MARCOTTE, Gilles, Le manuscrit Phaneuf, Montréal, Boréal, 2005, 224 p. Pertinence : Faible (Enquête)
Résumé éditeur : Il peut arriver, dans une maison d’édition, qu’un manuscrit se perde, même s’il a été déposé par un auteur de quelque importance. Mais que cet auteur soit retrouvé mort peu après, et que cette mort paraisse un peu suspecte, cela suffit à donner au manuscrit perdu une aura toute particulière et à mettre en branle, autour de sa disparition, une enquête – ou une quête – dont nul ne sait où elle va conduire celui qui l’entreprend, surtout lorsque l’enquêteur en question n’est nul autre que l’éditeur et que les pistes qui se découvrent à lui se multiplient et s’embrouillent au point de compromettre d’une manière ou d’une autre pratiquement toutes les personnes de son entourage et, peut-être, lui-même. Qu’est-il arrivé au manuscrit d’Arcade Phaneuf ? Pourquoi a-t-il disparu ? Que s’est-il passé au bord du lac des Laurentides dans lequel a été repêché le cadavre du même Phaneuf? Voilà quelques-unes des questions que tente de résoudre l’éditeur montréalais Julien Brossard, au fil d’une enquête dont il est moins le maître que le jouet, ou peut-être la victime, et qui, plutôt que de lui apporter les réponses qu’il cherche, lui fait sans cesse découvrir de nouvelles questions, comme si l’univers simple dans lequel il croyait vivre devenait tout à coup, autour du manuscrit absent, un immense labyrinthe dans lequel il ne soupçonnait pas que sa vie et son activité d’éditeur étaient prises. Roman policier, au sens le plus exact et le plus passionnant du terme, ce livre est aussi une méditation à la fois sérieuse et ironique sur l’identité des êtres et les surprises de l’existence
Remarques personnelles et citations Le roman ne rend pas la marchandise, bien que le résumé semble prometteur. J’ai eu l’impression de lire mauvais roman policier qui penche trop ostensiblement vers le roman à thèse.
L’enquêteur Grandmaison s’est mis en tête que le manuscrit Phaneuf pouvait expliquer la mort de ce dernier. Il croit beaucoup aux rapports entre biographique et fiction, l’un pouvant contaminer l’autre. L’éditeur, irrité par l’insistance ridicule de l’enquêteur à retrouver le manuscrit lui demande s’il poursuit une «véritable enquête ou chimère?» (p.69) Les ficelles de l’enquête sont grossières : au lieu de simplement procéder à l’autopsie du corps pour vérifier la thèse du meurtre, les corps de police préfèrent «chercher du côté de la littérature» pour éviter d’emballer la «machine à rumeurs» (p.70) (Phaneuf, bien connu du public, était écrivain et sénateur). L’enquêteur Grandmaison insiste souvent sur le fait qu’il ne mène pas une enquête : «il ne s’agit pas d’une enquête, je me répète, je me permets d’insister, seulement d’une conversation entre deux personnes qui s’intéressent à la… littérature, oui, c’est ça – au début, on pose n’importe quelle question, on patauge n’est-ce pas, on ne sait pas où on va, où on doit aller…» (p. 71) À quelques reprises, l’enquêteur Grandmaison fait référence à des enquêteurs célèbres : «Vous connaissez Colin Dexter? Sans doute, oui, vous avez dû voir à la télévision un épisode ou deux des enquêtes de l’inspecteur Morse… mais, dans les livres, c’est bien meilleur… Nous en reparlerons, si vous le voulez bien, la prochaine fois…» (p. 71) Ultimement, l’enquêteur prend sa retraite et soumet le manuscrit de son premier roman à l’éditeur. L’éditeur, de son côté, entretient davantage un rapport de culpabilité à l’égard du romancier : perte de manuscrit = mort du romancier. PERTINENCE Je vois très mal l'intérêt de ce roman dans le cadre de nos recherches sur la quête et l'enquête. À oublier!