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Fiche de lecture / David Leblanc, La descente du singe

1. Degré d’intérêt général

Très bon. La forme est singulière, originale. Voix narrative intelligente qui tient un discours qui relève souvent de l’essai. L’écriture est en dialogue perpétuel avec la littérature qui la précède. Beaucoup d’ironie. On a là d’après moi un écrivain qu’il faudra surveiller.

2. Informations paratextuelles

2.1 Auteur : David Leblanc

2.2 Titre : La descente du singe

2.3 Lieu d’édition : Montréal

2.4 Édition : Le Quartanier

2.5 Collection : Fiction

2.6 (Année [copyright]) : 2007

2.7 Nombre de pages : 186 p.

2.8 Varia :

3. Résumé du roman

La descente du singe est un ensemble de textes brefs. Certains relèvent de l’anecdote, d’autres de la fabulation et d’autres encore de l’essai. Le recueil trouve sa cohérence dans la figure récurrente d’un narrateur facilement assimilable à l’auteur qui fait un voyage d’étude à Bordeaux. À la lecture, bien que rien ne vienne le confirmer hors de tout doute, on est porté à attribuer l’ensemble des fragments à ce narrateur étudiant. Ce qui ressort de cet ensemble plutôt hétérogène où l’on retrouve des microrécits, des considérations artistiques, des poèmes, des évocations du quotidien et bien d’autres choses encore, c’est le thème du quotidien parmi les arts. Le narrateur est une figure d’intellectuel qui se questionne à propos de l’histoire, à propos de l’écriture et des arts en général.

4. Singularité formelle

Ce qu’il y a de singulier avec ce livre, c’est la tension qui y est maintenue du début en la fin entre une voix de type essayistique et le récit bref qui relève de l’anecdote. On y retrouve aussi des envolées d’imaginations qui empruntent clairement aux biographies imaginaires de Borges. L’intertextualité occupe une place centrale dans le livre : c’est peut-être une des singularités formelles les plus marquantes qu’on y trouve (j’y reviendrai dans la section réservée à cet effet).

5. Caractéristiques du récit et de la narration

S’il y a récit, il faut admettre qu’il est assez minimal : il s’agirait des vagabondages intellectuels d’un étudiant en voyage à Bordeaux. On retrouve ça et là quelques évocations des amis qu’il s’y fait et de ses rencontres amoureuses. Il faut sans doute conclure que s’il y a mise en place d’un récit minimal, celui-ci sert surtout de cadre aux diverses réflexions que le narrateur partage.

6. Narrativité (Typologie de Ryan)

6.1- Simple

6.2- Multiple

6.3- Complexe

6.4- Proliférante

6.5- Tramée

6.6- Diluée

6.7- Embryonnaire

6.8- Implicite

6.9- Figurale

6.10- Anti-narrativité

6.11- Instrumentale

6.12- Suspendue

Justifiez :

Embrayonnaire : Parce que l’Univers fictionnel sert d’abord de prétexte à des réflexions de type essayistiques. Il n’y a pas de transformations et il s’agit davantage d’un cadre fictionnel.

Instrumentale : L’univers de fiction, celui d’un étudiant en voyage à Bordeaux, assure un cadre plausible pour l’insertion des réflexions littéraires, artistiques et politiques qui constituent le noyau du texte.

7. Rapport avec la fiction

Le premier fragment, intitulé « Situation initiale » donne le ton à l’ensemble du recueil en débutant avec des considérations métalittéraires sur l’acte de lecture. Le lecteur est représenté dans ce fragment, un peu à la manière de Si par une nuit d’hiver un voyageur. De plus, remarquons que le titre, « Situation initiale », ne va pas sans rappeler le fameux schéma actantiel, si cher aux études littéraires. De manière générale, le livre adopte une position réflexive en regard de la fiction.

Autre fait important : les fragments qui relèvent de l’anecdote (rencontres amoureuses, amitiés, errances dans la ville) posent le narrateur dans une posture qui n’est pas étrangère à celle de l’autofiction. Le JE du narrateur étant très ancré dans le réel (notamment par sa posture essayistique), il est difficile de résister à la tentation d’établir une équivalence entre la voix narrative et celle de l’auteur réelle.

8. Intertextualité

L’ensemble du livre se situe dans un vaste bassin intertextuel dont les principales sources sont Georges Perec et, dans une moindre mesure, Jorge Luis Borges. En exergue du post-scriptum, nous retrouvons une citation de Ralph Waldo Emerson qui doit nous mettre la puce à l’oreille quant à la présence d’intertextualité dans le livre que nous venons de lire : « Tout homme est emprunteur et mime : la vie est théâtrale et la littérature est citation. »

Perec

1. En dessous du titre, nous apprenons que le présent livre est « à l’usage des habitués du bus, du métro, du tram, du train, de l’avion, de la station spatiale internationale, de la banquette arrière, de la plage, du banc public, et de tous ceux et celles qui préfèrent dévorer leurs livres à plat ventre sur leur lit ou dans la noble solitude des cabinets. » (C’est moi qui souligne) Il faut remarquer que cette formulation de dévorer des livres à plat ventre sur le lit est une citation qui revient souvent dans les études sur Georges Perec. Si mon souvenir est bon, on retrouve une occurrence de cette expression dans W ou le souvenir d’enfance.

2. Dans le post-scriptum, nous retrouvons une énumération des divers écrivains dont l’on peut retrouver des traces dans le présent livre. Évidemment, il y a là Georges Perec. Ce qui est intéressant, c’est que cette énumération constitue en elle-même une référence à Georges Perec, qui dans le post-scritum de La vie mode d’emploi, énumère les auteurs dont on risque de trouver des traces dans son livre.

3. À la page 112, on retrouve une locution célèbre de Perec qui, dans sa correspondance avec un ami cher, débutait en écrivant : « Cher, très cher, admirable et charmant ami. »

4. Le fragment intitulé « Ma nostalgie n’est plus ce qu’elle était » fait directement référence aux énumérations de Perec dans Je me souviens. En effet, ce fragment est le négatif de ce texte de Perec, dans la mesure où il s’agit d’une énumération des choses que le narrateur a oublié.

Borges

On retrouve deux biographies imaginaires d’artistes typiquement borgésiennes, soit le fragment intitulé « Rowan Owak ou Le gardien des vaches » et celui intitulé « Maître Wô » Ces deux textes évoquent notamment les Chroniques de Bustos Demecq écrites par Borges et Casares.

9. Élément marquant à retenir

Une citation que j’ai noté parce que je la trouve très belle, et qui peut servir de leitmotiv à l’ensemble du livre : « Je parlerai des choses qui ne sont plus, puis, suivant ce vieux projet que j’ai, je parlerai des choses qui restent; ce sera une sorte d’inventaire, un bilan de mes allées et venues dans cet univers informe, alourdi par tant de désirs inassouvis, univers sans vie où nous aurons pourtant passé la nôtre. » (p. 24)

Fiche complétée par Simon Brousseau / 10 février 2009

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