | L’idéologie du mineur « se caractérise, en gros, par trois postulats : 1 La revendication d’une totale liberté dans le choix des styles et des matériaux (par opposition au “purisme” des avant-gardes), d’un primat du plaisir (par contraste avec leur ascétisme) ; 2 Le constat de la fin des avant-gardes, justement, de leur exténuation, et le soupçon porté à partir de ce constat sur l’ensemble des arts majeurs (c’est tout une culture qui est rejetée sous prétexte des impasses de sa toute dernière période ; 3 Le “populisme”, soit l’idée d’un recours aux éléments culturels populaires comme signes d’authenticité, forces de subversion, ou “lignes de fuite”. » (p. 78-79) |
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