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FICHE DE LECTURE

INFORMATIONS PARATEXTUELLES

Auteur : SAUVÉ, Mathieu-Robert Titre : Louis Hémon. Le fou du lac. Lieu : Montréal Édition : XYZ Collection : Les grandes figures Année : 2000 Pages : 184 p. Cote UQAM : PQ2615E35Z875.2000 Désignation générique : Récit biographique

Bibliographie de l’auteur : - Hong Kong 1997. Dans la gueule du Dragon rouge, Québec/Amérique, 1990. - Le Québec à l’âge ingrat. Sept défis pour la relève, Boréal, 1993. - Joseph Casavant. Le facteur d’orgues romantique, XYZ, coll. « Les grandes figures », 1995. - Léo-Ernest Ouimet. L’homme aux grandes vues, XYZ, coll. « Les grandes figures », 1997. - L’éthique et le fric. De la naissance à la mort, la science prend le contrôle de nos vies, VLB, 2000.

Biographé : Louis Hémon

Quatrième de couverture : Annonce tout de suite la courte vie de Louis Hémon, mort à 32 ans, happé par un train; heureusement, Hémon avait envoyé à un journal une copie du manuscrit de son célèbre roman Maria Chapdelaine « quelques jours avant sa mort », roman qui deviendra un véritable best-seller. Quelques éléments de sa vie de voyageur précèdent une présentation des valeurs prônées dans Maria, valeurs conservatrices qui contrastent grandement avec la vie du romancier (écriture, voyage, aventures, enfant illégitime), que l’auteur qualifie de « Survenant venu de France ».

Préface : Non

Rabats : Non

Autres (note, épigraphe, photographie, etc.) : Plusieurs photographies sont intégrées au récit entre les chapitres (pratique courante dans cette collection) : d’abord le chemin de fer où fut tué Hémon (p. 10), Louise Le Breton, sa mère (p. 20), Louis avec sa mère (p. 32), l’abbé Jean-Marie Leventoux, qui donna envie à Hémon de découvrir la région du Lac St-Jean (p. 42), Le Nord, traversier entre Roberval et Péribonka (p. 68), la famille de Samuel Bédard qui accueillit Hémon à Péribonka (p.80) et la maison où ils habitent (p. 94), l’hôtel Tremblay, où fut écrit Maria Chapdelaine (p. 108), la fille d’Hémon, Lydia-Kathleen, et sa mère, la comédienne Lydia O’Kelley (p.132), le bureau d’Hémon (p.148), l’église de Péribonka (p. 170), Louis Hémon à différents âges (p. 54, 120). Enfin, une reproduction de la page frontispice de la première édition de Maria Chapdelaine (p. 160).

Note de l’auteur en fin de récit : On connaît très peu de chose de la vie d’Hémon, surtout de la période où il vit en Angleterre. « Voyageur secret, ami discret, il ne s’est livré que par bribes et de façon très superficielle dans les lettres qu’il n’a jamais cessé d’écrire à sa famille. » p. 168 Sauvé parle des deux sources qui lui ont principalement permis la réalisation de cette biographie : une recherche inachevée du journaliste Alfred Ayotte et l’œuvre d’Hémon qui demeure assez méconnue si l’on excepte Maria. L’auteur avoue également là la seule invention majeure que contient son récit : la rencontre entre Hémon et une prostituée à Kénogami, événement inventé mais qui demeure tout de même vraisemblable connaissant l’écrivain et l’époque. Finalement, remerciements.

LES RELATIONS (INSTANCES EXTRA ET INTRATEXTUELLES) :

Auteur/narrateur : Il n’y aucune distinction à faire entre l’auteur et le narrateur. Le narrateur est omniscient et hétérodiégétique, lit dans les pensées des personnages, voit dans le futur, interprète des événements, prête des intentions à des personnages, etc. Nécessité pour le narrateur d’extrapoler vu le manque d’information sur la vie d’Hémon.

