Informations paratextuelles
Auteur : HUSTON, Nancy Titre : Tombeau de Romain Gary Lieux: Éditions : Leméac/ Actes Sud Collection : - Année : 1988
Appellation générique : aucune, hormis que dans le titre, il y a « Tombeau de »
Biographie de : Romain Gary dont le nom apparaît dans le titre de l’ouvrage.
Bibliographie de l’auteur : auteure est romancière et a aussi écrit des essais
Quatrième de couverture : titré « Le point de vue des éditeurs », résume le propos du livre, soit – pas exactement une biographie – sa vie d’homme multiple et d’artiste, sa vie d’écrivain de Gary à Ajar: « ni ode funèbre, ni chant d’amour, ce Tombeau de Romain Gary est en vérité une implacable célébration. ». Quelques lignes pour présenter Nancy Huston.
Épigraphe : de Romain Gary. À propos de la vérité (voir la photocopie). Ce qui constitue un des éléments importants de cet ouvrage, vérité et mensonge de l’être et de son oeuvre, vérité et fiction de l’être et de son œuvre étant les points de réflexion privilégiés.
À la fin, liste des ouvrages de Gary introduite ainsi : « Voici une liste complète des livres de Romain Gary, avec la date de leur première publication et, le cas échéant, celle de l’édition dont je me suis servie. La plupart d’entre eux sont encore disponibles chez Gallimard, en Folio ou dans la collection “Blanche”. En capitales, pour ceux qui n’ont pas le temps de tout lire, mes préférés. » (113) Pacte de lecture
- le Tombeau du titre annonce un hommage à une personne disparue, ici Romain Gary. Donc, pas en mode fiction.
- l’énonciation ne s’annonce pas « détachée » et objective comme le sont les biographies sérieuses. C’est un sujet d’énonciation impliqué qui va rendre hommage à Romain Gary.
- mais ce n’est pas le ton laudatif de bout en bout (Huston commence par lui reprocher quelques traits de personnalité, son arrogance, sa suffisance ; aussi souligne-t-elle quelques mauvais livres qu’il a écrit, etc.), comme on pourrait s’attendre dans un hommage. L’hommage rendu à l’écrivain est davantage relié au questionnement qu’il a su imposé à Huston : questionnement sur la vie, sur sa complexité, sur ses valeurs de vérité et de mensonge. Si Huston rend hommage à cet homme, c’est qu’à travers sa vie et ses écrits, il lui a donné l’occasion de cette réflexion. Valeur de témoignage (le tombeau) s’appuyant sur une démarche biographique.
Les relations et mode de présence auteur/ narrateur/ biographe/ biographé, personnage, sujet d’énonciation/ sujet d’énoncé
-auteur/ biographe/ narrateur : le je employé semble correspondre totalement à celui de l’auteure Nancy Huston.
- Que dire de l’emploi du tu choisi par Huston (elle s’en explique par le fait qu’ils sont en quelque sorte des intimes, p. 12-13. voir photocopies)? Instaure un climat d’intimité entre elle et Gary, met au second plan le lecteur en faisant de Roman Gary, par l’emploi de ce pronom, son premier allocutaire.
- Dans cet ouvrage où Huston raconte la vie de Romain Gary à Romain Gary, le lien entre Huston/Gary n’est pas sujet d’énonciation/ sujet d’énoncé, mais relation (simulée) entre deux sujets d’énonciation, l’un émetteur, l’autre récepteur. Une façon de garder Gary en position de sujet plutôt qu’objet du discours?
- Par contre, c’est bien la vie de Gary qui est racontée ici. Par le contenu, c’est une biographie, mais une biographie sans biographe, c.-à-d. sans le biographe conventionnel (scène énonciative où biographe raconte la vie de son biographé à des tiers lecteurs).
- Huston en contestant la posture du biographe (tout en faisant une biographie), en rejetant également la posture du narrateur qui raconte à son lecteur (tout en racontant la vie de Gary), ne signale-t-elle pas son choix pour une relation « auteure face à un autre auteur »?
Ancrage référentiel
- Nancy Huston suit chronologiquement le parcours de Romain Gary, dans sa vie et dans son écriture et tisse des liens entre les deux. Événements importants de la vie de Gary et tous les livres écrits par Gary, sous tous ses noms d’emprunt également, sont présentés.
- quelques photos parsemés ici et là dans le texte.
- références des paroles ou écrits de Romain Gary cités dans le texte sont réunies à la fin.
- dans les notes de fin de document (15 au total), N. Huston renvoie à d’autres biographes.
- donc, correspondance avec les faits semble respectée. En faisant foi, le souci de présenter les sources biographiques et bibliographiques.
Indices de fiction
- Il n’y a pas d’invention d’épisodes. Mais Nancy Huston dévoile plutôt ceux que Romain Gary inventait, lui qui ne semblait pas faire la différence entre sa vie et ses fictions (sa vie comme une fiction), lui qui s’est inventé des portions de son passé, des noms, etc. (voir l’épisode inventé de sa mère qui lui avait écrit d’avance des lettres pour qu’une fois morte, son amie puisse lui poster une à une, pendant le temps que durerait la guerre, lui cachant ainsi sa mort, p.29).
Thématisation de l’écriture
- la façon dont Huston aborde la question des noms de Romain Gary, la façon qu’il a eu de « se nommer » touche le thème de l’écriture (voir photocopie p. 18-19 et le dernier paragraphe p.102) : de Roman (prénom donné à la naissance) à Romain. Et de Gary (qui, en russe, signifie « Brûle ! » à Ajar qui signifie « braise ». Et Nancy Huston, présentant cette histoire au début de son essai, et bouclant celle-ci à la toute fin (cohérence fictionnelle ?) en revenant sur ce feu : « Ton dernier souffle à toi, celui qui éteindra la flamme (Out, out, brief candle…), ce sera encore du feu. Tu te la brûleras, cette cervelle qui a tant brûlé. » (102)
Attitude de lecture
- lecture factuelle plus que fictionnelle en ce qui concerne la vie de Gary. La version proposée par Huston accorde cependant plus de valeur et d’importance à la vérité de la fiction (l’œuvre de Gary dans ses livres, mais aussi dans sa vie où il « s’invente ») qu’à la vérité factuelle. Que Gary ait vécu ceci ou cela ne compte qu’en tant que support à ses fictions (ses livres, ses mensonges, ses inventions).
Hybridation, Différenciation, Transposition
Autre
Lecteur/lectrice : Anne-Marie Clément