Galli Pellegrini, Rosa (dir.), Stratégies narratives 2. Le roman contemporain, Paris, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, 2003.
Rabaté, D. « Ce qui n’a pas de témoin ? Les Vies imaginaires dans l’écriture contemporaine », p. 29- 44.
vies imaginaires : « à partir de la fin des années 1980, apparaît dans la littérature française contemporaine, avec une extraordinaire fertilité, un genre nouveau de texte qui se caractérise comme rêverie biographique sur une vie (illustre ou méconnue). Ce genre s’écarte du roman, puisque le fond en est historique, attestable mais il y retourne par le jeu volontairement concédé à l’imaginaire. C’est donc un genre mixte qui doit son instabilité essentielle au fait qu’il problématise le rapport complexe, non pas tant au témoignage biographique, qu’à la défaillance de tout témoin devant la vie d’autrui. » (p. 30) Les vies imaginaires, à la fois roman et son contraire (à la fois L’un et l’autre…) nous font entrer en autrui (possibilité que seule la fiction romanesque nous procure, selon Cohn) mais résistant à ce pouvoir imaginaire, en contrecarrant leur puissance fictionnelle. Rabaté affirme que les textes de la collection L’un et l’autre sont « ainsi emblématiques des deux dernières décennies du XXe siècle : ils se symbolisent eux-mêmes mais en passant par l’autre. » (p. 43) « Entre l’un et l’autre, de l’un à l’autre, le livre remet en circulation un désir d’écrire, de créer. Mais ce désir est propre à une époque critique, la nôtre, suspicieuse de ses légendes […]. Construisant et déconstruisant le Modèle, le magnifiant et le mettant à mal, l’auteur d’une biographie imaginaire cherche la limite de la littérature […] » (p. 44)
Poli, S. « La toile, le pacte auctorial et l’avenir du roman », p. 45-95.
Tout comme Scarpetta (L’Impureté), Poli souligne les grands traits que partagent le Baroque (« l’éclatement des espaces clos et réguliers, la dispersion de l’être au profit du paraître, le pastiche et la juxtaposition ludique de formes différentes, l’attrait du chaos, du mouvement et de l’exubérance, l’amour du présent qui substitue le culte du passé. » (p. 52-53)) et le post-moderne (« la forme ouverte, la disposition ludique, les tendances anarchiques à la place de la hiérarchie, la dispersion au lieu de la concentration, l’amour pour la pluralité linguistique et stylistique, utilisée en fonction décorative et citationnelle pour contrecarrer tout “fonctionnalisme” précédent. » (p. 53))