Narrateur/personnage : Le narrateur n’est nullement personnage dans ce récit qui demeure très près de la réalité en ce qui concerne les événements relatés.

Biographe/biographé : L’œuvre d’Hémon n’est manifestement pas ce qui attire le plus Sauvé, qui se concentre davantage à raconter la vie du voyageur, toujours en quête de nouvelles contrées inexplorées. Ce n’est pas tant son écriture que sa pratique de l’écriture qui se présente comme singulière et intéressante : il conservait comme un secret précieux son goût marqué pour l’écriture, autant devant ses parents qu’avec ses collègues bûcherons au nord du Lac St-Jean. Maria Chapdelaine semble seulement être une curiosité de plus dans la vie de cet homme peu ordinaire.

Autres relations :

L’ORGANISATION TEXTUELLE

Synopsis : Le récit débute avec l’accident de train qui va causer la mort d’Hémon. Tout au long du récit, on va revenir sporadiquement à l’écrivain agonisant, à qui reviennent en mémoire les moments importants de sa vie. Le départ la maison de son père pour vivre en Angleterre, puis la fuite au Canada, le plus loin possible d’une femme devenue folle et d’une enfant illégitime, d’une famille indigne qu’il ne peut se résoudre à faire connaître à ses parents aristocrates épris de convenances. Sur le bateau lors de la traversée, il rencontre un prêtre qu’il lui donne envie de connaître la région du Lac St-Jean, terre vierge et intacte du regard des hommes. Il devra d’abord travailler quelques mois à Montréal, où il acquiert rapidement une situation enviable, mais aussitôt qu’il a amassé suffisamment d’argent, il repart à l’aventure, à pied, laissant encore tout derrière. Au Lac, il sera successivement garçon de ferme (chez Samuel Bédard), employé d’une compagnie forestière, et enfin, lorsque le temps sera venu de rassembler les idées qu’il amassait depuis longtemps, écrivain. Lydia-Kathleen, sa fille, est toujours un sujet d’inquiétude pour l’écrivain, qui lui envoie régulièrement son maigre pécule. L’argent venant un jour à manquer à la tutrice de l’enfant, celle-ci envoie une lettre à Louis qui sera toutefois reçu par Félix, le père, qui apprendra ainsi l’existence de sa petite-fille. Louis va répondre à son père qui le sermonne qu’il s’est toujours débrouillé seul et que cette histoire ne le concerne pas du tout. La prochaine lettre que reçoit Félix Hémon lui apprend que son dernier fils a succombé à un accident de train. Trois ans plus tard, un éditeur lui fait savoir qu’il est sur le point du publier un roman de son fils, Maria Chapdelaine, alors que le père n’avait jamais soupçonné chez son fils un intérêt pour l’écriture. C’est Marie Hémon (sœur de Louis) qui prendra en charge Lydia-Kathleen, puis toute deux s’occuperont de la « gérance » de l’œuvre de Louis Hémon.

Ancrage référentiel : Voir plus haut « Autres (note, épigraphe, photographie, etc) » Nombreuses citations tirées des écrits d’Hémon intégrées dans le corps du texte : « Ils se consacreront à cette « tâche héroïque et digne d’eux » avec méthode et enthousiasme, comme l’écrira Hémon. » p. 62 Hémon agonisant : « « Alors une troisième voix plus grande que les autres s’éleva dans le silence : la voix du pays de Québec, qui était à moitié un chant de femme et à moitié un sermon de prêtre », se dit Louis Hémon. » p. 159 (phrase qui clôt Maria) Plusieurs correspondances authentiques tirées des Oeuvres complètes, tome 3 : « Lettres à sa famille ». Note de Lydia-Kathleen sur l’oeuvre de son père pour la publication des Oeuvres complètes en 1988 (p. 167), sur laquelle se termine le récit. Présence d’une bibliographie en fin de volume.

Indices de fiction : Plusieurs monologues intérieurs, des dialogues entre le personnages principal et différents protagonistes, dont il est en réalité impossible de connaître les paroles et les pensées. « En réalité, dans la tête de Louis Hémon., il neige. » p. 95 Éléments annoncés dans la Note de l’auteur, attestant la présence de certains éléments fictionnels dans le récit. (Léonie la prostituée, la vie en Angleterre et au Canada)

Rapports vie-œuvre : Sauvé suppose certains événements pour expliquer l’écriture de Maria; après avoir vu un fermier arraché avec peine les souches de son terrain : « Il y a dans ce spectacle une grande pauvreté mais aussi une volonté de vivre qui ne peuvent qu’émouvoir, pense Hémon. Une image malgré tout porteuse d’espoir. » p. 73-74 Idée qui traverse tout le roman Maria. « C’est Laura qui lui dit que si un fidèle récitait cent Ave aria la veille de Noël, un de ses trois souhaits se réalisera à coup sûr. Il faudra reprendre cette idée dans un roman, un jour. » p. 85 Ce rituel est repris par Maria Chapdelaine qui se languit de son amoureux disparu. Sauvé suppose également que cette disparition a été inspirée à Hémon par une histoire qu’il aurait entendue lors d’un de ses voyages et qu’il rapporte presque intacte dans Maria : « (…) il [un vieillard] raconte des histoires comme celle de ce jeune trappeur métis mort de froid, en plein bois, la veille de Noël. [… Récit du malheureux] En regagnant la ferme, Louis profite du pas lent de Coquette pour noter dans son carnet les histoires dignes d’intérêt qu’il a entendu au village. » p. 89 Ce trappeur mort de froid deviendra bien sûr François Paradis, l’amoureux transis de la belle Maria.

Thématisation de l’écriture et de la lecture : Hémon se questionne très peu sur sa pratique de l’écriture; il amasse des informations, des idées utiles à son projet littéraire, puis se plonge dans l’écriture jusqu’à ce que le récit soit rédigé : « À sa manière coutumière, il noircit les pages l’une après l’autre de son écriture soignée. Pour certains, écrire est un cauchemar. Pour lui, c’est une sorte de libération délicieuse. Il a tant pensé à la construction de son récit que le moment de l’écrire devient presque une formalité. » p. 64 Hémon écrit n’importe où etn’importe quand, se plongeant régulièrement dans son « petit carnet » dont il ne se sépare jamais. Thématisation de la biographie : « Depuis la collision fatale, alors que la vie continuait à courir dans ses veines, il avait revu d’un trait l’histoire de sa vie. Comme un spectateur aux vues animées, il avait assisté à sa propre biographie. Naissance à Brest, études à Louis-le-Grand et à la Sorbonne, déménagement à Oxford puis à Londres; chroniques de sport dans différents journaux, premiers textes de fiction, voyages outre-mer, puis décès, frappé par un train au Canada. Fin. » p. 156. Sinon, le récit ne propose pas vraiment de réflexion sur la biographie ou la pratique de la biographie, sauf en ce qui concerne la Note de l’auteur qui en parle très brièvement (difficulté de faire une biographie d’Hémon vue la rareté des documents le concernant).

Topoï : marche, voyage, nature, filiation.

Hybridation :

Différenciation :

Transposition :

Autres remarques :

LA LECTURE

Pacte de lecture : Sauvé veut mettre en relief que la vie d’Hémon ne correspond pas du tout aux valeurs présentées dans le plus célèbre roman de l’écrivain, qui se veut pourtant être un genre de traité sur la bonne manière de vivre; Maria Chapdelaine est empreint d’une morale très conservatrice, alors que Hémon a eu un parcours de vie vraiment non-traditionnel. Son roman présente apparemment un idéal pour Louis Hémon, idéal qu’il lui aura été impossible d’atteindre.

Attitude de lecture : Se lit vraiment comme une biographie malgré les nombreuses incartades sur le plan formel, qui passent toutefois presque inaperçu, reléguées au second rang derrière un récit bien ficelé. Pertinent pour notre étude.

Lecteur/lectrice : Catherine Dalpé

fq-equipe/hemon_par_sauve.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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